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Le (petit) KIOSQUE de PRESSE DE 37: LE NOUVELLISTE du 24 janvier 1937

Le Nouvelliste, le quotidien lyonnais très à droite, on va le voir pour ce 24 janvier, un dimanche. C’est la raison pour laquelle le journal présente une première page spéciale comme cela arrive souvent, hors actualité, sur les Palais et tombeaux Algériens. De belles vues commentées.

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Le journal s’attaque au gouvernement de Front Populaire à travers les problèmes d’un fils du secrétaire général de la C.G.T., Léon Jouhaux, arrêté en Belgique pour des problèmes de trafic d’armes. Comme quoi toutes les occasions sont bonnes pour la droite. Après Salengro, on le sait.

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Après guerre, c’est Léon Jouhaux qui créera le syndicat Force Ouvrière, conséquence de la mainmise des communistes sur la CGT.

Le raid aérien de Marcel Doret suite…

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Le raid vient d’arriver pour une escale technique à Hanoi et suivant le titre, s’est envolé pour Tokyo. Sauf qu’on n’en est pas encore là ! On sait que l’avion a atterri à 5 heures 56. Le journal n’en dit pas plus. Comme le journal du 26 janvier, Le Temps ne s’intéressera pas à ce sujet, on peut dévoiler la fin de l’histoire. Les aviateurs Doret et Michelletti abandonneront à Hanoi.
Une dernière tentative aura lieu à la fin de l’été, la 4ème pour Marcel Doret. Le résultat sera le même que les 3 précédentes…: échec, ce coup-ci sur la plage d’une île à 500 kilomètres du but !

Passons à la guerre d’Espagne où Le Nouvelliste a le coeur qui penche pour les Nationalistes.

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Les fronts sont inactifs pour cause des intempéries sauf en Andalousie à la température plus clémente où les Nationalistes ont progressé vers Malaga.
Pour le reste c’est une charge en règle contre les Républicains et le Front Populaire…

La colonne de secours venant en aide à Malaga a tout brulé sur son passage, les églises bien entendu, mais aussi les auberges et les habitations.

Suite des « horreurs » républicaines:

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Massacre dans les prisons, …

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lettre de l’archevêque de Tolède insistant sur les assassinats commis par des communistes, êtres sans foi ni loi… Les Maures de Franco eux étaient plus cléments… quand on leur livrait une ville prise comme récompense de guerre !

Pour un peu, les bombes nationalistes tombant sur Madrid amèneraient amour et fraternité. La Nouvelliste nous en fera de semblable jusqu’en 1944 quand il disparut des kiosques pour faits de collaboration.

Un petit entrefilet sur Ancone (Drôme) où une valise remplie d’objets de maçonnerie a été trouvé par un certain Raoux et qu’elle attend son propriétaire chez le découvreur.

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RÉSISTANCE 1942 (22/23): 11 NOVEMBRE 1918-11 NOVEMBRE 1942 LES ANCIENS COMBATTANTS….

LES ANCIENS COMBATTANTS

DES DEUX GUERRES

APPELLENT LE PEUPLE DE FRANCE

À CÉLÉBRER DIGNEMENT LE 11 NOVEMBRE

en défilant devant les monuments aux morts

de nos viles et de nos villages

et à Paris devant le tombeau

du soldat inconnu.

Tel est l’appel lancé à l’occasion du 11 novembre 1942, moins d’un quart de siècle après l’Armistice de 1918 et la fin de la Première Guerre. Car, bien entendu, il est hors de question de célébrer cette date comme cela se faisait avant guerre. Les Allemands sont présents dans le mode de la France et dans le sud, le régime de Vichy ne souhaite pas fâcher ses « amis ».

Manifester devient quelque chose de périlleux et ce sont les organisations de gauche qui souhaitent continuer de commémorer ce qui, avant passait pour une fête nationaliste.

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Les revendications des signataires du petit tract clandestin, Le Comité des Anciens Combattants des deux guerres adhérents au Front National de lutte pour l’indépendance de la France:

1° Pour exiger que le 11 novembre 1942 soit jour férié comme par le passé.

