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La grande crue de 1856 racontée dans le Courrier de la Drôme et de l’Ardèche.

C’est un quotidien dont j’avais pu obtenir des photocopies aux Archives Départementales de Valence en ne touchant seulement que… des microfilms. Voilà une frustration assouvie en trouvant ce journal régional, 165 ans après sa parution, le 3 juin 1856…

Tout au long du sillon rhodanien, on rencontre des repères de crue portant cette indication…

On lit RHÔNE et on devine 31 MAI 1856. Il s’agit là du repère posé sur la culée du pont de Rochemaure, rive gauche. Il en existe quatre autres plaques datées du même jour, seulement sur Ancône; plus de 200 sur tout le sillon rhodanien.

Le samedi 31 MAI 1856, c’est donc le jour du paroxysme de cette crue. Le Courrier ne paraissant pas le dimanche, ce sont les nouvelles les plus fraîches de cet événement que les lecteurs liront. Le journal consacrera deux pages sur les quatre qui le composent.

Autant dire que c’est une véritable catastrophe qui s’est abattue sur tout le Sud-Est, de Lyon à la mer mais aussi le long de la vallée de l’Isère et même si le journal n’en fait pas état, pour tous les riverains des moindres ruisseaux descendant des Alpes et des Cévennes.

A Lyon, par exemple, on fait du bateau sur la place Bellecour et les rues avoisinantes et on est très inquiet pour quelques onze cents soldats travaillant sur le chantier d’un nouveau fort sur la rive gauche dont on est sans nouvelles. Des rumeurs avancent la disparition par noyade d’environ trois cents militaires.

Dans le sillon rhodanien, les ponts tombent comme des mouches. Ainsi celui de Rochemaure qui a été inauguré en 1843 a été balayé comme une cabane en bois.

Plus au sud, le pont de Robinet entre Donzère et la plaine de Viviers a connu le même sort.

Bien entendu, tous les villages riverains ont connu l’inondation puisque les digues ont rompu de partout mais la presse ne le sait pas encore. On parle de la destruction de centaines de maisons à Lyon mais ce sera pareil partout ailleurs.

A Valence, les quartiers de la Basse-Ville, les plus proches du Rhône sont sous les eaux. Idem en Avignon.

Les batardeaux des portes des remparts ont été insuffisants et toute la vieille ville est sous plus d’un mètre cinquante d’eau.

La catastrophe est telle que l’Empereur, Napoléon III viendra visiter les lieux sinistrés. On l’annonce à Valence pour l’après-midi du mardi 3 juin.

Il faut reconnaître la réactivité du pouvoir grâce au tout nouveau PLM arrivé à Montélimar seulement deux ou trois ans avant 1856. Le PLM à cette époque, c’était le TGV en l’an 2000 !

Parti de Lyon, l’Empereur s’arrêtera à Valence, Montélimar, Orange, Avignon et Arles. Un dessin de propagande le représentera chevauchant une barque au milieu des flots en furie du Rhône sur fond de pont Saint-Bénézet… En fait, il se contentera à chaque étape de descendre du train pour faire quelques pas… au sec en promettant des aides à la reconstruction. Les crédits arriveront quelques années plus tard dans le cadre d’une reconstruction et d’un aménagement cohérent et global.

Après son périple en vallée du Rhône, l’Emperreur visitera ensuite le val de Loire, également frappée par une crue exceptionnelle. C’était tout un grand Sud-Est de la France qui avait subi un mois de mai 1856 sous des trombes d’eau continuelles.

Sans aucun rapport avec les pages précédentes, en page 4, le Courrier de la Drôme et l’Ardèche nous annonce…

… la toute première ouverture des thermes de Bondonneau, à Allan, suite à la récente reconnaissance par la médecine des bienfaits des eaux des sources locales. Une grande mode pour la bourgeoisie sous le Second Empire d’aller prendre les eaux… chose dont les riverains du Rhône se passeraient bien.

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1910 ? Une autre CPA des INONDATIONS à CADEROUSSE.

Une jolie carte postale ancienne ayant circulé montrant une vue des inondations à Caderousse.

Il s’agit là d’une vue du Cours de l’Est, pas encore appelé Aristide Briand. La carte a été expédié du village début janvier 1911 et l’expéditeur insiste auprès de son correspondant pour lui montrer « ce que nous avons enduré ». Il parle bien entendu des dernières inondations dont a souffert le village.

