Archives de Tag: MPLF

128 POILUS de CADEROUSSE, 128 DESTINS… Paul Louis Lucien TAURIAC

128 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 128 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent vingt-huitième et denier poilu: Paul Louis Lucien Tauriac.

A l’instar de Marcel Henri Eugène Bérard, Paul Taurier ne va guère connaître Caderousse. Il y naît certes le 18 novembre 1890 mais, comme le père de Marcel, le notaire Bérard, le père de Paul, le receveur buraliste Tauriac ne va pas faire long feu dans ce village de Caderousse assez pauvre alors… et sa famille avec. Les Tauriac sont d’ailleurs les voisins des Bérard, rue Château Vieux.

Alors que les Bérard venaient de l’Hérault et de Montélimar, les parents de Paul arrivent des Basses-Alpes, de Manosque. Agé de vingt-sept ans, Lucien, originaire de Gap a épousé Marie Louis Arnoux le 17 février 1887 dans la cité basse-alpine. Elle a alors tout juste vingt ans.

Immédiatement, le couple aménage à Caderousse où Lucien devient receveur buraliste. Il tient un bureau de tabac, emploi qui après 1918 sera réservé par l’Etat aux invalides de guerre mais fait également fonction de percepteur des Contributions Indirectes comme les taxes sur le vin en vrac, les alcools au moment où les alambics tournent à fond, après les vendanges…

Une fille, Anne Baptistine, vient au monde à la fin de cette année 1887, le 20 décembre exactement. Cette dernière suivra une scolarité exemplaire et deviendra institutrice publique. Trois ans après, un garçon complètera la fratrie du couple formé par Lucien et Marie Louise, Paul, le futur Poilu comme on peut le constater sur le recensement de 1891, à Caderousse.

Le père de Lucien, Antoine Jean Tauriac, originaire de Montauban comme son patronyme le laisse à penser, vit de ses rentes chez son fils et sa bru.

Avant 1896, le couple quitte le village pour aller vivre en banlieue d’Avignon, à Morières. C’est grâce à l’indication de ce  village comme lieu où a été transcrit le décès de Paul en 1916 sur la fiche de Mémoire des Hommes que nous avons pu suivre le déplacement des Tauriac. En effet, sans aucune raison logique, la page de Paul est absente dans le livre matricule de la classe 1910 du bureau de recrutement d’Avignon aux Archives Numérisées du Vaucluse. Mais l’Etat-Civil et les recensements de Morières-lès-Avignon nous tirent une bonne épine du pied.

Lucien, Marie-Louise et les siens s’installent donc rue Crillon à Morières où on les retrouve en 1896.

Anne Baptistine est bizarrement devenue Marguerite mais il s’agit-là d’une erreur de l’agent recenseur. Le grand-père paternel Antoine est encore là, pour peu de temps puisqu’il décèdera le 21 mars 1898 à l’âge de quatre-vingt-un ans.

En 1901, c’est Anne qui n’est plus là,…

…certainement interne au Collège d’Avignon.

En 1906, les deux enfants suivent leurs études en ville mais…

…Lucien et Marie Louise gardent maintenant les parents âgés de Marie Louise, Fortuné Arnoux et Annette Magnan, qui ont quitté les rives de la Durance pour la vallée du Rhône.

En 1911, c’est au tour d’Annette Magnan d’avoir disparu tandis que les enfants, l’institutrice Anne et l’employé Paul sont de retour à la maison, une fois leurs études terminées. C’est d’ailleurs cette année-là que Paul est appelé sous les drapeaux et qu’il va y connaître une ascension militaire foudroyante puisqu’on apprend grâce au Journal de Marche du 53ème Régiment d’Infanterie de Perpignan, qu’il rejoint cette unité le 19 juin 1915 en tant qu’officier.

Le sous-lieutenant Tauriac va commander la 3ème Compagnie du 53ème R.I., engagé sur le front en Champagne.

C’est à ce moment que va se déclencher la seconde bataille de Champagne du 25 septembre au 06 octobre 1915.

Après trois jours de bombardements et de contre-bombardements, l’assaut est donné par l’infanterie le 25 septembre au matin dans le secteur de Moronvillers.

Les hommes sortent des tranchées pour courir vers celles des Allemands derrière leurs officiers subalternes. Le Commandant Lambert, chef du bataillon est tué dans le no-man’s-land entre les deux camps.

La 3ème compagnie du Sous-lieutenant Tauriac qui devait suivre le première vague pour « nettoyer  » les tranchées conquises est à son tour décimée. La journée, malgré le courage des hommes est un fiasco. Pas moins de sept officiers sont mis hors de combat dont quatre sont tués Parmi eux, le sous-lieutenant Tauriac comme l’indique ce passage du Journal de Marche du 53ème d’Infanterie.

Ce 25 septembre 1915, à Moronvillers, Paul Tauriac était âgé de 24 ans et 10 mois.

Paul Louis Lucien Tauriac , matricule 351 de la classe 1910, bureau de recrutement d’Avignon mais dont la page manque sur le premier volume du registre matricule ou n’a pas été numérisée. Certes, le patronyme Tauriac n’est guère répandu dans le sud-est mais si quelqu’un reconnaît en Paul Louis Lucien, un ascendant, qu’i n’hésite pas à se manifester. 

Ainsi se terminent les biographies des 128 MPLF de Caderousse, reconnus sur les lieux de mémoire ou retrouvés grâce à Mémoire des Hommes. Cela nous a permis de rendre hommage à ces garçons plus ou moins jeunes que la guerre a détruit, à ces proches aujourd’hui disparus qui ont gardé les cicatrices de ces drames toute leur existence. Que cent ans après, les hommes se souviennent où ont mené des nationalistes exacerbés, théories politiques qui semblent être à nouveau à la mode dans notre vieille Europe un peu déboussolée par la modernité et la mondialisation !