2° Pour organiser la riposte aux décisions éventuelles des traitres de Vichy supprimant la Fête de la Victoire, en appelant les ouvriers, employés et fonctionnaires des administrations publiques à ne pas aller travailler le 11 novembre et à faire de ce jour un jour de grève patriotique.

3° Pour organiser le 11 novembre prochain devant les monuments aux morts de nos villes et de nos villages le défilé des patriotes avec à leur tête les anciens combattants des deux guerres arborant fièrement leurs décorations

4° Pour organiser le défilé de la population de Paris et de la banlieue devant la tombe du soldat inconnu, place de l’Etoile.

Telles sont les revendications politiques de ce 11 novembre, plus tournées vers la lutte contre le régime de Vichy que contre l’occupant allemand.

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Que se passa-t-il ce jour-là ? Certainement quelques manifestations patriotiques ici et ailleurs quand le rapport de force permettait aux militants progressistes de sortir du bois.
Mais l’Histoire a retenu de ce 11 novembre 1942, c’est l’invasion de la zone sud par la Wehrmacht et les troupes italiennes. Devant le débarquement en Afrique de Nord, les Allemands ne pouvaient laisser la côte méditerranéenne dépourvue de défenses. Cela allait en traîner le sabordage de la flotte française à Toulon et l’occupation de notre région par les forces de l’Axe: la Drôme et le Vaucluse par les Italiens, l’Ardèche et le Gard par les Allemands.

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RÉSISTANCE 1942 (21/23): TRACT-JOURNAL LA VIE OUVRIÈRE n° 109 du 17 octobre 1942

Un tract de 2 pages (1 feuille recto-verso) ronéotypées, un journal: La Vie Ouvrière, organe de la CGT qui perdure de nos jours, feuille clandestine en 1942. Une date: celle du 17 octobre 1942, une consigne: NE JETEZ PAS CE JOURNAL. FAITES LE CIRCULER.

Pour commencer, un long article en guise d’éditorial, rappelant le drame du 22 octobre 1941, un an auparavant, l’assassinat par les Nazis des otages de Châteaubriant.

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Voici le texte de cet article.

 Le 23 octobre 1941, le peuple de France apprenait que les boches venaient d’assassiner 48 otages de Chateaubriant. L’indignation, la colère, la soif de vengeance, tels furent les sentiments qui s’installèrent dans le cœur de chaque patriote.

En lisant les noms des fusillés, tous les travailleurs de France firent le serment de les venger. C’est eux en effet, qui étaient surtout frappés. Stülpnagel et Pucheu qui fut chargé de désigner les otages, manifestaient leur haine de la classe ouvrière en massacre ses plus honnêtes et ses plus fidèles défenseurs. Secrétaire de fédération, dirigeants de grands syndicats, élus du peuple, des cités ouvrières, constituaient le plus gros contingent des 48 victimes.

Deux jours après, 50 otages furent exécutés à Bordeaux et ce fut la même haine des masses populaires qui précipita leur choix. Depuis, des milliers de patriotes français ont été massacrés. Parmi les hommes comme d’Estienne d’Orves des intellectuels, des savants, toujours figurent en grand nombre des militants ouvriers. Avec Domisse, Brunet et des dizaines d’autres ; Pillet, secrétaire de la fédération du bâtiment, Pourrouault des produits chimiques, des dizaines de secrétaires de syndicats et de délégués ouvriers ont payé de leur vie leur fidélité à la classe ouvrière et leur patriotisme. Tous sont morts en héros, clamant leur foi et leur idéal, leurs certitudes qu’ils seront vengés et que la France serait purgée des envahisseurs et des traîtres.

La vengeance a commencé. Des centaines de Boches pont payés de leur sang le sang de nos martyrs, des traîtres ont reçu le châtiment mérité et qui attend tous leurs congénères, des cheminots ont saboté les transports, envoyé des trains de munitions et de soldats boches dans les remblais, pour venger Sémard et Catelas, les métallos ont saboté, brisé des machines en souvenir de Timbaud, des détachements de francs-tireurs qui portent des dons glorieux : « Timbaud », « Simard », « Péri », « Catalas », « Cadras » etc.… ont exterminé des ennemis. Le souvenir de nos martyres et la haine sacrée de leurs assassins guident leur bras.

