Archives mensuelles : novembre 2016

ANCONE et le RHÔNE, une cohabitation difficile: les REPERES de CRUE, ces témoins discrets de notre histoire (5/7)

Cinquième article rédigé par mes soins, paru dans le blog: Ancone Culture et Patrimoine

Il existe environ 800 repères de crue le long du Rhône depuis la sortie du Léman jusqu’à la mer Méditerranée. Ils ont été répertoriés dans le cadre du Plan-Rhône mais certains sont passés au travers de ce comptage officiel, tel celui de la ferme Gauthier, à 2 pas d’Ancone et 1 de l’aérodrome que des membres d’Ancone Culture et Patrimoine ont retrouvé en mettant à l’épreuve leur mémoire et qu’il faudra faire ajouter à la liste officielle.

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Un repère montrant la hauteur que l’eau a atteint le 31 mai 1856. Ce sont d’ailleurs les crues de 1840 et 1856 qui ont été les plus immortalisées par les anciens. On n’a retrouvé qu’une trentaine de repères antérieurs à 1840, le plus ancien repère étant celui de Seyssel datant de 1616.

C’est la commune de Comps, au nord de Beaucaire, bien mal placée au confluent des impétueux Rhône et Gardon qui compte le plus de repères: 44 ! C’est dire si ses habitants ont régulièrement connu les tourments créés par ces eaux envahissantes. Ancone compte 4 plaques  et une cinquième qu’il faudra réhabiliter.

On a parlé du repère de la Cardinale, datant du 3 novembre 1840.

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En face de celui-ci, rue de la Cardinale, sur le mur d’une maison, le premier repère du 31 mai 1856.

CARDINALE 1856-2 CARDINALE 1856-1

On voit qu’il est situé au niveau du premier étage de cette habitation, à exactement 223 cm du trottoir soit certainement 235 cm du sol de l’époque. Impressionnant !

Second repère, rue de la Croix, un des lieux les plus hauts d’Ancone…

LA CROIX 1

tel qu’il n’apparaissait plus, il y a peu, avant l’intervention des défricheurs d’Ancone Culture et Patrimoine, et tel qu’on le voit maintenant:

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Un Rhône du 31 mai 1856, une plaque très abîmée par le temps et le lierre accrocheur et destructeur.

Troisième repère de ce même Rhône du 31 mai 1856: sur la culée du pont de Rochemaure, côté drômois, sur le territoire d’Ancone:

PONT ROCHEMAURE 2 PONT ROCHEMAURE 3

Mais en portant son regard un peu plus bas, on découvre le trou béant laissé par un vandale qui dans le temps substitua à la mémoire collective, le repère en fonte donnant la hauteur d’eau de la crue du 1er novembre 1896.

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Un repère qui ressemblait à celui-ci, sur la culée du pont du Teil, sur le territoire de Montélimar.

PONT DU TEIL 3-1896-2

Pour terminer cette rubrique, un clin d’œil à notre ami d’Ancone Culture et Patrimoine, Jeannot Tschantz, et les repères qu’il plaça pour de rappeler des hauteurs d’eau qu’il connut dans sa maison de l’île de la Conférence (sur le territoire de Montélimar) en plusieurs occasions:

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De haut en bas: 2 décembre 2003, 2 février 1993 et 7 janvier 1997, tout comme l’eau pourtant boueuse de 2003 nettoya les murs:

A suivre:

Ancone et le Rhône, une cohabitation difficile: après 1856, on exhausse la digue d’Ancone. (6/7)

d’après les documents présentées lors des Journées du Patrimoine en septembre 2015.

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ANCONE et le RHÔNE, une cohabitation difficile: la crue de 1856 ou deux inondations centennales en 16 ans ! (4/7)

Quatrième article rédigé par mes soins, paru dans le blog: Ancone Culture et Patrimoine

  Alors que statistiquement parlant, il y avait très peu de probabilité qu’une nouvelle crue centennale survienne au XIXème siècle, seulement 16 ans après 1840, la vallée du Rhône allait connaître une nouvelle catastrophe d’une valeur quasi-égale à la précédente, sinon supérieure à bien des endroits.

  Après 1840, les communes (re-)construisirent des digues pour se protéger, d’une manière importante mais tout à fait anarchique, sans réel schéma conducteur global. Si bien que la Rhône se trouva emprisonné dans un lit réduit et à la première crue, d’autant plus exceptionnelle, beaucoup de digues rompirent et le fleuve se répandit dans les plaines avec une violence inouïe.

