Le Monde Illustré du 10 octobre 1936 met à sa une la visite des Prix Nobel français de chimie Frédéric Joliot et Irène Joliot-Curie en URSS à l’invitation de l’Institut physico-chimique soviétique.

C’est à cette époque qu’Irène Joliot-Curie démissionna de son poste de secrétaire d’état aux recherches scientifiques du gouvernement de Front Populaire de Léon Blum pour prendre de hautes fonctions à la Faculté de Sciences de Paris. Elle fut remplacée par Jean Perrin, le créateur du C.N.R.S., projet qu’Irène Joliot-Curie avait déjà mis sur les rails.

Mais c’est à l’Espagne que Le Monde Illustré consacre un long article sous le titre de:

C’est sur Tolède que le journal s’appesantit pour décrire la guerre civile espagnole. Tolède que les troupes rebelles sont parvenues à prendre en libérant ainsi les hommes qui subissaient un siège dans l’Alcazar, les fameux Cadets, en nombre réduit à 4 en fait, car c’étaient les vacances scolaires quand commença la rébellion.
Une Tolède qui avait changé de visage entre la ville d’avant la guerre, la carte postale qu’on a vu de multiples fois depuis deux mois…

et celle des combats, brûlant pendant et après les combats.

Une ville prise par les forces de Franco, les Maures en particulier, incorporés de force dans l’armée espagnole et qui se virent récompensés de leur succès militaire de la pire des manières. Voici ce qu’écrit le magazine.
Mais Tolède n’a pas souffert que dans son Alcazar. En outre des nombreuses maisons que les canons rebelles ont saccagé, sa cathédrale, la plus grande cathédrale gothique de l’Europe, a été odieusement pillée. Le fait est doublement à déplorer, car en plus de l’église, la cathédrale était un véritable musée. On a dit de la Primatiale de Tolède, ce joyau de la ville, qu’elle était « l’endroit le mieux meublé du monde ». Elle ne l’est plus. Les troupes marocaines au service du général Franco ont tout pillé. On leur avait promis le sac de la ville si elles réussissaient à la prendre…. ! Peu de livres sur ce fait d’armes qui paraîtront chez les éditeurs conservateurs et catholiques du monde entier ne parleront de ces faits !

Les soldats marocains du général Franco parcourent joyeusement les rues de Tolède, en saluant de la main levée.
L’un des soldats du corps indigène qui entrèrent les premiers à Tolède.

Le général Franco adresse de vibrantes félicitations aux libérés de l’Alcazar.
Avec cette image qui va devenir célèbre de Franco et Mescardo, le défenseur de l’Alcazar, parcourant les ruines de Tolède:

Des généraux félons qui se voient déjà investir Madrid et prendre le pouvoir très rapidement.

La marche sur Madrid- Les généraux Cabanillas et Franco.
La réalité allait être bien différente de la fiction que la chute de Tolède avait cru dévoiler.
En France aussi, à Paris, la guerre civile est proche. Alors que la Parti Communiste tenait meeting au Parc des Princes…

et rassemblait 40 000 personnes, l’extrême-droite contre-manifestait et essayait d’en découdre. C’est le Parti Populaire Français de De La Rocque et Doriot qui ravivait le souvenir des ligues dissoutes après le 6 février 1934.

Les membres du parti populaire français saluent les troupes chargées de maintenir l’ordre.
40 000 adhérents ou sympathisants communistes d’un côté, 20 000 fascistes de l’autre, 20 000 policiers et militaires mobilisés pour séparer les 2 camps, 1 500 arrestations dont 11 débouchèrent sur des condamnations. Tel est le bilan de ce dimanche revendicatif du 4 octobre 1936 !
Pour terminer, un autre événement parisien vient de commencer…

les 6 Jours cyclistes au Vel d’Hiv. avec quelques stars de la route décidés à tourner 6 fois 24 heures sur la piste: Magne, Leduc, Archimbaud, Lapébie, Aerts, Buysse, et Sylvère Maes, le vainqueur du dernier Tour de France en juillet dernier.