La mort glorieuse des héros en a fait surgir de nouveaux par milliers, dont le courroux s’apaisera que lorsque le dernier coupable aura payé, lorsque le dernier Boche aura été chassé de notre sol.

La vengeance comme moteur de la lutte. Oui, le tract oublie un peu l’idéologie mais il est plus facile de mobiliser en évoquant les crimes de l’autre qu’en faisant de la politique. D’ailleurs, en dessous de ce long éditorial, apparaissent 2 sujets de mobilisation immédiate:

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La lutte pour éviter à des jeunes ou des ouvriers de partir travailler en Allemagne et la réussite de la prochaine grande manifestation contre les Nazis et Vichy: faire tout pour célébrer le futur 11 novembre 1942, 24 ème anniversaire de l’Armistice. On en reparlera dans le prochain tract !

Au dos, une série de brèves sur 2 colonnes: les actions des ouvriers dans les usines, les ateliers ici et là.

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Des mouvements dans des usines de la couronne parisienne où le syndicalisme et la politisation des masses sont importants: chez Hotchkiss à Saint-Denis, chez Matra à La Courneuve, chez Gnome & Rhône-Kellermann, chez Citroen à Clichy, chez Babcock à La Courneuve, chez Rateau, à la Lorraine à Argenteuil, chez Chausson, à la S.I.P.A. de Neuilly, P.M. dans le 15ème arrondissement de Paris, chez Alstom à Lecourbe, chez Unic, aux Compteurs de Montrouge, chez Salmon et Voisin, à la S.I.F.: des protestations, des débrayages, des grèves…

Dans la seconde colonne, le tract explique comment organiser une grève pour qu’elle réussisse en évitant l’intervention des forces de l’ordre, la police française. Ainsi est-il faire référence à ce qui se passa en 1936. Voici les 4 commandements de l’organisateur d’une manifestation de ce type:

1-Organiser l’occupation des ateliers, bloquer les issues, organiser leur défense.

2-Prévenir immédiatement les entreprises voisines et les inviter à se joindre au mouvement. Par tous les moyens et surtout en envoyant des courriers, prévenir le plus d’entreprises possibles.

3-Alerter la population des quartiers proches de l’usine pour qu’elle soutienne la grève de l’extérieur.

4-Dans les circonstances présentes, la défense de la grève dans les usines exige la constitution de groupes spéciaux de combat avec des camarades décidés et connaissant bien l’usine. Avoir un objectif de désarmer l’ennemi qui menace et retourner ses armes contre lui.

En 1936, la puissance du mouvement, la rapidité de son extension, mirent les forces policières dans l’impossibilité d’intervenir efficacement. Il faut en être de même aujourd’hui.

À l’action avec courage et audace ! L’heure est venue de combattre et de faire échec à l’ennemi et au traître.

Métallos parisiens ! N’oubliez pas qu’en 1936 vos grèves avec occupation ont sonné le branle-bas dans tout le pays. Aujourd’hui encore tous les yeux sont fixés sur vous.

Un appel à la résistance dans les usines.

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RÉSISTANCE 1942 (19/23): BULETIN D’INFORMATION- 9 OCTOBRE 1942

Avec une « jolie » faute d’orthographe dans le titre de ce feuillet 1 du BULLETIN D’INFORMATION du 9 octobre 1942. Certainement un document interne au Parti Communiste clandestin qui va informer les militants du déroulement de la guerre et en particulier de la bataille de Stalingrad qui oppose la Wehrmacht à l’Armée Rouge.

