Archives de Tag: 1942

COLLABORATION: un tract à la gloire de la RÉVOLUTION NATIONALE.

Un tract imprimé uniquement au recto à la gloire de la Révolution Nationale imprimé à Tunis et certainement distribué dans cette ancienne colonie (protectorat pardon) avant la Libération du pays par les Américains.

En haut l’abominable république et sa devise perverse Liberté-Egalité-fraternité et en dessous le monde rêvé par les Fascistes de Vichy, adepte de la Révolution Nationale et de sa devise Travail- Famille- Patrie.

La République asservie par les partis et le capitalisme étranger (bien sûr), la République horriblement égalitaire où la Fraternité n’est qu’un leurre puisque la lutte des classes mène à la haine et à la misère.

A l’opposé, la Révolution Nationale amènera du travail à tous (dans les usines d’armement du reich pour certains). la famille sera au centre de la société (un papa, une maman 70 ans avant les grenouilles de bénitiers de Boutin et consort) et la Patrie au dessus de tout, une patrie occupée, pillée ce qui ne dérange pas du tout les auteurs de ces lignes puisque c’est la faute de la Gueuse.

Vive la Gueuse.

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COLLABORATION: le B.A.-BA du Fascisme à la Française sous Pétain.

Une feuille imprimée recto-verso sur un papier pelure, aussi léger que le niveau intellectuel du contenu. deux pages donc qui résument la pensée politique du Régime de Vichy guidé par son chef, le Maréchal autoproclamé, autant autoproclamé que fut son appellation de « Vainqueur de Verdun » alors que le vainqueur de Verdun fut Nivelle. N’oublions pas que Pétain quitta le commandement du front à Verdun le 16 avril 1916, loin du terme d’une bataille qui dura jusqu’en décembre 1916 !

Mais quand on a un chef sous la main, pardon un Chef, il faut lui inventer une Légende.

Car ces deux pages ne sont rien d’autre que la définition du Fascisme à la Française que reconnaissent encore de nos jours les tenants d’extrême-droite même lorsqu’ils se font appeler Patriotes.

Le bras armé de cette Révolution Nationale était la Légion, pas celle des Volontaires mais celle des Combattants, en un mot les associations d’anciens combattants de la Grande Guerre revues à la sauce de Vichy.

Le crédo des fascistes français:

La Légion défend l’unité de la France sauf bien sûr celle de la Zone Occupée par les Allemands et celle annexée tout bonnement, l’Alsace et la Lorraine.
La réécriture de l’Histoire… en expurgeant tout ce qui dérange, la Révolution de 1789, la vraie révolution, les mouvements ouvriers…, la libération du prolétariat (et des femmes de nos jours- on le verra plus loin).

Le culte du Chef (celui en place puisqu’il s’est choisi), de la Famille, du Travail et de la Patrie, le culte des valeurs ancestrales  et l’encadrement de la Jeunesse.

La défense d’une économie où collaborent l’intelligence, le travail et le capital (vaste programme), le paternalisme dans les rapports entre ouvriers et patrons.

La défense de l’agriculture et des petites entreprises, programme commun à tous les candidats depuis la nuit des temps…

Le mérite (la Valeur est employé) pour les fonctionnaires et la restauration du rôle de l’instituteur, du professeur (on est loin de Sarkozy).

Une nouvelle Europe autour de l’Allemagne (bien que ce ne soit pas dit)…et bien sûr, la lutte des nuisibles « étrangers » bien entendu …

les Francs-Maçons, les Communistes, les démocrates, les Juifs, les Gaullistes et le capitalisme international… donc à peu près… tout le monde sauf les Fascistes.
Ça ne vous rappelle pas quelques programmes plus récents ?

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PROPAGANDE DE VICHY: un grand poster sur la RELÈVE (automne 1942)

Une grande page imprimée uniquement au recto. Format page de journal, peut-être le Nouvelliste, le grand quotidien lyonnais qui se vautra dans la Collaboration et l’apologie du fascisme pendant l’Etat Français. Le titre: L’ACTUALITÉ PHOTOGRAPHIQUE.

On peut dater ce vieux papier d’octobre 1942, plutôt la première quinzaine. En effet, une photo montre l’inauguration de la Foire Internationale de Lyon qui dut avoir eu lieu de fin septembre à début octobre 1942. Cette foire fut une vitrine de la Collaboration, événement orchestré par le Régime de Vichy et les services de la propagande du Reich, pour prouver aux Français que tout allait bien dans le meilleur des mondes ! Avec un certain succès puisqu’en 1941 comme en 1942, il y eut pas moins de 600 000 visiteurs dont la 5/6ème ayant acquitté leur billet d’entrée.

