Archives de Tag: Résistance

Une petite recherche pour savoir ce qu’il en était d’un article du PETIT DAUPHINOIS du 29 septembre 1943.

Un journal, le Petit Dauphinois, ouvertement pétiniste et collaborationniste. Adorateur de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste bien avant le début de la Guerre, le Petit Dauphinois en vient à souhaiter la victoire de l’Axe et son interdiction à la Libération ne sera pas usurpée.

L’actualité du 29 septembre 1943, la Saint-Michel 43, est normale. Pas de grands événements, pas de gros titres, pas une date que l’Histoire retiendra.

Sur le front de l’est, les combats sont violents et les Américains ont du mal en Sicile, enfin à ce que dit le journal. La Loterie Nationale change de formule et bientôt la radio remplacera le maître dans les écoles. Et puis, en 5ème colonne, un titre parlant de la Résistance: « Sept terroristes sont arrêtés en Ariège ». Avec le mot terroristes ou celui de « malfaiteurs », on ne parle de droit commun mais bien de résistants. C’était la terminologie de l’époque pour la presse vichyste.

La lecture de l’article nous apprend une attaque de la Gendarmerie dirait-on sur une grotte où se tenaient cachés sept résistants qui furent arrêtés et certainement, après interrogatoires musclés, déportés. J’ai voulu en savoir un peu plus et ce qu’en disait les sites mémoriels ariégeois actuels, s’ils parlaient de cet affrontement.

L’histoire se passe donc en Ariège, dans les premiers contreforts des Pyrénées, en plusieurs épisodes. Il faut d’abord savoir qu’en Ariège, les Allemands sont arrivés en novembre 1942, 10 mois avant les faits, contrairement à la Drôme où ils venaient juste de remplacer les Italiens devenus leurs ennemis après l’Armistice signée avec les Alliés et la destitution du Duce.

Le S.T.O. a rempli les Maquis et les combats entre la Résistance et les Allemands appuyés par la Milice commencent à devenir régulier.

Ainsi, le 18 septembre 1943, un groupe de maquisards du Maquis de Rimont a l’idée d’attaquer un poste de garde allemand installé à Pareille (Perlera en occitan) pour prendre quelques armes. C’est cet affrontement qui est le plus médiatisé de nos jours.

On voit que le poste allemand dominait la vallée menant à Lavelanet, à l’est de l’axe important Foix-Tarascon-Ax-les-Tlermes. La bataille de Pareille se solde par la mort de deux maquisards, Achille Bochetto de Narbonne et Alexis Audeon dit René, un ancien des Brigades Internationales plus un blessé, tandis que les Allemands perdent quatre hommes, deux tués et deux blessés. Mais pas d’armes récupérées par le Maquis !

C’est en réaction à cette attaque que les Allemands organisent une riposte contre un Maquis sur lequel ils ont eu quelques renseignements. Il est situé à quelques kilomètres au sud de Lavelanet, sur la commune de Montségur, célèbre par la fin des Cathares, bien des siècles auparavant. Ces Maquisards occupent la grotte de Caougne (Caougno en occitan). Ils semblent faire partie du groupe qui a fait le coup de Pareille mais rien n’est moins sûr.

Quelques jours après le 18, la date exacte n’a pas été trouvée, la Milice et les Allemands prennent au piège de la grotte les sept maquisards présents qui tout de même arrivent à tuer un chef milicien, Massa cité dans l’article et à blesser un autre, Legru. Mais ils sont pris et emmenés vers Foix, peut-être à la fameuse villa Louquée, siège de la Gestapo de sinistre mémoire. Ils pendront ensuite le chemin de la déportation, très certainement.

Voici donc la vraie histoire de ce groupe de Maquis, le corrigé de l’article partisan du Petit Dauphinois.

Poster un commentaire

Classé dans Vieux papiers

Il y a 100 ans jour pour jour: LE MIROIR du 16 décembre 1917

(JOUR 1231 DE LA GUERRE/1561 JOURS DU CONFLIT)

L’aviation est à l’honneur de ce numéro avec une remise de médaille pour deux as de l’escadrille des Cigognes que dirigea Charles Guynemer. Il s’agit d’Alfred Henri Joseph Heurtaux (ici écrit Heurteaux) et de René Paul Fonck. Les deux connurent des parcours parallèles.
Heurtaux remporta 21 victoires avérées et 13 probables tandis que Fonck gagna 75 victoires mais plus certainement 142.

Tous deux survécurent à la guerre, connurent une carrière politique qui commença avec une élection à la Chambre Bleu horizon. Ils furent tous deux proches du régime de Vichy à son début mais Heurtaux prit des distances et termina au camp de Buchenwald, au contraire de Fonck qui connut quelques mois de prison à l’épuration.

Encore le front italien avec deux pages sur la retraite des Italiens dans la plaine de Vénétie.

La traversée des troupes italiennes en retraite du pont sur le Tagliamento qui, une fois franchi par tous sera détruit.

Entre le Tagliamento et la Piave devenu la ligne de défense ultime italienne, les automitrailleuses servent d’arrière-garde.

Pendant ce temps…

…les Français arrivés près du front en profitent pour organiser une prise d’armes.

Pour terminer ce chapitre, la visite du roi Victor-Emmanuel à Venise.

Sur la double page centrale, le Miroir a publié une carte sur laquelle sont indiqués…

…les camps de prisonniers de guerre français en Allemagne. Chaque point correspondant à un camp, le nombre est plus que conséquent.