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 La bataille de Stalingrad que le rédacteur de l’article compare à Verdun en double, voire plus. Les Allemands avaient massé 1 million d’hommes devant Verdun, ils sont là 2 millions devant Stalingrad. A Verdun, ce fut un déluge de feu tiré par l’artillerie. A Stalingrad, en plus de l’artillerie, ce sont les chars et les avions qui pilonnent la ville.
Toujours est-il que cette résistance inattendu des Soviétiques contrarie grandement l’état-major allemand qui espérait atteindre ses objectifs avant l’hiver. Un hiver qui s’annonce terrible pour la Wehrmacht. Si terrible que les Nazis ont lancé en Allemagne des collectes humanitaires pour venir en aide aux soldats sur le front de l’Est. Ce premier article se termine par ces mots:

La guerre entre peu à peu dans une phase qui ne promet rien de bon aux Allemands.

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Second article daté du 5 octobre pour parler de Stalingrad attaqué depuis 63 jours. L’article veut tordre le cou aux mensonges fascistes qui annoncent que le trafic sur la Volga est interrompu.  Au contraire, une contre-attaque de l’Armée Rouge appuyée par les canonnières de la Volga a permis de faire reculer les Allemands.

Quant à l’avancée des Soviétiques dans les steppes au nord de la ville, elle est irrésistible malgré la politique de la terre brûlée pratiquée par les Nazis et elle coûte entre 2 000 et 3 000 hommes par jour à la Wehrmacht. Une véritable hécatombe !

Le reste de l’article fait le point sur d’autres secteurs de cet immense front russe: Mozzok dans le Terek, Novorossisk sur la Mer Noire, Rjev au centre, Zenia…. près de Leningrad (la bordure gauche de l’impression est défectueuse et oblige à déchiffrer le texte, ce qui est délicat quand il s’agit de noms propres), en Finlande et sur mer où les Russes ont coulé un gros transport allemand dans la Baltique.

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A la suite de cette description du front russe, un petit texte intitulé COMMENT ON PEUT SABOTER pour raconter des sabotages commis par des ouvriers en Hongrie dans une usine sidérurgique ou en Hollande dans une fabrique de conserves. Certainement un message à l’adresse des ouvriers français.

Les 3 autres pages de ce bulletin d’information se présentent comme une succession de brèves de quelques lignes chacune sous le titre NOUVELLES DU MONDE ENTIER.

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Tout d’abord en France.

Une ruse de Laval pour envoyer de la main d’oeuvre jeune en Allemagne: la propagande de Vichy pour que ces jeunes entrent dans des écoles d’apprentissage… qui se trouvent… en Allemagne !

Le ralliement de l’Ambassadeur de France en Hongrie à De Gaulle.

La nouvelle cachée par la presse à la solde  de Vichy et des Nazis: celle de l’arrivée d’un convoi d’ouvriers venant d’Afrique du Nord. Il s’agit d’anciens combattants de l’Espagne Républicaine jusque là prisonniers dans des camps de concentration en Algérie et livrés par Vichy aux Allemands… certainement en route pour Mauthausen.

La création de l’escadrille aérienne de la France Libre Normandie-Niemen.

L’arrestation d’Hériot suivant les Allemands. Il doit s’agit d’Edouard Herriot (une autre faute dans ce patronyme), le maire de Lyon qui fut placé en résidence surveillé en septembre 1942 puis interné dans un asile d’aliénés près de Nancy.

L’URSS reconnaît le Comité National Français comme seul organe de la Résistance Combattante française.

Après ces informations françaises, viennent des nouvelles du monde entier sur 2 pages.

En Allemagne, il est fait état d’exécutions d’opposants au Nazisme que essaient de reconstituer des mouvements politiques interdits dont bien sûr le Parti Communiste… dans ce bulletin communiste.

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Des nouvelles de Pologne, Tchécoslovaquie, Finlande (avec 2 -décidément il n’y a pas eu relecture des feuillets-), Albanie, Grèce où, de partout des patriotes résistent les armes à la main aux Allemands et Italiens (en ce qui concerne l’Albanie).

Même chose en Yougoslavie où les partisans ont réalisé un gros coup en s’emparant de nombreuses armes et munitions. Partisans qui ont été rejoints par des prisonniers de guerre français détenus en Autriche qui se sont rebellés et évadés pour rejoindre les Maquis titistes.

