Un numéro spécial de VU paru le 29 août 1936. De par le contenu de ce numéro, cela valait bien un article séparé de celui publié hier.

Un numéro spécial de VU en Espagne avec les meilleurs reporters et photo-reporters comme l’indique cet encart en page 2:

On note la présence de Lucien Vogel, le créateur du magazine en 1928, une revue moderniste dont le leitmotiv est de traiter l’actualité à partir de la photographie, d’où la présence en Espagne de Robert Cap(p)a qui commence sa carrière sous ce nom d’où l’approximation orthographique du nombre de P. On note aussi la présence de Madeleine Jacob qui fera carrière dans Libération puis à l’Humanité après guerre, très engagée et à la plume acérée ce qui lui vaudra pas mal d’animosité et Hans Namath, photographe anti-nazi réfugié en France en 1933. Evidemment, VU penche plutôt à gauche et du côté de la République Espagnole.
Des journalistes qui vont payer de leur personne, l’avion de VU avec Lucien Vogel et Paul Ristelhueber à bord se posant en catastrophe en pleine Sierra vers Reus.

La Generalitat mettra à disposition d’un journaliste une voiture reconnaissable à son drapeau tricolore sur lequel le titre du journal apparaît.

Le magazine va traiter de la guerre d’une manière très pédagogique, multipliant les articles d’actualité avec des documents plus encyclopédiques.
Ainsi cette carte politique de l’Espagne sortie des urnes en février 1936…

plus claire que celle de L’illustration. Plus c’est noir, plus c’est à gauche, plus c’est blanc, plus c’est à droite !
Une double page va expliquer les passions politiques en Espagne sous le titre Depuis ces vingt ans, les Espagnols s’entretuent…

On retiendra la fin:

L’attentat de Madrid lors du mariage du roi Alphonse XIII en 1906 et la répression à Barcelone contre les Républicains en 1909.

L’assassinat du pédagogue libertaire Francisco Ferrer, fusillé à Montjuic pour ses idées trop avancées et dont la mort entraîna une vague mondiale de protestation.

Le coup d’état de droite de Primo de Rivera en 1923 et la chute de la Royauté en 1931.
Ailleurs, des cartes montrant l’évolution de la situation du début de la guerre le 17 juillet à la fin du mois d’août:


VU inverse un peu les rôles en montrant au tout début, une Espagne totalement sous le joug franquiste et s’émancipant peu à peu alors que la réalité historique serait plutôt l’inverse.
Il y a aussi la présentation des principaux leaders républicains avec interview à la clé, ce qui prouve la proximité de VU avec le pouvoir républicain.

Manuel Azana le président de la République.

Luis Companys le Président de la Generalitat de Catalunya qui à la dernière question du journaliste lui demanda ce qu’il adviendrait de l’Espagne si la rébellion l’emportait eut cette interrogation prémonitoire: « Et de l’Europe ? »

Intelecto Prieto, anden ministre socialiste.

Jaume Miravitlles, secrétaire général des Milices Antifascistes, militant anarchiste.

Jose Bergamin, écrivain catholique rallié à la République.

Largo Caballero chef du Parti Socialiste qui s’émeut de la neutralité du Front Populaire en France.

Le député socialiste Avarez del Vayo, certain de la victoire de la République, les fascistes ayant tout le peuple contre eux.
Excepté un article sur le Tercio, la Légion Etrangère espagnole, de Pierre Mac Orlan,…

le magazine se plaît à montrer un peuple en armes contre le fascisme.
Les femmes, compagnes des hommes et la guerre…

mais aussi les femmes combattantes:


Les miliciennes.
Les gosses qui voient partir leurs pères…

mais aussi les gamins de la guerre:


Un peuple en guerre, des regards…

et une histoire qui s’écrit.


A Barcelone, après la nuit tragique…

et glorieuse.

Cette photographie d’Hans Namath Les sentinelles de la République qui aurait pu devenir culte…

cette autre de Reisner aurait aussi pu devenir culte…

si Robert Capa n’avait pas saisi en direct la Mort du Milicien.
Voyons en vrac les photos des reporters de guerre sur les fronts de ce début de guerre:

Mort pour la République sur le front de Saragosse.

L’attaque devant Lecera.

En face d’Huesca, occupé par les rebelles, les miliciens de Tardiente guettent, le doigt sur la gâchette, la vague d’assaut de l’ennemi.

Au front, la vie s’organise.

La guerre aérienne.

A Tardiente, l’armée loyale monte la garde dans les immenses greniers du minotier fasciste Galvin.

Durutty, chef de la première colonne sur le front de Saragosse.
Le titre s’interroge sur ce qui fut la grande faute de la République:

et donne la paroles à 2 touristes parisiennes égarées dans la tourmente…

et dont la voiture garde les stigmates de quelques rencontres inattendues !