 

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE, Recherche

127 POILUS de CADEROUSSE, 127 DESTINS… Isidore et Octave GUÉRICOLAS (leur guerre)

127 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 127 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent vingt-sixième et cent vingt-septième poilus: Isidore et Octave GUÉRICOLAS.

Malgré leurs parcours de vie jusqu’à la guerre pour le moins opposés, Isidore et Octave vont connaître le même sort lors du conflit et les trois enfants Guéricolas deviendront Pupilles de la Nation.

Isidore est donc rappelé le 04 août 1914 au 258ème Régiment d’Infanterie, réserve du 58ème R.I. d’Avignon. On a déjà parlé à onze reprises de cette unité, dans des biographies de Poilus caderoussiens puisque ce régiment est engagé en septembre 1914 dans l’enfer de Saint-Mihiel.

Contrairement au onze autres Caderoussiens, Isidore n’est pas tué mais gravement blessé et fait prisonnier par les Allemands sur le champ de bataille le 27 septembre 1914. Il est rapatrié le 05 septembre 1917 comme grand blessé. La Commission de Réforme de Nîmes réunie le 19 novembre 1917 puis celle d’Avignon le 20 décembre suivant, le réforment et le renvoient dans son foyer, du côté de Courthézon. La raison : des problèmes et paralysies oculaires. On peut penser qu’Isidore devait être une « gueule cassée », un blessé du visage.

Gravement malade également, il est hospitalisé en Avignon en juillet 1918 et décède le 04 août d’une maladie contractée pendant son séjour dans le camp de prisonniers en Allemagne. Il est reconnu « Mort pour la France » et inhumé à l’ossuaire militaire du cimetière de Saint-Véran d’Avignon. Le 10 septembre1918, il était âgé de 33 ans et 9 mois.

Son frère Octave est mort bien avant Isidore, au moment du début de la captivité de ce dernier.

Octave rejoint donc le 58ème R.I. le 04 août 1914 et dès le 20 septembre, il est versé au 1er Régiment Mixte d’Infanterie Coloniale faisant partie de la Division Marocaine… sans jamais avoir posé le pied sur le Protectorat.

Les 9 000 hommes de cette 1ère DM combattent dans le secteur de Reims en octobre 1914, à l’est de la ville, à quelques kilomètres du fort de La Pompelle.

Le front à la date du 15 octobre 1914 suivant http://www.carto1418.fr/target/19141015.html.

Le régiment d’Octave tient le secteur de Prunay, les Marquises. Sur le Journal de Marche de la Division, on peut y voir quelques vues prises fin septembre par son rédacteur.

Le château des Marquises est déjà en ruines…

…le Pavillon également…

…tandis que la ferme ne semble pas avoir souffert des bombardements.

Le 15 octobre, on peut lire que la journée a été calme.

Il y a eu bien quelques tentatives allemandes pour reprendre les tranchées perdues les jours précédents. Il y a eu quelques bombardements mais rien de bien grave suivant l’Etat-Major. Il y a surtout eu quelques soldats tués et blessés ce jour-là. Parmi eux, Octave Marius Paul Guéricolas, tué à Pruny, au bois des Marquises !

Le 15 octobre 1914, il était âgé de 31 ans et 8 mois.

Octave Marius Paul Guéricolas, matricule 1479 de la classe 1903, bureau de recrutement d’Avignon et Isidore Philibert Guéricolas, matricule 213 de la classe 1904, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter les fiches matricules numériques des deux frères. Le patronyme Guéricolas est bien présent dans le Vaucluse, à Caderousse également. Si quelqu’un reconnaît en un de ses deux hommes, un ascendant direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour corriger, compléter ou adoucir ces quelques lignes.

A suivre… Paul Louis Lucien Tauriac.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE, Recherche

127 POILUS de CADEROUSSE, 127 DESTINS… Isidore et Octave GUÉRICOLAS (généalogie)

127 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 127 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent vingt-sixième et cent vingt-septième poilus: Isidore et Octave GUÉRICOLAS.

Il s’agit-là de la neuvième fratrie du village de Caderousse que la guerre va décimer, Isidore et Octave Guéricolas, fils de Paul Guéricolas et de Marie Félicité Litot. Ces hommes ont été oubliés sur le monument aux morts du cimetière. Les deux frères sont nés à quelques mois d’écart au village, Octave le 01er février 1883 et Isidore le 24 décembre 1884. Leurs parents se sont mariés quelques mois auparavant, le 07 août 1882. Paul avait alors 24 ans et Marie tout juste 20. Paul venait de passer cinq années sous les drapeaux, engagé volontaire de 1876 à 1881.

Plus tard, un troisième garçon est venu compléter la fratrie, Louis Victor, né le 05 octobre 1887 qui décèdera au Pontet à l’âge de quatorze ans, en 1901.

La vie du couple Paul-Marie Félicité sera chaotique.

La seule fois où la famille apparaît au complet, avant la naissance de Louis certes, est en 1886. Ils vivent chez la mère de Marie Félicité, Marie Reynier, veuve depuis un an de Philibert Litot. Deux grands enfants Litot sont aussi présents au foyer, frère et sœur de Marie Félicité. Tout ce beau monde travaille aux balais. Octave et Isidore sont alors de très jeunes enfants.

En 1891, Octave et Isidore sont toujours élevés par leur grand-mère maternelle, rue Monsieur, avec leurs oncle et tante.

Par contre, leurs parents ne sont plus là. Paul, le père, seulement âgé de 33 ans, est pensionnaire à l’Hôpital du village, aux côtés de vieillards séniles. Il a été victime d’un accident cérébral et est devenu hémiplégique du côté gauche. Par contre son épouse a quitté le village avec son plus jeune fils Louis Victor. Une séparation économique ou une séparation du couple sans divorce ? On ne peut rien affirmer. Pour aller où ?

Cinq ans plus tard, premier semestre 1896, la situation familiale a évolué. Isidore s’occupe de son père rue Saint-Michel.

