Archives quotidiennes : 18/04/2025

RÉSISTANCE ARDÈCHE- LA DESTRUCTION DU PONT DE VIVIERS DANS LA NUIT DU 24 AU 25 AOÛT 1944

INTRODUCTION

Les ponts du Rhône pendant la Seconde Guerre Mondiale
 
Du 20 juin 1940 au 02 septembre 1944, tous les ponts du Rhône et de la Saône, de la Camargue à la ville de Lyon comprise, vont subir des destructions. Rares sont les ouvrages qui en sortiront indemnes. Les destructions se feront en deux temps et trois mouvements
 
Du 20 au 24 juin 1940, les troupes allemandes s’approchent de la vallée du Rhône par le nord. L’Armée française ne pouvant les bloquer sur le terrain, décide de détruire les ponts du Rhône et de l’Isère. Le Génie va dynamiter les ponts de Vernaison à Viviers. Fin du premier épisode le 24 juin. La majorité des ponts va pouvoir être réparée avant le début du second épisode.
 
En préambule au débarquement de Provence du 15 août 1944 et durant la seconde quinzaine d’août, l’aviation anglo-américaine avec l’aide quelquefois de la Résistance locale, va détruire les ponts d’Arles à Saint-Vallier. La population civile va beaucoup souffrir des effets collatéraux de ces attaques aériennes peu précises !
 
Après la Bataille de Montélimar, le gros des troupes allemandes se trouve dans le nord de la vallée du Rhône. De Saint-Vallier et jusqu’au nord de Lyon, les choses s’inversent. Ce sont les Allemands qui souhaitent voir l’avance des Alliés retardée. Ce sont eux qui dynamitent avec plus ou moins de succès et les ponts du Rhône et de la Saône à Lyon.
 
Pour les amateurs de statistiques… 
Dans le Delta, Arles compris : sept ponts et deux bacs. Six ponts et un bac détruits. A noter toutefois que les ponts suspendus de Fourques, Saint-Gilles et Sylvéréal et le bac du Sauvage l’ont été par les Allemands et non les Alliés.
Dans la vallée, du nord d’Arles à Vernaison : vingt-neuf ponts, vingt-huit détruits, la charge explosive posée par les Allemands sur le viaduc ferroviaire de Payraud n’ayant pas eu l’effet escompté.
A Lyon, sur Saône et Rhône confondus, trente ponts, seulement deux intacts par le courage d’un Résistant.

NARRATION DE LA DESTRUCTION DU PONT SUSPENDU DE VIVIERS SUR LE RHÔNE PAR UN COMMANDO AMÉRICAIN AVEC L’APPUI DU MAQUIS

Dans la nuit du 24 au 25 juillet 1944 et sous le commandement de Pierre Fournier, un groupe de l’O.G. américain avec le Capitaine Rick et douze hommes, le Groupe Franc Crespy se rendent au pont de Viviers. Le plus effaré dans l’affaire est le cantonnier habitant près du pont à qui son ingénieur dit qu’il faut déménager dans les 20 minutes… car on va « faire sauter » l’ouvrage. Que de questions ont pu défiler dans la tête du brave homme qui n’a reçu jusque-là que des consignes rigoureuses de surveillance et d’entretien ?

A 0h30 les câbles sont coupés à l’explosif après que les artificiers US aient fait leur travail. Encore mieux, le platelage touchant l’eau empêche tour passage.

Ainsi les vedettes rapides allemandes de Méditerranée seront vouées à la reddition ou la destruction, en les empêchant de repartir par la voie utilisée pour arriver : Rhône- Saône- Canal du Rhône au Rhin.

Comme il reste de l’explosif disponible, la même équipe détruit, dans la même nuit, le pont ferré sur la Route Nationale 86 à 4 kilomètres au sud de Viviers. Une partie des poutrelles du pont est tombée sur la route. C’est une autre coupure sur cette voie tant malmenée.

Bravo, dit Alger, pour cette opération.

Texte extrait de Montagnes ardéchoises dans la guerre

de Louis-Frédéric Ducros, tome III, page 212.