On y voit aussi Pétain, Darlan et Laval présider une prise d’armes…

…d’un gouvernement sans armée.

Mais le sujet principal de ce poster est la Relève. C’est ce deal que Laval passa avec gauleiter Fritz Sauckel responsable de la main d’oeuvre immigrée du Reich: 3 travailleurs français partis en Allemagne contre 1 prisonnier de guerre français libéré. Cette collaboration commença en mai 1942.

On y voit un groupe de travailleurs s’apprêtant à prendre le train pour l’Allemagne…

…suis embrassant leur progéniture…

…sous l’oeil des objectifs des appareils photographiques complaisants tandis que des prisonniers libérés retrouvent les leurs avec moult embrassades…

…toujours sous le regard indiscret de ces mêmes appareils photographiques. Malgré cela, malgré ces pages à l’eau de rose un tantinet bisounours (uchronie volontaire), rien n’y fit et les travailleurs français ne partirent pas pour le Reich. Il fallut passer à l’étape supérieure, celle des départs contraints et forcés que l’on appela le S.T.O. comme Service du Travail Obligatoire. L’ordonnance qui institua cette ignominie fut prise le 16 février 1943.

 

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Dans L’ESPOIR FRANÇAIS de fin août 1942, VIVE la RELÈVE.

En 1942, de par les saignées dues au combat sur le front de l’Est et du fait que nombre d’Allemands sont sous les drapeaux, l’Allemagne nazie a besoin de bras pour ses usines d’armements, de bras qualifiés, s’entend. Elle se tourne vers le gouvernement de Vichy, son vassal et lui demande l’envoi d’ouvriers, en masse. C’est Laval qui, après son retour au pouvoir le 18 avril 1942, va se faire le cerveau et le chantre de cette collaboration économique.

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Le deal est simple: la France envoie 150 000 ouvriers en Allemagne et dans le même temps, 50 000 prisonniers de guerre regagneront leurs foyers. Ce sera la Relève… qui sera loin d’être une réussite ! Aussi, devant cet échec, le gouvernement de Vichy va mettre en scène cette « rencontre de Compiègne », datée du 11 août 1942. Le scénario est bien réglé:

A droite, l’arrivée d’un train de prisonniers de guerre en provenance d’Allemagne:

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A gauche, le départ d’un train rempli de volontaires pour aller travailler en Allemagne:

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Au centre, Laval entouré de dignitaires allemands et de ministres français, orchestrant cette rencontre si émouvante. Un Laval qui y va de son discours…

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dans lequel il se fait le champion de cette collaboration et où il réitère différemment ses propos du 22 juin dans lesquels il souhaitait la victoire de l’Allemagne, dernier rempart contre le Bolchévisme. Là, il explique que pour que l’Allemagne se consacre totalement à la lutte contre le Bolchévisme, il faudra que la France lui vienne en aide en envoyant ses meilleurs ouvriers travailler dans les usines dédiées à l’effort de guerre allemand.

Un Laval triomphant qui serre des mains…

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de prisonniers de guerre et reçoit avec plaisir les « hourras » d’hommes qui entrevoient une libération inespérée:

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 Et puis vient le moment si attendu et si émouvant de la rencontre entre les libérés et leurs libérateurs, entre les PG et les ouvriers partant pour les usines allemandes:

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des accolades, des embrassades, de chaleureuses poignées de main surtout devant les objectifs de la propagande officielle:

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Des gros plans de sourires et de bonheur !

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On s’échange peut-être même des adresses…

Et puis vient le départ des ouvriers dans les trains:DSCN3462

des trains sur lesquels sont inscrits à la craie des messages à la gloire du régime de Vichy et des remerciements pour tant de mansuétude !!!…

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Tout cela se termine sur une dernière larme: l’arrivée du père, chez lui, qui retrouve femme et enfants…. le retour dans le foyer !

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L’espoir français décline ce retour en le localisant dans l’espace. Le retour des PG à Paris…

DSCN3463 à Lyon….

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à Macon…

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Malgré toute la propagande vichyste sur les ondes, dans la presse muselée… rien n’y fit… la relève fut un cinglant échec et pas plus de 7 000 jeunes hommes cédèrent aux sirènes de la collaboration économique, d’une vie meilleure autre-Rhin. Il fallut alors changer de vitesse et rendre obligatoires ces départs jusque là volontaires… Ce fut le STO avec ce O signifiant Obligatoire qui eut pour conséquence l’entrée en clandestinité et en résistance de nombreux jeunes qui pour beaucoup, ne l’auraient pas fait.