L’entraînement des troupes américaines.

Le maniement des canons et l’installation de ceux-ci mais sur du matériel… en bois !

Poster un commentaire

Classé dans Revues

POSTER MDI en fil rouge de l’été (et de l’automne)- BONAPARTE au pont d’ARCOLE.

Une image d’Epinal pour ce tableau MDI, participant à la légende (déformée) de Napoléon Bonaparte: la bataille du pont d’Arcole.

DSCN3908

L’histoire repasse en 1796, du 15 au 17 novembre soit les 25-27 brumaire de l’an V de la République Une et Indivisible. La République est en lutte en Italie contre l’Autriche. Les Français sont en échec devant Arcole et son pont sur l’Alpone solidement tenu par les défenseurs. On raconte que, devant cette situation, Bonaparte s’empara d’un drapeau tricolore pour entraîner ses troupes sur ce pont et remporter la victoire.

Mais la réalité est tout autre. Si Bonaparte prit bien un drapeau pour donner l’exemple sur le pont d’Arcole, il fut bien imprudent et ne fut pas suivi de  ses troupes. Loin de là ! Il se retrouva seul entouré d’ennemi et ce furent les interventions de grenadiers qui lui permirent de se réfugier dans un marais avant que le général Lannes, à cheval, ne vienne le tirer de cette triste situation. Mais cela, c’était moins intéressant à raconter.

1801_Antoine-Jean_Gros_-_Bonaparte_on_the_Bridge_at_Arcole

Bonaparte à Arcole vu par Antoine-Jean Gros.

Ce fut une ruse qui permit de remporter la victoire. Des tambours furent envoyés derrière les lignes ennemis avec ordre de jouer le plus fort possible pour faire croire aux Autrichiens l’arrivée de renforts français. Ce qui marcha à merveilles, ces derniers dégarnissant maladroitement leurs positions à Arcole. Parmi ces tambours, le célèbre tambour de Cadenet.

Cadenet_Tambour_d'arcole

On voit ci-dessus,  sa statue dans le village du sud du Vaucluse. Une statue en bronze du tambour d’accole qui intéressait grandement les Allemands en 1943. Pas pour sa valeur historique mais pour son bronze ! C’était sans compter sur la Résistance locale qui la déboulonna et la cacha dans la nuit du 4 au 5 août 1943. Elle retrouva sa place le 7 octobre 1945.

Poster un commentaire

Classé dans Affiche

RÉSISTANCE 1942 (22/23): 11 NOVEMBRE 1918-11 NOVEMBRE 1942 LES ANCIENS COMBATTANTS….

LES ANCIENS COMBATTANTS

DES DEUX GUERRES

APPELLENT LE PEUPLE DE FRANCE

À CÉLÉBRER DIGNEMENT LE 11 NOVEMBRE

en défilant devant les monuments aux morts

de nos viles et de nos villages

et à Paris devant le tombeau

du soldat inconnu.

Tel est l’appel lancé à l’occasion du 11 novembre 1942, moins d’un quart de siècle après l’Armistice de 1918 et la fin de la Première Guerre. Car, bien entendu, il est hors de question de célébrer cette date comme cela se faisait avant guerre. Les Allemands sont présents dans le mode de la France et dans le sud, le régime de Vichy ne souhaite pas fâcher ses « amis ».

Manifester devient quelque chose de périlleux et ce sont les organisations de gauche qui souhaitent continuer de commémorer ce qui, avant passait pour une fête nationaliste.

DSCN0996

Les revendications des signataires du petit tract clandestin, Le Comité des Anciens Combattants des deux guerres adhérents au Front National de lutte pour l’indépendance de la France:

1° Pour exiger que le 11 novembre 1942 soit jour férié comme par le passé.

2° Pour organiser la riposte aux décisions éventuelles des traitres de Vichy supprimant la Fête de la Victoire, en appelant les ouvriers, employés et fonctionnaires des administrations publiques à ne pas aller travailler le 11 novembre et à faire de ce jour un jour de grève patriotique.

3° Pour organiser le 11 novembre prochain devant les monuments aux morts de nos villes et de nos villages le défilé des patriotes avec à leur tête les anciens combattants des deux guerres arborant fièrement leurs décorations

4° Pour organiser le défilé de la population de Paris et de la banlieue devant la tombe du soldat inconnu, place de l’Etoile.

Telles sont les revendications politiques de ce 11 novembre, plus tournées vers la lutte contre le régime de Vichy que contre l’occupant allemand.

DSCN0997

Que se passa-t-il ce jour-là ? Certainement quelques manifestations patriotiques ici et ailleurs quand le rapport de force permettait aux militants progressistes de sortir du bois.
Mais l’Histoire a retenu de ce 11 novembre 1942, c’est l’invasion de la zone sud par la Wehrmacht et les troupes italiennes. Devant le débarquement en Afrique de Nord, les Allemands ne pouvaient laisser la côte méditerranéenne dépourvue de défenses. Cela allait en traîner le sabordage de la flotte française à Toulon et l’occupation de notre région par les forces de l’Axe: la Drôme et le Vaucluse par les Italiens, l’Ardèche et le Gard par les Allemands.

Poster un commentaire

Classé dans Vieux papiers

RÉSISTANCE 1942 (21/23): TRACT-JOURNAL LA VIE OUVRIÈRE n° 109 du 17 octobre 1942

Un tract de 2 pages (1 feuille recto-verso) ronéotypées, un journal: La Vie Ouvrière, organe de la CGT qui perdure de nos jours, feuille clandestine en 1942. Une date: celle du 17 octobre 1942, une consigne: NE JETEZ PAS CE JOURNAL. FAITES LE CIRCULER.