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06 AOÛT 1944- LE POUZIN ANÉANTI PAR UN BOMBARDEMENT AMÉRICAIN

Quarante-quatre personnes ont péri sous les bombardements, en août 1944, au Pouzin. Ce bourg du Centre-Ardèche, situé en vallée du Rhône, était un point stratégique. Avant et après le débarquement en Provence, les Alliés avaient repéré, depuis longtemps, des cibles. Mais, larguées à très haute altitude, les bombes ont aussi détruit ou endommagé de nombreux bâtiments civils.

Il est 10 heures 47, le 6 août 1944. Une première vague de vingt-sept bombardiers B17 surgit dans le ciel. Des tonnes de bombes explosives sont larguées pour détruire le pont ferroviaire et le dépôt de carburant. C’est le deuxième bombardement sur Le Pouzin depuis quelques jours. Le plus important et meurtrier. À cette heure-ci, des fidèles catholiques et protestants prient à l’église et au temple.

Le témoignage qui suit a été recueilli par l’association pour la recherche du patrimoine du Pouzin, présidée par le docteur François Auzas.

Déjà, beaucoup d’enfants sont rassemblés dans l’église pour ce premier dimanche du mois. Soudain, un grondement sourd, prolongé… Des explosions et, tout de suite, on apprend que le quartier de la gare et le pont à La Voulte viennent d’être bombardés. Panique ! Le père-curé Serre fait sortir ses paroissiens, raconte André Blachier. Et d’ajouter : Tel un vol de cormorans, de gros avions, entourés par d’autres plus petits, brillants au soleil, passent au-dessus de nos têtes. Aussitôt après, d’autres vagues passaient et détruisaient l’église et le sud de l’agglomération.

Dans l’ordinateur du médecin se trouvent de très nombreuses photos du bombardement, dont celles prises par les pilotes des avions alliés. Il les montre à la Pouzinoise Claude Poupier, 85 ans : Ce jour-là, les pilotes ont manqué leurs cibles. Mais ils étaient tellement hauts, remarque l’octogénaire. Dans un trou, avec son père, elle est tétaniséeLa peur m’avait totalement bloquée et paralysée, souffle-t-elle. Sa seule hâte était de retrouver sa maman : Elle était partie à la montagne, pendant que nous étions allés chercher des ramières pour notre chèvre et de l’herbe pour les lapins.

En moins d’une heure, l’église, le temple ainsi que les écoles sont entièrement détruits, et 250 maisons sont endommagées. Alice Arnaud, disparue depuis, se confiait il y a quelques années : Comment oublier le bruit des avions, le sifflement infernal des bombes, les cris des blessés, le désespoir des familles ayant perdu l’un des leurs, le désespoir de tout un village devant les ruines des maisons ? » Et de préciser : Comme moi, beaucoup d’anciens ne peuvent tirer un trait sur un tel désastre.

Après le bombardement du 6 août, de nombreux habitants ont décidé de partir. Claude Poupier et ses parents ont, eux, abandonné leur maison après le 16 août. Ils se sont réfugiés sur les hauteurs, à Rompon. Un jour, on a observé une bataille aérienne. C’était impressionnant ! s’exclame-t-elle.

Le bilan s’est alourdi par la suite, avec la découverte d’autres cadavres. Le grand clocher de l’église catholique était tombé exactement sur un des paroissiens qu’on ne retrouvera que trois mois plus tard, en déblayant le tas de pierres énormes, écrit le pasteur Brémond.

Le 11 juin 1949, la commune reçoit la Croix de Guerre. Le président de la République, Vincent Auriol, s’adresse alors aux habitants : Vous avez supporté, stoïques et patients, car vous saviez que c’était la condition de votre libération, les bombardements des alliés qui détruisirent les réservoirs et le pont du Rhône. La proximité de votre village lui valut d’être rasé presque en sa totalité, offert ainsi en holocauste au salut de la Patrie.