Une remarque préalable. Les digues qui encerclent le village datent de l’après-catastrophe de 1856. Donc, ce n’est pas le Rhône qui est la cause de cette situation mais bien un problème d’eaux d’infiltration ou d’eaux venues du ciel qui n’ont pas pu être envoyées dans le Petit Rhône… Encore un problème de pompes en panne… si tant est qu’il y avait des pompes au début du siècle ! Pas d’électricité, pas de pompes… sinon à bras. La première pompe à bras des pompiers est arrivée au village après-seconde guerre mondiale.

Donc quand le Rhône montait et qu’il pleuvait, l’eau était prisonnière dans le village et mouillait les pieds des Caderoussiens, très fiers de se faire tirer le portrait sur les tréteaux construits le long des portes. De la gymnastique pour aller acheter le pain !

Alors, une crue du Rhin en 1910. Au début de l’an 1910, il y eut la grande crue de la Seine dont on parle toujours et jamais égalée depuis cette date. La Saône donna un peu, soumise qu’elle est au même régime océanique que la Seine. Mais pas de crue notable du Rhône en 1910. La dernière inondation avant janvier 1911 est celle de 1907.

A-t-on affaire à une vue de novembre 1907 ? Ou est-ce la conséquence d’un gros orage ou un gros phénomène cévenol de l’été 1910 ? Je pencherai plutôt pour la seconde solution.

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Balade au pays de La CÈZE, aux CASCADES du SAUTADET.

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è pericoloso sporgesi.

C’est ce que les accompagnateurs de la randonnée ne manqueront pas de dire aux marcheurs, dans la langue de Molière, en s’approchant, non pas d’un tunnel mais des cascades du Sautadet.

En effet, par temps humide, le caillou lisse glisse et le bain engendré pas bien chaud ! Il faudrait pourtant que le caillou soit humide même sous un ciel bleu, pour qu’un orage tombé la veille rende les eaux de la Cèze, dans les cascades, en furie.

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La Cèze… un petit affluent du Rhône qu’il rejoint au nord de l’Ardoise, lieu-dit industriel de Laudun que nous avons visité en mai dernier, du côté du camp de César.

Petite sœur de l’Ardèche et du Gard, ses colères n’en sont pas moins autant dévastatrices quand les eaux déferlent des Cévennes et s’étalent dans la plaine de Bagnols. En 2002, un supermarché et quelques magasins modernes furent rayés de la carte en aval du pont de la nationale, après un très violent épisode cévenol.

La peur engendrée par ce pourtant paisible ruisseau a poussé la municipalité de Codolet, en dessous de Marcoule, à rehausser ses digues en 2015, ce qui donne au village, pour peu qu’on le voit d’en-haut, des faux airs de kibboutz ou de camp… sans miradors. Pourtant ce village ne craint plus rien des caprices du Rhône aménagé par la CNR.

Pas de souci de cet ordre pour La Roque-sur-Cèze construite à hauteur suffisante pour ne pas souffrir des colères de la Cèze. Même chose pour le pont qui enjambe la rivière avec des piles disproportionnées par rapport au peu d’eau qui y passe dessous la plupart du temps. Mais les anciens étaient prévoyants !

En cette saison d’étiage, quelques bancs de sable apparaissent ici et là. Alors, si un-e conjoint-e, un-e ami-e souhaite vous accompagner, voir les cascades sans marcher sur les dix-neuf kilomètres du circuit concocté par nos organisateurs-accompagnateurs…

Tracé

 

…qu’il-elle amène sa pelle et son seau ! Non pas pour retourner en enfance, non ! Qui sait, en fouillant un peu les sédiments descendus des Cévennes, avec un peu de chance, il-elle trouvera peut-être un petit caillou jaune et brillant…  le début de la fortune… pour réparer le toit de la « chapelle »!

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Article paru dans le blog d’Ancône Culture et Patrimoine

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Les très anciens REPÈRES DE CRUE de l’église SAINT-MICHEL de CADEROUSSE

1840, 1856, 1896, ce sont les dates que l’on retrouve le plus le long du Rhône, entre Lyon et Arles, sur les repères de crue. Ce sont des crues historiques du Rhône, autant par leurs données scientifiques que par la mythologie qui les entoure, la venue de Napoléon III dans la vallée par le train en 1856 n’étant pas étrangère à cette histoire.

Déjà, sur le mur de la mairie du village apparaissent des repères moins connus, ceux des crues du 1827 et plus ancienne, celle de décembre 1755, une plaque très endommagée et pas seulement par les outrages du temps, ses deux principaux défauts (être en pierre et à hauteur d’homme) étant responsable de son état. Une dégradation récente me semble-t-il !

