Archives quotidiennes : 12/11/2014

MONUMENT AUX MORTS d’ANCONE (Drôme): les MORTS pour la FRANCE de la GRANDE GUERRE

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Ancone en 1914 était une toute petite commune de mariniers et paysans. Elle était peuplée seulement de 342 habitants suivant le recensement de 1911. C’est pour cela que la liste des Morts pour la France ne comporte que 23 noms. Mais si l’on transpose cela en pourcentage, c’est considérable puisque cela représente pas moins de 6,7% de la population alors que la moyenne nationale doit tourner autour de 3% et que dans les communes rurales les plus touchées, ce pourcentage monte à 4%, 4,5%.

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Toutefois, après des recherches dans les listes des Morts pour la France des Archives militaires du fort de Vincennes mises en ligne depuis 2003, seulement 17 noms apparaissent de manière sûre avec un petit doute pour Romain Chareyre. Yvon Faure, Philippe et Victor Hilaire, Abel Landreaud, Raoul Martin et Paul Perrin n’ont pas de fiche ou s’il en existe une, elles ne semblent avoir aucun rapport avec Ancone et la région. A l’instar de Philippe Hilaire:

hilaire philippe

qui correspond à un ardéchois du Cros-de-Géorand.

Cette recherche complétée par un petit tour dans le cimetière d’Ancone va permettre  de réduire cette liste de 2 unités: Yvon Faure et Abel Landraud ont bien leurs noms inscrits sur des tombes, le premier correspondant à cette fiche…

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faure yvon

sur laquelle Ancone n’apparaît pas,

le second, mort longtemps après la fin de la guerre (1932), n’ayant peut-être pas été pris en compte par l’Armée.

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On peut constater à la lecture de la liste que le graveur a eu quelques petits problèmes… d’ordre alphabétique… Brun-Bonnet, Cheynet-Chareyre, Jules-Henri, J-H-G…

De plus, n’oublions pas que les listes du fort de Vincennes ne sont pas forcément complètes (pour preuve les 95 000 fiches ajoutées pour le 11 novembre 2014), que des erreurs peuvent s’être produites ici et là. Cette recherche sera affinée dans les prochaines semaines.

Donc ces petites considérations se feront sur 19 noms: Alcide Bonnet, Paul-Joseph Brun, Etienne-Clovis Cheynet, Baptiste-Romain Chareyre, Georges Decoux, Yvon Faure, Paul Genest, Gabriel Gourjon, Adrien, Henri-Jules;, Jules Hilaire, Gustave James, Abel Landraud (sur le peu de chose que l’on connaît de lui), Victor Malosse, Joseph Merlin, Gabriel Perrin, Marcel Quézel-Crasaz, Jean-Philippe Louis Salomon et Fortuné Vernet. Ce qui donne un taux de morts de 5,5%, ce qui est très important.

bonnet alcide

chareyre romain

Baptiste Romain Chareyre sur lequel un doute persiste mais qui a été comptabilisé.

Première remarque, le lieu de naissance des Poilus.

9 sont d’Ancone (ou 10 si l’on compte Abel Landraud) et 4 de Montélimar, 1 de Savasse et 1 de Chateauneuf-du-Rhône soit 15 ou 16/19 de l’Agglo. Baptiste Romain Chareyre et  Victor Malosse viennent d’Ardèche, le premier de Lachamp-Raphaël et le second du Cros-de Géorand en Ardèche, près du lac d’Issarlès, où l’exode rural doit l’avoir poussé vers notre  village de la vallée du Rhône. Yvon Faure est né à Saint-Etienne.

malosse victor

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Les classes d’âge des tués. 

Assez également répartis, les Morts d’Ancone appartiennent à 13 classes différentes échelonnées de 1876 à 1898 (personnes âgées de  16 à 38 ans en 1914). Seule la classe 1882 eut à déplorer 3 morts et celles de 1880, 1893, 1896 et 1897, 2. Les autres disparus sont nés en 1876, 1884, 1885, 1887, 1888, 1889, 1892 et 1895.

vernet fortuné

Fortuné Vernet, le doyen des Morts d’Ancone, tué à l’âge de 38 ans et 2 mois… et les benjamins

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Marcel Quézel-Crasaz qui, lui, n’eut pas la chance de fêter ses 20 ans, fauché par la tuberculose pulmonaire à 19 ans et 6 mois.

Les dates des décès. Bizarrement, c’est en début et surtout en fin de guerre que les Anconais tombèrent au front: 6 au début, 12 sur la fin.

Les 6 premiers mois du conflit virent donc partir 6 enfants d’Ancone: 2 en août 1914, lors des grands massacres du début de guerre, 1 en novembre 1914 puis 3 en janvier 1915.