  Comme en 1840, des épisodes pluvieux importants durant tout le mois de mai 1856 saturèrent les sols et remplirent les rivières. Cet épisode se termina par des pluies océaniques exceptionnelles sur le bassin de la Saône, aggravées par 48 heures d’orages violents ininterrompus sur tout le bassin du Rhône. On comprend que de nos jours, cette  crue soit considérée comme centennale jusqu’à Lyon et plus que centennale au sud de Valence.

   Toutefois, les hauteurs d’eau de 1856 restèrent inférieures à celles de 1840. A l’échelle du Pont Sant-Bénezet par exemple, l’eau atteignit 8,45 mètres en 1840 contre 7,83 mètres en 1856.

  En ce qui concerne Ancone, le village fut inondé comme en 1840. Ce furent les digues au niveau du château des Roches  qui rompirent et l’eau prit le village « à rebours ».  Malheureusement, pas de curé pour nous raconter cela en détail comme 16 ans avant.

  C’est dans la presse qu’on va avoir quelques précisions sur le déroulement de cette catastrophe dans le quotidien:

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Tout d’abord dans la feuille du 31 mai 1856, il fait état de…

Version 3

la destruction du Pont de Rochemaure, emporté par le fleuve.

Le même jour, une dépêche de Montélimar nous apprend que le sous-préfet et le maire de Montélimar, Fleury-Bith ont rendu visite au village…

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pour y amener du ravitaillement. La population est hors de danger. La digue des Roches a été réparée par l’armée et le niveau a un peu baissé… information erronée car, à cette date, le Rhône est à la hausse de partout et pour un moment encore. D’autres articles de ce journal le prouvent.

Trois jours après, le journal du 02-03 juin 1856 revient sur l’épisode dramatique de la destruction du pont de Rochemaure-Ancone que le journaliste place dans la Drôme (il l’est pour un peu plus de la moitié).

 Version 4

Ce sont les culées du pont qui se sont effondrées, entraînant la chute du tablier dans le fleuve. C’est là que se joua le drame : le maire de Rochemaure, M. Privat s’y trouvait et fut emporté par les flots. Ce dernier était aussi le plus fort actionnaire du pont, dit la presse. A l ‘époque, le droit de passage rapportait de l’argent à ceux qui avaient financé sa construction et s’occupaient de collecter l’octroi. Comme Vinci de nos jours !

On lira dans des journaux des jours suivants, des hommages à M. Privat et un démenti aux rumeurs qui voulaient qu’une autre personne, son premier adjoint, ait été emportée elle aussi par les flots en furie.

L’Empereur Napoléon III vint visiter les régions sinistrées, se déplaçant par train de Lyon à Tarascon, le fameux PLM. Il fit une halte à Valence et une autre à Montélimar.

Dans le numéro du 6 juin 1856 , on peut lire :

Version 5

L’Empereur n’est pas venu les mains vides mais avec 4 000 francs pour les sinistrés. On peut penser que le village d’Ancone, un des plus touchés de la région en reçut une bonne partie.

D’autres remarques après la lecture des journaux sur cette séquence dramatique :

  • Toutes les communications entre Drôme et Ardèche furent interrompues pendant plus de 10 jours. Il semble que seul le pont du Tain-Tournon résista aux flots en furie. Outre celui de Rochemaure, les ponts de Viviers, Donzère, Le Pouzin furent détruits. Ceux du Teil et de Valence restèrent longtemps inaccessibles car cernés par les eaux.
  • Si Ancone connut des problèmes semblables à ceux de 1840, La Palud aux confins de la Drôme et du Vaucluse vécut une véritable tragédie. Le Courrier parle de 150 maisons détruites, un village quasiment rayé de la carte.
  • Le bilan humain de cette inondation fut très lourd. A un moment, le Courrier parle de plus de 300 morts à Lyon. Les bêtes aussi payèrent un lourd tribut. Un journaliste raconte qu’on voyait passer des chevaux, vaches, porcs dans les flots, à Valence .

L’inondation dura moins de temps qu’en 1840 et l’eau se retira en 1 semaine environ. Vous pouvez consulter en ouvrant ce document, la courbe de la montée et de la descente des eaux à partir des relevés enregistrés au Pont Saint-Bénezet.