Pour commencer, un long article en guise d’éditorial, rappelant le drame du 22 octobre 1941, un an auparavant, l’assassinat par les Nazis des otages de Châteaubriant.

 DSCN0993

Voici le texte de cet article.

 Le 23 octobre 1941, le peuple de France apprenait que les boches venaient d’assassiner 48 otages de Chateaubriant. L’indignation, la colère, la soif de vengeance, tels furent les sentiments qui s’installèrent dans le cœur de chaque patriote.

En lisant les noms des fusillés, tous les travailleurs de France firent le serment de les venger. C’est eux en effet, qui étaient surtout frappés. Stülpnagel et Pucheu qui fut chargé de désigner les otages, manifestaient leur haine de la classe ouvrière en massacre ses plus honnêtes et ses plus fidèles défenseurs. Secrétaire de fédération, dirigeants de grands syndicats, élus du peuple, des cités ouvrières, constituaient le plus gros contingent des 48 victimes.

Deux jours après, 50 otages furent exécutés à Bordeaux et ce fut la même haine des masses populaires qui précipita leur choix. Depuis, des milliers de patriotes français ont été massacrés. Parmi les hommes comme d’Estienne d’Orves des intellectuels, des savants, toujours figurent en grand nombre des militants ouvriers. Avec Domisse, Brunet et des dizaines d’autres ; Pillet, secrétaire de la fédération du bâtiment, Pourrouault des produits chimiques, des dizaines de secrétaires de syndicats et de délégués ouvriers ont payé de leur vie leur fidélité à la classe ouvrière et leur patriotisme. Tous sont morts en héros, clamant leur foi et leur idéal, leurs certitudes qu’ils seront vengés et que la France serait purgée des envahisseurs et des traîtres.

La vengeance a commencé. Des centaines de Boches pont payés de leur sang le sang de nos martyrs, des traîtres ont reçu le châtiment mérité et qui attend tous leurs congénères, des cheminots ont saboté les transports, envoyé des trains de munitions et de soldats boches dans les remblais, pour venger Sémard et Catelas, les métallos ont saboté, brisé des machines en souvenir de Timbaud, des détachements de francs-tireurs qui portent des dons glorieux : « Timbaud », « Simard », « Péri », « Catalas », « Cadras » etc.… ont exterminé des ennemis. Le souvenir de nos martyres et la haine sacrée de leurs assassins guident leur bras.

La mort glorieuse des héros en a fait surgir de nouveaux par milliers, dont le courroux s’apaisera que lorsque le dernier coupable aura payé, lorsque le dernier Boche aura été chassé de notre sol.

La vengeance comme moteur de la lutte. Oui, le tract oublie un peu l’idéologie mais il est plus facile de mobiliser en évoquant les crimes de l’autre qu’en faisant de la politique. D’ailleurs, en dessous de ce long éditorial, apparaissent 2 sujets de mobilisation immédiate:

DSCN0994

La lutte pour éviter à des jeunes ou des ouvriers de partir travailler en Allemagne et la réussite de la prochaine grande manifestation contre les Nazis et Vichy: faire tout pour célébrer le futur 11 novembre 1942, 24 ème anniversaire de l’Armistice. On en reparlera dans le prochain tract !

Au dos, une série de brèves sur 2 colonnes: les actions des ouvriers dans les usines, les ateliers ici et là.

DSCN0995

Des mouvements dans des usines de la couronne parisienne où le syndicalisme et la politisation des masses sont importants: chez Hotchkiss à Saint-Denis, chez Matra à La Courneuve, chez Gnome & Rhône-Kellermann, chez Citroen à Clichy, chez Babcock à La Courneuve, chez Rateau, à la Lorraine à Argenteuil, chez Chausson, à la S.I.P.A. de Neuilly, P.M. dans le 15ème arrondissement de Paris, chez Alstom à Lecourbe, chez Unic, aux Compteurs de Montrouge, chez Salmon et Voisin, à la S.I.F.: des protestations, des débrayages, des grèves…

Dans la seconde colonne, le tract explique comment organiser une grève pour qu’elle réussisse en évitant l’intervention des forces de l’ordre, la police française. Ainsi est-il faire référence à ce qui se passa en 1936. Voici les 4 commandements de l’organisateur d’une manifestation de ce type:

1-Organiser l’occupation des ateliers, bloquer les issues, organiser leur défense.

2-Prévenir immédiatement les entreprises voisines et les inviter à se joindre au mouvement. Par tous les moyens et surtout en envoyant des courriers, prévenir le plus d’entreprises possibles.

3-Alerter la population des quartiers proches de l’usine pour qu’elle soutienne la grève de l’extérieur.

4-Dans les circonstances présentes, la défense de la grève dans les usines exige la constitution de groupes spéciaux de combat avec des camarades décidés et connaissant bien l’usine. Avoir un objectif de désarmer l’ennemi qui menace et retourner ses armes contre lui.

En 1936, la puissance du mouvement, la rapidité de son extension, mirent les forces policières dans l’impossibilité d’intervenir efficacement. Il faut en être de même aujourd’hui.

À l’action avec courage et audace ! L’heure est venue de combattre et de faire échec à l’ennemi et au traître.

Métallos parisiens ! N’oubliez pas qu’en 1936 vos grèves avec occupation ont sonné le branle-bas dans tout le pays. Aujourd’hui encore tous les yeux sont fixés sur vous.