Mais c’est dans l’église paroissiale Saint-Michel, à l’entrée de la chapelle d’Ancezune que Jean-Paul Masse nous avait découvrir lors de notre visite du 24 mai dernier, trois repères exceptionnels.

La crue de 1755.

Il s’agit d’une écriture proche de celle du repère de la mairie. La date est très nette. Une installation récente a failli faire disparaître l’objet avec cette cheville disgracieuse. Comme quoi la conservation du patrimoine est un combat de tous les instants. Cette crue semble être aussi importante voire plus importante que celle de 1856. C’est le cas sur la façade de l’église des Célestins en Avignon.

La crue de 1580.

Ici, la machine à remonter le temps nous emmène 438 années en arrière. L’écriture n’est guère appliquée mais ressemble à ce qui se faisait à l’époque. Il s’agit là d’une des rares traces tangibles de cette inondation de la vallée. Un document exceptionnel.

 

Peu de renseignement sur cette crue.
Crue de 1471.

 

Ce document pose problème. La crue du Rhône de 1471 est bien répertoriée. Mais l’écriture des chiffres ne date manifestement pas de 1471. Elle ressemble à ce qu’écrivaient les carriers et qu’on peut lire à Saint-Restitut par exemple. On peut raisonnablement  penser que cette date a été inscrite au XIXème siècle. Certainement d’après des écrits plus anciens. Toujours est-il qu’il s’agit-là d’un second document exceptionnel, peut-être le seul repère de toute la vallée pour cette date.

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La CRUE du RHÔNE de 1935 en AVIGNON (9/9)

Un lot de neuf cartes postales semi-modernes trouvé sur delcampe montrant des quartiers d’Avignon sous les eaux du Rhône lors de la crue de novembre 1935.

En Avignon, même la rue de la République est couverte d’eau.

Quelques dizaines de centimètres mais tout de même assez pour que les hommes du Génie fabriquent à gauche une passerelle pour permettre aux piétons de rester les pieds au sec. L’autobus peut circuler en direction de la place de l’Horloge, plus haute qui doit être à sec. On constate d’ailleurs l’absence d’eau, au loin.
Cette ambiance irrationnelle permet à certains jeunes d’oser s’accrocher au bus, chose qu’ils ne devaient pas se permettre en temps normal.

A la vue de la photographie actuelle de Google Maps, on constate que Monoprix n’a pas changé d’emplacement et les Dames de France accueille maintenant des enseignes de prêt-à-porter plus modernes, Jennifer et H&M.

L’inondation en Avignon dura donc 11 jours du 11 au 22 novembre 1935. Mais après le 22, les déboires des riverains du Rhône n’étaient pas pour autant terminés. Car l’hiver 35-36 fut comme on disait alors dans cette région, un « an de Rose », une année de Rhône !

Un phénomène océanique eut tout d’abord lieu au début du mois de décembre avec une montée des eaux due aux affluents du nord de la vallée.
Puis les fêtes de fin d’année furent humides avec une crue de Noël commencée le 23 décembre et un nouvel épisode pour le Jour de l’An qui s’acheva le 16 janvier.

Et cela continua au premier semestre 1936 avec des coups de Rhône les 18 ,20 et 25 février, le 26 mars, les 10 et 17 avril.

Même si les eaux ne montèrent plus dans Avignon, les campagnes furent fortement impactées et les paysans durent prendre du retard dans leurs travaux, les champs étant impossibles d’accès pendant toute cette période. Mais l’odeur de la vase humide du Rhône si caractéristique devait être présente dans toutes les narines des riverains.

Un vrai « an de Rose » !

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La CRUE du RHÔNE de 1935 en AVIGNON (8/9)

Un lot de neuf cartes postales semi-modernes trouvé sur delcampe montrant des quartiers d’Avignon sous les eaux du Rhône lors de la crue de novembre 1935.

Un autre phénomène mécanique va accentuer la crue en amont du confluent du Rhône et de la Durance. En effet, les masses d’eau boueuses charriées par la Durance, arrivant des Alpes suite aux épisodes météorologiques 2 et 3 dont nous avons parlé précédemment, vinrent obstruer le cours du fleuve et firent en quelque sorte barrage. Les eaux du Rhône ainsi bloquées se mirent à monter bien plus qu’elles n’auraient dû le faire et ce phénomène accentua une crue déjà exceptionnelle.

