Il n’est pas rare de trouver dans les vide-greniers des cartes de rationnement qui avaient cours pendant la Seconde Guerre Mondiale et les années qui suivirent. On en trouve aussi dans les affaires des anciens et je vous en présenterai dans quelques temps pour ma famille proche. A cette époque, TOUT manquait !
Plus rares car plus reculées dans le temps à une moment où l’exode rural ne venait que juste de commencer, les cartes de rationnement datant de la Première Guerre Mondiale ! En voilà 2 datant de 1920 et distribuées à Lyon, présentées ici et plus tard.
Deux considérations avant d’aller plus loin.
La France de 1914-18 n’était pas complètement occupée et sous le joug ennemi (allemand). Donc la production française dans les territoires éloignés du front bénéficiait totalement à la France, ce qui ne fut pas le cas 20 ans plus tard, les occupants se servant de celle-ci pour leurs besoins.
La France de 1914-18 était beaucoup plus rurale qu’en 1940 et la production locale auto-suffisait plus facilement au ravitaillement des gens habitant en marge des grands agglomérations.
Toutefois, on le lit très bien sur la quatrième de couverture de cette carte de rationnement, 2 matières premières vitales (ou considérées comme telles) manquaient à la France des grandes villes:
le SUCRE et le CHARBON.
Pourquoi ? Car ces deux produits venaient en grande partie des régions sous la botte allemande ou proche du front. Les champs de betteraves du nord et l’est de la France étaient dévastés par la guerre et les combats. Nombre de sucreries avec leurs grandes cheminées étaient détruites. Car le sucre utilisé à l’époque était du sucre de betterave plus que du sucre de canne. Les Antilles étaient loin et les sous-marins allemands redoutables !
Quant au charbon, les mines des bassins du Nord de la France comme celles de l’Est étaient sous le joug allemand ou sur la ligne de front et ne bénéficiaient à personne car bien des infrastructures étaient à reconstruire. Ce seront les réparations des dommages de guerre que devront verser les vaincus aux vainqueurs, clauses prévues par le Traité de Versailles qui s’en chargeront.
Voici donc l’intérieur de cette carte avec les coupons du dernier trimestre 1920 qui n’ont pas été utilisés. La crise du sucre était certainement terminée dans l’agglomération lyonnaise… Pas dans l’esprit des gens car, par la suite, à chaque crise internationale importante, le sucre était dévalisé des magasins. Ainsi dans les années 70, la guerre du Kippour avec son choc pétrolier eut pour conséquence des rayons « sucre » de supermarchés français faisant grise mine, alors que, logiquement, c’était plutôt l’essence qui était susceptible de manquer !
La carte présentée ci-dessus était une carte adulte (les A des angles) valable dans l’agglomération lyonnaise.


