Archives mensuelles : juin 2021

Ah si au début de XXème siècle, on avait fait d’autres choix dans le domaine des transports !!!

« Qu’est devenu le temps, temps bien proche pourtant, où l’on n’osait sortir de Paris en électrique de peur de n’avoir point assez d’énergie pour revenir ?… Maintenant le record pour une voiture électrique munie d’une batterie Fulmen est de 307 kilomètres, la distance de Paris à Chatellerault sans recharger ! »

Voici un article datant de 2010 n’est-ce pas ? Et bien non, pas du tout ! Voici la voiture dont il s’agit:

Une électrolette Krieger qu’on qualifierait de tacot à la première vision…et le journal en question n’était pas l’Automobile mais la revue de sports de l’époque…

…La vie au grand air », n°163, magazine sportif du 27 octobre 1901 (120 ans !) qui allait disparaître à la déclaration de la Grande Guerre.

Un petit mot avant d’aller plus loin : électrolettes pour désigner une voiture électrique… un côté désuet sympathique ! Quel fabriquant oserait ?

Donc, on apprend dans cet article de deux pages qu’en 1901, les voitures munies de batteries pouvait rouler sur plus de 300 bornes sans problème. A cette époque, les 9/10ème de la France ne connaissait l’électricité qu’à travers les merveilles des illuminations à Paris vues dans le Magasin Pittoresque ou l’Illustration et beaucoup attendront encore plusieurs dizaines d’années avant de connaître les bienfaits de la fée électricité dans leur chez-eux au quotidien !

C’est d’ailleurs pour cela que Georges Prade l’auteur du texte prend le soin d’expliquer sur presque 1/3 du texte, ce que sont des volts, des watts et très pédagogiquement, compare les batteries qui se vident de leur courant à des bonbonnes dont on fait couler de l’eau pour entraîner un moulin… Quand elle est vide, tout s’arrête et…

…on rentre comme cela, le chauffeur du riche possesseur de l’électrolette se muant en porteur de brouette !

Bien sûr, en lisant bien, on voit que les 307 km de Paris-Chatellerault ont été parcouru en… 15 heures et 15 minutes ! Soit si on fait un rapide calcul, à la vitesse de 20 km à l’heure ! De quoi admirer la paysage et voir des cyclistes quelque peu sportifs vous dépasser allègrement !

On s’aperçoit aussi, à la vue des illustrations que, comme dans tous les domaines, la course à l’exploit règne dans le petit monde des électrolettes.

Jeantaud, le premier à parcourir 100 km sans recharge puis Jenatzy qui lui fera 6 km de plus !

Puis le Comte de Chasseloup-Laubat fait un Paris-Rouen soit 140 km sans recharge et enfin…

…la bien nommée « Alesia » de Garcin, tenant du précédent record entre Paris et Alise-Sainte-Reine où César vainquit Vercingétorix, soit 262 km avant…

… les 307 km entre Paris et Chatellerault de Krieger avec ses 15h15 de balade sur des chemins caillouteux, quelquefois pavés.

Il faut dire que l’auteur nous précise que les électrolettes possédaient des accumulateurs gigantesques. Pour la première course Paris-Bordeaux de 1895, Jeantaud avait monté une batterie pesant 900 kilogrammes qu’il fallut recharger quatorze fois car la voiture roulait plus vite, à 40km/h. Ce fut ce même Jeantaud qui, en 1899, atteignit la vitesse de 100km/h avec une électrolette ou un fiacre électrique comme on disait aussi ! Fiacre électrique, ça passerait moins bien de nos jours !

En fait, ce sont les fabricants d’accumulateurs qui se livraient cette bataille à l’exploit pour prouver la puissance et la fiabilité de leur matériel.

Oui mais alors, comment percevoir quelques taxes sur ces voitures électriques alors que pour les véhicules à moteurs thermiques, on pouvait allègrement taxer les carburants ?

La solution ? Simple ! Non seulement l’Etat ne s’intéressa pas à la voiture électrique mais on découragea les innovateurs et les innovations ! Au grand dam de la planète et de la santé ! Cent vingt ans plus tard, la note écologique est salée !

Cela n’empêche pas que maintenant, devant l’augmentation du parc automobile électrique, les techniciens de Bercy commencent à chercher comment faire pour taxer l’électricité destinée à recharger les batteries des… électrolettes modernes !