Un appel à la résistance dans les usines.

Poster un commentaire

Classé dans Vieux papiers

RÉSISTANCE 1942 (20/23): TRACT à destination des COMMERÇANTS et ARTISANS pour le 11 NOVEMBRE 1942

DSCN0989

Un tract, une feuille ronéotypée recto-verso signée par le Front National de Lutte pour l’Indépendance de la France, un mouvement de la Résistance, proche du Parti Communiste. Il a été distribué clandestinement auprès des commerçants et artisans pour les appeler à célébrer le 24ème anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918. Bien entendu, sous l’occupation allemande et le régime de Vichy, il n’était pas question de célébrer l’Armistice de 1918. Et le faire pouvait entraîner de graves conséquences.

Dans la première partie du document, c’est une longue explication de ce que représente le 11 novembre 1918. On est bien loin de la vue communiste des choses et ce qui est écrit aurait pu l’être par  un militant nationaliste plus qu’internationaliste: l’héroïsme de nos soldats, la valeur de nos Généraux Républicains et Patriotes, le drapeau tricolore flotte sur Metz et la cathédrale de Strasbourg, le Boche est vaincu,  Journée glorieuse. Consécration du patriotisme de tout un peuple uni derrière son gouvernement et son Etat-Major Républicain… Le Parti Communiste faisant l’éloge des généraux, on croit rêver !

DSCN0990

Cet élan de patriotisme sert à montrer du doigt, à dénoncer l’autre Armistice, celui de Juin 1940. Car le tract, s’il tresse des louanges à Foch, Joffre, Gallieni, n’est pas aussi dithyrambique pour un autre général vainqueur en 1918: Pétain, celui qui a signé l’Armistice honteux de 1940. Il cite Clémenceau qui disait du couard Pétain : « poussé à la victoire à coups de pieds dans le c… ». Le Pétain « flancher » de 17-18 portait déjà le Pétain de 39-40. Celui qui au Conseil Supérieur de la guerre refusait les crédits pour la mécanisation de l’Armée, s »opposait au renforcement de notre aviation ou celui qui, ambassadeur en Espagne après la victoire de Franco-Hitler, complotait contre la France avec l’ambassadeur d’Allemagne à Madrid. 

Suit une violente diatribe contre le couple de l’exécutif Pétain-Laval.

Le vainqueur de Verdun – sans rire – champion de la collaboration mettant sa main dans celle de Hitler à Montoire et dans celle de Goering à Saint-Florentin ! ! Le représentant de la Patrie souillée et meurtrie, la main dans la main avec les oppresseurs de la France et de l’Europe, conseiller et obligeant le peuple de France, si sensible et si fier, à travailler pour le boche haï et méprisé ! ! Pétain – Laval voulant, par la force, déporter nos ouvriers vers les bagnes industriels de l’ennemi ! Honteux sacrilège.

Aurait-on pu autrefois, imaginer le maréchal Foch serrant la main de Guillaume II ou du Kronprinz de sinistre mémoire ?

Mais la ligne de conduite de Pétain et de Laval c’est une suite logique dans la trahison.

Car pour les rédacteurs du tract, Pétain ne doit pas être associé à l’idée du 11 novembre, lui qui pourtant s’appuie pour gouverner la France sur la Légion Française des Combattants, cette déclinaison vichyste  des associations d’anciens combattants de la Grande Guerre. Lui qui envoie en Allemagne de jeunes Français pour officiellement permettre à des combattants de la Seconde Guerre de revenir de captivité.

Alors, comme pour la célébration du  150ème anniversaire de Valmy, il y a quelques semaines, le Front National demande aux Commerçants et aux Artisans  (avec une majuscule au début des mots dans le texte), de se joindre aux ouvriers pour célébrer ce 11 novembre 1942. Hitler, le 20 septembre n’avait pas réagi devant l’ampleur des manifestations patriotiques. Il en sera de même après le 11 novembre si dans le même temps que les ouvriers débraieront ce jour-là, les commerçants et artisans ferment boutique et les pavoisent de bleu-blanc-rouge les jours précédents cette journée.

Le tract demande également de défiler avec tous les patriotes devant les monuments aux morts et à Paris devant le tombeau du Soldat Inconnu.

Le tract se termine par un vibrant: VIVE LA FRANCE ! A BAS LES BOCHES ! avant de donner le fréquence d’une radio libre, Radio-France qui doit émettre depuis Londres puisque comme le disait un slogan de l’époque: « Radio-Paris ment ! Radio-Paris ment ! Radio-Paris est allemand ! »

DSCN0991

Poster un commentaire

Classé dans Vieux papiers

RÉSISTANCE 1942 (19/23): BULETIN D’INFORMATION- 9 OCTOBRE 1942

Avec une « jolie » faute d’orthographe dans le titre de ce feuillet 1 du BULLETIN D’INFORMATION du 9 octobre 1942. Certainement un document interne au Parti Communiste clandestin qui va informer les militants du déroulement de la guerre et en particulier de la bataille de Stalingrad qui oppose la Wehrmacht à l’Armée Rouge.