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Trois jeunes de CADEROUSSE en BALADE à FOS en 1942.

Après la balade de quelques enfants de Caderousse (dont mon père) au Pont-du-Gard en 1941…

voir https://wordpress.com/post/unmondedepapiers.com/14084

voici l’année suivante, la triste année 1942, 3 copains de Caderousse, dont encore une fois mon père, partis en promenade pour la Côte Bleue, à Fos, du 1er au 8 août.

Partis en bicyclette bien entendu, par un temps semble-t-il très chaud.

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En 2 photos bien sûr pour pouvoir voir tout le monde puisqu’il faut bien que quelqu’un prenne la photo ! Mon père a coiffé un chapeau colonial digne d’un Tintin au Congo et qui existe toujours. C’est plus difficile à s’en coiffer de nos jours même pour aller à Fos. Alors, il servit dans un passé récent pour quelques défilés carnavalesques et même pour une leçon de vocabulaire sur les couvre-chefs, dans ma vie antérieure.

A côté d’Adrien, deux frères Establet dont le père tenait le Café du Cours: Albert en haut le cadet et Marcel en bas l’aîné bien plus âgé. Mon père avait alors un peu plus de 16 ans pour cette épopée cyclotourisme qui ravirait le Pernois Paul de Vivie alias Vélocio, un autre vauclusien, adepte du tourisme en bicyclette alias cyclotourisme, mort accidentellement 12 ans avant cette photo.

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Cette joyeuse équipe de J1, J2 ou J3 comme c’était écrit sur les tickets de rationnement de l’époque n’allaient pas en terre inconnue, ni en camping mais avait obtenu le prêt d’un cabanon appartenant à un Sorguais, Chariton se souvient mon père, un ami des Establet certainement.

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Un cabanon qu’il a toujours cherché, par la suite, à nous montrer, chaque fois que la route d’une journée à la mer s’arrêtait à Fos. Il était situé non pas en bord de mer mais en bordure d’un canal, non loin d’un pont qui menait à la plage. Il n’existe plus de nos jours même s’il est assez facile de localiser les lieux, dans le secteur d’un pont moderne sur un canal.

https://www.google.fr/maps/place/Fos-sur-Mer/@43.4314505,4.9475164,15z/data=!3m1!1e3!4m2!3m1!1s0x12b619721d5cf72d:0xea40197d819691d

Los de nos jours où le tourisme a presque disparu avec la création d’une aciérie et d’un terminal méthanier qui ont poussé au moment des 30 Glorieuses.

Car, en plus d’un cabanon, notre sympathique équipe bénéficiait du bateau de Paule Noguier, une cousine de mon père !

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On voit Paule avec mon père et Albert Establet en haut et le couple Noguier poser avec mon père en bas. Avec ces quelques images, difficile d’expliquer que la vie pendant la guerre était dure ! Même si elle l’était ! Mais quelques moments de détente bon marché pour des jeunes n’étaient pas interdits. Surtout que les ombres de la Relève et du STO planaient.

Quelques mois plus tard, la zone sud allait voir arriver d’autres touristes moins sympathiques, les Allemands et les Italiens, les premiers contents de ne pas être, eux,  sur le front de l’Est mais au bord de la Méditerranée !

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RÉSISTANCE 1942 (22/23): 11 NOVEMBRE 1918-11 NOVEMBRE 1942 LES ANCIENS COMBATTANTS….

LES ANCIENS COMBATTANTS

DES DEUX GUERRES

APPELLENT LE PEUPLE DE FRANCE

À CÉLÉBRER DIGNEMENT LE 11 NOVEMBRE

en défilant devant les monuments aux morts

de nos viles et de nos villages

et à Paris devant le tombeau

du soldat inconnu.

Tel est l’appel lancé à l’occasion du 11 novembre 1942, moins d’un quart de siècle après l’Armistice de 1918 et la fin de la Première Guerre. Car, bien entendu, il est hors de question de célébrer cette date comme cela se faisait avant guerre. Les Allemands sont présents dans le mode de la France et dans le sud, le régime de Vichy ne souhaite pas fâcher ses « amis ».

Manifester devient quelque chose de périlleux et ce sont les organisations de gauche qui souhaitent continuer de commémorer ce qui, avant passait pour une fête nationaliste.

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Les revendications des signataires du petit tract clandestin, Le Comité des Anciens Combattants des deux guerres adhérents au Front National de lutte pour l’indépendance de la France:

1° Pour exiger que le 11 novembre 1942 soit jour férié comme par le passé.

