Dans le Petit Marseillais du 20 juillet, on commence à y voir un peu plus clair sur la situation en Espagne. Bien que le journal (comme Le Temps d’hier) continue d’appeler ces événements des émeutes, on sait qu’il s’agit bien d’une rébellion militaire dirigée par Franco qui vient de se déclarer au Maroc et que le territoire de cette colonie échappe au contrôle de la République.
Une phrase du gros titre de la une fait comprendre que l’Espagne vient de basculer dans la guerre civile:
Le (nouveau) ministère Giral, formé aussitôt après (la démission du gouvernement Quiroga- photo ci-dessous), décide d’armer les forces ouvrières contre les factieux.
En lisant entre les lignes, on peut comprendre que la rébellion ne se limite pas au Maroc car, si cela était le cas, les militaires des casernes de la péninsule seraient suffisants pour combattre quelques milliers d’hommes de Franco.
Sous le titre La réussite du mouvement insurrectionnel est complète au Maroc, on sent même une certaine forme de jubilation du journal face à ce qu’il arrive, Le Petit Marseillais en 1936 étant nettement très conservateur.
En page intérieure, on peut lire dans la rubrique Dernière Heure, une série de communiqués provenant de diverses sources et faisant le tour de ce que pourrait être la situation en Espagne au troisème jour de la rébellion, une situation très compliquée.
Un communiqué parle 18 500 rebelles autour de Franco. De durs combats auraient eu lieu suivant des témoins fuyant en zone française. On parle de combats aériens au Maroc, de fuites d’avions vers l’Espagne (des aviateurs n’ayant pas suivi les ordres de Franco). Il y a aussi des mouvements insurrectionnels dans des casernes du continent: à Barcelone, Séville, Malaga mais des bruits courent que Jaen et Grenade serait aux mains des rebelles. Confus mais gravissime !
La vue de Melila de la première page où des combats se dérouleraient.
Le Tour de France qui arrive pourtant bientôt dans la zone de diffusion du Petit Marseillais est relégué en bas de page devant l’actualité espagnole.
Pourtant, c’est le grimpeur espagnol Ezquerra qui avait brillé tout au long de la traversée des Alpes qui vient de l’emporter sur la Côte d’Azur.
L’étape Nice-Cannes ne consistait pas en une promenade de santé sur la Côte d’Azur mais, comme cela se faisait régulièrement à l’époque, commençait par une boucle dans le très montagneux arrière-pays niçois, la fameuse boucle de Sospel et le non moins fameux col de Braus, route en lacets impressionnante. C’est pour cela qu’on désignait cette étape sous le nom de Nice-Sospel-Nice-Cannes.
Ezquerra fit donc le trou dans l’arrière pays niçois et conserva son avance jusqu’à Cannes au prix d’un joli effort solitaire à plus de 50km/h. Derrière, Vervaecke, Maes, Magne et consort se livrent une farouche bagarre sans inquiéter le grimpeur espagnol devenu rouleur.

