La décrue arriva quelques jours après mais de nouveaux épisodes pluvieux firent à nouveau monter le niveau du fleuve. Les spécialistes comparent cette inondation de 1935 à celle de 1840 qui, elle, dura presque trois semaines (du 31 octobre au 21 novembre), avec des épisodes de décrue puis de nouvelle montée des eaux dans un même phénomène global en lui même exceptionnel. Autre point commun, cette crue de 1840 est aussi une crue d’automne qui arriva suite à un automne très pluvieux.

En Avignon, la rue des Lices est couverte d’eau mais les trottoirs sont toutefois praticables pour des piétons.

En y regardant de plus près, il semblerait que cette photo ait été prise non pas dans la rue des Lices mais dans la rue Henri-Fabre, quelques dizaines de mètres après celle-ci présentée à l’épisode 7/9:

On constate d’ailleurs la présence du même panneau publicitaire des meubles Genin au fond de la CPSM de la rue Henri-Fabre, au-dessus de la barque centrale. Les grilles de droite sont donc celles du square Agricol Perdiguier et l’eau semble avoir décru entre les deux images.

Sur cette vue actuelle on constate que le panneau publicitaire des meubles Genin a laissé son empreinte sur le mur du bâtiment, en face du cinéma le Paris.

 

 

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La CRUE du RHÔNE de 1935 en AVIGNON (7/9)

Un lot de neuf cartes postales semi-modernes trouvé sur delcampe montrant des quartiers d’Avignon sous les eaux du Rhône lors de la crue de novembre 1935.

Les pluies méditerranéennes vont décroître dans la matinée du 12 novembre 1935. Est-ce le bout du tunnel pour les riverains du Rhône ? On l’espère en Avignon quand un phénomène climatique nouveau et brutal va se déclencher sur le sud de la vallée du Rhône et créer le trouble chez les riverains du Rhône: un orage inattendu et dantesque va éclater et déverser de nouvelles trombes d’eau sur la région allant d’Orange à la côte.

Sur des régions déjà saturées en eau, ces nouvelles précipitations vont faire augmenter le niveau de la crue sans possibilité pour l’eau de s’échapper nulle part. La crue est bien là et c’est semble-t-il parti pour durer.

En Avignon, dans la rue Henri-Fabre, les téméraires portant des bottes ont de l’eau jusqu’à mi-mollet.

Ceux qui sont en mocassins et costume de ville se déplacent sur les bordures des grilles du square Agricol Perdiguier ou sur les marches du Temple Saint-Martial. ils y attendent les barques du Génie qui jouent aux gondoliers d’Avignon. Il semble aussi que des planches aient été installés par la troupe pour pouvoir cheminer les pieds à sec. Des épisodes qui laisseront des souvenirs aux citadins confrontés à cette crue exceptionnelle et cette situation inattendue.

Le même lieu en 2017. On a vu deux pièces de théâtre (Audrey Hepburn et la conférence de M. Christ, Jésus de son prénom) lors du dernier Festival dans une salle du temple à droite. Toujours cette impression d’étroitesse de la rue sur la vue moderne par rapport à la vue ancienne.

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La CRUE du RHÔNE de 1935 en AVIGNON (6/9)

Un lot de neuf cartes postales semi-modernes trouvé sur delcampe montrant des quartiers d’Avignon sous les eaux du Rhône lors de la crue de novembre 1935.

C’est le 11 novembre que le Rhône commence à déborder. Il faut dire qu’à peine l’épisode cévenol commençant à s’estomper, la pluie se remet à tomber avec force sur tout le sud-est. C’est la troisième phase de ces pluies exceptionnelles avec un phénomène méditerranéen localisé à la rive gauche du Rhône.

Comme on le voit sur ce dessin extrait de l’article de Maurice Pandé « La grande crue du Rhône de 1935 » paru dans la revue de géographie alpine en 1936 et qui inspire beaucoup cette série d’articles, ce phénomène pluvieux est marqué de pointillés en forme de croix. Ce sont les bassins versants des affluents de la rive gauche du Rhône de l’Isère à la Durance qui vont être impacts. Ces pluies violentes arrivant sur des sols gorgés, l’eau se retrouve rapidement dans les rivières et dans le Rhône. De Valence à la Camargue, le Rhône déborde. Nous ne sommes plus dans une crue normale mais dans une crue de grande ampleur.

Retour sur les remparts en Avignon, de côté du boulevard Saint-Michel.