2° Pour organiser la riposte aux décisions éventuelles des traitres de Vichy supprimant la Fête de la Victoire, en appelant les ouvriers, employés et fonctionnaires des administrations publiques à ne pas aller travailler le 11 novembre et à faire de ce jour un jour de grève patriotique.

3° Pour organiser le 11 novembre prochain devant les monuments aux morts de nos villes et de nos villages le défilé des patriotes avec à leur tête les anciens combattants des deux guerres arborant fièrement leurs décorations

4° Pour organiser le défilé de la population de Paris et de la banlieue devant la tombe du soldat inconnu, place de l’Etoile.

Telles sont les revendications politiques de ce 11 novembre, plus tournées vers la lutte contre le régime de Vichy que contre l’occupant allemand.

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Que se passa-t-il ce jour-là ? Certainement quelques manifestations patriotiques ici et ailleurs quand le rapport de force permettait aux militants progressistes de sortir du bois.
Mais l’Histoire a retenu de ce 11 novembre 1942, c’est l’invasion de la zone sud par la Wehrmacht et les troupes italiennes. Devant le débarquement en Afrique de Nord, les Allemands ne pouvaient laisser la côte méditerranéenne dépourvue de défenses. Cela allait en traîner le sabordage de la flotte française à Toulon et l’occupation de notre région par les forces de l’Axe: la Drôme et le Vaucluse par les Italiens, l’Ardèche et le Gard par les Allemands.

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RÉSISTANCE 1942 (21/23): TRACT-JOURNAL LA VIE OUVRIÈRE n° 109 du 17 octobre 1942

Un tract de 2 pages (1 feuille recto-verso) ronéotypées, un journal: La Vie Ouvrière, organe de la CGT qui perdure de nos jours, feuille clandestine en 1942. Une date: celle du 17 octobre 1942, une consigne: NE JETEZ PAS CE JOURNAL. FAITES LE CIRCULER.

Pour commencer, un long article en guise d’éditorial, rappelant le drame du 22 octobre 1941, un an auparavant, l’assassinat par les Nazis des otages de Châteaubriant.

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Voici le texte de cet article.

 Le 23 octobre 1941, le peuple de France apprenait que les boches venaient d’assassiner 48 otages de Chateaubriant. L’indignation, la colère, la soif de vengeance, tels furent les sentiments qui s’installèrent dans le cœur de chaque patriote.

En lisant les noms des fusillés, tous les travailleurs de France firent le serment de les venger. C’est eux en effet, qui étaient surtout frappés. Stülpnagel et Pucheu qui fut chargé de désigner les otages, manifestaient leur haine de la classe ouvrière en massacre ses plus honnêtes et ses plus fidèles défenseurs. Secrétaire de fédération, dirigeants de grands syndicats, élus du peuple, des cités ouvrières, constituaient le plus gros contingent des 48 victimes.

Deux jours après, 50 otages furent exécutés à Bordeaux et ce fut la même haine des masses populaires qui précipita leur choix. Depuis, des milliers de patriotes français ont été massacrés. Parmi les hommes comme d’Estienne d’Orves des intellectuels, des savants, toujours figurent en grand nombre des militants ouvriers. Avec Domisse, Brunet et des dizaines d’autres ; Pillet, secrétaire de la fédération du bâtiment, Pourrouault des produits chimiques, des dizaines de secrétaires de syndicats et de délégués ouvriers ont payé de leur vie leur fidélité à la classe ouvrière et leur patriotisme. Tous sont morts en héros, clamant leur foi et leur idéal, leurs certitudes qu’ils seront vengés et que la France serait purgée des envahisseurs et des traîtres.

La vengeance a commencé. Des centaines de Boches pont payés de leur sang le sang de nos martyrs, des traîtres ont reçu le châtiment mérité et qui attend tous leurs congénères, des cheminots ont saboté les transports, envoyé des trains de munitions et de soldats boches dans les remblais, pour venger Sémard et Catelas, les métallos ont saboté, brisé des machines en souvenir de Timbaud, des détachements de francs-tireurs qui portent des dons glorieux : « Timbaud », « Simard », « Péri », « Catalas », « Cadras » etc.… ont exterminé des ennemis. Le souvenir de nos martyres et la haine sacrée de leurs assassins guident leur bras.

La mort glorieuse des héros en a fait surgir de nouveaux par milliers, dont le courroux s’apaisera que lorsque le dernier coupable aura payé, lorsque le dernier Boche aura été chassé de notre sol.