GRAPHIQUE DE LA MONTÉE DES EAUX DE LA CRUE DE 1856 EN AVIGNON

A suivre:

Ancone et le Rhône, une cohabitation difficile: les repères de crue, ces témoins discrets de notre histoire. (5/7)

d’après les documents présentées lors des Journées du Patrimoine en septembre 2015.

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ANCONE et le RHÔNE, une cohabitation difficile: le crue de 1840, en direct -suite- ! (3/7)

Troisième article rédigé par mes soins, paru dans le blog: Ancone Culture et Patrimoine

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Le jeune Antoine Orgeas âgé de 8 ans en 1840 a recopié le texte du curé d’Ancone sur un cahier d’écolier.

Suite de la lecture de cet exceptionnel document qu’est la narration  de la crue de 1840 écrite par le curé d’Ancone et diffusée dans un petit livret vendu dans la région de Montélimar pour venir en aide aux sinistrés. Ce document a été gardé dans une famille ayant vécu ce drame, la famille Orgeas, et prêté à notre association par une descendante, Mme Veysseyre.

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Nous sommes le mardi 3  novembre 1840. C’est certainement le jour où la cote du  Rhône connaîtra son apogée car c’est la date marquée sur nombre de repères de crue, on en reparlera.  Pour le narrateur, le Rhône dépasse de 1 mètre 60 le haut des digues. C’est énorme même s’il faut comprendre que le parapet actuel n’existait pas et que les digues seront rehaussées 2 fois après 1840. 1 mètre d’eau dans les maisons dans la partie la plus haute du village, vers le chemin de Montélimar, cela doit donner 2 mètres dans les parties basses. De plus, le fleuve charrie de tout, des objets emportés dans les maisons inondées tout au long du cours et même un cadavre. Certainement aussi des cadavres d’animaux. 

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Mercredi 4 novembre, le Rhône a baissé de 34 centimètres et le curé prend le pas sur le témoin ! C’est grâce à Marie que cela s’est produit, sans aucun doute pour le rédacteur des lignes et cela, grâce aux prières. Pourtant, le curé en veut aux Anconnais manifestement peu croyants et a affublé le village d’un adjectif que le lecteur (et propriétaire) du livret n’a pu admettre: « ingrat ». Retenons la bonne nouvelle: l’eau commence à se retirer.

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Le lendemain, le 5 novembre, une conséquence inattendue du retrait des eaux des maisons, c’est que les objets sont emportés. En plus d’avoir des logis dévastés, les Anconnais vont perdre les objets indispensables pour survivre. De plus, le tonnerre gronde, signe d’un phénomène climatique totalement anachronique. Mais pour le curé, à qui on laissera la responsabilité de ses propos, c’est un avertissement divin !

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Après cette narration détaillée des événements des jours les plus difficiles de la crue de 1840, le Curé va résumer la suite des choses avec cette décrue lente puis une seconde montée des eaux, moins importante mais tout de même conséquente puisque le 21 novembre la cote du fleuve n’est qu’à 60 cm du pic de crue du 3 novembre. A cette date du 21, cela fait 24 jours que toutes les maisons sont inondées. Et il faudra quelques jours encore pour que les eaux se retirent définitivement. L’hiver sera dur pour les Anconnais, abrités dans des maisons humides. Par la même occasion , l’auteur rend hommage aux sujets d’Ancone qui ont payé de leur temps et quelquefois en prenant des risques pour aider leurs prochains…

Comme cela s’est aussi produit pour une famille de l’île de la Conférence sauvée par son courageux voisin qui transporta les 5 personnes juste avant que leur maison ne s’écroule !

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Autant dire que les Suchon n’apparaîtront plus sur la liste des résidents de l’île de la Conférence lors du recensement de 1846 ! Une île de la Conférence terriblement secouée par cette catastrophe naturelle comme on peut le lire ci-dessous:

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400 mûriers arrachés (est-ce ceux dont le curé a déjà parlé ou cela fait-il 800 mûriers détruits en tout ?), les digues (en terre) rasées, les aires (de battage du blé) recouvertes d’un mètre de graviers amenés par la crue… Des mois de travaux de remise en état en perspective pour les malheureux habitants des lieux… mais tous les Anconnais étaient logés à la même enseigne !

