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110 ans avant Le Teil le 11 novembre 2019… le tremblement de terre de Provence du 11 juin 1909

L’expérience inattendue et sidérante du fort séisme que nous avons vécu ce 11 novembre, à 11h52, nous permet de présenter cet album-souvenir du tremblement de terre en Provence de 1909, trouvé dans un vide-grenier, il y a quelques années.

Il s’agit là d’une brochure éditée par le Comité Diocésain d’Action Religieuse d’Aix-en-Provence quelques jours après la catastrophe et dont les bénéfices de la vente étaient destinés aux sinistrés. Et elles furent nombreuses ces personnes qui perdirent tout en quelques secondes !

Le 11 juin 1909, la terre avait tremblé dans le sud de la France, au nord d’Aix-en-Provence…l’épicentre se situant autour de Lambesc et Saint-Cannat, les deux communes les plus durement touchées.

L’image la plus spectaculaire, à mon avis, nous vient de Salon, la grande ville la plus proche où 110 ans avant les portables et selfies, un habitant pris cette photo quasiment sur le vif.

Certes, le séisme eut lieu en soirée mais le lendemain, on décida d’écrouler les murs instables de la citadelle qui dominait la ville. On y voit le nuage de poussière s’élevant au-dessus du château après l’effondrement d’un pan de mur s’écrasant sur les maisons en contrebas.

Joli réflexe de ce photographe qui immortalisa la scène en un instant, malgré le choc de l’évènement et l’état de sidération dans lequel il laisse ceux qui viennent de le vivre !

La ville de Salon connut quelques destructions comme l’attestent ces images…

…mais rien de comparable à ce que vécurent les villages au centre de la catastrophe.

Lambesc, 14 victimes sous les décombres dont 7 enfants de 8 mois à 13 ans.

Un consommateur installé au café du village raconte. A 9h.09, en fait 21h09, une formidable détonation, une forte pression sur les épaules puis un mouvement de latéralité qui renverse tout, chaises, tables, verres, carafes. Une cloison dégringole et la lumière s’éteint. Tout le monde se précipite dehors, les gens se bousculent, piétinent ceux qui se sont pris les pieds dans des obstacles… la panique.

Dehors, des gens affolés arrivent, demandant à ce qu’on vienne les aider, qui pour retirer son père et sa mère des décombres, qui pour qu’on l’aide à retrouver son mari… Les recherches vont se dérouler toute la nuit et les jours suivants quand arrivèrent les renforts avec des militaires des casernes d’Aix, d’Avignon…

Triste souvenir à Saint-Cannat. 10 victimes de 13 à 83 ans.

Des quartiers dévastés. Le 7ème Génie d’Avignon va retirer des décombres les victimes mais aussi les cadavres de nombreux animaux domestiques, chevaux, cochons, chèvres. A 21h09, toutes les bêtes avaient regagné les étables !

L’église du village ne put accueillir la célébration des obsèques et sera démolie par la suite tant elle menaçait de s’effondrer à tout moment, un peu comme au Teil !

A Rognes, même spectacle de désolation au petit matin. 14 morts de 3 à 68 ans.

Ici ce sont les hommes du 62ème de ligne, appellation d’alors des régiments d’infanterie, qui retirent les victimes des décombres pour les emmener à leur dernière demeure.

Sous la chaleur de la fin du printemps, on ne doit pas perdre de temps pour éviter qu’une épidémie ne se déclare ! Toutes les victimes furent enterrées le 13 juin, moins de 48 heures après le tremblement de terre.

Vernègues… des ruines, encore des ruines !

La domestique du curé passe à travers le plancher et se retrouve à l’étage au-dessous… sans une égratignure ! Un miracle pour  le rédacteur de la revue, la chance aurait-on pu dire.

Pelissanne. 4 décès.

Une fillette, Sophie Castellas, 9 ans, sortit prestement de cette maison pour être écrasée sous cet amoncellement de pierres.

Dans les semaines qui suivirent la campagne aixoise se remplit de maisonnettes semblables à celle-ci…

…de tentes prêtées et installées par l’armée qui allaient servir jusqu’à ce que les habitations soient reconstruites… c’est-à-dire quelques années, presque jusqu’à une autre grande déflagration, celle de 1914.

