En 1942, de par les saignées dues au combat sur le front de l’Est et du fait que nombre d’Allemands sont sous les drapeaux, l’Allemagne nazie a besoin de bras pour ses usines d’armements, de bras qualifiés, s’entend. Elle se tourne vers le gouvernement de Vichy, son vassal et lui demande l’envoi d’ouvriers, en masse. C’est Laval qui, après son retour au pouvoir le 18 avril 1942, va se faire le cerveau et le chantre de cette collaboration économique.
Le deal est simple: la France envoie 150 000 ouvriers en Allemagne et dans le même temps, 50 000 prisonniers de guerre regagneront leurs foyers. Ce sera la Relève… qui sera loin d’être une réussite ! Aussi, devant cet échec, le gouvernement de Vichy va mettre en scène cette « rencontre de Compiègne », datée du 11 août 1942. Le scénario est bien réglé:
A droite, l’arrivée d’un train de prisonniers de guerre en provenance d’Allemagne:
A gauche, le départ d’un train rempli de volontaires pour aller travailler en Allemagne:
Au centre, Laval entouré de dignitaires allemands et de ministres français, orchestrant cette rencontre si émouvante. Un Laval qui y va de son discours…
dans lequel il se fait le champion de cette collaboration et où il réitère différemment ses propos du 22 juin dans lesquels il souhaitait la victoire de l’Allemagne, dernier rempart contre le Bolchévisme. Là, il explique que pour que l’Allemagne se consacre totalement à la lutte contre le Bolchévisme, il faudra que la France lui vienne en aide en envoyant ses meilleurs ouvriers travailler dans les usines dédiées à l’effort de guerre allemand.
Un Laval triomphant qui serre des mains…
de prisonniers de guerre et reçoit avec plaisir les « hourras » d’hommes qui entrevoient une libération inespérée:
Et puis vient le moment si attendu et si émouvant de la rencontre entre les libérés et leurs libérateurs, entre les PG et les ouvriers partant pour les usines allemandes:
des accolades, des embrassades, de chaleureuses poignées de main surtout devant les objectifs de la propagande officielle:
Des gros plans de sourires et de bonheur !
On s’échange peut-être même des adresses…
Et puis vient le départ des ouvriers dans les trains:
des trains sur lesquels sont inscrits à la craie des messages à la gloire du régime de Vichy et des remerciements pour tant de mansuétude !!!…
Tout cela se termine sur une dernière larme: l’arrivée du père, chez lui, qui retrouve femme et enfants…. le retour dans le foyer !
L’espoir français décline ce retour en le localisant dans l’espace. Le retour des PG à Paris…
à Macon…
Malgré toute la propagande vichyste sur les ondes, dans la presse muselée… rien n’y fit… la relève fut un cinglant échec et pas plus de 7 000 jeunes hommes cédèrent aux sirènes de la collaboration économique, d’une vie meilleure autre-Rhin. Il fallut alors changer de vitesse et rendre obligatoires ces départs jusque là volontaires… Ce fut le STO avec ce O signifiant Obligatoire qui eut pour conséquence l’entrée en clandestinité et en résistance de nombreux jeunes qui pour beaucoup, ne l’auraient pas fait.