Puis pendant 2 ans, de mi-janvier 1915 à mi-janvier 1917, aucun funeste télégramme ne parvint au Maire de l’époque. L’année 1917 vit partir 6 soldats et la reprise de la guerre de mouvement fut fatale à 6 autres. A noter que 3 d’entre eux disparurent à moins d’une semaine de l’Armistice. Toutefois, dans cette période et on le verra plus loin, plus de la moitié succomba suite à des maladies, ce qui fait moins de tués-disparus-suite à des blessures en 1917-18 qu’en 1914-15.

perrin gabriel

Gabriel Perrin décéda de maladie 1 semaine avant l’Armistice.

james gustave

Gustave James succomba à ses blessures 2 jours plus tard, à 5  jours du 11 novembre… deux jours avant Romain Chareyre (fiche ci-dessus) qui décéda le 8 novembre.

Enfin comme on l’a lu plus haut sur sa plaque, Abel Laudraud décéda suite à ses blessures en 1932.

Les lieux et causes des décès.

6 soldats moururent de maladie et 5 des suites de leurs blessures soit plus de la moitié des Morts anconnais: en hôpital ou ambulance (7) et 3 chez eux (Marcel Quézel-Crasaz à Ancone, Romain Chareyre à Montélimar et Abel Landraud probablement chez lui). Hôpitaux près des combats (illisible dans la Somme, à Nancy, à Giromagny -Territoire de Belfort-, à Chatel -Ardennes-, à Royallieu -Oise-) ou plus éloigné (hôpital de Saint-Mandé -près de Paris- ou à Béziers)…

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Georges Decoux à Toulon où il avait été rapatrié suite à une maladie contracté sur le front d’Orient (camp retranché de Salonique, les Dardanelles).

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Jean-Philippe Louis Salomon est mort à Saint-Mandé d’une double pneumonie en 1918.

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Sur sa plaque au cimetière, son prénom devient Louis-Jean.

Les maladies ne sont indiquées que pour 3 d’entre eux (double pneumonie pour Louis Salomon, tuberculose pulmonaire pour Marcel Quézel et cirrhose et épistaxie pour Fortuné Vernet). On peut penser que parmi les autres, la grippe espagnole doit avoir frappé.

8 Poilus sont donc morts lors des combats, 6 fiches partant la mention « Tué à l’ennemi » comme celle de Paul Genest

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tué à Lihons dans la Somme lors de l’épisode de la « course à la mer » et la stabilisation du front.

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Quant à Paul Joseph Brun et Adrien Hilaire, leurs restes n’ont pas été retrouvés et leurs fiches portent la mention « disparu »…

brun paul joseph

Paul disparut dans l’Aisne à Berry-au-Bac fin mai 1917. C’est dans cette commune que furent utilisés pour la première fois les chars de combat, un mois avant la mort de notre concitoyen ( le 16 avril 1917)… ce qui ne fut pas franchement une réussite.

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 Adrien disparut du côté de Saint-Dié dans les Vosges 3 semaines après le début de la guerre, le jour où la ville fut occupée par les Allemands.

Ces Anconnais sont morts sur un peu tous les fronts de l’est et du nord de la France: 1 en Alsace près de Colmar, 1 dans les Vosges, 2 dans la Meuse (le ravin de la Couleuvre près de Verdun et la célèbre Cote 304), 1 dans la Marne (au Mont sans nom), 1 dans l’Aisne (au nord de Vauxaillon) et 1 dans la Somme.

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Les fiches des 2 Anconnais morts du côté de Verdun.

Les unités dans lesquelles ont servi ces hommes…

Comme pour ceux de Caderousse, c’est essentiellement de la chair à canon qu’a produit la terre d’Ancone: 11 dans l’infanterie dont 2 chez les Chasseurs à pied et 1 chez les Tirailleurs de Marche. 3 hommes ont servi dans l’artillerie, 1 chez les Chasseurs Alpins et 3 dans le même 4ème régiment du Génie comme sapeur-mineur:

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merlin joseph

Gabriel Gourjon et Joseph Merlin ont tout deux servi comme Marcel Quézel-Crasaz dans le Génie, leurs fiches ayant été rédigées par le même scribe.

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La plaque tombale de Merlin Joseph très abîmée mais que tout le monde peut voir quand il passe rue Delpech devant le Monument aux Morts puisqu’elle est adossée à l’arrière de la chapelle, à côté de celui-ci (hors cimetière). La lecture du nom est délicate, on devine le mieux l’inscription « Mort pour la France ».

…et leurs grades.

Pas d’officiers chez les anconnais, les hommes du rang étant les plus nombreux: 14 2ème classe ou chasseur (9) ou cannonier (2) ou sapeur-mineur (3), 1 1ère classe. 3 sous-officiers: 1 homme est devenu caporal, Jules Hilaire (ci-dessous) sergent et Gustave James adjudant-chef.