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Le GALLIA CLUB de CADEROUSSE dans MATCH L’INTRAN.

Le Gallia Club était donc l’ancêtre de l’USC actuelle. Je n’en avais jamais entendu parler mais Jean-Paul Masse me l’a confirmé dimanche dernier.

Ce qui est étonnant, c’est qu’une photo de l’équipe première de ce club apparaisse dans un titre de la presse nationale, le 31 janvier 1933, dans Match l’Intran, le concurrent du Miroir des Sports pendant l’entre-deux-guerres, l’époque des revues bistre.

J’ai découvert cette photo sur delcampe et le dos m’a permis de localiser sa source. La collection assez fournie de ce titre a fait le reste.

Né fin 1926, Match l’Intran va paraître dans ce grand format jusqu’en 1938 pour ensuite devenir généraliste sous le titre de Match. Disparu après la défaite de juin 1940, il ne sera pas poursuivi pour faits de collaboration contrairement au Miroir des Sports et pourra repartir après-guerre, en 1946, sous le titre de Paris-Match, hebdomadaire généraliste bien connu. Ce dernier conserve de son grand ancêtre le goût pour les grandes photos, pour une information transmise à partir de l’image plus que par le texte.

Dans le n°334, des images des concurrents du Rallye de Monte-Carlo ayant pris le départ à Tallinn.

L’hebdo avait l’originalité de proposer deux unes, en première et en quatrième de couverture, se donnant donc la possibilité d’annoncer deux sujets principaux. Quelquefois, lors des grands évènements, le Tour de France ou les Jeux Olympiques, la photographie principale se déployait sur les deux couvertures devenant un véritable poster avant l’heure.

Les deux unes du 31 janvier 1933.

L’Intran ? me dites-vous. Tout simplement, la réduction de l’Intransigeant, un quotidien parisien à diffusion nationale, lui aussi amateur de grandes photos dans tous les domaines de l’actualité, la Guerre d’Espagne par exemple; Match l’Intran étant en quelque sorte le supplément hebdomadaire sportif de ce titre.

Et le Gallia Club de Caderousse dans tout cela ?

Match l’Intran avait pris pour habitude de publier, en troisième de couverture, une page consacrée aux équipes sportives de divisions inférieures de toute la France et de l’Afrique du Nord, dans tous les sports, individuels comme collectifs, masculin comme féminin, civil ou militaire.

On peut penser que ces publications, une quinzaine de photos sur cette page, avait pour but d’élargir le lectorat de la revue, de la populariser au grand public, pour se faire une place côté à du grand Miroir des Sports.

Ainsi le Gallia Club de Caderousse partageait l’actualité avec les footeux de CS Narbonne, de l’US Bélaimontain, de l’US Fresnay-sur-Sarthe, du Patriote de Bonnétable (Sarthe), de l’AAJ Blois, du Collège Sportif de Privas (Ardèche), de l’Iskra Guesmain (Nord), des SO Pont-de-Chéruy, du Cercle Laïque de Brive-la-Gaillarde, des rugbymen de l’Ecole Normale de Lescar, des basketteurs de Clichy et Saint-Maurice de Salins-les-Bains et des cyclistes de La Rochelle et Miramas.

Début février 1933, le kiosque de presse de Caderousse fut certainement dévalisé de ses Match l’Intran suite à la publication du numéro 334 !

 

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De bien inquiétants MONGOLS à ANCÔNE…

Eté 1944… La retraite de l’armée allemande en vallée du Rhône, conséquence du débarquement de Provence du 15 août…. La Bataille de Montélimar. De violents combats opposent les Allemands qui fuient vers le nord et les Américains qui essaient de les coincer à l’endroit où la vallée est le plus étroite, c’est-à-dire entre Donzère et Loriol où les eaux du Rhône viennent lécher les collines des Préalpes.

Ancône est un peu à l’écart de la Nationale 7 encombrée de matériel abandonné, mitraillée par l’aviation alliée, contrairement à La Coucourde ou Derbières au coeur de la bataille, ou la plaine des Andorrans plus à l’est…

Voilà que dans ce décor, que dans cette situation de chaos, une troupe de Mongols vient faire une halte dans le village.