La vengeance comme moteur de la lutte. Oui, le tract oublie un peu l’idéologie mais il est plus facile de mobiliser en évoquant les crimes de l’autre qu’en faisant de la politique. D’ailleurs, en dessous de ce long éditorial, apparaissent 2 sujets de mobilisation immédiate:

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La lutte pour éviter à des jeunes ou des ouvriers de partir travailler en Allemagne et la réussite de la prochaine grande manifestation contre les Nazis et Vichy: faire tout pour célébrer le futur 11 novembre 1942, 24 ème anniversaire de l’Armistice. On en reparlera dans le prochain tract !

Au dos, une série de brèves sur 2 colonnes: les actions des ouvriers dans les usines, les ateliers ici et là.

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Des mouvements dans des usines de la couronne parisienne où le syndicalisme et la politisation des masses sont importants: chez Hotchkiss à Saint-Denis, chez Matra à La Courneuve, chez Gnome & Rhône-Kellermann, chez Citroen à Clichy, chez Babcock à La Courneuve, chez Rateau, à la Lorraine à Argenteuil, chez Chausson, à la S.I.P.A. de Neuilly, P.M. dans le 15ème arrondissement de Paris, chez Alstom à Lecourbe, chez Unic, aux Compteurs de Montrouge, chez Salmon et Voisin, à la S.I.F.: des protestations, des débrayages, des grèves…

Dans la seconde colonne, le tract explique comment organiser une grève pour qu’elle réussisse en évitant l’intervention des forces de l’ordre, la police française. Ainsi est-il faire référence à ce qui se passa en 1936. Voici les 4 commandements de l’organisateur d’une manifestation de ce type:

1-Organiser l’occupation des ateliers, bloquer les issues, organiser leur défense.

2-Prévenir immédiatement les entreprises voisines et les inviter à se joindre au mouvement. Par tous les moyens et surtout en envoyant des courriers, prévenir le plus d’entreprises possibles.

3-Alerter la population des quartiers proches de l’usine pour qu’elle soutienne la grève de l’extérieur.

4-Dans les circonstances présentes, la défense de la grève dans les usines exige la constitution de groupes spéciaux de combat avec des camarades décidés et connaissant bien l’usine. Avoir un objectif de désarmer l’ennemi qui menace et retourner ses armes contre lui.

En 1936, la puissance du mouvement, la rapidité de son extension, mirent les forces policières dans l’impossibilité d’intervenir efficacement. Il faut en être de même aujourd’hui.

À l’action avec courage et audace ! L’heure est venue de combattre et de faire échec à l’ennemi et au traître.

Métallos parisiens ! N’oubliez pas qu’en 1936 vos grèves avec occupation ont sonné le branle-bas dans tout le pays. Aujourd’hui encore tous les yeux sont fixés sur vous.

Un appel à la résistance dans les usines.

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RÉSISTANCE 1942 (20/23): TRACT à destination des COMMERÇANTS et ARTISANS pour le 11 NOVEMBRE 1942

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Un tract, une feuille ronéotypée recto-verso signée par le Front National de Lutte pour l’Indépendance de la France, un mouvement de la Résistance, proche du Parti Communiste. Il a été distribué clandestinement auprès des commerçants et artisans pour les appeler à célébrer le 24ème anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918. Bien entendu, sous l’occupation allemande et le régime de Vichy, il n’était pas question de célébrer l’Armistice de 1918. Et le faire pouvait entraîner de graves conséquences.

Dans la première partie du document, c’est une longue explication de ce que représente le 11 novembre 1918. On est bien loin de la vue communiste des choses et ce qui est écrit aurait pu l’être par  un militant nationaliste plus qu’internationaliste: l’héroïsme de nos soldats, la valeur de nos Généraux Républicains et Patriotes, le drapeau tricolore flotte sur Metz et la cathédrale de Strasbourg, le Boche est vaincu,  Journée glorieuse. Consécration du patriotisme de tout un peuple uni derrière son gouvernement et son Etat-Major Républicain… Le Parti Communiste faisant l’éloge des généraux, on croit rêver !

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Cet élan de patriotisme sert à montrer du doigt, à dénoncer l’autre Armistice, celui de Juin 1940. Car le tract, s’il tresse des louanges à Foch, Joffre, Gallieni, n’est pas aussi dithyrambique pour un autre général vainqueur en 1918: Pétain, celui qui a signé l’Armistice honteux de 1940. Il cite Clémenceau qui disait du couard Pétain : « poussé à la victoire à coups de pieds dans le c… ». Le Pétain « flancher » de 17-18 portait déjà le Pétain de 39-40. Celui qui au Conseil Supérieur de la guerre refusait les crédits pour la mécanisation de l’Armée, s »opposait au renforcement de notre aviation ou celui qui, ambassadeur en Espagne après la victoire de Franco-Hitler, complotait contre la France avec l’ambassadeur d’Allemagne à Madrid. 

