Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…
05 juillet 1939.
Le courrier est la chose la plus importante dans la journée des détenus et le bâtiment de la poste le lieu du camp le plus fréquenté. On y trouve du monde toute la journée et on y voit toutes les réactions humaines tout au long de celle-ci: la joie, la fierté, l’angoisse, la déception, la tristesse… Malgré le fait que la franchise postale ne soit plus appliquée par les autorités françaises, les prisonniers se fendent pour envoyer du courrier. D’ailleurs, Eulalio pense que dans l’avenir, les lettres marquées du T de la poste française vaudront de l’or.
Fouille générale par la gendarmerie française car un exemplaire de « la voz de Espana », un journal communiste a été retrouvé fortuitement. Protestation des prisonniers. La tension monte et les militaires se retirent.
Belle journée d’été, la plage affiche complet. Sur le sable, beaucoup devisent. Un gars raconte son périple depuis son évasion du camp d’Argelès, il y a 4 mois. Embarquement sur un cargo à Marseille, contrebande en Chine, aventure sentimentale, arrestation et retour en France sur un autre cargo pour un retour au point de départ, le camp du Barcarès. Ses auditeurs sont bouche-bée, fous de jalousie à l’écoute de cette aventure exceptionnelle.
Grand moment d’émotion pour Eulalio à 18h. Son père quitte le camp pour Vernet-les-Bains où sont regroupés des anciens souffrant de problème de santé. C’est le secrétaire général des Jeunesses Socialistes qui vient le chercher. Emotion, émotion, émotion ! Grand moment de bonheur car, seulement âgé de 52 ans, son père n’aurait pas survécu à un séjour plus long au camp.
Ce départ donne les coudées plus franches à Eulalio qui commence à envisager une évasion. Avec d’autres cantabres, leur but est d’aller à Paris dans un premier temps. La soirée se termine en mangeant quelques gâteaux et en écoutant des plaisanteries.
A suivre le 11 juillet…