DSCN0983

 La bataille de Stalingrad que le rédacteur de l’article compare à Verdun en double, voire plus. Les Allemands avaient massé 1 million d’hommes devant Verdun, ils sont là 2 millions devant Stalingrad. A Verdun, ce fut un déluge de feu tiré par l’artillerie. A Stalingrad, en plus de l’artillerie, ce sont les chars et les avions qui pilonnent la ville.
Toujours est-il que cette résistance inattendu des Soviétiques contrarie grandement l’état-major allemand qui espérait atteindre ses objectifs avant l’hiver. Un hiver qui s’annonce terrible pour la Wehrmacht. Si terrible que les Nazis ont lancé en Allemagne des collectes humanitaires pour venir en aide aux soldats sur le front de l’Est. Ce premier article se termine par ces mots:

La guerre entre peu à peu dans une phase qui ne promet rien de bon aux Allemands.

DSCN0984

Second article daté du 5 octobre pour parler de Stalingrad attaqué depuis 63 jours. L’article veut tordre le cou aux mensonges fascistes qui annoncent que le trafic sur la Volga est interrompu.  Au contraire, une contre-attaque de l’Armée Rouge appuyée par les canonnières de la Volga a permis de faire reculer les Allemands.

Quant à l’avancée des Soviétiques dans les steppes au nord de la ville, elle est irrésistible malgré la politique de la terre brûlée pratiquée par les Nazis et elle coûte entre 2 000 et 3 000 hommes par jour à la Wehrmacht. Une véritable hécatombe !

Le reste de l’article fait le point sur d’autres secteurs de cet immense front russe: Mozzok dans le Terek, Novorossisk sur la Mer Noire, Rjev au centre, Zenia…. près de Leningrad (la bordure gauche de l’impression est défectueuse et oblige à déchiffrer le texte, ce qui est délicat quand il s’agit de noms propres), en Finlande et sur mer où les Russes ont coulé un gros transport allemand dans la Baltique.

DSCN0985

A la suite de cette description du front russe, un petit texte intitulé COMMENT ON PEUT SABOTER pour raconter des sabotages commis par des ouvriers en Hongrie dans une usine sidérurgique ou en Hollande dans une fabrique de conserves. Certainement un message à l’adresse des ouvriers français.

Les 3 autres pages de ce bulletin d’information se présentent comme une succession de brèves de quelques lignes chacune sous le titre NOUVELLES DU MONDE ENTIER.

DSCN0986

Tout d’abord en France.

Une ruse de Laval pour envoyer de la main d’oeuvre jeune en Allemagne: la propagande de Vichy pour que ces jeunes entrent dans des écoles d’apprentissage… qui se trouvent… en Allemagne !

Le ralliement de l’Ambassadeur de France en Hongrie à De Gaulle.

La nouvelle cachée par la presse à la solde  de Vichy et des Nazis: celle de l’arrivée d’un convoi d’ouvriers venant d’Afrique du Nord. Il s’agit d’anciens combattants de l’Espagne Républicaine jusque là prisonniers dans des camps de concentration en Algérie et livrés par Vichy aux Allemands… certainement en route pour Mauthausen.

La création de l’escadrille aérienne de la France Libre Normandie-Niemen.

L’arrestation d’Hériot suivant les Allemands. Il doit s’agit d’Edouard Herriot (une autre faute dans ce patronyme), le maire de Lyon qui fut placé en résidence surveillé en septembre 1942 puis interné dans un asile d’aliénés près de Nancy.

L’URSS reconnaît le Comité National Français comme seul organe de la Résistance Combattante française.

Après ces informations françaises, viennent des nouvelles du monde entier sur 2 pages.

En Allemagne, il est fait état d’exécutions d’opposants au Nazisme que essaient de reconstituer des mouvements politiques interdits dont bien sûr le Parti Communiste… dans ce bulletin communiste.

DSCN0987

Des nouvelles de Pologne, Tchécoslovaquie, Finlande (avec 2 -décidément il n’y a pas eu relecture des feuillets-), Albanie, Grèce où, de partout des patriotes résistent les armes à la main aux Allemands et Italiens (en ce qui concerne l’Albanie).

Même chose en Yougoslavie où les partisans ont réalisé un gros coup en s’emparant de nombreuses armes et munitions. Partisans qui ont été rejoints par des prisonniers de guerre français détenus en Autriche qui se sont rebellés et évadés pour rejoindre les Maquis titistes.

Grève chez les ouvriers des usines d’aviation en Hollande et travail forcé décidé dans ce même pays pour tous les jeunes de plus de 18 ans.

DSCN0988

Suite de ce tour du monde en dernière page.
En Hongrie, ce sont toutes les femmes de 14 à 70 ans que se voient dans l’obligation de travailler pour le Reich. Incendies dans des usines textiles et entrepôts proche de Budapest suite aux bombardements de l’aviation soviétique.

En Amérique, aux Etats-Unis, ce sont des manifestations qui parcourent les milieux syndicaux et ouvriers dans tout le pays pour revendiquer l’ouverture d’un second front, un leitmotiv communiste, pour soulager le front de l’Est. On peut y lire cette phrase, choquante aujourd’hui:

A Los Angeles, tous les habitants, les blancs comme les nègres, ont signé un télégramme envoyé au Président Roosevelt… 

Pourquoi nègres au lieu de Noirs qui pourtant et le pendant naturel de Blancs.

Pour terminer, même revendication en Angleterre, des syndicats des usines d’aviation, des fabriques d’armes et des pompiers de Manchester comme des fonctionnaires de Liverpool pour l’ouverture de ce second front… on en reparlera souvent dans ces documents communistes.

Poster un commentaire

Classé dans Vieux papiers

RÉSISTANCE 1942 (18/23): LA VIE DU PARTI- SEPTEMBRE 1942 (3)

DSCN0965

Suite et fin de la lecture de ce document interne au Parti Communiste en septembre 1942.

