118 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 118 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.
Petite halte avant le dernier coup de collier des « Poilus oubliés » sur les plaques mémorielles et que Mémoire des Hommes a permis qu’ils soient ressortis du néant. Onze biographies concernant ces hommes ont déjà été écrites, il reste encore dix. Oui, pas moins de vingt-un Caderoussiers ont été « oubliés » sur le Monument aux Morts du cimetière édifié en 1937 mais aussi sur les plaques mémorielles de l’église installées bien plus tôt, quelques années après la fin de la Grande Guerre.
107 noms sur le Monument aux Morts, trois de plus à l’église, les 107 autres étant les mêmes.

Première plaque.

Seconde plaque.
Une constatation: les deux graveurs, autant celui qui officia pour l’église que celui qui travailla pour la commune étaient autant fâchés avec l’ordre alphabétique l’un que l’autre. Mais nous allons surtout nous questionner sur les trois Poilus qui figurent sur les plaques de l’église et non sur le Monument.

François Gabriel BOURRET
(matricule 256-classe 1893 bureau de recrutement d’Avignon)
Soldat non-Mort pour la France, absent sur le site Mémoire des Hommes.
Né à Caderousse le 18 mars 1878. Fils de François Isidore Bourret et d’Augustine Rosine Pauline Valon. C’est le cousin germain du MPLF Alphonse Auguste Ruat, leurs mères étant soeurs.
Il ne fait qu’un an de service militaire en 1899-1900 au 58ème RI d’Avignon, sa mère étant veuve. Son père est en effet décédé en 1889 alors qu’il n’avait qu’onze ans.
Lui même cultivateur, il se marie le 23 novembre 1904 avec Ursula Marguerite Virginie Chaume. Il ne semble pas que le couple ait eu des enfants à moins qu’il ne se soit éloigné un temps de Caderousse.
Gabriel Bourret va être mobilisé du 03 août 1914 au 27 janvier 1919. Quatre ans et demi de guerre ! Il sera blessé à Verdun le 13 juillet 1916 par un éclat d’obus dans le mollet droit mais retournera au front après sa convalescence.
Une fois libéré, il rentre chez lui, à Caderousse et décède à son domicile le 17 mai 1920 des suites d’une maladie. Contractée au service ? La fiche matricule ne le dit pas et on peut penser que l’armée ne l’a pas reconnue. Mais pour les siens, il devait y avoir peut-être une corrélation puisqu’il fut inscrit sur la plaque de l’église.

Hilaire Jules Louis BREMOND
(matricule 834-classe 1915 bureau de recrutement d’Avignon)
Soldat non-Mort pour la France, absent sur le site Mémoire des Hommes.
Hilaire Brémond est né à Caderousse le 14 janvier 1895. C’est donc un jeune soldat qui sera appelé en décembre 1914 pour la guerre.
Ses parents sont Caderoussiens tous les deux, Paul Gabriel né en 1868 et Césarien Rose Aubert quelques mois après lui. Hilaire n’est pas proche parent d’Isidore Brémond, son homonyme MPLF.
Incorporé le 17 décembre 1914, il rejoint Nice et le 163ème RI. Il est blessé au médium le 04 juin 1915 à Thirey. Neuf mois plus tard, il est dans un premier temps porté disparu le 28 mars 1916 à Malancourt dans la Meuse. Ainsi il subit le même sort que le MPLF Antoine Ripert, six jours plus tôt, au même endroit. Sauf qu’Hilaire, lui, réapparaîtra et sera retrouvé… au camp de Reslazant, en Allemagne, prisonnier de guerre.
Quelques invraisemblances apparaissent ensuite dans sa fiche matricule. On y parle d’une évasion du camp de Limberg mais dans le même temps d’un rapatriement à Marseille, le 23 juillet 1916. Cette seconde affirmation semble la plus plausible puisqu’il a tout de même perdu son avant-bras droit le jour où il a été fait prisonnier en mars 1916. La libération de grands blessés dans le cadre d’échange de prisonniers était une pratique courante à l’initiative de la Croix-Rouge suisse. Une fois remis, Hilaire Brémond est rayé des cadres le 03 mai 1917 et reçoit une rente de 750 francs.
Il demeure à Marseille et décède dans cette ville le 01er mars 1921. On n’en saura pas plus mais il semble logique qu’il n’ait pas été inscrit sur le monument du cimetière, tout en reconnaissant le drame personnel et familial qu’il a vécu.

Abel Etienne Léon RADELET (ou RADELLET)
(matricule 460-classe 1889 bureau de recrutement d’Avignon)
Abel Radellet est né à Caderousse le 05 août 1869. Il est le fils de François Léon Radellet et de Marie Rose Séraphine Roche. C’est le grand frère de Léonie Radellet épouse d’Adrien Guérin, mes arrière-grands-parents, Adrien Mort pour la France le 21 octobre 1915 à La Pompelle, dont on a déjà parlé plusieurs fois dans ce blog. Abel est donc mon arrière-grand-oncle.
Abel ayant perdu son père quelques jours avant le conseil de révision de ses vingt ans, sera dispensé d’armée dans un premier temps puis ne fera que dix mois sous les drapeaux du 11 novembre 1890 au 23 septembre 1891 au 161ème Régiment d’Infanterie de Saint-Mihiel. A la sortie de ce court épisode militaire, il se marie avec Rosa Clémentine Léonie Deyrenc, le 23 février 1895.
Deux filles naissent de cette union, Marguerite Séraphine Léonie en 1897 et Marie Rose Adrienne en 1905, les fameuses cousines à qui mon grand-oncle Séraphin envoyait des cartes pendant la guerre en leur demandant de les lui garder… ce qui m’a permis de les récupérer, presque un siècle plus tard.
Malgré son grand âge (pour un soldat), Abel est rappelé lors de la mobilisation générale d’août 1914. Il rejoint le 118ème RI d’Avignon mais est rapidement renvoyé dans ses foyers le 05 septembre 1914. Il décède chez lui moins de trois mois plus tard, le 27 décembre 1914. Rien de permet de penser que ce décès est la conséquence de son second passage à l’armée.
En conclusion de ces trois courtes biographies, on considérera que ces trois Poilus ne peuvent être ajoutés à la liste des MPLF de Caderousse.