Suit une violente diatribe contre le couple de l’exécutif Pétain-Laval.

Le vainqueur de Verdun – sans rire – champion de la collaboration mettant sa main dans celle de Hitler à Montoire et dans celle de Goering à Saint-Florentin ! ! Le représentant de la Patrie souillée et meurtrie, la main dans la main avec les oppresseurs de la France et de l’Europe, conseiller et obligeant le peuple de France, si sensible et si fier, à travailler pour le boche haï et méprisé ! ! Pétain – Laval voulant, par la force, déporter nos ouvriers vers les bagnes industriels de l’ennemi ! Honteux sacrilège.

Aurait-on pu autrefois, imaginer le maréchal Foch serrant la main de Guillaume II ou du Kronprinz de sinistre mémoire ?

Mais la ligne de conduite de Pétain et de Laval c’est une suite logique dans la trahison.

Car pour les rédacteurs du tract, Pétain ne doit pas être associé à l’idée du 11 novembre, lui qui pourtant s’appuie pour gouverner la France sur la Légion Française des Combattants, cette déclinaison vichyste  des associations d’anciens combattants de la Grande Guerre. Lui qui envoie en Allemagne de jeunes Français pour officiellement permettre à des combattants de la Seconde Guerre de revenir de captivité.

Alors, comme pour la célébration du  150ème anniversaire de Valmy, il y a quelques semaines, le Front National demande aux Commerçants et aux Artisans  (avec une majuscule au début des mots dans le texte), de se joindre aux ouvriers pour célébrer ce 11 novembre 1942. Hitler, le 20 septembre n’avait pas réagi devant l’ampleur des manifestations patriotiques. Il en sera de même après le 11 novembre si dans le même temps que les ouvriers débraieront ce jour-là, les commerçants et artisans ferment boutique et les pavoisent de bleu-blanc-rouge les jours précédents cette journée.

Le tract demande également de défiler avec tous les patriotes devant les monuments aux morts et à Paris devant le tombeau du Soldat Inconnu.

Le tract se termine par un vibrant: VIVE LA FRANCE ! A BAS LES BOCHES ! avant de donner le fréquence d’une radio libre, Radio-France qui doit émettre depuis Londres puisque comme le disait un slogan de l’époque: « Radio-Paris ment ! Radio-Paris ment ! Radio-Paris est allemand ! »

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RÉSISTANCE 1942 (19/23): BULETIN D’INFORMATION- 9 OCTOBRE 1942

Avec une « jolie » faute d’orthographe dans le titre de ce feuillet 1 du BULLETIN D’INFORMATION du 9 octobre 1942. Certainement un document interne au Parti Communiste clandestin qui va informer les militants du déroulement de la guerre et en particulier de la bataille de Stalingrad qui oppose la Wehrmacht à l’Armée Rouge.

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 La bataille de Stalingrad que le rédacteur de l’article compare à Verdun en double, voire plus. Les Allemands avaient massé 1 million d’hommes devant Verdun, ils sont là 2 millions devant Stalingrad. A Verdun, ce fut un déluge de feu tiré par l’artillerie. A Stalingrad, en plus de l’artillerie, ce sont les chars et les avions qui pilonnent la ville.
Toujours est-il que cette résistance inattendu des Soviétiques contrarie grandement l’état-major allemand qui espérait atteindre ses objectifs avant l’hiver. Un hiver qui s’annonce terrible pour la Wehrmacht. Si terrible que les Nazis ont lancé en Allemagne des collectes humanitaires pour venir en aide aux soldats sur le front de l’Est. Ce premier article se termine par ces mots:

La guerre entre peu à peu dans une phase qui ne promet rien de bon aux Allemands.

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Second article daté du 5 octobre pour parler de Stalingrad attaqué depuis 63 jours. L’article veut tordre le cou aux mensonges fascistes qui annoncent que le trafic sur la Volga est interrompu.  Au contraire, une contre-attaque de l’Armée Rouge appuyée par les canonnières de la Volga a permis de faire reculer les Allemands.

Quant à l’avancée des Soviétiques dans les steppes au nord de la ville, elle est irrésistible malgré la politique de la terre brûlée pratiquée par les Nazis et elle coûte entre 2 000 et 3 000 hommes par jour à la Wehrmacht. Une véritable hécatombe !

