Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…
25 juillet 1939.
Eulalio se lève de bonne heure pour faire sa lessive. Mais c’est dur de laver du linge avec l’eau du puits qui a une odeur pestilentielle.
Le Gouvernement Français a promulgué en avril dernier une loi que les gens du camp espèrent voir appliquée. Les étrangers sont en quelque sorte astreint à un service dans les Compagnies de Travail d’une durée égale à celui des Français au service militaire. Malgré la perspective d’un travail pénible peu rémunéré (mais rémunéré tout de même), tous les internés attendent avec impatience de pouvoir enfin sortir pour être actifs.
Les bruits circulent dans le camp: bientôt la guerre, bientôt les Socialistes Français de retour au pouvoir… On appelle cela « Rodio Chabola ».
Ce qui est beaucoup plus réel, ce sont les histoires racontées par les occupants d’une barque échouée du côté du Barcarès. Ils racontent la répression franquiste en Espagne, le million de détenus, les milliers d’exécutions quotidiennes.
Un ami quitte le camp: Joaquim Toyos. Pour Eulalio c’était un brave homme qu’il considérait comme son père depuis le départ de celui-ci. Par contre, en raccompagnant un autre ami à sa baraque, il assiste à une scène très dure. Un homme avec le front en sang, maintenu par les autres. Il essayait de se suicider ayant appris les décès de sa femme et de son fils du côté de Bordeaux, écrasés par un camion.
Eulalio se rappelle que le 25 juillet c’était la fête de Santiago à Santander. Moment de nostalgie avant de s’endormir.
A suivre le 7 août…