Grève chez les ouvriers des usines d’aviation en Hollande et travail forcé décidé dans ce même pays pour tous les jeunes de plus de 18 ans.

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Suite de ce tour du monde en dernière page.
En Hongrie, ce sont toutes les femmes de 14 à 70 ans que se voient dans l’obligation de travailler pour le Reich. Incendies dans des usines textiles et entrepôts proche de Budapest suite aux bombardements de l’aviation soviétique.

En Amérique, aux Etats-Unis, ce sont des manifestations qui parcourent les milieux syndicaux et ouvriers dans tout le pays pour revendiquer l’ouverture d’un second front, un leitmotiv communiste, pour soulager le front de l’Est. On peut y lire cette phrase, choquante aujourd’hui:

A Los Angeles, tous les habitants, les blancs comme les nègres, ont signé un télégramme envoyé au Président Roosevelt… 

Pourquoi nègres au lieu de Noirs qui pourtant et le pendant naturel de Blancs.

Pour terminer, même revendication en Angleterre, des syndicats des usines d’aviation, des fabriques d’armes et des pompiers de Manchester comme des fonctionnaires de Liverpool pour l’ouverture de ce second front… on en reparlera souvent dans ces documents communistes.

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TOUR DE FRANCE 1909: c’est L’HUMANITÉ de JAURÈS qui raconte l’étape NÎMES-TOULOUSE.

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On avait déjà montré une Huma. à l’époque où le rédacteur en chef était Jean Jaurès parlant d’une étape des premiers Tours de France, ceux de l’ère héroïque d’avant-Grande Guerre. Aujourd’hui, c’est l’Humanité du DSCN2751 que nous allons présenter. L’éditorial Chassons-les! est de Amilcare Cipriani. La photo de la une illustre la chute en Manche de l’aviateur Hubert Latham, dans une traversée de cette mer cinq jours avant que Louis Blériot ne laisse son nom pour la postérité dans le même exercice. Au milieu de la photo, un ver de grenier a laissé sa trace !

Autre titre de cette une, le procès intenté par l’état contre le syndicat des postiers qu’il juge illégal. Aucune loi n’encadre les syndicats de fonctionnaires. C’est Jaurès lui même qui vient témoigner pour la défense des accusés et on imagine sa voix de tribun prononcer en fin de son audition: l’aube de la légalité existe déjà pour le syndicat des postiers et la poursuite gouvernementale est le crépuscule de la répression. 

Allons en 4ème page pour lire l’article sur cette 8ème étape Nîmes-Toulouse du Tour de France 1909 disputée la veille. Le Tour comptait 14 étapes seulement et longeait les frontières de l’hexagone.  Les étapes étaient conséquentes, des rallyes de 251 à 415 kilomètres (!) ce qui obligeait les organisateurs d’octroyer un jour de repos par étape. Les courses ne se déroulaient que les jours impairs du mois de juillet! Cette étape Nîmes-Toulouse était longue de 303 kilomètres.

Voici la relation des faits, sur 2 colonnes du journal:

DSCN2752 DSCN2753 Jean Alavoine, le vainqueur à Toulouse, débutait dans le cyclisme de haut niveau cette année-là et allait inscrire son nom 17 fois au palmarès des vainqueurs d’étapes du Tour: 2 en 1909 dont celle arrivant à Paris en plus de celle de Toulouse, 3 en 1912, 1 en 1914, 5 en 1919, 3 en 1922 et autant en 1923. Une longévité sportive à la « Poulidor » mais il faut tout de même ne pas oublier que sa carrière connut une interruption de 4 ans entre août 1914 et 1919 !

Une interruption qui fut fatale au vainqueur du Tour 1909, le Luxembougeois François Faber, engagé dans la Légion Étrangère et qui disparut (au sens premier du terme d’ailleurs) le 9 mai 1915 à Berthonval (Pas-de-Calais).

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La fiche matricule de François Faber…

qui rata d’une roue la victoire à Toulouse pour cause d’une chute sur le fil qui lui coûta la victoire.