Le reste de l’article fait le point sur d’autres secteurs de cet immense front russe: Mozzok dans le Terek, Novorossisk sur la Mer Noire, Rjev au centre, Zenia…. près de Leningrad (la bordure gauche de l’impression est défectueuse et oblige à déchiffrer le texte, ce qui est délicat quand il s’agit de noms propres), en Finlande et sur mer où les Russes ont coulé un gros transport allemand dans la Baltique.

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A la suite de cette description du front russe, un petit texte intitulé COMMENT ON PEUT SABOTER pour raconter des sabotages commis par des ouvriers en Hongrie dans une usine sidérurgique ou en Hollande dans une fabrique de conserves. Certainement un message à l’adresse des ouvriers français.

Les 3 autres pages de ce bulletin d’information se présentent comme une succession de brèves de quelques lignes chacune sous le titre NOUVELLES DU MONDE ENTIER.

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Tout d’abord en France.

Une ruse de Laval pour envoyer de la main d’oeuvre jeune en Allemagne: la propagande de Vichy pour que ces jeunes entrent dans des écoles d’apprentissage… qui se trouvent… en Allemagne !

Le ralliement de l’Ambassadeur de France en Hongrie à De Gaulle.

La nouvelle cachée par la presse à la solde  de Vichy et des Nazis: celle de l’arrivée d’un convoi d’ouvriers venant d’Afrique du Nord. Il s’agit d’anciens combattants de l’Espagne Républicaine jusque là prisonniers dans des camps de concentration en Algérie et livrés par Vichy aux Allemands… certainement en route pour Mauthausen.

La création de l’escadrille aérienne de la France Libre Normandie-Niemen.

L’arrestation d’Hériot suivant les Allemands. Il doit s’agit d’Edouard Herriot (une autre faute dans ce patronyme), le maire de Lyon qui fut placé en résidence surveillé en septembre 1942 puis interné dans un asile d’aliénés près de Nancy.

L’URSS reconnaît le Comité National Français comme seul organe de la Résistance Combattante française.

Après ces informations françaises, viennent des nouvelles du monde entier sur 2 pages.

En Allemagne, il est fait état d’exécutions d’opposants au Nazisme que essaient de reconstituer des mouvements politiques interdits dont bien sûr le Parti Communiste… dans ce bulletin communiste.

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Des nouvelles de Pologne, Tchécoslovaquie, Finlande (avec 2 -décidément il n’y a pas eu relecture des feuillets-), Albanie, Grèce où, de partout des patriotes résistent les armes à la main aux Allemands et Italiens (en ce qui concerne l’Albanie).

Même chose en Yougoslavie où les partisans ont réalisé un gros coup en s’emparant de nombreuses armes et munitions. Partisans qui ont été rejoints par des prisonniers de guerre français détenus en Autriche qui se sont rebellés et évadés pour rejoindre les Maquis titistes.

Grève chez les ouvriers des usines d’aviation en Hollande et travail forcé décidé dans ce même pays pour tous les jeunes de plus de 18 ans.

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Suite de ce tour du monde en dernière page.
En Hongrie, ce sont toutes les femmes de 14 à 70 ans que se voient dans l’obligation de travailler pour le Reich. Incendies dans des usines textiles et entrepôts proche de Budapest suite aux bombardements de l’aviation soviétique.

En Amérique, aux Etats-Unis, ce sont des manifestations qui parcourent les milieux syndicaux et ouvriers dans tout le pays pour revendiquer l’ouverture d’un second front, un leitmotiv communiste, pour soulager le front de l’Est. On peut y lire cette phrase, choquante aujourd’hui:

A Los Angeles, tous les habitants, les blancs comme les nègres, ont signé un télégramme envoyé au Président Roosevelt… 

Pourquoi nègres au lieu de Noirs qui pourtant et le pendant naturel de Blancs.

Pour terminer, même revendication en Angleterre, des syndicats des usines d’aviation, des fabriques d’armes et des pompiers de Manchester comme des fonctionnaires de Liverpool pour l’ouverture de ce second front… on en reparlera souvent dans ces documents communistes.

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RÉSISTANCE 1942 (18/23): LA VIE DU PARTI- SEPTEMBRE 1942 (3)

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Suite et fin de la lecture de ce document interne au Parti Communiste en septembre 1942.

Après avoir évoqué la lutte des militants communistes dans les entreprises, le document évoque ensuite la lutte dans la société.

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Il faut en effet éviter à tout prix le départ des hommes vers l’Allemagne. Le parti envisage même ce qui se passera à une échelle moindre, la réquisition des affectés spéciaux et même la mobilisation qui leur permettrait (à Vichy et aux Allemands) de parquer des millions de Français désarmés dans des camps de concentration où les nazis pourraient choisir leurs esclaves et noyer dans le sang toutes tentatives de révolte, tandis que le peuple français serait privé pour mener sa lutte libératrice de ses éléments les plus actifs.