Paul, un père sans profession pour l’agent recenseur, alors que d’autres documents parlent de baletier, classique à Caderousse mais aussi, plus original de crieur public.

Paul ressemblait-il à cette image offerte par wikipédia ? Pas sûr mais on sent toutefois qu’il s’agit là d’un emploi social offert par la Mairie à ce Caderoussier fortement handicapé.

La mère et le petit frère sont toujours absents du village. Quant à Octave, lui aussi doit avoir pris son envol.

Peu de temps après, le 11 janvier 1898, Paul Guéricolas décède rue Saint-Michel à l’âge de quarante ans. Ce décès sonne la fin de la présence de cette branche des Guéricolas dans la commune. La veuve de Paul, Marie Félicité épousera la veille de Noël 1901, Louis Pontier au Pontet où elle réside avec son fils Octave, ouvrier dans une usine.

Octave qui fait son bonhomme de chemin ! Il épouse le 10 janvier 1903 une avignonnaise du Pontet Emilie Louise Marquion. Notons qu’à cette époque, Le Pontet n’était qu’un lieu-dit d’Avignon, son autonomie administrative étant obtenue dans les années 20. C’est une jeune fille de dix-neuf ans née à Viviers en Ardèche et dont le père est charretier. Rapidement, une petite Yvonne Octavie Joséphine vient au monde, neuf mois exactement après les noces, juste avant qu’Octave ne parte sous les drapeaux, au 58ème Régiment d’Infanterie d’Avignon. Il n’y fera qu’une année, du 16 novembre 1904 au 18 octobre 1905. Il est à la fois soutien de famille, orphelin et a un frère sous les drapeaux.

Recensement d’Octave Guéricolas au Pontet, au Clos de Fargues, en 1906.

Par la suite, Octave change d’orientation professionnelle et devient Gardien de la Paix en Avignon où la famille réside en 1911, 8-rue Four de la Terre.

Un petit Marcel Alfred est venu agrandir la famille, né le 15 décembre 1909 en Avignon.

De son côté, Isidore va vivre une jeunesse bien plus chaotique, c’est le moins que l’on puisse dire ! En effet, pour faire simple, les deux frères auraient pu jouer dans la vraie vie, aux gendarmes et aux voleurs !

On avait laissé Isidore en 1896, vivant avec son père hémiplégique, rue Saint-Michel à Caderousse. On le retrouve en 1904, à Tarascon, à la Maison d’Arrêt où il purge sa quatrième peine de prison. Sa vie délinquante a commencé le 12 octobre 1901 avec quarante jours de prison avec sursis pour vol. Ensuite, plus de sursis : vingt jours de prison le 04 janvier 1902 pour complicité de vol. Puis l’engrenage de la délinquance : six mois de prison pour vol en 21 avril 1903 prononcé par le tribunal de Tarascon et à nouveau, huit autres mois pour la même raison et par la même juridiction le 20 décembre 1904.

A cette sortie de prison, une seule solution pour rompre cette spirale de l’échec : un engagement dans l’Armée, contracté le 03 septembre 1905. Destination, l’Afrique comme nombre d’hommes ayant eu des problèmes avec la justice. Mais la situation d’Isidore ne s’améliore guère puisqu’il va connaître la section disciplinaire qu’il fréquentera onze mois. Il est finalement libéré le 04 octobre 1908, sans certificat de bonne conduite mais avec tout de même, une campagne d’Afrique inscrite sur son registre matricule.

Pour ne pas rompre avec son passé, il s’installe au quartier de la Balance en Avignon ! Pour deux mois seulement ! En effet, le 04 décembre 1908, il épouse une gamine de dix-sept ans, Zénobie Laurence Victorine Guichard originaire des Basses-Alpes, Entrages où elle est née et Oraison où elle a grandi.

Le couple s’installe à Pernes où résident maintenant les Guichard et une petite Paulia Marie Blanche vient au monde le 02 février 1910. Isidore travaille la terre, certainement sans avoir complètement tourné le dos à son passé trouble. En effet, fait rarissime pour l’époque, le couple divorce en 1913. Dans les minutes du délibéré rendu par le Tribunal de Carpentras, on peut dire que ce divorce est prononcé aux torts et griefs de… l’époux ! On s’en serait douté !

Nous sommes à quelques mois du début de la Grande Guerre.

Octave Marius Paul Guéricolas, matricule 1479 de la classe 1903, bureau de recrutement d’Avignon et Isidore Philibert Guéricolas, matricule 213 de la classe 1904, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter les fiches matricules numériques des deux frères. Le patronyme Guéricolas est bien présent dans le Vaucluse, à Caderousse également. Si quelqu’un reconnaît en un de ses deux hommes, un ascendant direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour corriger, compléter ou adoucir ces quelques lignes.

A suivre… les frères Guéricolas, Octave et Isidore, partie militaire.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE, Recherche

122 POILUS de CADEROUSSE, 122 DESTINS… Clovis Frédéric AUBERT

 

122 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 122 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent vingt-deuxième poilu: Clovis Frédéric Aubert.

Cinquième Poilu portant le patronyme Aubert né à Caderousse et disparu pendant la Grande Guerre. Lui-aussi, nous a été soufflé par Mémoire des Hommes puisqu’il n’est pas mentionné sur aucune plaque mémorielle de la commune et son histoire caderoussienne fut de courte durée, au début d’une existence toute aussi brève.

Les parents de Clovis sont tous deux Caderoussiens, né en 1854 pour son père, Jules Albert et en 1858 pour sa mère Elisabeth Marie Guérin. Ils se sont mariés au village le 22 novembre 1882 et deux filles sont venues au monde rapidement, Elisabeth Pauline en 1883 et Marie Rose en 1885.

Voici donc la famille en 1886, vivant non loin du Rhône au quartier Miémart. Non loin également du pont de Roquemaure qu’elle semble avoir emprunté pour migrer dans le Gard, entre 1887 et 1891. C’est à Roquemaure que la famille va s’installer et que Jules va mener des terres comme il le faisait à Miémart.

