Entre le Grand Rhône baignant la rive droite ardoise de la commune de L’Ardoise et le Petit Rhône proche de Caderousse, existait jadis l’île de la Piboulette, avant que les aménagements par la CNR de la chute de Caderousse la coupe en deux et ne fasse disparaître son caractère ilien.

On en voit une partie sur cette carte issue du rouleau de marinier déjà évoqué. Au coeur de l’île, le château de la Piboulette où Paul Puliet, le père de ma mère exerça son métier de garde-forestier et amena avec lui sa famille Ménard dans le Vaucluse après avoir séjourné au château de Barbentane dans les Bouches-du-Rhône.
Cette photo montre le château tel qu’il était juste après le Seconde Guerre.

Une bien belle résidence, pas forcément un château contrairement à son nom, mais un pavillon de chasse assez vaste pour accueillir les convives invités par son bâtisseur, Monsieur de Lafarge. L’île de la Piboulette était alors fortement boisée et très giboyeuse. Ce n’est qu’après la Grande Guerre qu’elle devint agricole. Il existait même une chapelle où étaient célébrés quelques offices par le curé de Caderousse (1).Malheureusement ce château connut un incendie, il y a quelques années qui ravagea son corps principal. Le propriétaire des lieux n’a pas encore entrepris la restauration attendue. Vous pouvez essayer de comparer la vue ancienne avec les photos récentes.

Photos prises en mars 2014. Par rapport à la vue ancienne, la toiture ayant disparu, on peut faire correspondre les fenêtres, les squelettes des cheminées, le corps de bâtiment avancé, le balcon à droite de l’avancée, la tour semi-circulaire de gauche…
Actuellement les bâtiments restants sont occupés par un Groupement Forestier qui exploite les bois de l’île.
Beaucoup plus intéressante cette vue d’inondations et de ravitaillement en barque:

On y reconnaît Paulette Santiago née Ménard, la soeur aînée de ma mère assise à côté de celle-ci sur la barque, mon père avec un sac de provisions (ou un sac postal, car facteur à Caderousse à cette époque, il devait porter le courrier, même en barque quand le Rhône se fâchait) et le mari de Paulette, Maxime (Moreno) Santiago.
Maxime et Paulette étaient aussi employés au château comme ouvrier agricole et cuisinière du régisseur. Ils devaient vivre dans ses bâtiments annexes qui existent toujours. Voici une vue actuelle de cette aile du domaine, prise au même endroit que le photographe de l’époque, les pieds au sec cette fois.

On constate qu’il ne devait y avoir qu’une trentaine de centimètres d’eau, de quoi devoir se déplacer en barque ou se mouiller les pieds tout de même et rendre inhabitable pendant quelques temps les pièces au rez-de-chaussée. De quoi aussi vivre quelques émotions quand il s’agissait de rejoindre la berge vauclusienne, même s’il ne s’agissait que de ne traverser que le Petit Rhône. Quant à aller vers la berge gardoise à travers le Grand Rhône, c’était bien plus périlleux !
Une vue de ces bâtiments annexes en 2014…

et des repères de crue du Rhône, souvenir des crues exceptionnelles…

celle du printemps 1856 (31 mai 1856) qui vit Avignon et Caderousse sous les eaux et incita le pouvoir impérial à pousser à la construction de digues après la visite de Napoléon-le-Petit dans la vallée du Rhône puis de la Loire aussi touchée, et celle de 1994, moins connue mais également impressionnante.
Une autre vue ancienne…

celle de l’oncle Maxime s’essayant à l’équitation sur un petit équidé, avec semble-t-il sa petite belle-soeur Jacqueline dans les bras, certainement dans la cour des dépendances du château de la Piboulette, peut-être le bâtiment le plus clair, à gauche.

Une cour dans laquelle se trouvait aussi la fontaine.

Ces deux vues anciennes de la même collection familiale posent problème .

Au dos: « Parc du château »

Au dos « Derrière du château ».
Elles sont liées entre elle par le même numéro de série et par la même écriture. Ce ne peut être le château de la Piboulette pris d’un angle de vue original. Barbentane ? ou un autre lieu où le grand-père inconnu Paul Puliet posa ses valises et sa famille? ou un domaine où Paulette et Maxime furent employés dans leur jeunesse? Ils ne sont plus là pour donner des informations !
Mais si une personne reconnaît ce lieu, qu’il ne se gène pas à fournir des indications pour compléter cet article.
(1) d’après Paul Marquion dans le Bulletin des Amis d’orange du second trimestre 1971.