Archives quotidiennes : 21/04/2015

EULALIO FERRER raconte son passage DERRIÈRE LES BARBELÉS des CAMPS DE CONCENTRATION français en 1939

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993.

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On va essayer de vous présenter au jour le jour, 76 ans après, les écrits de Ferrer, après avoir rattrapé le retard de quelques jours, par de petits résumés des propos de l’auteur… une lecture complète du livre étant bien entendu plus intéressante avec l’achat du bouquin, s’il est encore disponible.

14 avril 1939
L’auteur commence son journal à cette date alors qu’il est rentré en France avec son père le 7 février 1939, en empruntant la route de Port-Bou. Il a choisi cette date parce que les conditions de vie dans le camp d’Argelès s’étaient relativement améliorées mais aussi pour célébrer la date du 14 avril 1931, date de proclamation de la Seconde République Espagnole, 8 ans auparavant.

Il avait dû détruire un premier journal écrit dans le passé le 24 août 1937 au moment de sa fuite de Santander, pour éviter que quelques écrits trop enthousiastes pour la République ne lui soit préjudiciables en cas d’arrestation par des Nationalistes. L’autodafé qu’il infligea à ses écrits le marqua beaucoup et retarda le moment de reprendre la plume.

Ce 5 février, il y avait foule sur la route de la France, après Figueras et Port-Bou, des civils, des militaires, du matériel militaire: canons, mitrailleuses, fusils, tanks dynamités jetés au bord de la route. L’entrée sur le territoire français ne se passa que le 7 février. A Cerbère, il reconnaît, assis sur un banc, Antonio Machado et sa mère qui attendent qu’on vienne les prendre comme on leur a promis. Admiratif du poète, il lui remit un cape militaire qu’il avait trouvé pour le protéger.

Puis ce sont les barbelés du camp d’Argelès gardé par les soldats sénégalais.

Le récit de Ferrer passe au 14 avril où les internés se préparent à fêter l’anniversaire de la République. Les personnes originaires de Cantabrie se sont rassemblés pour manger la « Tierruca » et chanter des airs montagnards.

Quant au groupe des philosophes dont le père de l’auteur fait partie, la discussion du jour a également pour thème la Seconde République qui vient de disparaître.

15 avril 1939

L’auteur prend prétexte du fait que dans le camp, le lever se fait au son de la trompette pour raconter son rapport avec la chose militaire. Et malgré son grade de capitaine, on ne peut pas dire qu’il apprécie beaucoup la hiérarchie et les attitudes de l’armée. Dans le camp où sont internés de nombreux anciens de l’armée républicaine, un état-major espagnol fonctionne à côté du commandement français. Ferrer est ainsi nommé capitaine adjoint du premier bataillon d’intendance.

Sa baraque a pu obtenir une machine à écrire ce qui va lui permettre de faire des courriers et ceux de son père. Il côtoie un ami espérantiste de Santander ce qui adoucit sa captivité. Il pourrait répondre aux offres proposées par les Français d’aller travailler en AEF ou d’intégrer la Légion. Mais la situation à Argelès s’est améliorée surtout lors des distribution de la nourriture. On est loin dit-il de février quand chaque distribution de pain donnait lieu à des scènes de disputes sous l’oeil amusé des Sénégalais.

En ce qui concerne l’hygiène, des WC collectifs en bois viennent d’être installés. Au début, l’eau des pompes avait causé des diarrhées générales aggravées par le vent lorsqu’il soufflait et faisait s’envoler sable et excréments qui pénétraient dans tous les abris de fortune. Maintenant que cela va mieux, certains s’amusent à des concours de pets dans les nouvelles toilettes couvertes rapidement de graffitis.

A suivre…

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