Pour terminer ce propos sur cette crue de 1840, ce témoin discret de ce passé dramatique que nous ont légué les Anconnais d’alors, le repère de crue situé dans la rue de la Cardinale (près de la place des platanes)

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Une pierre taillée de plus d’un mètre 80, le menhir d’Ancone ! Cette pierre a été déplacée dans le passé, certainement pour la sauver au moment des travaux de la CNR dans les années 50. La trait de la hauteur d’eau est situé à 1 mètre 60 du sol… ce qui correspond aux chiffres donnés par le curé dans le livret… si l’on déplace par la pensée cette pierre sur la digue qui a disparu quelque part sous le canal de dérivation du Rhône.

A suivre:

Ancone et le Rhône, une cohabitation difficile: la crue de 1856 ou deux crues centennales en 16 ans ! (4/7)

d’après les documents présentées lors des Journées du Patrimoine en septembre 2015 et du livret prêté par Mme Veysseyre, descendante de témoins directs de cette catastrophe.

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ANCONE et le RHÔNE, une cohabitation difficile: la CRUE de 1840 en direct… ou presque (2/7)

Second article rédigé par mes soins, second d’une série de 7, parus dans le blog: Ancone Culture et Patrimoine

Le Rhône connut de tout temps des crues dévastatrices. Le problème est que les mesures de celles-ci ne sont apparues que récemment. Si bien que nous ne connaissons des catastrophes plus anciennes que par des textes les racontant, toujours subjectifs. Ce qui est sûr, c’est que la crue de 1840 est la plus forte mesurée à ce jour, très proche de celle de 1856. Elle reste bien présente avec de nombreux repères de crue que nous ont laissé les anciens. A Ancone, de plus, un écrit assez précis va vous permettre de connaître ce qui s’est passé. Il s’agit d’un petit livret de 32 pages rédigé par le curé de l’époque qui n’a pas signé son œuvre mais qui relate les faits.

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Nous sommes à l’automne 1840 et le Rhône va se mettre à « monter ».

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Les digues du Rhône sont rompues et environ 30cm d’eau envahissent les rues. Les anciens protègent leurs portes avec de petites protections et emmènent leurs chevaux « au sec ». Mais la pluie continue de tomber, ce qui ne présage rien de bon !

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L’affaire devient sérieuse puisque l’eau, dans les rues, est suffisamment hautes pour qu’on puisse se promener en barque (en barquot). On peut noter que par endroit, la digue est en terre et qu’elle ne résiste pas à l’eau ni aux billes de bois qui ont été emportées. N’oublions pas que le Rhône servait aussi à transporter du bois flottant. Dans l’île de la Conférence, la situation est sérieuse et les habitants doivent fuir. Encore faut-il qu’il y ait suffisamment de barques !

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On est passé de 30cm d’eau dans les rues, il y a 2 jours, à 80cm ce 31 octobre et même 1 mètre en fin d’article soit certainement cette hauteur dans les quartiers les plus bas. Les Anconnais n’ont pas anticipé ce phénomène exceptionnel et manquent de provisions. A leur décharge, cette crue sera exceptionnelle et les prévisions n’existaient pas ! Le curé rédacteur de cette chronologie est bien moins compatissant avec eux en rapprochant cette imprévoyance matérielle à, également, leur imprévoyance spirituelle !

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La partie empierrée de la digue du village (la partie en terre évoquée au second paragraphe devait protéger l’île) commence à se lézarder et les pierres de tomber. Une seule solution pour les familles: partir. Aussi les propriétaires de barques font-ils la noria entre le village et Montélimar pour mettre à l’abri femmes et enfants. La solidarité joue à plein et le curé-rédacteur est content car les hommes s’en remettent enfin à Dieu ! Sans plan Orsec, il ne leur reste peut-être plus que cela!

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Le rédacteur va remercier  la Sainte-Vierge qui a protégé le village puisqu’à l’issue de cette catastrophe,  il n’y aura pas de victimes à Ancone, contrairement à d’autres villages voisins. Mais pour l’heure, ce 1er novembre 1840 au soir, la situation est inquiétante avec le Rhône en furie. Alors, le curé ne peut que s’en remettre à Marie, tout en rendant hommage à 2 Anconnais dévoués: Bauzon et Manouas, le maire. Ils ne seront pas les seuls, on le verra plus loin. Car la solidarité est bien aussi importante que la Foi.