Après avoir évoqué la lutte des militants communistes dans les entreprises, le document évoque ensuite la lutte dans la société.

DSCN0976

Il faut en effet éviter à tout prix le départ des hommes vers l’Allemagne. Le parti envisage même ce qui se passera à une échelle moindre, la réquisition des affectés spéciaux et même la mobilisation qui leur permettrait (à Vichy et aux Allemands) de parquer des millions de Français désarmés dans des camps de concentration où les nazis pourraient choisir leurs esclaves et noyer dans le sang toutes tentatives de révolte, tandis que le peuple français serait privé pour mener sa lutte libératrice de ses éléments les plus actifs.

On comprend que les rédacteurs du tract sentent ce qui va se passer avec la création du S.T.O. qui enverra en Allemagne des milliers de jeunes Français et remplira les maquis. Aussi est-il demandé de ne pas répondre à un ordre de réquisition ou d’une mobilisation et d’organiser la résistance par tous les moyens y compris le passage dans des détachements de Francs-Tireurs et Partisans. Prémonitoire !

Le tract demande également de se méfier des membres du S.O.L. tout en ne confondant les membres de la Légion des Combattants à ceux du S.O.L., mouvement qui donnera naissance à la Milice. Méfiance aussi envers la Police tout en veillant de ne pas considérer tous les policiers comme des nervis de Vichy.

DSCN0977

Et le rôle du Parti dans tout cela, indispensable lien entre les masses et les actions ?

Pour cela, le Parti demande aux directions régionales de se préoccuper de ce qui se passe près de chez eux, dans les sections, dans les entreprises pour les soutenir. Et le document insiste en  soulignant la phrase, ce mal qu’il nous faut guérir à tout prix et vite, celui des élites oubliant la base. Toujours d’actualité dans beaucoup de partis politiques 76 ans plus tard !

DSCN0979

Au niveau de l’organisation interne, le Parti demande aussi de mettre en place des nouveaux cadres de remplacement. Cela permettrait de faire éclore de nouveaux talents dans le Parti mais aussi de pouvoir continuer la lutte en cas d’élimination (par arrestations) de cadres dirigeants en place. Bien entendu en veillant à respecter la discipline du Parti et les règles existantes, celui d’un centralisme pesant qui nuira beaucoup au Parti jusqu’à nos jours.

DSCN0980

 Avant de dire comment développer rapidement les détachements de F.-T.P., le document insiste sur le bien fondé et la légitimité de la lutte armée contre l’occupant. Notre peuple serait indigne de vivre indépendant s’il subissait la violence de l’ennemi sans la retourner contre cet ennemi par tous les moyens en son pouvoir.

Preuve en est le peu de réaction des Nazis après une attaque à la grenade contre des militaires allemands à l’intérieur du stade Jean-Bouin, ou celle contre un train de permissionnaires allemands. Car les Nazis savent que les partisans ont un soutien complet de la population française. Deux affirmations de ce document très contestables.

Alors faut-il que très rapidement 10% des membres des sections du Parti rejoignent les Francs-Tireurs Partisans et si cela est déjà acquis, que ce chiffre passe à 20%. Et ainsi de suite…

DSCN0981

Il est indispensable. Ainsi chaque membre du Parti doit regarder autour de lui et il verra des hommes et des femmes dignes d’être membres de notre grand Parti dont il faut leur ouvrir les portes; il y verra aussi des jeunes qui ont leur place toute indiquée dans les rangs de la Fédération des Jeunesses Communistes

Vaste programme dans un monde de suspicion où la délation est devenue le sport national français, au grand étonnement des occupants eux-mêmes !

Ainsi les communistes enrôlés dans les F.-T.P. doivent faire preuve d’une attitude exemplaire, se montrer les meilleurs, les plus dévoués en s’inspirant ce qu’a dit notre grand camarade Staline pour les soldats de l’Armée Rouge: « l’abnégation est un côté de l’héroïsme mais il y a un autre côté: c’est le savoir dans l’art de se servir des armes ».  Souligné dans le texte. Les communistes, pour cela, doivent rassembler au plus large dans la classe ouvrière en s’ouvrant aux socialistes dégoûtés par l’attitude de traîtres (encore une fois) tels Paul Faute et Spinasse.
Cet appel se termine par cette phrase soulignée:

Camarades communistes, tous au combat, et la victoire sera nôtre !

 Suit un petit rappel de ce que chaque organisation du Parti, cellule, section, région doit faire:

-percevoir les cotisations pour aider financièrement les actions…

-informer de toutes les manières en éditant des tracts, papillons (les actuels flyers), affichettes…

Le document explique même comment fabriquer artisanalement de la pâte à polycopier !

Il se termine ainsi:

DSCN0982

CAMARADES COMMUNISTES… MILITANTS COMMUNISTES…

Recrutez, recrutez, recrutez… pour rejoindre le Parti de Maurice Thorez, Jacques Duclos, André Marty, Benoît Frachon, Arthur Ramette; Gaston Monrousseau et Charles Tillon !

Petite erreur dans la mise en page car la dernière page, la 18ème du document est laissée blanche, sans texte ! De la place perdue !

DSCN0965

Poster un commentaire

Classé dans Vieux papiers

RÉSISTANCE 1942 (18/23): LA VIE DU PARTI- SEPTEMBRE 1942 (2)

DSCN0965

Suite de la lecture de ce document interne du Parti Communiste édité en septembre 1942 en région parisienne.
Les moyens de lutte des ouvriers dans les entreprises sous contrôle du Parti: les Comités Populaires, la déclinaison française des Soviets et les  Syndicats.