On comprend que les rédacteurs du tract sentent ce qui va se passer avec la création du S.T.O. qui enverra en Allemagne des milliers de jeunes Français et remplira les maquis. Aussi est-il demandé de ne pas répondre à un ordre de réquisition ou d’une mobilisation et d’organiser la résistance par tous les moyens y compris le passage dans des détachements de Francs-Tireurs et Partisans. Prémonitoire !

Le tract demande également de se méfier des membres du S.O.L. tout en ne confondant les membres de la Légion des Combattants à ceux du S.O.L., mouvement qui donnera naissance à la Milice. Méfiance aussi envers la Police tout en veillant de ne pas considérer tous les policiers comme des nervis de Vichy.

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Et le rôle du Parti dans tout cela, indispensable lien entre les masses et les actions ?

Pour cela, le Parti demande aux directions régionales de se préoccuper de ce qui se passe près de chez eux, dans les sections, dans les entreprises pour les soutenir. Et le document insiste en  soulignant la phrase, ce mal qu’il nous faut guérir à tout prix et vite, celui des élites oubliant la base. Toujours d’actualité dans beaucoup de partis politiques 76 ans plus tard !

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Au niveau de l’organisation interne, le Parti demande aussi de mettre en place des nouveaux cadres de remplacement. Cela permettrait de faire éclore de nouveaux talents dans le Parti mais aussi de pouvoir continuer la lutte en cas d’élimination (par arrestations) de cadres dirigeants en place. Bien entendu en veillant à respecter la discipline du Parti et les règles existantes, celui d’un centralisme pesant qui nuira beaucoup au Parti jusqu’à nos jours.

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 Avant de dire comment développer rapidement les détachements de F.-T.P., le document insiste sur le bien fondé et la légitimité de la lutte armée contre l’occupant. Notre peuple serait indigne de vivre indépendant s’il subissait la violence de l’ennemi sans la retourner contre cet ennemi par tous les moyens en son pouvoir.

Preuve en est le peu de réaction des Nazis après une attaque à la grenade contre des militaires allemands à l’intérieur du stade Jean-Bouin, ou celle contre un train de permissionnaires allemands. Car les Nazis savent que les partisans ont un soutien complet de la population française. Deux affirmations de ce document très contestables.

Alors faut-il que très rapidement 10% des membres des sections du Parti rejoignent les Francs-Tireurs Partisans et si cela est déjà acquis, que ce chiffre passe à 20%. Et ainsi de suite…

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Il est indispensable. Ainsi chaque membre du Parti doit regarder autour de lui et il verra des hommes et des femmes dignes d’être membres de notre grand Parti dont il faut leur ouvrir les portes; il y verra aussi des jeunes qui ont leur place toute indiquée dans les rangs de la Fédération des Jeunesses Communistes

Vaste programme dans un monde de suspicion où la délation est devenue le sport national français, au grand étonnement des occupants eux-mêmes !

Ainsi les communistes enrôlés dans les F.-T.P. doivent faire preuve d’une attitude exemplaire, se montrer les meilleurs, les plus dévoués en s’inspirant ce qu’a dit notre grand camarade Staline pour les soldats de l’Armée Rouge: « l’abnégation est un côté de l’héroïsme mais il y a un autre côté: c’est le savoir dans l’art de se servir des armes ».  Souligné dans le texte. Les communistes, pour cela, doivent rassembler au plus large dans la classe ouvrière en s’ouvrant aux socialistes dégoûtés par l’attitude de traîtres (encore une fois) tels Paul Faute et Spinasse.
Cet appel se termine par cette phrase soulignée:

Camarades communistes, tous au combat, et la victoire sera nôtre !

 Suit un petit rappel de ce que chaque organisation du Parti, cellule, section, région doit faire:

-percevoir les cotisations pour aider financièrement les actions…

-informer de toutes les manières en éditant des tracts, papillons (les actuels flyers), affichettes…

Le document explique même comment fabriquer artisanalement de la pâte à polycopier !

Il se termine ainsi:

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CAMARADES COMMUNISTES… MILITANTS COMMUNISTES…

Recrutez, recrutez, recrutez… pour rejoindre le Parti de Maurice Thorez, Jacques Duclos, André Marty, Benoît Frachon, Arthur Ramette; Gaston Monrousseau et Charles Tillon !

Petite erreur dans la mise en page car la dernière page, la 18ème du document est laissée blanche, sans texte ! De la place perdue !

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