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En plus du Rhône en crue, le ciel continue à déverser des torrents d’eau avec ce violent orage tardif pour la saison, mais pas exceptionnel. Des murs de clôtures tombent ce qui ouvre de nouveaux passages à l’eau. Les femmes et les enfants du village fuient pour se rendre vers Montélimar où le Rhône ne les menacera pas, tandis que les patrons (les hommes) travaillent à protéger ce qui peut encore l’être… et à ravitailler ceux qui travaillent ! A un quart d’heure du village, c’est à dire vers Villepré dirait-on de nos jours, on peut marcher les pieds au sec.

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Bien que le rédacteur ait oublié de dater cette station 7 du calvaire d’Ancone (interprétation personnelle de la manière dont est présentée cette narration par le curé), on peut penser qu’on est lundi 1er novembre. Ce jour-là, le sous-préfet de Montélimar vient visiter les lieux et les habitants restants au village… en barquot (ou barcot) !  L’auteur le remercie chaleureusement, tout comme il rend hommage aux Montiliens qui transportent les réfugiés et les hébergent.

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J+5 pour cette crue réellement exceptionnelle. En effet, bien souvent, sur le Rhône, la montée des eaux est rapide puis la décrue arrive doucement. Là, cela fait 5 jours que l’eau monte…. et ça continue !  Il reste une quarantaine de personnes à Ancone sur 525 personnes recensées en 1836. On peut dire que le village s’est vidé. 9 maisons se sont écroulées dont on est sûr que 6 sont situées dans la rue de la Croix Blanche qui, à l’époque, partait de la place du platane pour aller à la place des platanes (extrémité de la Grande rue maintenant).

CRUE 1840 PLAN MAISONS TOMBÉES

C’est la pointe du village au plus près du Rhône, à l’endroit où celui-ci frappe les digues avec le plus de violence. 400 mûriers ont été renversés, certainement dans l’île de la Conférence, on en reparlera. A la catastrophe créée par les eaux présentes dans toutes les maisons… va s’ajouter une crise pour la sériciculture anconnaise.  

A suivre.

Ancone et le Rhône, une cohabitation difficile: la crue de 1840… en direct ou presque-suite- ! (3/7)

d’après les documents présentées lors des Journées du Patrimoine en septembre 2015 et du livret prêté par Mme Veysseyre, descendante de témoins directs de cette catastrophe.

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Il y a 100 ans jour pour jour: LE MIROIR du dimanche 26 novembre 1916

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(JOUR 847 DE LA GUERRE/1561 JOURS DU CONFLIT)

Nivelle à la une… contrairement à Sur le Vif, Le Miroir n’a pas fait sa mue. Rien de nouveau.

Dans la Somme comme à Douaumont, les conséquences des combats… des pertes importantes pour les Allemands. Telles ces images de morts dans les tranchées…

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que dans le fort lui-même où les gaz français ont fait le travail pour lesquels ils étaient prévus:

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Des images d’horreur moins horribles pour les rédacteurs puisqu’il s’agit d’Allemands.

Bien sûr les troupes britanniques ont avancé sur la Somme…

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jusqu’à l’Ancre. Elles ont encore fait des prisonniers allemands, pansés après avoir été fouillés.

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Dans le décor tourmenté de Douaumont, une pièce d’artillerie légère française  et des blessés attendant les secours, le 25 octobre dernier… il y a un mois.

Avant d’aller en Orient, une belle image d’Epinal en double page centrale. Une véritable photo de studio avec ces Poilus…

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bien propres, rassemblés autour d’un feu dans une église, se racontant des histoires de vieux grognards. Qui peut croire en ces photos montées ?

En Orient, les hommes du Génie vont avoir du travail pour réparer tous ces ponts détruits par les combats en Macédoine:

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Là-bas aussi, on nous annonce des victoires chimériques. Leurs conséquences…

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…des milliers de Bulgares faits prisonniers,…

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… des avions allemands ou autrichiens capturés, certainement après des ennuis mécaniques. Cela me fait penser à la série de BD Quintett se déroulant dans cet univers aéronautique oriental.