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La saignée de la Grande Guerre et la grippe espagnole firent perdre 31 habitants au village entre les recensements de 1911 (342) et 1921 ( 311). La population du village stagna dans ces chiffres bas jusqu’aux années 50. C’est alors que l’aménagement du Rhône amena un premier apport de population nouvelle. Le nombre d’habitants décolla vraiment dans les années 60 en bénéficiant de la proximité du village avec  Montélimar.

Les Visages de 2 Poilus anconnais

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Adrien Hilaire (à gauche) et Henri Hilaire (à droite)

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certainement des frères.

Revenons au Poilu Alcide BONNET.

bonnet alcide

Françoise Keledjian nous a indiqué qu’il appartenait à sa famille, du côté de sa mère, Mme Goujon, épouse de l’ancien maire d’Ancone. La famille est originaire de l’Île Blanc, commune de Rochemaure mais sur la rive gauche du Rhône, ancienne ferme qui n’a pas été gommée par les travaux d’aménagement de la CNR dans les années 50.

On voit que ce soldat a été tué en Alsace au début de la guerre, pendant ce terrible mois d’août 1914. Son unité prit part aux combats victorieux qui permirent un moment de reprendre une partie de l’Alsace. Dans le site:

http://www.chtimiste.com/batailles1418/alsace1914.htm#alsaceoffensive2

on nous raconte le combat où il perdit la vie le 22 août, à quelques kilomètres de Colmar, à Ingersheim:

Le 22 août, ils livraient le sanglant combat d’Ingersheim.

Ce dernier village, situé à 3 kilomètres de Colmar, est protégé au sud par le cours de la Fecht. La route de Colmar à Ingersheim franchit la rivière sur un pont de pierre. Puis elle longe la rive sud de la Fecht, bordée par une sapinière. Ensuite, des vignes touffues s’étendent jusqu’à Logelbach, faubourg de Colmar.

Dès 7h heures du matin, une batterie allemande de 210 bombarda le front d’Ingersheim et les rives de la Fecht.

A 11 heures, les colonnes allemandes débouchèrent de Colmar par la route clé Kaiserberg. Elles se heurtèrent devant Turckheim aux 2e et 3e compagnies du 30e bataillon, et ne purent forcer le barrage. Mais l’attaque gagna par le nord. L’ennemi, sous le couvert des sapins, s’infiltra jusqu’à Ingersheim.

La lutte fut meurtrière. Les 12e, 5e et 28e bataillons contre-attaquèrent furieusement les troupes bavaroises.

Ingersheim fut pris et repris à trois reprises. Les 5e et 28e bataillons culbutaient enfin l’aile droite ennemie et la rejetaient sur Colmar. Ingersheim flambait. A l’aube, le 28e bataillon atteignait la barrière de l’octroi de Colmar. Nous organisions défensivement la vallée de la Fecht.

Ainsi, à l’extrême gauche, nous nous trouvions aux abords mêmes de Colmar; à l’extrême droite, au sud d’Altkirch, les cavaliers de la 14e brigade de dragons et les fantassins du 242e régiment d’infanterie étaient installés à Hirsingen et à Ilirtzbach. De lIll au Rhin, la voie semblait ouverte à l’Armée d’Alsace.

 Malheureusement, le 22 août, la 2e Armée brisait ses efforts sur les défenses de Morhange; sa retraite entraînait le repli de la 1e Armée, qui abandonnait le 23 août le Donon et le col de Saales. L’Armée d’Alsace ne pouvait plus rester en flèche. La bataille des frontières était finie ; nous l’avions perdue.

Un sacrifice inutile puisque les Français durent se replier sur une ligne de front plus à l’ouest, ligne qui ne bougera presque plus jusqu’au 11 novembre.

Alcide Bonnet fut dans un premier temps enterré sur place puis son corps fut ramené à l’arrière avant d’être inhumé définitivement au cimetière militaire du Wettstein, au coeur de la forêt vosgienne à Orbey.

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Il y a 100 ans jour pour jour: LA GUERRE ILLUSTRÉE du 12 novembre 1914

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(JOUR 101 DE LA GUERRE/1561 JOURS DU CONFLIT)

Les fantassins belges sont à l’honneur sur cette une, cachés derrière des broussailles, pas tout à fait des tranchées comme le dit la légende.

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Des destructions à Creil datant peut-être de la bataille de l’Aisne

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et une vue d’Ostende, le grand port et ville de villégiature de la mer du Nord en Belgique que les Allemands n’ont pas pu prendre… mais où la vie ne doit pas être aussi sereine que ne le montre la photo !

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Un peu d’exotisme avec des troupes venus de bien loin, des troupes indiennes dit le texte, venant des Indes puisque ressortissants de sa Majesté George V à l’époque. Ce sont les mêmes troupes que l’on avait vu du côté du Prado et du parc Borély, il y a quelques semaines.

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La page d’humour féroce et peu amusant

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et une carte des terres entourant la Mer Noire pour suivre, à la lecture des communiqués officiels sur les journaux,  l’évolution de la guerre entre la Russie et la Turquie.

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