Dernier volet sur cet attentat terroriste du 09 octobre 1934 sur la Canebière à Marseille.
Revenons à ce n° 242 du Miroir du Monde du 20 octobre 1934 et en particulier à l’image de sa couverture:
18 ans avant cet événement, le prince Alexandre pas encore roi visitait le front français vers Verdun en présence du président de la République Raymond Poincaré et du général Joffre. Le titre de cette photo Trois grands figures disparues s’explique par le fait que si le roi vient de mourir le 9 octobre 1934 à Marseille, les 2 autres personnes sont aussi décédées: Joffre en 1931 et Poincaré tout récemment, le 15 octobre 1934. Dans leurs lits, bien entendu, car bien plus âgés que le roi.
D’ailleurs, l’actualité se bousculant pour le contenu de ce magazine, 3 pages sont consacrées à la carrière de Raymond Poincaré qui vient de décéder.
Mais c’est tout de même les suites de l’assassinat du roi Alexandre 1er de Yougoslavie et de Louis Barthou qui occupent le plus de place.
Tout d’abord, les obsèques nationales du ministre des Affaires Etrangères Louis Barthou…
du Quai d’Orsay aux Invalides pour la partie officielle avant l’inhumation dans l’intimité familiale au Père Lachaise.
Pour les obsèques du Roi de Yougoslavie et pour comprendre la situation dans les Balkans, Le Miroir du Monde n’ hésita pas à envoyer un de ses reporters sur place, dans les heures qui suivirent le drame de Marseille.
En Croatie, à Zagreb, car beaucoup pensent que l’attentat est l’oeuvre de séparatistes croates, les Oustachis. Mais le reporter couvre aussi les obsèques du roi. Sa dépouille fut ramenée à Split par le même « Dubrovnik » que la Roi avait utilisé à l’aller.
(photo en bas, l’accostage du « Dubrovnik » à Split.
Puis, c’est la traversée de la ville…
jusqu’à la gare où un train spécial attend le cercueil du roi pour le emmener à Belgrade.
Pas d’images des obsèques à Belgrade qui ne doivent pas avoir eu lieu tout de suite, la dépouille du roi devant être présenté au peuple plusieurs jours. Par contre, plusieurs articles essaient de comprendre les raisons de ce drame. En Croatie, en Dalmatie, où les mouvements anti-serbes sont puissants, on nous montre des locaux dévastés par une explosion…
comme à la poste de Sarajevo. Les bombes bien souvent arrivent de l’étranger et explosent grâce à des minuteurs d’horlogerie bien réglés.
Le journaliste y va de son reportage dans des groupes dissidents comme ceux-ci…
qui semblent plus folkloriques que méchants touchez, ceux-là….
les fameux comitadjis bulgares dont on a déjà parlé dans certaines revues couvrant la Grande Guerre.
Alors que la police française privilégie la piste croate, celles des hommes d’Ante Pavelic (Pavelitch dans la revue)…
le journaliste n’écarte pas la piste du mouvement séparatiste bulgare, l’O.R.I.M., l’Organisation Révolutionnaire Intérieure Macédonienne, la V.R.M.O. en Bulgare, ce qui s’avère être aujourd’hui la piste la plus plausible.
D’ailleurs, en bas de cette page, ci-dessus, dans ce petit tableau, l’identité réelle de l’assassin de Marseille est révélée. Le passeport au nom de Pétrus Kelemen appartenait bien à Gueorguiev Tchernozemski qui n’avait rien à voir avec les Oustachis croates.
On parle aujourd’hui de Vlado Tchernozemski ou Cernozemski.
Pas mal les travaux des reporters du Miroir du Monde, Michel Gorel, Claude Izabert et Geo-Ch. Véra !