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Il y a 100 ans jour pour jour: SUR LE VIF du 25 novembre 1916

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(JOUR 846 DE LA GUERRE/1561 JOURS DU CONFLIT)

Une première de couverture bizarre pour ce numéro de Sur le Vif du 25 novembre 1916. Deux informations sur deux sujets différents: les cavaliers anglais de rendant au front… on se demande bien lequel car ils risquent d’être décimés s’ils pointent ainsi le bout du nez de leurs chevaux et plus sérieusement les tirailleurs sénégalais attendant leur embarquement après la prise de Douaumont. Bizarre !

La réponse est simple à ce changement de présentation de la une… Sur le Vif a effectué sa mue et la nouvelle version de cette revue est purement révolutionnaire par rapport à ce qui se faisait à l’époque.
Première nouveauté, le texte reprend une place importante au détriment des photos.

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Telle cette page sur la prise du fort de Douaumont où  le texte prend 1/3 de la page.

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Telle cette page sur la bataille de la Somme, pourtant commencé le 1er juillet et qui n’a pas fait beaucoup progresser la problématique de la Victoire !

Seconde nouveauté, l’apparition de la traduction en anglais des photos.

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La légende en français puis en anglais pour tous les documents iconographiques ! Sur le Vif vise-t-il un lectorat anglo-saxon en étant distribué dans les tranches britanniques ? Très certainement.

Troisième nouveauté, l’apparition du feuilleton.

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Ce n’est pas très nouveau dans la presse dans laquelle le feuilleton existe depuis la nuit des temps. Bien des romans incontournables de la littérature française furent au départ des romans-feuilletons de la presse. Sur le Vif se lance dans cette voie… en faisant disparaître au passage la triste page des… disparus (les familles recherchent…) !

Quatrième nouveauté. Tout à la fin du magazine, la page humoristique avec des petits sketchs et des dessins humoristiques… pour une fois moins anti-allemand (pardon anti-boche) que ce qu’on a pu lire antérieurement.

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Oui, la réponse est simple… Ils ont été dessinés sur le front par les poilus qui parlent de leurs problèmes !

Pour terminer, le gonflage d’un ballon à l’hélium.

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La réserve de gaz est impressionnante à côté de l’aire de gonflage !

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Le (petit) KIOSQUE de PRESSE DE 36: LE MIROIR DES SPORTS du 24 novembre 1936

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Une couverture du Miroir des Sports avec un cycliste, le champion olympique Robert Charpentier. Pourquoi donc ? Pas pour lui mais pour son conseiller présent à ses côtés, Paul Ruinart, un « fabriquant de champion » dont le titre va publier  dans les semaines qui viennent les mémoires.

Il faut dire que les compétitions cyclistes sont réduites en cette saison. Il y a bien du cyclo-cross en sous bois comme ici, près de Bondy…

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avec la course du Vert-Galant dont on voit également l’arrivée:

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Au Vel d’Hiv, les réunions se succèdent avec des routiers au chômage qui passent le temps sur le piste à la recherche de lucratives primes.

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En peignoir entre les épreuves !

Autre sport moins médiatisé par Le Miroir des Sports: la lutte.

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Des positions bien acrobatiques !

La boxe active (Le Miroir des Sports publie hebdomadairement les confidences de Marcel Thil) avec cette rencontre parisienne pour le Marseillais Ferrero battu par l’Espagnol Ortega.

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Un peu d’aviation avec le raid d’André Japy sur le « Simoun ».

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Il s’agit de cette course Paris-Hanoi-Tokio qui s’est terminé pour l’aviateur français…

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…par un accident tout près du but, l’avion planté sur le flanc d’une colline et une double facture de la jambe à la clé pour l’aviateur.

Les sports de saison maintenant: la suite du championnat de France de football avec la 12ème journée:

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La défaite de Strasbourg à Rennes permet au Racing de rejoindre les Alsaciens en tête du championnat avec 19 points.

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A la lecture des résultats, on voit que l’O.M. a battu la lanterne rouge Mulhouse en Alsace 2-1 et qu’il pointe à 4 points des premiers.

Retour au stade olympique de Berlin pour le match Allemagne-Italie (2-2) suivi par 100 000 spectateurs: la meilleure affluence sportive hors-Angleterre pour du football ! Décidément, le sport version IIIème Reich plaît beaucoup au Miroir des Sports.

Autre sport de saison: le rugby. Encore une journée du challenge du Manoir.

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Deux belles attitudes des hommes en pleine action:

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Stade Français-Section Paloise à Jean-Bouin 5-14.

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Une belle empoignade sur cette touche entre les 2 équipes.