Jamais plus la couple Jules-Elisabeth ne reviendra à Caderousse avant la Grand Guerre, si ce n’est en 1894 quand Clovis naîtra le 28 juillet 1894, quartier Saint-Michel. Est-ce un retour momentané dans ce quartier de la part des parents du futur Poilu ou Elisabeth est-elle venue accoucher chez une personne de sa famille à ce moment-là ? L’absence d’Etat-Civil numérisé dans le Gard nous a là-encore handicapé pour raconter la jeunesse de ce Poilu.
Toujours est-il qu’il réside à Roquemaure chez ses parents quand l’armée le recense et que c’est au bureau de Pont-Saint-Esprit qu’il a été enregistré.

Quand la guerre éclate le 3 août 1914, il vient juste d’avoir vingt ans et il n’est donc pas concerné encore par la mobilisation générale, normalement jusqu’en 1915. L’hécatombe de soldats français d’août 14 va en décider autrement. La classe 1914 est appelée dès septembre 14 et Clovis se retrouve dans la caserne des artilleurs du 10ème Régiment d’Artillerie à Pied à Toulon, semble-t-il, dès le 04.

Après une formation militaire rapide chez les artilleurs, il est dirigé vers… l’infanterie au 22ème Régiment d’Infanterie Coloniale, le 13 octobre 1914. Ce sont les régiments ayant subi le plus de pertes qui ont besoin de chair fraîche. C’est là que pour Clovis commencera à proprement parler sa guerre.

Pas pour très longtemps !

Muté au 1er Régiment d’Infanterie Coloniale début janvier 1915, il se retrouve en Belgique, dans cette petite partie de Belgique non occupée par les Allemands, une bande côtière et frontalière de la France aux noms bien connus: Ypres, l’Yser.

C’est du côté d’Ypres que les Coloniaux combattent le 30 avril 1915, un secteur britannique où des troupes françaises sont tout de même présentes. Ce 30 avril, les ordres sont contradictoires comme l’atteste le Journal de Marche de l’unité.

L’heure de l’attaque est fixée à 5 heures jusqu’à ce que le brouillard ne la retarde de deux heures.

Toujours ce satané brouillard qui pourtant aurait caché les hommes ! Alors, ce sera pour 9h55…

 

…ce sera à 11h15 car il y a trop de brouillard…

 

Non, plutôt 11h10… jusqu’à ce qu’un bombardement allemand ne détruise les liaisons téléphoniques. Rendez-vous en enfer à 11h10 !

Avec six heures de retard sur l’horaire établi, les hommes s’élancent face aux mitrailleuses allemandes très actives…

L’assaut est un échec. Les coloniaux ne peuvent progresser et s’avancer des tranchées allemandes. Une journée pour rien qui fait tout de même 33 morts, 118 blessés et 26 disparus. 177 victimes pour une attaque inutile !

Clovis Frédéric Aubert est l’un des six disparus du 4ème bataillon, disparu dans le canal de l’Yser. Ce 30 avril 1915, il était âgé de 20 ans et 9 mois.

Clovis Frédéric Aubert, matricule 176 de la classe 1914, bureau de recrutement de Pont-Saint-Esprit, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule numérique des Archives du Gard. Le patronyme Aubert est encore bien présent dans le Gard et le Vaucluse. Si quelqu’un reconnaît en Clovis Frédéric un ascendant direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ces quelques lignes.

A suivre… Félix Xavier Beaumet.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE, Recherche

121 POILUS de CADEROUSSE, 121 DESTINS… Charles Félix AUBERT

121 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 121 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent vingt-unième Poilu: Charles Félix Aubert.

Lui aussi n’est pas inscrit sur le Monument aux Morts ni sur les plaques de l’église. Certes, trois Aubert dont on a déjà raconté le parcours y sont notés mais deux hommes portant ce patronyme ont été oubliés : Charles Félix et Clovis Frédéric. C’est par Mémoire des Hommes qu’ils ont été retrouvés et on peut y constater la naissance caderoussienne de Charles Félix Aubert.

 

Voici donc un autre Poilu ayant des attaches des deux côtés du Rhône, à Montfaucon et à Caderousse. A Montfaucon plus qu’à Caderousse, indéniablement ! Les archives gardoises n’étant pas accessibles au commun des mortels ne vivant pas dans le coin, je ne peux que remercier le travail de Charles Aubert alias acharles8 sur Généanet qui m’a permis de compléter les informations glanées dans le Vaucluse, plus ouvert à la modernité, entre autre et principalement, pour la fratrie des Aubert et pour la descendance du Poilu.

Charles Félix Aubert, certainement appelé Félix, est donc né à Caderousse le 05 août 1881. Ses parents sont fermiers au quartier de la Durbanne, non loin du Rhône. Clément Emmanuel Aubert né en 1840 comme sa mère Françoise Queyranne de six ans plus jeune, sont originaires de Montfaucon dans le Gard. Ils se sont mariés le 21 octobre 1868. De cette union vont naître douze enfants, de 1869 avec François Clément jusqu’à 1887 et François Marius Clovis Hugues, huit garçons et quatre filles. Quatre d’entre eux mourront en bas âge.

Les naissances auront lieu à Montfaucon au début puis à Caderousse, à la Durbanne, entre 1870 et 1883, période pendant laquelle Clément Emmanuel mène donc une ferme dans ce quartier en Vaucluse. Après cette date, le couple et ses enfants semblent être retournés vivre dans le Gard.

Charles Félix Aubert n’a donc pas vécu très longtemps à Caderousse, une poignée d’années seulement.

Il n’est âgé que de quatre mois sur le recensement de 1881 à Caderousse et la famille n’apparaîtra plus par la suite dans les listes nominatives du village, à commencer en 1886.