DSCN0974

En parallèle aux Comités, les Syndicats, bien entendu interdits par Vichy.

Tout d’abord, le Parti demande aux ouvriers de retourner en masse dans les syndicats qu’ils avaient quittés au moment du pacte germano-soviétique, sans le dire ainsi, bien entendu. Dans le texte, on explique que les ouvriers avaient quitté les syndicats en 1939 à cause de la trahison des dirigeants. Jolie pirouette !

Toujours est-il qu’il faut maintenant retourner dans les syndicats alors que se profile à l’horizon du monde ouvrier la mise en place de la Charte fasciste par Vichy.

Au lieu d’expliquer la nouvelle stratégie syndicale, le journal préfère parler des raisons du retour des ouvriers dans les syndicats. Ce serait aussi le cas dans les syndicats non communistes, les syndicats chrétiens. Et puis ce sont au moment des crises que les syndicats attirent le plus de syndiqués: en 1917, en 1919, en 1936. En 1942, c’est aussi le moment.

C’est l’occasion aussi de se débarrasser des dirigeants qui ont failli. Sont cités en vrac les traîtres (un expression typiquement communiste): Dumoulin, Belin, Dard, Priem, Rey, Savoie… etc. Cela suffit. Certains des cités passèrent à la collaboration par anticommunisme.

DSCN0975

Cette Charte que Laval essaie d’imposer, prévoit la mise en place d’un seul syndicat par localité et par branche. L’adhésion est obligatoire mais le syndicat se contente d’accompagner la mise en place d’un rapport corporatiste entre patron et ouvriers. Pas de défense des revendications ouvrières. Pas d’élection de délégués ni d’assemblées de syndiqués. C’est l’Etat qui va désigner les représentants patronaux et employés. Une manière de juguler le mouvement ouvrier pour Pétain-Laval et les Allemands en empêchant toute organisation revendicative.

D’où, à la suite, un petit mémento de ce qui doit être fait pour combattre la mise en place de la Charte:

1- Manifester le jour de la paie où celle-ci est amputée de la cotisation obligatoire.

2-Continuer de manifester en toute occasion, quand les délégués sont nommés, quand ceux-ci se réunissent pour demander le remboursement de la cotisation, pour demander de vrais élections de délégués du personnel. Une véritable guérilla !

Et surtout créer (et c’est souligné dans le texte) créer un Front unique entre les confédérés et les chrétiens, en bref, faire bloc face à l’oppression !

Suite une nouvelle liste de traîtres où on cite à côté des déjà cités Dumoulin et Rey, les nouveaux noms de Desphélipon, Manguin, Doriot, Capron, Vassart, Brout, Parsal. Une charrette !

En résumé, tout mettre en oeuvre pour transformer l’application de la Charte-machine de guerre anti-ouvrière- en un puissant mouvement ……se pour la liberté syndicale et les revendications. Plus que jamais en la circonstance, il s’agit de combiner le travail illégal avec l’utilisation de toutes les formes légales. Faire cela sans attendre et avec énergie, c’est mettre en pièces la nouvelle tentative des agents hitlériens c’est faire un pas décisif vers le regroupement de la classe ouvrière.

A suivre demain, la suite et la fin de la lecture de cet important document.

DSCN0965

 

Poster un commentaire

Classé dans Vieux papiers

RÉSISTANCE 1942 (18/23): LA VIE DU PARTI- SEPTEMBRE 1942 (1)

DSCN0965

Un important document interne au Parti Communiste, clandestin bien entendu, distribué en région parisienne aux militants. Un document de 16 pages que nous allons vous présenter en plusieurs fois tant il est dense.

DSCN0966

Sous ce premier titre La situation politique, le Parti se félicite du fait que les Soviétiques aient pu résister cet été 42 à l’offensive allemande sur le front oriental. Hitler n’ayant pu obtenir la victoire, le temps et l’hiver russe qui arrive vont pouvoir renverser la balance des forces.

Malgré les communiqués de « victoire » que lance quotidiennement Goebbels, les peuples occupés et  opprimés ont repris courage et de partout les Résistances locales s’attaquent aux Allemands. C’est le cas en Yougoslavie, en Norvège, en Grèce, en Hollande, en Belgique, en Pologne.

DSCN0967

Et en France ? Le Parti constate que la propagande des Nazis dans la zone occupée et celle de Vichy, pro-boche dans la zone « libre », ne prennent pas et ont peu d’impact sur la population. Pour exemple, ces « bonnes actions » menées par Von Stulpnagel dans la région de Dieppe après les destructions causées par le débarquement canadien avorté du 19 août précédent: aide de 10 millions pour les sinistrés, libération de prisonniers de guerre de la région pour venir en aide à la reconstruction.

Malgré cela, tous ces efforts demeurent vains. Ils se heurtent à la clairvoyance, au bon sens et au patriotisme de nos populations qui savent que la seule possibilité pour la France de se relever, de retrouver son indépendance et sa grandeur, réside dans l’écrasement d’Hitler, écrasement auquel les Français ont pour devoir de participer. 

Pour cela sont cités les soldats de De Gaulle qui ont combattu à Bir-Hakkeim et les détachements des Francs-Tireurs et Partisans qui forment sur le col  de la Patrie l’avant-garde armée de la France combattante.

