17 et 20 avril 1939: EULALIO FERRER raconte la vie au CAMP d’ARGELÈS

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

17 avril 1939.

Il raconte aujourd’hui la vie dans le camp et en particulier ce « quartier chinois » situé au centre du camp, au bout de la longue promenade que les prisonniers ont appelé « les Ramblas » en souvenir de Barcelone.

C’est un lieu qu’il vaut mieux ne pas fréquenter de nuit à l’heure où les pistolets et les couteaux enterrés en journée réapparaissent. On y vend toutes sortes d’objets, ceux volés pendant la Retirada mais aussi dérobés à l’intérieur du camp par la suite. On y pratique le troc mais aussi le change entre l’ancienne monnaie de la République et le Franc Français. Quelque gardiens sont aussi impliqués dans ces commerces.

Tout se vend et s’achète: des vêtements, des cigarettes, des aliments…

En journée, y exercent  leurs talents des coiffeurs et barbiers se livrant une concurrence farouche en ce qui concerne les  tarifs pratiqués. Sont aussi ouverts des bars où l’on trouve du vin, des eaux gazeuses, des sandwichs, du chorizo, des churros…

Pour l’auteur du journal, ce « quartier chinois », en plein camp de concentration, est un miroir occulte de la vérité humaine. Tout est résumé !

20 avril 1939.

Ce jour-là, le camp des aviateurs a été évacué. Aussitôt, c’est la ruée des autres prisonniers pour essayer de récupérer quoi que ce soit qui pourrait avoir été laissé, à commencer par les cabanes qui sont réputées pour être les meilleures. Des bagarres ponctuent ce pillage en règle, quelquefois même avec les anciens occupants qui n’ont pas fini de déménager.

C’est ce jour-là qu’arrive au camp la nouvelle du discours de Franco annonçant la fin officielle de la guerre civile. Cette rumeur attriste les prisonniers puis leur donne du courage pour résister.
Une bonne nouvelle est diffusée, celle-ci par les hauts-parleurs officiels: le Mexique a décidé d’ouvrir ses frontières aux Républicains Espagnols. Immédiatement, Eulalio et son père entament les démarches… qui aboutiront, on le sait, à postériori. Cela ne devait concerner que les plus aisés, capables de se payer le voyage pour les Amériques (remarque personnelle).

On apprend que le reste de la famille, la mère et les soeurs d’Eulalio, est confiné en Bretagne, à Belle-Ile-en-Mer avec 200 autres femmes déportées. Elles ne considèrent pas cela comme un villégiature agréable comme on pourrait le croire, souffrant du froid et de l’humidité. Le père leur envoie une lettre dans laquelle il conseille à sa femme de vendre son alliance pour améliorer l’ordinaire.

A suivre le 24 avril…

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