Le reste de sa courte vie, Charles Félix la fera donc à Montfaucon. Il est recensé par l’armée dans le Gard au bureau de recrutement de Pont-Saint-Esprit. Il va faire trois ans de service militaire entre le 16 novembre 1902 et le 23 septembre 1905 au 61ème Régiment d’Infanterie d’Aix-en-Provence. Quelques mois après son retour à la vie civile, il va épouser une fille de Montfaucon, Léa Marie Amédeline Guillaumont, le 27 juillet 1907. Avant son rappel sous les drapeaux, trois enfants naîtront de cette union. Les deux premiers Joséphine Clémentine et François Félix ne vivront que quelques jours. Elise Françoise Félicia née en 1911 atteindra l’âge adulte et lui donnera une descendance.

Rappelé le 03 août 1914 au 61ème R.I., Charles Félix passera le 04 septembre suivant au 58ème R.I. d’Avignon. On l’a déjà vu, ce régiment, engagé malencontreusement en Lorraine allemande dans des opérations hasardeuses a connu en août 14, une immense saignée au cours de laquelle ont d’ailleurs péri huit Caderoussiens. C’est l’explication de cette mutation. Il faut combler les pertes.

En 1915, le régiment combat en Champagne puis est cantonné à Reims. Il est envoyé sur Verdun où il arrive le 22 juin 1916 pour défendre l’Ouvrage de Froideterre à la Côte-du-Poivre sur le territoire de la commune de Louvemont, un des neuf villages rayés de la carte et jamais reconstruits, car situé au cœur de la bataille de Verdun.

Photo extraite du site Verdun-Meuse.fr

Les tranchées françaises d’ailleurs très médiocrement organisées…

…sont soumises aux bombardements allemands et aux attaques des fantassins. Sous ce déluge de feu et de fer, les ordres sont simples, il faut tenir.

Ce 05 juillet 1916, à un moment où la bataille de Verdun vacille toujours pour décider de son vainqueur, quelques hommes de la 7ème Compagnie du 58ème R.I. sont tués pour repousser des Allemands.

Parmi eux, Charles Félix Aubert de Caderousse et de Montfaucon. Il avait 34 ans et 11 mois.

Charles Félix Aubert, matricule 94 de la classe 1901, bureau de recrutement de Pont-Saint-Esprit, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule numérique des Archives du Gard. Le patronyme Aubert est encore bien présent dans le Gard et le Vaucluse. Si quelqu’un reconnaît en Charles Félix un ascendant direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ces quelques lignes.

A suivre… Clovis Frédéric Aubert.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE, Recherche

120 POILUS de CADEROUSSE, 120 DESTINS… Charles Marius ARNAUD

120 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 120 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent vingtième Poilu: Charles Marius Arnaud.

Pas d’Arnaud inscrit sur le Monument aux Morts ni sur les plaques de l’église. Pourtant Mémoire des Hommes est formel et sa fiche matricule indiscutable…

…Charles Arnaud est né à Caderousse le 04 novembre 1896. Son père Jean François Arnaud est un enfant du village, né en 1842, qui a traversé le Rhône au pont de Roquemaure pour épouser sa mère, Louise Olympe Frédière au début de l’année 1896. Originaire de Saint-Laurent-les-Arbres où elle est née en 1859, Olympe y a perdu ses parents et est allée s’installer à Roquemaure après leur décès pour travailler dans un magasin vendant et fabriquant des chaussures.

Le couple s’installe à Caderousse après les noces célébrées à Roquemaure, rue Juterie. Jean François est cultivateur et Olympe va mettre au monde deux enfants, Charles en 1896 et une fille Marthe le 10 janvier 1899. Voici donc la famille au grand complet à Caderousse, recensée rue Juterie en 1901.

On y apprend que le père est cultivateur, chose contredite par l’acte de naissance de Marthe où il est écrit qu’il vend, lui-aussi, des chaussures. Il faut dire que nous ne sommes guère aidé par les registres numérisés puisque l’état-civil comme les listes nominatives ne sont pas encore à disposition des internautes dans le Gard et que la fiche matricule de Charles n’est également pas disponible ! Le conditionnel va donc être de mise à partir de là.

La famille semble avoir émigré à Roquemaure après 1901 et avant 1906 puisque les Arnaud n’apparaissent plus à Caderousse à cette date.

Cela nous laisse aussi dans l’expectative en ce qui concerne la fratrie des enfants du couple Jean François-Olympe. D’autres enfants sont-ils nés après Marthe ?

Né en 1896, Charles n’est pas en âge de partir au front en 1914. Ce ne sera qu’en 1915 que l’Armée fera appel à lui. Il monte d’ailleurs en grade puisqu’il est sergent au 119ème Régiment d’Infanterie de Courbevoie en 1917.

Le 119ème va connaître l’enfer de Verdun en 1916, Douaumont et Vaux à un moment où Charles ne l’a pas encore rejoint. Ce sera ensuite la Somme où il connaîtra son baptême du feu et le Chemin des Dames où un sort cruel l’y attend.

La grande boucherie qui entraîna des mouvements de rébellion dans les unités est à ce moment-là passée. Ce 07 juillet 1917, à Ailles, les hommes sont « conviés » par leur hiérarchie à reprendre un terrain qui a été perdu quelques jours auparavant.

Le matin, l’artillerie termine le travail de destruction commencé la veille.

Puis les fantassins s’élancent sur trois secteurs.

A gauche, c’est un gros échec puisque les Allemands se permettent même de contrattaquer.

Au centre, la préparation d’artillerie n’a pas touché les défenses allemandes et les mitrailleuses en particulier qui empêchent les assaillants d’atteindre leurs objectifs. Seulement à droite, l’avancée est significative.

Mais 110 hommes du 119ème sont mis hors-de-combat ce 07 juillet 1917 dont 24 tués et 8 disparus. Parmi eux, Charles Arnaud. Il était âgé de 20 ans et 8 mois.

Son décès a été enregistré à l’état-civil de Roquemaure, en 1921, ville où il résidait et oublié par Caderousse où il était né et avait vécu une dizaine d’années.

