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Un CARNET « de voyage » sur l’EXODE… mais pas à celui qu’on s’attend !

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A la lecture du titre de ce livre de Jacques Hervieu, quelque chose interpelle tout de suite, la juxtaposition du terme EXODE et de la date 1944. L’Exode, ce fut la fuite éperdue des populations du nord et nord-est de la France, des populations belges également, devant l’avance foudroyante de la Wehrmacht après le 10 mai 1940.

Qu’en est-il de cet exode que raconte au jour au jour l’auteur et qui se déroula en 1944 ?

C’est l’histoire de la vie d’une famille, en Normandie, à partir du matin du 6 juin, de cette douceur de vivre normande (même sous l’occupation) brutalement interrompue par des grondements lointains qui annoncent un terrible orage, celui du débarquement et de la libération de la France. Moments terribles à vivre pour les habitants de Normandie, au centre des combats, habités d’un sentiment qui oscille entre la joie de voir la liberté venir mais l’inquiétude de devoir se trouver au milieu de la tourmente. Vous pouvez lire le début de cette narration, ci-dessous.

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A partir de là, la vie des habitants du village de Periers va connaître un bouleversement sans nom. Au premier jour du débarquement, qui se déroule pourtant à une trentaine de kilomètres au nord-est du bourg, 25 km pour Sainte-Mère-l’Eglise, l’auteur raconte le moment où ils suivront en direct le largage d’une unité parachutiste dans leur secteur, action militaire américaine dont le but était de désorganiser les arrières ennemis. Mais cela, le grand enfant qui raconte ses souvenirs n’en a pas conscience immédiatement.

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L’intérêt de cette  lecture, c’est essayer de faire correspondre ce récit au jour le jour avec ce que raconte l’histoire de ce débarquement, en la comparant par exemple avec la carte interactive de l’avancée des troupes américaines (et  de quelques reculs aussi).

http://www.normandiememoire.com/fr_FR/content/view/id-63-progression-du-front

Le père décide rapidement d’éloigner sa famille du bourg principal et la première étape de l’exode passera par une grange familiale située à quelques kilomètres de là. Cela sauvera certainement la vie des siens car un terrible bombardement s’abattra sur le village, détruisant nombre de bâtiments et faisant de nombreuses victimes.

D’où cette narration quand le père et son fils retournent au village pour venir en aide à leurs anciens voisins.

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Puis, devant la dangerosité de la situation, la famille commence à se déplacer vers le sud du Corentin, trouvant refuge chez des habitants qui leur ouvrent sans compensation leur grange ou leur greniers à foin. Ainsi, ils vont passer quelques jours près de Montcuit où le père va jusqu’à faire construire un abri souterrain, une tranchée, dans laquelle la famille se réfugie quand l’orage métallique gronde. Les Allemands sont omniprésents, des colonnes montent au front sans arrêt sans que jamais d’autres n’en descendent ce qui fait conclure à l’auteur que les pertes doivent être considérables. Des Allemands qui provoquent quelques moments d’inquiétude malgré le fait qu’ils ne s’intéressent guère à ces malheureux civils. Jusqu’au jour où, le front se rapprochant, un gradé les houspille et les somme de s’en aller au plus vite… Ce qui surement leur sauvera la vie.

Nouvelle exode vers le sud… avec en bruit de fond la canonnade qui avance. Les enfants s’imaginent des scènes de combats comme dans les livres ou leurs jeux, guerre que, par chance, ils ne connaîtront jamais de très près.

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L’exode, la fuite se poursuit vers le sud… dans une carriole tiré par leur baudet Pompon, jusqu’aux environs de Saint-Hilaire-de-Harcouet, à Milly puis Lapent, à la lisière de la Bretagne, où les combats n’auront pas lieu, les Alliés longtemps en échec étant devenus suffisamment forts pour repousser les occupants et entamer leur marche vers la Victoire. D’ailleurs, au début de l’Invasion, quand le front ne progresse pas, les autochtones passent par tous les états d’âme qui vont même par moment à aller jusqu’à souhaiter la victoire des Allemands.

D’ailleurs, loin des combats, les gens sont beaucoup moins accueillants et regardent de travers ses vagabonds (maraudeurs dit l’écrivain) en guenilles. Ils n’ont pas changé de vêtements depuis le 6 juin et nous sommes alors fin juillet. Egoïsme, incompréhension, peur ordinaire de l’autre ou gens rencontrés peu intéressants ?

C’est le 3 août, en début de journée, que les Américains arriveront à Sainte-Anne-de-Buais, ultime étape de l’exode de la famille où ils sont arrivés quelques jours auparavant. Sans combat car les Allemands se sont repliés. La famille assistera à toutes les scènes traditionnelles de la Libération: le tocsin, les premiers chars, les uniformes -décevants (pour l’auteur) des Américains-, les chewing-gums et le corned-beef, le Camels militaires, les soldats noirs qui font peur à tous avec les histoires qui se racontent sur eux, le fils du boucher qui manque de peu d’être lynché car on lui reproche une incertaine collaboration passée avec les Allemands, chose que personne ne peut préciser mais qui n’empêche pas la populace de se défouler. Ce jeune aurait été tué sans l’intervention… des Américains……  Un jeune fuyard allemand abattu dans un champ de blé, sans procès après dénonciation de la même populace brutalement plus vindicative que quelques jours avant. Bref, il ne manque que les femmes tondues pour que le scénario de la Libération de ce coin de France soit complet! Le surlendemain, la scène est moins gaie quand le frère du narrateur saute dans un camion américain roulant en sens inverse, soulève une bâche en quête de cigarettes pour tomber… sur des cadavres sanguinolents !

Quelques jours après, c’est un GMC remontant vers Cherbourg qui ramènera la famille à Périers, plus de 2 mois après son départ en catastrophe. Alors commencera la reconstruction du domicile familial dans un village en ruines.

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