A noter que la narration du reporter est des plus succinctes. Il se contente de donner les passages au points importants du parcours: Montpeller (km 49), Béziers (km 126), Carcassonne (km 209) et à l’arrivée, sur les Allées (?) où se pressent 15 000 personnes pour la presse.

A noter également que le vainqueur du jour à mis 10h10 pour parcourir les 303km au programme. Soit à presque 30km/h de moyenne… un bel exploit vus l’état des routes et le peu d’avancée technique des montures !

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RÉSISTANCE 1942 (15/23): journal clandestin LA VIE OUVRIÈRE (CGT) de septembre 1942.

Un numéro spécial de La Vie Ouvrière de septembre 1942. La V.O. est le bulletin d’information de la CGT qui existe toujours de nos jours. Mais sa distribution sous le manteau en zone occupée comme sa lecture en septembre 1942 était beaucoup plus risquée que de nos jours. La Une est d’ailleurs un appel sans équivoque à la lutte armée:

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Mort aux traîtres ! Mort aux Boches ! le message est clair. C’est un appel à lutter autant contre les Allemands que contre les hommes de Vichy emmenés par Laval et qui envoient des travailleurs français en Allemagne à la demande des vainqueurs.

Ce titre fait clairement allusion à la manifestation du 20 septembre 1942, célébrant le 150ème anniversaire de la Victoire de Valmy. On en a parlé récemment avec des petits tracts, des flyers appelant à cette action.

DSCN2281Ce n’est pas encore le S.T.O. qui ne sera institué qu’en février 1943. Mais « la Relève » inventée par Laval en juin 1942 fut un échec avec seulement le départ de 17 000 ouvriers pour le Reich. Aussi en réponse aux demandes de Fritz Sauckel, le « négrier de l’Europe », chargé par les Nazis d’amener de la main d’oeuvre européenne pour remplacer les hommes sur les fronts, Laval va créer en septembre 1942 la conscription obligatoire qui ne marchera que dans la zone occupée. Elle sera très impopulaire en zone sud avec en particulier des grèves à Oullins dans le Rhône.

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Un petit pavé qui met en avant la grève d’ouvriers luxembourgeois pour refuser le travail obligatoire imposé par les Allemands.

En seconde page, ce petit article qui dénonce les hommes de la CGT ou d’autres syndicats qui participent à la commission chargée de choisir les ouvriers à envoyer en Allemagne:

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Des mots très durs: traîtres, marchands d’esclaves, agents de l’ennemi, complices des assassins des militants ouvriers (dont Pierre Semard).

DSCN2283Un autre petit article pour rendre hommage à deux morts, amis de la V.O. assassinés par les Nazis. Deux intellectuels communistes:

Jacques Salomon, physicien, gendre de Paul Langevin qui est à l’initiative de la Résistance des Intellectuels, fusillé au Mont-Valérien le 23 mai 1942.
Georges Politzer, philosophe, lui aussi dans le même réseau que Jacques Salomon connut le même sort: arrestation par les Brigades Spéciales de la Préfecture de Police (des Français) et assassinat au Mont-Valérien le 23 mai 1942.

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Appel à la lutte armée des ouvriers dans le sillage des Francs-Tireurs, l’organisation de Résistance communiste… surtout que Métallos, Cheminots et Mineurs ont tous des camarades à venger. Des actions des résistants ouvriers sont citées dans un autre petit mot: dans la Nièvre, à Paris chez Esder chez Gnome-et-Rhône et d’autres lieux, Brest, Nancy, Bordeaux, Tarbes, Annemasse, Sotteville,  Saint-Pierre-des-Corps, dans le Nord. Tout cela dans la zone administrée par les Occupants !

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La page 3 est beaucoup plus politique avec une analyse des raisons de lutter contre la Charte qu’a adopté le régime de Vichy pour régler les rapports entre ouvriers et patrons sous un système corporatiste à la manière du régime fasciste de Mussolini. Ainsi la Voie Ouvrière comme les syndicats clandestins CGT et CGTU, les syndicalistes chrétiens préparent la riposte à des textes que Vichy semble vouloir activer.