 

Charles Marius Arnaud, matricule 4 de la classe 1916, bureau de recrutement de Pont-Saint-Esprit, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule aux Archives du Gard à Nîmes. Le patronyme Arnaud est encore bien présent dans le Gard et le Vaucluse. Si quelqu’un reconnaît en Charles Marius un ascendant  indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ces quelques lignes… fort incomplètes !

A suivre… Charles Félix Aubert.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE, Recherche

119 POILUS de CADEROUSSE, 119 DESTINS… André Louis EUSTACHE.

119 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 119 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-dix-neuvième nom de la liste: André Louis EUSTACHE.

 

C’est le site Généanet qui nous a permis de nous mettre sur les traces d’André Louis Eustache. En effet, son décès a été transcrit à Caderousse le 1er septembre 1917.

André Louis Eustache est né en Ardèche à Saint-Montan, non loin de Viviers, de Bourg-Saint-Andéol et du Rhône le 03 mars 1887. D’autant plus près du Rhône que ses parents André Eustache né en 1846 et Marie Rosalie Reynier née à Montélimar en 1863 tiennent une ferme au quartier des Barraques, dans la plaine.

Au recensement de 1891 aux Barraques de Saint-Montan.

Sur ce document reproduit ci-dessus, les noms de la mère d’André et de sa grand-mère maternelle sont barrés ce qui n’est pas bon signe. En effet, elles n’apparaissent plus dans le recensement suivant de 1896.

Marie Rosalie Eustache, mère d’André Louis, est décédée à Saint-Montan le 13 octobre 1893. André père élèvera seul son fils qui deviendra naturellement paysan, un fils qui restera unique par la force des choses.

André Louis fait son service militaire du 06 octobre 1908 au 25 septembre 1910 au 35ème Régiment d’Infanterie. Ce sera son premier grand voyage puisque ce régiment est stationné à Belfort, près de la frontière allemande d’alors. Le second départ de la ferme des Barraques sera pour aller travailler à Orange chez Antoine, camionneur en 1913 puis à Caderousse pour louer ses bras dans l’île de la Piboulette, chez Louis Martin, fermier, à partir d’avril 1914.

C’est donc le tocsin de Caderousse qu’il entendra le 03 août 1914, village qu’il quittera pour le 55ème RI de de Pont-Saint-Esprit. La guerre donc et le secteur de Verdun où le régiment gardois va combattre un moment.

Le 14 octobre 1915, André Louis rejoint le 116ème Bataillon de Chasseurs Alpins. et est replongé dans l’enfer de Verdun. Un enfer que confirme cet extrait du Journal de Marche du Bataillon:

Les bombardements allemands, les tranchées gommées du côté de Douaumont, les hommes sans protection face aux déluges de feu mais aussi du ciel avec une pluie incessante, un froid glacial et des hommes qui tombent comme des mouches. Nous sommes le 25 octobre 1916.

Le lendemain, c’est un peu la répétition de la veille mais le déluge du feu fait moins de victimes.

Il y aura tout de même vingt-un morts ce jour-là, des blessés et des disparus. Parmi les premiers, André Louis Estache, le néo-Caderoussien ! Il apparaît dans la liste établie dans le Journal de marche du 116ème BCA.

Le 26 octobre 1916, André Louis Eustache était âgé de 29 ans et 10 mois.

 

La fiche matricule d’André Louis Eustache de Mémoire des Hommes.

André Louis Eustache, matricule 106 de la classe 1907, bureau de recrutement de Pont-Saint-Esprit, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Gard. Le patronyme Eustache est présent en Vaucluse, Drôme, Gard. Si quelqu’un reconnaît en André Louis un ascendant direct lointain, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre…. Charles Marius Arnaud.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE, Recherche

118 POILUS de CADEROUSSE, 118 DESTINS… Marius Cyprien MILLET

118 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 118 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-dix-huitième nom de la liste: Marius Cyprien MILLET.

 

La troisième face du Monument aux Morts.

« Trois Millet inscrits sur le Monument aux Morts de Caderousse, dans l’ordre alphabétique Félix Marius, Maurice Marie Joseph et Paul Joseph Marie…  » C’est ainsi que je commençais l’article sur les Millet du Monument aux Morts il y a quelque temps. Sauf qu’il y a bien quatre Millet inscrits sur le Monument dont deux Millet Maurice.

C’est la lecture de la plaque mémorielle posée dans l’église de Caderousse qui m’a interpelée.

Il y a bien quatre Millet. C’est Marius Millet qui a échappé à ma vigilance, un Marius devenu Maurice (bis) sur le Monument aux Morts du cimetière alors qu’à l’église cette erreur n’est pas commise.

Extrait de la troisième face du Monument aux Morts.

Marius Millet est né à Mornas le 12 mai 1884, de parents tout deux originaires de cette ville. Mais Casimir Toussaint Millet et Marie Antoinette Goumare sont aussi les parents de Félix Millet dont le nom figure sur le monument et dont on a déjà raconté sa courte vie. Car Marius est le grand frère de Félix. Il s’agit donc là de la neuvième fratrie de Caderousse qui vit au moins deux enfants emportés par la guerre. Pas la dernière !

La similitude des parcours de Marius et Félix ne s’arrête pas là. En effet, les deux frères arrivent à Caderousse en épousant deux filles du village, qui plus est, deux soeurs. Marius Cyprien épouse le 25 septembre 1909 Rose Augustine Baptistine Cuer et deux ans après, Félix se marie avec Marie Louise Marguerite Cuer.

Le 10 novembre 1910 naît une petite fille, Marguerite Rose Cyprienne à Mornas. Il semble que le couple Marius-Rose se soit installé à Mornas après leur mariage, pour continuer de travailler les terres familiales. Le rapport entre lui et Caderousse n’existe que par son mariage avec une fille du village, ce qui pourrait expliquer son oubli lors de l’érection du monument aux morts et de son ajout hors ordre alphabétique et la petite erreur de son prénom.