Au fond, certainement au niveau du passage surélevé entre la gare et la porte de la République, dans le prolongement de la rue de la République et de l’avenue Jean-Jaurès, les gens ont les pieds au sec, coincés qu’ils sont dans cet îlot entouré d’eau de partout. Les véhicules sont coincés là et attendront la décrue pour quitter leur prison. A moins qu’ils aient été amenés là par leurs propriétaires pour éviter d’être perdus.

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La CRUE du RHÔNE de 1935 en AVIGNON (5/9)

Un lot de neuf cartes postales semi-modernes trouvé sur delcampe montrant des quartiers d’Avignon sous les eaux du Rhône lors de la crue de novembre 1935.

Second temps de cet épisode exceptionnel: le décalage vers l’est de ce phénomène cévenol jusque là localisé sur les Cèvennes les 7 et 8 novembre. Les 9 et 10 novembre, les pluies continuent de toucher massivement le sud-est du Massif Central mais dans le même temps, elles inondent la vallée du bas-Rhône et les contreforts des Préalpes.

Le Rhône déjà rempli des eaux tumultueuses de l’Ouvèze au Pouzin, de l’Ardèche à Pont-Saint-Esprit, de la Cèze en face de la Piboulette et du Gardon à Comps, voit absorber aussi des masses d’eau déversées par le Lez en face de l’Ardèche, l’Aigues à Caderousse, l’Ouvèze à Sorgues et la Durance au sud d’Avignon. La côte d’alerte est atteinte de partout et les bastardeus sont construits dans toutes les communes riveraines.

Et le ciel continue de rouler de noirs nuages gorgés d’eau et à lâcher des cataractes tandis que la douceur ambiante n’encourage guère à l’optimisme.

On gaffe aussi dans la rue Joseph-Vernet en Avignon.

L’eau passe par dessus les chevilles de la personne marchant sur le trottoir de droite. Des barques du Génie patrouillent à l’écoute des problèmes des riverains. A gauche, un piéton s’accroche aux grilles pour rejoindre les marches découvertes du perron de cette maison bourgeoise.

La rue Joseph-Vernet aujourd’hui. Google Maps nous offre une vue proche de celle de la CPSM. A droite le Musée Requiem et à droite, le restaurant de la Cour d’Honneur. La rue paraissait bien plus large, sous l’eau en 1935 qu’aujourd’hui avec les trottoirs visibles, le couloir de stationnement et celui de circulation. Effet d’optique trompeur qui arrive sur bien des vues anciennes.

 

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La CRUE du RHÔNE de 1935 en AVIGNON (4/9)

Un lot de neuf cartes postales semi-modernes trouvé sur delcampe montrant des quartiers d’Avignon sous les eaux du Rhône lors de la crue de novembre 1935.

Pour comprendre ce qui s’est passé en novembre 1935, il faut disséquer la chronologie des épisodes météorologiques exceptionnels qui se déroulèrent dans la partie méridionale de la vallée du Rhône et des massifs qui la bordent.

Premier temps, un épisode cévenol d’une grande violence sur… les Cévennes, la rive droite du Rhône. Pendant deux jours, les 7 et 8 novembre, par une douceur anormale, des cataractes d’eau se déversèrent sur le Gard, l’Hérault et l’Ardèche. Les nuages bloqués sur les pentes du Massif Central se vidèrent remplissant d’une eau boueuse l’Ardèche, la Cèze et le Gardon. Et les vrais rhodaniens connaissent les « coups » d’Ardèche en Vaucluse comme les « coups » de Gardon en Beaucaire, Tarascon et Arles ou à Comps, le pays aux cinquante repères de crue !

Le Rhône commença alors à menacer de sortir de son lit. Ce n’était qu’un début !

En Avignon, il n’y a pas que la « banlieue » qui patauge dans quelques dizaines de centimètres d’eau. Les flots ont envahis aussi le centre historique comme en 1856 quand une brèche se fit dans les remparts.

Pas de brèche en 1935 mais des infiltrations par les égouts et des précipitations qui ne peuvent pas s’écouler… on en reparlera plus tard.

Ici, la place des Corps-Saints, non loin de la gare et de la caserne du 7ème Génie est couverte d’eau. Les barques des militaires viennent ravitailler les habitants. On avance avec une barre de bois qui prend appui sur le sol. Les rez-de-chaussée sont inondés.

Cela durera presque quinze jours.

Deux images de cette place des Corps-Saints telles que nous le propose Google Maps. Les platanes sont bien là, moins nombreux en 1935 qu’en 2018.

 

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