Archives quotidiennes : 27/11/2016

ANCONE et le RHÔNE, une cohabitation difficile: la CRUE de 1840 en direct… ou presque (2/7)

Second article rédigé par mes soins, second d’une série de 7, parus dans le blog: Ancone Culture et Patrimoine

Le Rhône connut de tout temps des crues dévastatrices. Le problème est que les mesures de celles-ci ne sont apparues que récemment. Si bien que nous ne connaissons des catastrophes plus anciennes que par des textes les racontant, toujours subjectifs. Ce qui est sûr, c’est que la crue de 1840 est la plus forte mesurée à ce jour, très proche de celle de 1856. Elle reste bien présente avec de nombreux repères de crue que nous ont laissé les anciens. A Ancone, de plus, un écrit assez précis va vous permettre de connaître ce qui s’est passé. Il s’agit d’un petit livret de 32 pages rédigé par le curé de l’époque qui n’a pas signé son œuvre mais qui relate les faits.

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Nous sommes à l’automne 1840 et le Rhône va se mettre à « monter ».

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Les digues du Rhône sont rompues et environ 30cm d’eau envahissent les rues. Les anciens protègent leurs portes avec de petites protections et emmènent leurs chevaux « au sec ». Mais la pluie continue de tomber, ce qui ne présage rien de bon !

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L’affaire devient sérieuse puisque l’eau, dans les rues, est suffisamment hautes pour qu’on puisse se promener en barque (en barquot). On peut noter que par endroit, la digue est en terre et qu’elle ne résiste pas à l’eau ni aux billes de bois qui ont été emportées. N’oublions pas que le Rhône servait aussi à transporter du bois flottant. Dans l’île de la Conférence, la situation est sérieuse et les habitants doivent fuir. Encore faut-il qu’il y ait suffisamment de barques !

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On est passé de 30cm d’eau dans les rues, il y a 2 jours, à 80cm ce 31 octobre et même 1 mètre en fin d’article soit certainement cette hauteur dans les quartiers les plus bas. Les Anconnais n’ont pas anticipé ce phénomène exceptionnel et manquent de provisions. A leur décharge, cette crue sera exceptionnelle et les prévisions n’existaient pas ! Le curé rédacteur de cette chronologie est bien moins compatissant avec eux en rapprochant cette imprévoyance matérielle à, également, leur imprévoyance spirituelle !

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La partie empierrée de la digue du village (la partie en terre évoquée au second paragraphe devait protéger l’île) commence à se lézarder et les pierres de tomber. Une seule solution pour les familles: partir. Aussi les propriétaires de barques font-ils la noria entre le village et Montélimar pour mettre à l’abri femmes et enfants. La solidarité joue à plein et le curé-rédacteur est content car les hommes s’en remettent enfin à Dieu ! Sans plan Orsec, il ne leur reste peut-être plus que cela!

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Le rédacteur va remercier  la Sainte-Vierge qui a protégé le village puisqu’à l’issue de cette catastrophe,  il n’y aura pas de victimes à Ancone, contrairement à d’autres villages voisins. Mais pour l’heure, ce 1er novembre 1840 au soir, la situation est inquiétante avec le Rhône en furie. Alors, le curé ne peut que s’en remettre à Marie, tout en rendant hommage à 2 Anconnais dévoués: Bauzon et Manouas, le maire. Ils ne seront pas les seuls, on le verra plus loin. Car la solidarité est bien aussi importante que la Foi.

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En plus du Rhône en crue, le ciel continue à déverser des torrents d’eau avec ce violent orage tardif pour la saison, mais pas exceptionnel. Des murs de clôtures tombent ce qui ouvre de nouveaux passages à l’eau. Les femmes et les enfants du village fuient pour se rendre vers Montélimar où le Rhône ne les menacera pas, tandis que les patrons (les hommes) travaillent à protéger ce qui peut encore l’être… et à ravitailler ceux qui travaillent ! A un quart d’heure du village, c’est à dire vers Villepré dirait-on de nos jours, on peut marcher les pieds au sec.

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Bien que le rédacteur ait oublié de dater cette station 7 du calvaire d’Ancone (interprétation personnelle de la manière dont est présentée cette narration par le curé), on peut penser qu’on est lundi 1er novembre. Ce jour-là, le sous-préfet de Montélimar vient visiter les lieux et les habitants restants au village… en barquot (ou barcot) !  L’auteur le remercie chaleureusement, tout comme il rend hommage aux Montiliens qui transportent les réfugiés et les hébergent.

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J+5 pour cette crue réellement exceptionnelle. En effet, bien souvent, sur le Rhône, la montée des eaux est rapide puis la décrue arrive doucement. Là, cela fait 5 jours que l’eau monte…. et ça continue !  Il reste une quarantaine de personnes à Ancone sur 525 personnes recensées en 1836. On peut dire que le village s’est vidé. 9 maisons se sont écroulées dont on est sûr que 6 sont situées dans la rue de la Croix Blanche qui, à l’époque, partait de la place du platane pour aller à la place des platanes (extrémité de la Grande rue maintenant).

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C’est la pointe du village au plus près du Rhône, à l’endroit où celui-ci frappe les digues avec le plus de violence. 400 mûriers ont été renversés, certainement dans l’île de la Conférence, on en reparlera. A la catastrophe créée par les eaux présentes dans toutes les maisons… va s’ajouter une crise pour la sériciculture anconnaise.  

A suivre.

Ancone et le Rhône, une cohabitation difficile: la crue de 1840… en direct ou presque-suite- ! (3/7)

d’après les documents présentées lors des Journées du Patrimoine en septembre 2015 et du livret prêté par Mme Veysseyre, descendante de témoins directs de cette catastrophe.

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