Marius Millet n’a pas fait de service militaire car il a été réformé en 1905 pour des problèmes oculaires, une dacryocystite chronique qui lui fait pleurer un oeil en permanence. Toutefois, neuf ans plus tard, cette infirmité ne pose plus problème à l’armée et Marius est appelé sous les drapeaux le 30 octobre 1914. Après une période de classes au 58ème Régiment d’Infanterie d’Avignon, il est envoyé au front au 132ème R.I. le 14 mars 1915. Il ne lui reste alors que trois semaines à vivre !

Il est plongé immédiatement dans l’enfer de la bataille des Eparges, au sud-est de Verdun. Pour l’Etat-Major français, il faut déloger les Allemands des crêtes des Hauts de Meuse auxquelles ils s’accrochent. S’en suit une série d’attaques entre 17 février et le mois d’avril 1915.

Un rappel de l’ordre d’attaque dans le Journal de Marche du 132ème R.I. en date du 5 avril 1915.

Le 05 avril, l’attaque française est hachée par les défenses allemandes pas assez éprouvées par la préparation d’artillerie. Le territoire gagné ce jour est presque totalement perdu le lendemain. Le 7 avril, l’attaque programmée du 25ème Bataillon de Chasseurs à Pied est remise, faute de combattants valides et frais, l’unité étant arrivée en retard avec des hommes exténués. Toutefois des combats sporadiques se déroulent toute la journée avec bombardements des deux côtés. Le bilan de cette journée est tout de même sanglant: 15 tués, 102 blessés et 20 disparus.

Parmi les 15 tués de ce 7 avril 1915 au bois des Eparges figure Marius Millet. Il était âgé de 30 ans et 11 mois. Le lendemain, non loin de là mais derrière les lignes allemandes à Fresnes-sur-Woëvre, suite à un bombardement français sur une ambulance allemande où il était soigné après avoir été fait prisonnier, était tué l’écrivain Louis Pergaud, prix Goncourt 1910 et auteur de La Guerre des Boutons. Une victime célèbre de la bataille des Eparges.

La fiche matricule de Marius Cyprien Millet de Mémoire des Hommes.

Marius Cyprien Millet, matricule 288 de la classe 1904, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Millet est assez répandu en Vaucluse. Si quelqu’un reconnaît en Marius un ascendant direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: les plaques mémorielles de l’église de Caderousse.

Le bois des Eparges de nos jours porte toujours les stigmates de la guerre.

Photo de Roman Karpinski sur Google maps. 

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE, Recherche

117 POILUS de CADEROUSSE, 117 DESTINS… Gabriel VIVET.

117 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 117 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-dix-septième Poilu: Gabriel François VIVET.

Quatrième face du Monument aux Morts.

La famille Vivet tout comme la famille Arnoux, patronyme de la mère de Gabriel est incontestablement caderoussienne. Pourtant, Gabriel François Vivet va venir au monde à Lapalud, un village au bord du Rhône à une vingtaine de kilomètres au nord de Caderousse, à la limite de la Drôme, le 11 février 1888. La raison en est économique. Le père de Gabriel, Joseph Isidore, né en 1860, alla travailler après son service militaire à Lapalud, l’autre capitale du balai. En 1885, il fut embauché par un certain Guérin, patron d’une fabrique, pour continuer d’exercer le métier qu’il avait appris à Caderousse à la sortie de l’école. Il se maria deux ans après avec Rose Marguerite Arnoux à Caderousse, le 15 février 1887 et Gabriel arriva l’année suivante.

Gabriel allait être l’aîné d’une fratrie de six enfants, quatre garçons et deux filles. Après Gabriel, vint Marie Ambrosine, né en 1890. Cette dernière et les quatre enfants qui suivirent naquirent tous à Caderousse, rue de l’hôpital, le couple Joseph Isidore-Rose Joséphine ayant regagné Caderousse avant 1891 comme l’atteste le recensement effectué cette année-là.

Marie Ambrosine ne vécut qu’un peu moins de sept ans et décéda en 1897. Entre temps, deux autres enfants étaient arrivés: Lucien Victor en 1893 et Juliette Rose Désirée en 1895. Lucien revint de la guerre avec une pleurite, ce qui lui permit de bénéficier d’une petite pension. Il faut dire qu’à partir du 18 août 1914, il allait passer quatre années de captivité au camp de Grafenwökr en Bavière, jusqu’à sa libération, le 10 décembre 1918. Il avait été capturé vers Sarrebourg.

Puis vinrent au monde Adrien Innocent né en 1898 qui se distingua sur le front par son courage en tant qu’agent de liaison lors de l’offensive finale de novembre 1918 au point de recevoir une citation et Clovis Léon, né en 1902 qui échappa donc à la grande boucherie.

La famille en 1901, Clovis n’est pas encore arrivé.

Il semblerait que Gabriel n’ait pas suivi les traces de son père et de ses frères comme ouvrier baletier mais qu’il embrassa la profession de coiffeur. Au moment du Conseil de Révision qu’il effectua toutefois en Avignon, en 1908, il travaillait à Paris et résidait dans le quartier de la Goutte d’Or, au pied de la colline de Montmartre.

Son service militaire, Gabriel l’effectua au 44ème Régiment d’Infanterie d’Epinal du 07 octobre 1909 au 24 septembre 1911. Muni de son Certificat de Bonne Conduite, il retourna à la Goutte d’Or avant un bref séjour à Accueil puis Cachan, chez Robichon. Retour à Caderousse en 1912… deux ans avant le début de la Grande Guerre.

Gabriel fut rappelé au 58ème Régiment d’Infanterie d’Avignon. Il réussit à passer sans dommage à travers les balles et les éclats d’obus jusqu’à ce terrible lundi 15 juillet 1918, premier jour de la dernière attaque allemande de la Grande Guerre, sur la Marne. Depuis le 18 juin 1918, Gabriel sert au 273ème Régiment d’Infanterie après avoir été soldat durant cinq mois au 3ème Régiment d’Infanterie Coloniale.