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Il y a 100 ans jour pour jour: LA GUERRE PHOTOGRAPHIÉE du 23 novembre 1916

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(JOUR 844 DE LA GUERRE/1561 JOURS DU CONFLIT)

A la une de ce numéro à l’intérêt photographique peu important, un canon gigantesque des Britanniques. Il propulse sur les tranchées ennemies des obus de 850 kilogrammes. Terrible !

Non, ce numéro vaut surtout pour le supplément (une feuille recto-verso) avec des cartes de régions où les combats se déroulent actuellement. D’un côté,…

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la carte du front de la Mer du Nord au Luxembourg, front dont c’est au lecteur de tracer les positions des uns et des autres. Il en est de même au verso avec ces 3 cartes extrêmement plus précises.

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La région de Varennes, Vauquois avec cette célèbre butte, symbole de la guerre des mines. On est là à l’ouest de Verdun.

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Dans le Pas-de-Calais, aux environs d’Arras, la région de Lens et de Notre-Dame de Lorette, où les combats se déroulent au milieu du pays minier.

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A l’est d’Amiens, la Somme, théâtre de l’attaque britannique dont on nous parle depuis 2 mois.

Pour le reste, 2 vues originales de Roumanie avec le port de Constanza sur la Mer Noire…

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par où arrive l’aide russe…

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sur ces cargos. Nos alliés les Roumains !

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ANCONE et le RHÔNE, une cohabitation difficile: les cahiers de doléances (1/7)

Premier article rédigé par mes soins, premier d’une série de 7, parus dans le blog: Ancone Culture et Patrimoine…, suite à l’exposition des Journées Européennes du Patrimoine 2015 sur le thème: « Ancone et le Rhône pour le meilleur et pour le pire ».

On a déjà parlé en quelques occasions d’Anfos Martin et un de ses livres « Vieux écrits ».

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Dans ce livre, il consacre un article aux doléances des Anconnais envoyées à Necker, le ministre de Louis XVI, à la veille de la Révolution. Et les Anconnais se plaignaient du Rhône et des misères qu’il leur avait occasionné, il y a peu. Voici ce qu’écrivait en 1928 l’érudit (en majuscules ses propos et commentaires, en italique les écrits des Anconnais en 1789).

LE VILLAGE D’ANCONE A SOUVENT ÉTÉ MENACÉ DE DESTRUCTION PAR LES INONDATIONS DU RHÔNE. EN 1755, IL FUT COUPÉ ET EMPORTÉ EN PARTIE. EN 1789, DANS LA NUIT DU 14 JANVIER, IL FUT ENCORE À MOITIÉ DÉTRUIT. VOICI QUELQUES EXTRAITS DES DOLÉANCES QUE LES HABITANTS ADRESSÈRENT ALORS À NECKER QUI ÉTAIT MINISTRE.

La rigueur extraordinaire de cet hiver ayant formé dans le fleuve des glaces d’une épaisseur énorme, celles-ci, en fondant, ont causé un effroyable déluge. A la mi-janvier, le vent se mit à souffler avec violence : les glaces se brisèrent et la pluie fit monter les eaux du Rhône à une très grande hauteur. C’est dans la nuit du 14 qu’eurent lieu nos lamentables désastres.

En fermant nos portes, nous n’avions rien aperçu d’alarmant, mais quelques heures plus tard, au milieu de l’obscurité profonde, on entendit soudain un bruit extraordinaire causé par la débâcle des glaces, et des cris : « Au secours, au secours ! » retentirent aussitôt. L’eau avait envahi le rez-de-chaussée des maisons et le bétail bêlait, mugissait d’effroi. On se lève à la hâte, on prend sur ses épaules les enfants et les vieillards, les malades et les infirmes ; on veut fuir et les sauver… mais il n’y a pas d’issues ; toute la plaine environnante est couverte de plus de quatre pieds d’eau et le Rhône de plus en plus menaçant coupe le village en deux, emporte les maisons et menace celles où nous attendons la mort ! Qui pourrait décrire l’angoisse de cette nuit terrible !

Une lueur de salut ne commence à briller pour nous que le lendemain vers midi ; mais quel affreux spectacle, nous présentent alors nos arbres déracinés ou coupés par les glaces, nos semences perdues, nos terres ravinées et corrodées, nos bestiaux morts et nos maisons en ruines ! Vienne une crue même ordinaire et notre village sera détruit !