Le traumatisme est resté ancré longtemps chez les Pouzinois, à l’instar de Claude Poupier : « Pendant des années, j’ai eu peur du bruit des avions, même des bruits d’artifice. »

Article du Dauphiné Libéré du 06 août 2014. Robin Charbonnier.

Vue du pont du Pouzin en juillet 1940 (détruit par le Génie français)

Autre témoignage sur le bombardement du 06 août 1944 au Pouzin.

Ce jour-là, je gardais mon troupeau sur les crêtes des bois de Bressac qui dominent la vallée du Rhône. J’ai vu arriver 50 ou 60 bombardiers avec des chasseurs venant des Coirons. Ils ont tourné vers La Garde-Rompon, ils ont lâché des rubans métalliques su Saint-Cierge-le-Serre puis les bombes sur Le Pouzin d’où je vis délever un nuage de poussière. 

Julien Boissier de Saint-Vincent-de-Barrès, rapporté dans le tome III de « Montagnes ardéchoises dans la guerre » de Louis-Frédéric Ducros, page 260.

Le 15 août est une tragique journée : la région du Pouzin est écrasée sous les bombes alliées. Un peu avant 11 heures, Le Pouzin subit un troisième bombardement : 27 bombardiers B17 lancent 80 tonnes de bombes, de 7 000 mètres, visant un dépôt d’essence qui est touché mais poursuivent la destruction de la cité.

Même source, page 308.

Bilan des trois bombardements alliés du Pouzin d’août 1944 : 44 morts, des centaines de blessés dont 8 grièvement, 250 immeubles endommagés dont 161 totalement détruits. 

Le Mémorial du Pouzin, sur la route de Privas, installé seulement en 2014 ! Les Américains étaient nos alliés en 1944 !

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MAI-AOÛT 1944 – BILAN HUMAIN DES BOMBARDEMENTS AMÉRICAINS DANS LA VALLÉE DU RHÔNE

Bombardement de la ville d’Arles et du pont par les B26 de la Mediterranean Air Force Photographie vers le 20 aout 1944. ©Usis-Dite/Leemage

On a dénombré dans les nombreuses attaques alliées dans la vallée du Rhône…

  • Arles : deux raids, 35 morts et 38 blessés ;
  • Beaucaire-Tarascon : pas de bilan établi, 11 raids, 2 morts et 6 blessés le 25 juin ;
  • Avignon : 535 morts et 1200 blessés le seul 27 mai, plus de 600 morts et des milliers de blessés au total, après 37 bombardements (un tous les deux jours). On avait creusé des tranchées devant les remparts aux Allées de l’Oulle comme abris pour les habitants de la vieille ville ;
  • Pont-Saint-Esprit : le 15 août, 19 morts, de nombreux blessés ;
  • Bourg-Saint-Andéol : 3 raids, le dernier, celui du 15 août fait 146 morts, plus de 350 blessés ;
  • Le Pouzin : 3 raids, le plus meurtrier, celui du 06 août, en tout 44 décès, des centaines de blessés dont 6 grièvement; 250 maisons sinistrées dont 161 totalement détruites ;
  • La Voulte : 2 raids, 6 morts ;
  • Valence : 2 raids, celui du 15 août, 280 à 300 morts, une vingtaine de morts aux Granges et celui du 18 août, 20 morts à Valence ; encore 20 morts et 200 blessés le 29 août (mais causé par l’explosion d’un wagon de munitions allemand) ; quelques victimes également à Granges-les-Valence.
  • Saint-Vallier : le 16 août, 96 morts et 220 blessés pour détruire des ponts sur la Galaure qui ne seront pas touchés, plus tard, ce sont les résistants qui empêcheront la destruction des mêmes ponts, les ordres ayant changé entre-temps et ce sont les Allemands qui détruiront le pont sur le Rhône !
  • Lyon : le raid du 26 mai 1944, 717 morts, 1129 blessés, 25 000 sinistrés. Parmi les secouristes, les pompiers perdront 2 hommes et 13 blessés; la Défense Passive, une vingtaine de morts.

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