C’est en répétant que la France dans son immense majorité est combattante et résistante que le document essaie de persuader les lecteurs-militants du PC de ce fait, ce qui était bien loin de la réalité à ce moment du conflit.

DSCN0968

Car c’est avec la création d’un second front en Europe de l’Ouest, c’est-à-dire en France, que le peuple français basculera de l’attentisme à la lutte contre les occupants. C’est pour cela qu’il faut que les Français, par leurs actions, accélèrent la création de ce second front.

Et les communistes de France, de Grande-Bretagne et des Etats-Unis mènent une propagande vigoureuse pour cette ouverture d’un second front, front qui soulagera l’armée soviétique seule en lutte contre les Nazis au moment de la parution du document… et pour pas mal de temps encore.

C’est ici qu’on voit une divergence entre les mouvements de résistance. Alors que le Parti pense que les actions doivent commencer avant le débarquement allié, il fustige l’attentisme d’autres mouvements qui prônent qu’il n’y a rien à faire tant que le 2ème front n’est pas constitué. Phrase soulignée dans le tract comme quelques lignes plus loin, celle qui exprime la position du Parti, la libération nationale ne peut se séparer de l’insurrection nationale. Tout un programme que défend aussi le général De Gaulle, suivant les écrits qui suivent.

DSCN0969

A la suite, une longue explication de ce que doit être l’action des ouvriers et des populations pour sortir de cet attentisme qui ne peut que profiter à l’occupant.

Dans les usines, lutter par des sabotages, par des grèves, par des destructions des moyens de transports pour éviter que les Allemands utilisent les produits de l’industrie française à leur bénéfice.
Dans la société, empêcher que ceux-ci recrutent par la force des ouvriers pour aller travailler en Allemagne, dans les usines d’armement.

Dans les campagnes, empêcher par tous les moyens les réquisitions de nourriture qu’imposent Vichy et les Allemands.

Les femmes ne sont pas oubliées et le Parti les appelle à manifester pour exiger le retour des prisonniers de guerre comme il leur demande de faire comprendre en toute circonstance la haine que leur inspire la présence des occupants.

Le but du Parti est simple: entraîner les masses à l’action contre les oppresseurs et leurs valets.

DSCN0970

Cette lutte doit commencer en premier lieu dans les entreprises et il est demandé aux militants communistes d’être toujours à même de sentir ce qu’elles (les masses) pensent, de comprendre leurs besoins, de s’intéresser à leurs revendications y compris les plus terre à terre et les plus minimes. Souligné pour faire comprendre l’importance de ces choses.

Il est donc expressément demandé aux militants communistes de faire preuve de discipline, certes, mais aussi d’esprit d’initiative dans le cadre de la ligne définie par le Parti.

DSCN0971

Comment lutter dans les entreprises, 2 moyens suivant le P.C.: les Comités Populaires et les Syndicats.

Le Parti constate qu’en cette période de limitation du droit syndical dans les entreprises (le syndicalisme est interdit par le régime fasciste de Vichy, la doctrine officielle étant le corporatisme), ce sont les Comités Populaires qui doivent mener la lutte. Et dans ce domaine d’encadrement des masses, le Parti en connaît un rayon. Ce sont eux qui sont à l’origine d’une grève des mineurs du Nord et du Pas-de-Calais qui rassembla 120 000 grévistes !

Bien entendu, les comités Populaires sont interdits et leurs dirigeants sont poursuivis. Aussi ces C.P. doivent être complètement noyés dans la masse et épouser les revendications des ouvriers. Exemple celui des Compteurs de Montrouge. C’est au C.P. d’établir un cahier de doléances qui sera connu de tous. Puis au moment du lancement de l’action, comme en septembre 1941 aux chantiers de Brest, contre l’exécution des otages de Chateaubriant,  ce sont les délégués qui se répandent dans les ateliers pour lancer l’action.

Même chose aux chantiers de La Ciotat pour une question salariale, dans une usine de la région parisienne pour une question de représentation ouvrière en mettant à mal l’organisation choisie par le patron qui nomma les délégués sans tenir compte d’élections du personnel. Dans les 2 cas, des victoires ouvrières.

A Five-Lille, même constat de réussite du C.P. malgré les menaces de la police de Vichy et de la Gestapo. La visite de Lehideux, le Commissaire de Vichy à la lutte contre le chômage fut particulièrement agitée.

Contre exemple d’un Comité pas assez efficace face à l’ennemi. Celui de Gnome et Rhône. Aucune action lors de la visite du même Lehideux. Aucune action alors qu’une musique allemande vint divertir les ouvriers dans cette usine. Un Comité pas assez immergé dans le personnel de l’usine !

Pour terminer dans ce domaine de la représentation, le journal résume (sur presque une page toutefois) les 4 règles qui doivent régir un Comité Populaire d’une entreprise:

1-Un C.P. est une organisation de masse clandestine parallèle au syndicat mais pas concurrente.

2-Un C.P. doit être souple et intégré à la masse.

3-Un C.P. doit diffuser son journal interne à l’entreprise.

4-Un C.P. doit aussi populariser son action à l’aide de tracts.

Et sans numérotation, le C.P. doit noyauter les actions en prévoyant tout de sorte que les ouvriers doivent se sentir complètement encadrés. Quant aux revendications, elles doivent s’inspirer des aspirations des ouvriers.

Vaste programme.

A suivre demain, la suite de la lecture de cet important document.

 

DSCN0965

Poster un commentaire

Classé dans Vieux papiers