DSCN2287D’ailleurs, en haut de page suivante, un petit mode d’emploi pour contourner la mise en place des délégués (suivant la Charte) et leur faire prendre en compte les revendications ouvrières. N’oublions pas que ces délégués des ouvriers et employés étaient nommées… par les patrons !

Des revendications que l’on peut retrouver en tant de paix:

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Des revendications salariales…

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Des revendications pour améliorer le quotidien… !

Les mérites de l’unité d’action des syndicats, chose vite oubliée en période de moins difficile:

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DSCN2289Un petit article pour donner en exemple les actions collectives des ouvriers ici et là:

-à La Ciotat, grève chez les métallurgistes.

-près de Paris, débrayages dans des chantiers,

-à Brest, grève à l’Arsenal,

-actions chez des entreprises métallurgiques parisiennes pour augmenter les salaires, en particulier dans l’aéronautique chez Bréguet.

Enfin, un article qui interpelle que celui-ci:

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Les Nazis et les hommes de Vichy diffusent de « fausses » Vie Ouvrière vantant les mérites de la Kollaboration et dans lesquelles signent des « traîtres » au mouvement ouvrier, anciens syndicalistes reconvertis à la Collaboration. Avec la perspective de marks triomphants encore en 1942, cela peut se comprendre !

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La première page de cette revue, au format à l’italienne, crise du papier oblige

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RÉSISTANCE 1942 (11/23): quand le PARTI COMMUNISTE appelait à l’aide les SYNDICATS CLANDESTINS

Un tract clandestin  de 1942 titré ainsi:

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Une lettre ouverte aux militants syndicaux de tous bords. La C.G.T. étant très proche du P.C.F. on peut penser que ce tract s’adresse en priorité aux militants chrétiens de la C.G.T.C., première appellation de la C.F.T.C.

C’est aussi un appel aux militants communistes particulièrement désorientés depuis 2 ans par l’attitude mouvante de leur parti: collaborationniste en soutenant le pacte germano-soviétique puis résistant après Barbarossa. Certains dirigeants communistes rejoignirent d’ailleurs la collaboration et Doriot qui fut l’un des leurs. C’est le cas d’Albert Clément, assassiné en juillet 1942 alors qu’après avoir été rédacteur en chef de La Vie Ouvrière, il tint le même rôle au Cri du Peuple organe du P.P.F. C’est ce détail qui me permit de dater ce document.
L’adversaire est tout d’abord clairement identifier, c’est Laval, le chef du gouvernement de Vichy qui applique les ordres d’Hitler.

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On y dit qu’il n’hésite pas à faire fermer les petites et moyennes entreprises récalcitrantes à la collaboration. On y dit aussi qu’il affirme vouloir la victoire des Nazis ce que l’Histoire lui a toujours prêté.

Face à cette attitude isolée, le tract met en garde les ouvriers de ne pas devenir les alliés des desseins funestes de l’homme de Vichy.

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La suite liste des hommes des anciens syndicats démocratiques que Vichy a interdit qui rejoignirent le camp de Laval:

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On y cite Déat, Doriot, de Dumoulin, Desphilippon, Lafaye…

En contrepartie, la suite du tract énumère les noms de syndicalistes éliminés pour ne pas avoir suivi les ordres de Laval…

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C’est à Timbault, Semard, Michels, Granet, Pillet, Poulrage, Vercruysse, Perrouault que les militants syndicaux doivent essayer de ressembler… tous assassinés par la Gestapo ou les hommes de Vichy.
Car la fin du tract est aussi une menace claire à l’encontre de ceux qui seraient trop conciliants avec Vichy.

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La défaite des Nazis approchent (au second semestre 1942, ce n’était pas acquis) et ceux qui se comporteraient en  larbins de Vichy seront poursuivis pour trahison, après la guerre.

La conclusion du tract est claire:

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Clément (dont on a parlé plus haut) a simplement subi trop tardivement le sort qui attend tous les individus de son espèce. Clair !

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Le tract-lettre ouverte dans son intégralité.

à suivre numéro spécial de l’Humanité d’août-septembre 1942 

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