CETTE DESCRIPTION ÉMOUVANTE DONNE UNE IDÉE EXACTE DE TOUS LES MALHEURS D’ANCONE DEPUIS SA FONDATION. POUR PRÉVENIR CES MALHEURS, IL A FALLU REFOULER LE FLEUVE PEU À PEU, À L’AIDE DE DIGUES, VERS LA RIVE OPPOSÉE QUI EST HAUTE ET ROCHEUSE. CE TRAVAIL A ÉTÉ LONG ET COÛTEUX : IL EST À PEU PRÈS TERMINÉ ET LES GENS D’ANCONE PEUVENT MAINTENANT DORMIR TRANQUILLES.

Deux commentaires à ces propos:

1-Sur la nature de cette crue de janvier 1789. Il s’agit d’un épisode original, une crue soudaine due à la débâcle des glaces suite à une période de froid intense (le Rhône pris par les glaces !) doublée de pluies abondantes marquant ce redoux. Elle n’en a pas été moins destructrice. Ce qui a entraîné la colère des villageois et leur détresse. A noter que le pied (l’unité de mesure) faisant environ entre 30 et 32 centimètres, l’eau était montée de 1,20 à 1,28 mètre cette nuit-là, en quelques instants.

2-Dans la conclusion de ce bref extrait, Anfos Martin parle de la modification du cours du Rhône et des travaux entrepris au XIXème siècle pour l’éloigner d’Ancone. Nous en parlerons dans un prochain article, cartes à l’appui !

A suivre:

Ancone et le Rhône, une cohabitation difficile: la crue de 1840… en direct ou presque ! (2/7)

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Le (petit) KIOSQUE DE PRESSE de 36: LE MONDE ILLUSTRÉ du 21 novembre 1936

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Une couverture montrant une photographie d’un événement qui ne sera pas abordé dans le magazine: des bagarres entre grévistes et non-grévistes à Roubaix, arbitrée par les gardes mobiles. Les premiers occupent l’usine en grève, les seconds souhaitent travailler. 80 as plus tard, on pourrait voir la même scène.

La revue est parue un peu trop tard pour s’étaler plus longuement que dans l’éditorial sur le suicide de Roger Salengro…

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…ministre de l’Intérieur du Front Populaire, atteint par une terrible campagne de dénigrement de l’extrême-droite, on l’a lu dans Gringoire il y a quelques jours.

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Une extrême-droite capable de tout quand la gauche est au pouvoir, on peut le vivre depuis 4 ans.

Sous ce titre….

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…la bataille de Madris semble avoir commencé. Une carte des lieux pour que les lecteurs puissent comprendre de quoi il s’agit:

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Un communiqué de Franco annonce que les troupes franquistes ne sont qu’à 1 800 mètres des portes de Madrid et qu’il vaudrait mieux que la République se rende et lui laisse le pouvoir. En évoquant l’avenir et les responsabilités dont auront à répondre les Républicains devant les générations futures.

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On sait ce qu’il est et c’est plutôt Franco qui fut mis jusqu’à sa mort au banc des nations et son régime dénoncé par ses crimes contre l’humanité.

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Une vue aérienne de Madrid avec le Palais Royal sans souverain… et un quartier au premier plan semblant gravement endommagé… par les bombardements fascistes.

 Le Monde Illustré nous présente Hitler en gentil gentleman farmer en train de nourrir les chevreaux de sa propriété campagnarde de Berchtesgaden (avec un R oublié dans le titre !)

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Les camps de concentration « accueillent » les opposants au régime nazi depuis 3 ans maintenant.

A Moscou, c’est l’immense manifestation sur la Place Rouge…

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des troupes soviétiques pour le 19ème anniversaire de la Révolution d’Octobre que l’on nous présente. Avec la neige et sans le peuple.

La catastrophe de Saint-Chamas.

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L’explosion de la poudrerie le 16 novembre dernier a fait 53 morts et des centaines de blessés. Les dégâts sont considérables. Les autorités sont venues s’incliner devant les cercueils des victimes.

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Du plus léger pour finir:

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Football avec la victoire de Paris face à Budapest.

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Aviation avec le XVème Saon de l’Aéronautique du Bourget et des avions aux profils bien futuristes.

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La charade du jour, toujours aussi peu évidente !

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