La forme du carnet a changé*, le blason espagnol surmonté de l’aigle trône en grand en couverture mais, alors qu’en France, le rationnement a disparu en 1949, la population espagnole continue de souffrir de la malnutrition. Certes, si ce carnet a été trouvé ainsi aux puces de l’Encant à Barcelone, c’est que son propriétaire ne s’en est pas servi à l’époque. En effet, la date de 1952 correspond à peu près à la fin de la période de rationnement, 13 ans après la fin de la guerre civile, 7 ans après celle de la seconde guerre mondiale.
C’est toujours une Délégation Provinciale qui s’occupe du Ravitaillement et des Transports. A l’intérieur des coupons à découper qui ne l’ont pas été…
pour obtenir des produits de première nécessité:
de l’huile,
du riz,
du sucre,
d’autres produits variés et
de la viande.
La situation n’a donc guère changé depuis 1940 pour le petit peuple. Maria Teresa qui avait 9 ans en 1940* a donc passé plus de la moitié de son existence à devoir se passer de l’essentiel. Elle aussi va chez
Santiago Miralles au 25 du Paseo San Juan pour l’épicerie et les graisses ou chez le boulanger Antonia Albos, calle Ausias March, dans le même secteur proche du Parc de la Citadelle et du centre ancien. On va le voir.
Car une autre carte d’un membre de la même famille, datant de 1951, nous apprend aussi que…
le pain est rationné. Certes à un niveau assez haut en théorie puisque Louisa Borras, la fille aînée âgée de 16 ans en 1940*, peut prétendre à 32,200 kg de pain du 1er juillet au 30 septembre soit quelques 350 grammes par jour. Suivant le poinçonnement de la carte, elle n’en a consommé que 24 kg. Encore fallait-il que ce qui accompagnait le pain fut suffisamment nourrissant pour une femme de moins de 30 ans !
L’Espagne retrouva la suffisance alimentaire en ce début des années 50. La géopolitique mondiale (la Guerre Froide) l’aida bien dans son souci de retrouver une place normale aux seins des Nations, les Américains trouvant dans ce vieux général peut recommandable un allié expert dans la lutte contre le communisme.
(*) voir le premier article sur le rationnement en Espagne après la guerre civile « Après la Victoire de Franco, Barcelone soumis au rationnement alimentaire ».








