L’Intransigeant Pour unique titre de ce vendredi 31 juillet 1936.
Le Tour de France remonte tranquillement sur Paris, tout étant joué depuis Pau. La Guerre civile espagnole marque un peu le pas ce jour comme le titre de la une l’indique. Après 13 jours terribles, les belligérants doivent reprendre leur souffle et trouver du ravitaillement autant pour les armes que pour les hommes.
Comme entre Alpes et Pyrénées, la mode du Tour à l’époque semble aller pour des demi-étapes avec une course en ligne et un contre-la-montre par équipes dans la même journée. Cela existera jusque dans les années 90 puis disparaîtra à cause du gigantisme de l’organisation actuelle.
Pas de photo de la course sinon celle de la une avec le vainqueur de la première demi-étape recevant les félicitations des miss. A croire que les photo-reporters sont réellement partis en Espagne après Pau. Pour la petite histoire, Bordeaux-Saintes verra enfin la victoire de Meulenberg qui avait subi la domination de René Le Grévès dans les sprints 5 fois et la seconde demi-étape Saintes-La Rochelle se donnera encore une fois à l’équipe nationale belge irrésistible dans cet exercice.
Une carte de la première page nous montre où en est la situation en Espagne après 13 jours de combats. Les rebelles ou les insurgés tels qu’ils sont appelés par la presse, avaient bien préparé leur coup pour occuper des territoires aussi importants en si peu de temps.
Mais il avait oublié de programmer la résistance de la République et des forces du Front Populaire. Surtout, leur incapacité de prendre les grandes villes de Madrid, Barcelone et Valence, malgré l’aide immédiate et considérable des Allemands et des Italiens.
La bataille continue sur au nord de la capitale à Guadarrama comme l’observe le correspondant de L’Intransigeant Guy de Traversay à la une du journal.
Max Jacobson fait un point objectif et assez juste de la situation:
Les rebelles occupent des territoires importants mais peu peuplés et semblent à bout de souffle (et de munitions), les gouvernementaux de vastes territoires mais manquent de chefs, pour beaucoup passés à la rébellion. L’accueil des insurgés est plutôt hostile par les populations dans le sud, dans des régions où les nombreux pauvres paysans voyaient de très bon oeil la réforme agraire menée par le Front Populaire alors que c’est l’inverse dans le nord. En conclusion, le journaliste devine très justement que la guerre est partie pour être longue.
Sur cette brève, on apprend que la voiture de l’Ambassadeur de France qui fait la liaison quotidiennement entre San Sebastian et Hendaye s’est fait mitrailler par les fascistes de même que celle du député Paul Vaillant-Couturier sur le retour d’une visite en Espagne, qui a subi le même sort avec blessure par balle du chauffeur.
Le problème de l’aide massive allemande et italienne et en particulier la livraison d’avions commence à poser problème du côté du gouvernement français, se sentant pris dans les tenailles des fascistes.
Sur la page L’IntranVoir, ce sont des photos de la bataille de l’Alcazar de Tolède qui sont montrées aux lecteurs, ce bâtiment dans lequel résistent les cadets et les militaires les encadrant.
Une barricade dressée et défendue par les miliciens, devant l’Alcazar de Tolède, dans lequel les cadets subissent un siège de plusieurs jours
Les rues de Tolède, barrées par des barricades, furent le théâtre d’une lutte acharnée entre les insurgés et les volontaires du Front Populaire. L’une d’elles (seconde image) est tenue par des communistes et anarchistes qui y ont planté le drapeau rouge.
Les ruines de l’Hôtel de la Sangro, où les insurgés avaient établi leur quartier général, après le bombardement qui précéda la prise de la ville par les miliciens.
Le quartier de la Madeleine dans lequel s’étaient retranchés les insurgés, a été bombardé et incendié par les troupes loyalistes.
Un mot pour terminer à la fois de sport et de politique. Hier, les athlètes français étaient partis pour Berlin et les Jeux Olympiques qui vont bientôt commencer:
Aujourd’hui, ils sont arrivés et Hitler les a fait accueillir au son de la Marseillaise et des « Vive la France ».
Prévenant le dictateur, pour réussir ses Jeux et berner les plus naïfs des observateurs !