14 juillet 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP du BARCARÈS

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

14 juillet 1939.

Aujourd’hui, c’est la Fête Nationale Française et pour les détenus du camp, c’est aussi jour de fête pour de ce qu’elle représente: la fête de la Liberté. Eux combattants de la Liberté, se sentent concernés par ce jour de fête, même derrière les barbelés du camp et les ressentiments face à l’accueil des français et leurs conditions actuelles.

Aussi la Marseillaise est reprise en coeur par tous les prisonniers comme par les militaires qui les gardent. Les descamisados (sans chemises) qu’ils sont se sentent très proches des sans-culottes de la prise de la Bastille.

Au moment du défilé militaire près de la port du camp, les drapeaux tricolores français côtoient les drapeaux tricolores républicains espagnols et les scènes de fraternisation sont nombreuses. Il y a même eu un concours de pavoisement des îlots du camp et celui de Eulalio finit second.

Quant au repas du jour, l’ordinaire a été amélioré avec des pêches au sirop en dessert et du vin rouge en abondance. Certains en abuseront.

Avec un ami Mediavilla, Eulalio va rendre visite à un ami hospitalisé près du camp et en mauvais état. Au retour, ils boivent un verre à un café et discutent de l’avenir. Mediavilla aimerait se joindre à Angel, Nùnez et Eulalio dans leur projet d’évasion pour rejoindre Paris, mais ce ne sera pas pour tout de suite puisqu’Angel vient d’être emprisonné pour s’être battu avec un gendarme ivre qui l’insultait.

Au camp, les hommes discutent par petits groupes tandis que la fête des Français continue à l’extérieur.

Deux hommes qui faisaient partie de la colonne Durruti en 1936 parlent de la mort de celui-ci. L’un soutient qu’il a été tué par un ami Paquirri par accident tandis que l’autre affirme qu’il fut assassiné par un milicien en fuite incapable de contrôler sa peur. (Presque 80 ans plus tard, on n’en sait guére plus).

Un homme venu dans la baraque d’Eulalio souhaite retourner en Espagne, à Santander. Mais de là-bas, on lui a conseillé de ne pas venir. Les prisons sont pleines de républicains. Beaucoup ont été fusillés et des condamnations à mort tombent tous les jours. Le cimetière est plein de tombes anonymes. La répression franquiste bat son plein. (Une étude récente fait état de 1336 victimes républicaines dont 809 fusillés au cimetière de Ciriego à Santander de l’été 1937 à 1939- Source: « Républicains espagnols en Midi-Pyrénées- Exil, histoire et mémoire). Eulalio imagine que sa tombe était prête dans ce lieu s’il n’avait pas fui.

A suivre le 16 juillet…

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