« Des Mongols ! » me dites-vous.

Photo d’un prisonnier « mongol » à Privas.

Pas tout à fait ou pas seulement. Il s’agit là d’un terme générique désignant des supplétifs de la Wehrmacht, originaires des Républiques Soviétiques, appelés ainsi pour leurs faciès asiatiques, enrôlés de force pour certains, engagés volontaires pour lutter contre le communisme pour d’autres. Suivant qu’il s’agisse des uns ou des autres, leur attitude  et leur engagement par rapport au Reich sont bien différents. Les uns ne veulent que rentrer chez eux au plus vite et souhaitent la défaite des Nazis. Certains rejoindront d’ailleurs le Maquis. Les autres sont fanatisés et sont prêts à commettre des exactions, sentant leurs destins leur échapper. Quoiqu’il en soit, les uns comme les autres connaîtront des fins tragiques, tués aux combats ou éliminés par les Soviétiques à leur retour, considérés comme traitres ou fascistes… même quand ils n’y étaient pour rien !

Toujours est-il que leur réputation est faite et que, malgré des moyens d’informations réduits durant l’Occupation, les populations locales savent qu’on doit tout redouter du passage de ses hommes, livrés à eux-mêmes bien souvent. Madame Devin qui nous a parlé de ces visiteurs inopportuns se souvient des heures angoissantes que connut le village et elle-même également, lors de leur halte, cette après-midi-là, entre le 15 et le 27 août 1944.

Equipé de véhicules hippomobiles, les Mongols se mirent à l’ombre dans les rues du village.

Que faisaient-ils donc là ?

En lisant Louis-Frédéric Ducros dans le tome 3 des « Montagnes ardéchoises dans la guerre », on apprend que, parmi les unités en retraite remontant du Sud-Ouest et devant traverser l’Ardèche, se trouvaient des troupes composées principalement de turkmènes encadrés par des Allemands. Une photo montre un groupe de Résistants posant devant un café d’Aubenas avec un drapeau pris à une légion SS d’Azerbaïdjan.

Ces hommes, harcelés par la Résistance, se rendirent en masse au point d’envahir les lieux de détention, à Privas principalement, la caserne Rompon, le camp de Chabanet, l’asile Sainte-Marie… On dénombra plusieurs milliers de prisonniers dont près de deux mille se rendirent sur le Coiron, du côté de Darbres et Freyssenet.

En regardant la carte proposée Ducros,

on voit que certaines unités choisirent de descendre jusqu’au Rhône pour remonter par la Nationale 86 (route de Saint-Remèze à Bourg-Saint-Andéol, route de la vallée de l’Ibie pour arriver à Viviers ou au Teil, route d’Aubenas au Teil). Etait-ce un groupe de l’une d’elles qui traversa tant bien que mal le fleuve pour se retrouver à Ancône ?

La présence de Mongols sur la rive gauche du Rhône n’avait été confirmée dans le passé, par mon père, qui se souvenait de quelques déserteurs asiatiques de la Wehrmacht ayant rejoint la Résistance locale du côté de Caderousse au moment de la Libération.

Peut-être y avait-il des unités de Mongols dans le Sud-Est, bien que je pense qu’il s’agissait plutôt de groupes venus du Sud-Ouest, ayant traversé  le Rhône, malgré tous les ponts détruits, en barque puis ayant volé quelques voitures hippomobiles, quelques chevaux et quelques vélos pour fuir vers le nord ?

Donc à Ancône, cette après-midi chaude d’août 1944…

Vous trouverez cette anecdote et bien d’autres sur Ancône pendant la Seconde Guerre Mondiale sur les Cahiers d’Ancône n° 3, pages 14 à 21… ainsi que les biographies des quatre MPF, Aimé James, Adrien Montchaud, Louis Delpech et Camille Revelin, pages 8 à 13.

Les Cahiers d’Ancône n°3, parution le 21 septembre, 44 pages, 134 illustrations, 7 euros.

Illustrations de cet article (2 photos et 2 cartes) extraites de « Montagnes ardéchoises dans la guerre » (tome III) de Louis-Frédéric Ducros, 3ème trimestre 1981.

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