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La grande crue de 1856 racontée dans le Courrier de la Drôme et de l’Ardèche.

C’est un quotidien dont j’avais pu obtenir des photocopies aux Archives Départementales de Valence en ne touchant seulement que… des microfilms. Voilà une frustration assouvie en trouvant ce journal régional, 165 ans après sa parution, le 3 juin 1856…

Tout au long du sillon rhodanien, on rencontre des repères de crue portant cette indication…

On lit RHÔNE et on devine 31 MAI 1856. Il s’agit là du repère posé sur la culée du pont de Rochemaure, rive gauche. Il en existe quatre autres plaques datées du même jour, seulement sur Ancône; plus de 200 sur tout le sillon rhodanien.

Le samedi 31 MAI 1856, c’est donc le jour du paroxysme de cette crue. Le Courrier ne paraissant pas le dimanche, ce sont les nouvelles les plus fraîches de cet événement que les lecteurs liront. Le journal consacrera deux pages sur les quatre qui le composent.

Autant dire que c’est une véritable catastrophe qui s’est abattue sur tout le Sud-Est, de Lyon à la mer mais aussi le long de la vallée de l’Isère et même si le journal n’en fait pas état, pour tous les riverains des moindres ruisseaux descendant des Alpes et des Cévennes.

A Lyon, par exemple, on fait du bateau sur la place Bellecour et les rues avoisinantes et on est très inquiet pour quelques onze cents soldats travaillant sur le chantier d’un nouveau fort sur la rive gauche dont on est sans nouvelles. Des rumeurs avancent la disparition par noyade d’environ trois cents militaires.

Dans le sillon rhodanien, les ponts tombent comme des mouches. Ainsi celui de Rochemaure qui a été inauguré en 1843 a été balayé comme une cabane en bois.

Plus au sud, le pont de Robinet entre Donzère et la plaine de Viviers a connu le même sort.

Bien entendu, tous les villages riverains ont connu l’inondation puisque les digues ont rompu de partout mais la presse ne le sait pas encore. On parle de la destruction de centaines de maisons à Lyon mais ce sera pareil partout ailleurs.

A Valence, les quartiers de la Basse-Ville, les plus proches du Rhône sont sous les eaux. Idem en Avignon.

Les batardeaux des portes des remparts ont été insuffisants et toute la vieille ville est sous plus d’un mètre cinquante d’eau.

La catastrophe est telle que l’Empereur, Napoléon III viendra visiter les lieux sinistrés. On l’annonce à Valence pour l’après-midi du mardi 3 juin.

Il faut reconnaître la réactivité du pouvoir grâce au tout nouveau PLM arrivé à Montélimar seulement deux ou trois ans avant 1856. Le PLM à cette époque, c’était le TGV en l’an 2000 !

Parti de Lyon, l’Empereur s’arrêtera à Valence, Montélimar, Orange, Avignon et Arles. Un dessin de propagande le représentera chevauchant une barque au milieu des flots en furie du Rhône sur fond de pont Saint-Bénézet… En fait, il se contentera à chaque étape de descendre du train pour faire quelques pas… au sec en promettant des aides à la reconstruction. Les crédits arriveront quelques années plus tard dans le cadre d’une reconstruction et d’un aménagement cohérent et global.

Après son périple en vallée du Rhône, l’Emperreur visitera ensuite le val de Loire, également frappée par une crue exceptionnelle. C’était tout un grand Sud-Est de la France qui avait subi un mois de mai 1856 sous des trombes d’eau continuelles.

Sans aucun rapport avec les pages précédentes, en page 4, le Courrier de la Drôme et l’Ardèche nous annonce…

… la toute première ouverture des thermes de Bondonneau, à Allan, suite à la récente reconnaissance par la médecine des bienfaits des eaux des sources locales. Une grande mode pour la bourgeoisie sous le Second Empire d’aller prendre les eaux… chose dont les riverains du Rhône se passeraient bien.

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Qui aurait le code ?

Une carte postale ancienne datant de presque 120 ans, une correspondance entre une fille et son paternel.

Pour le verso, pas de problème…

Par contre pour le recto…

… faut avoir le code !

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