Le 15 juillet 1918, ce régiment est aux premières loges pour subir le bombardement de préparation allemand. Terrible moment dans les tranchées sous ce tir de barrage et sous le contre tir de l’artillerie française.

Le journal de marche du 273ème R.I. raconte en détail ces terribles heures passées par les hommes dans la nuit chaude de juillet.

A minuit 5, le début du bombardement d’artillerie allemand.

Un bombardement d’une grande violence.

Baisse du bombardement sur les arrières mais toujours violent sur les premières lignes. L’enfer !

Plus aucunes liaisons téléphoniques….

…on envoie des coureurs à pied, des missions très périlleuses.

Le début de l’attaque terrestre.

Le lieutenant-colonel Boizard, commandant du 273ème R.I. est tué sur le coup par un éclat d’obus. Ce ne sera pas le seul gradé mis hors-de-combat car lors du décompte humain de cette journée du 15 juillet, le régiment perdit trente-huit officiers: trois tués, cinq blessés et trente disparus !

Des « débris » (terme officiel pour dire qu’une unité  perdu la majorité de ses hommes) du 273ème RI continuent ici et là !

Ce jour-là, le 273ème de ligne perdit 1 213 hommes dont seulement neuf tués. Mais on peut penser que nombre des 1 165 disparus devinrent des MPF. Gabriel Vivet en faisait partie, tué à l’ennemi à Soilly, Marne. Ce 15 juillet 1918, il était âgé de 30 ans et 5 mois.

Fiche matricule de Gabriel François Vivet de Mémoire des Hommes.

Gabriel François Vivet matricule 1519 de la classe 1908, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaiteraient aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Vivet est un patronyme encore présent dans le Vaucluse et principalement à Orange. Si un descendant indirect de Gabriel François reconnaît en lui son ancêtre  qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou modifier cette petite biographie.

A suivre… Marius Millet.

2 Commentaires

Classé dans CADEROUSSE, Recherche

117 POILUS de CADEROUSSE, 117 DESTINS… Paul Marius VATON.

117 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 117 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Cent-seizième Poilu: Paul Marius Pascal VATON.

Quatrième face du Monument aux Morts.

Le second Vaton du Monument aux Morts de Caderousse, Paul, second par l’ordre alphabétique du prénom principal, était né six mois avant Gustave, le 10 janvier 1888, à Caderousse. Ses parents étaient bien plus jeunes que ceux de Gustave si bien qu’il fut l’aîné de la fratrie au lieu d’être le petit dernier comme ce fut le cas de Gustave.
Marius Pascal Vaton était né à Caderousse en 1860, de parents caderoussiens. Il prit pour épouse Marie Avenin, domiciliée au village mais originaire de Murat dans le Cantal où elle avait vu le jour en 1864. Les noces furent célébrées le 25 octobre 1884 et les mariés s’installèrent quartier de l’Espinet dans la ferme familiale.

Paul vint donc au monde quatre ans plus tard, suivi d’une fille Marie Virginie Laurence Marguerite en 1892.

Voici donc la famille au recensement de 1901.

C’est en Corse que Paul fit son service militaire, au 163ème Régiment d’infanterie. Comme d’autres Caderoussiens, ce sont deux années au centre de l’île de Beauté, à Corte du 05 octobre 1909 au 22 septembre 1911 qu’il passa.

Au retour à la vie civile, il assista au mariage de sa soeur Virginie avec Claude Victor Pelin le 20 novembre 1912. Il s’agit-là d’un grand frère de Joseph Pelin, copain de classe de Paul et frère « d’infortune » de ce dernier pendant la Grande Guerre. C’est au 44ème R.I. de Lons-le-Saunier que Joseph fit ses classes mais Paul et Joseph se retrouvèrent ensembles au 8ème Régiment d’Infanterie Coloniale le 04 août 1914.

C’est dans les Vosges qu’ils reçurent le même jour leur baptême du feu, du côté de Saint-Vincent puis de Neufchâteau. Ensuite, ce fut la Marne en septembre 1914 et les combats de Matignicourt-Goncourt, une région d’étangs et de marécages. Suite des combats en Champagne en décembre 1914 puis à la fameuse Main-de-Massiges en février 1915.

La Main-de-Massiges, à l’est de Suippes, fut ainsi appelé par les dessins que faisaient les courbes de niveau sur les cartes, courbes délimitant le plateau occupé par les Allemands après leur défaite de la Marne. C’est là que l’Etat-Major décida qu’une attaque aurait lieu en septembre 1915 pour soulager le front russe en train de craquer. Les troupes coloniales devaient attaquer dans le secteur de la Main-de-Massiges, le 8ème R.I.C. au niveau de l’Annulaire. Joseph allait s’y distinguer et reçut une citation pour sa bravoure, dans un combat inutile puisque les Allemands ne quittèrent ce plateau qu’en octobre 1918. De son coté, Paul Vaton fut grièvement blessé le 26 septembre 1915 et évacué à l’ambulance 7/16 à Hans dans la Marne. Il y décéda le lendemain, le 27 septembre 1915. Il était âgé de 27 ans et 9 mois.

Joseph après avoir vu tomber son copain allait connaître le même sort un peu moins d’un an plus tard, le 02 juillet 1916  dans la Somme à Herbécourt. Virginie, en l’espace de dix mois allait perdre son frère et son beau-frère. Elle portera ce double deuil de nombreuses années encore puisqu’elle devint presque centenaire !

Fiche matricule de Paul Marius Pascal Vaton de Mémoire des Hommes.

Paul Marius Pascal Vaton  matricule 270 de la classe 1908, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaiteraient aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Vaton est un patronyme encore présent à Caderousse, dans le Vaucluse et un peu dans le Gard. Si un descendant direct ou indirect de Paul Marius  reconnaît en lui son ancêtre  qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou modifier cette petite biographie.

A suivre… Gabriel Vivet.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE, Recherche