Jeu de Jacques Gardeil et Frédéric Sahut, graphismes de Stéphane Poinsot
Un mélange de Yam’s et de Morpion, excellent à 2, terriblement difficile en solo pour ne pas être en négatif…


Jeu de Jacques Gardeil et Frédéric Sahut, graphismes de Stéphane Poinsot
Un mélange de Yam’s et de Morpion, excellent à 2, terriblement difficile en solo pour ne pas être en négatif…


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Le camp des Milles comme auxiliaire de la relégation des étrangers
03 septembre 1939, la guerre est déclarée contre l’Allemagne. Bien que cela soit vraiment secondaire, la IIIème République s’inquiète de la présence en nombre de citoyens allemands, autrichiens, russes… sur son sol. Ce sont des réfugiés souvent juifs ayant fui les persécutions subies dans leur pays et ayant trouvé un accueil bienveillant, malgré les mots injurieux de la presse française antisémite extrémiste. Sont-ce de potentiels espions ? De possibles dangereux saboteurs ? La Vème colonne prête à frapper un coup de poignard dans le dos de la France accueillante ? Non bien entendu ; personne ne le croit ! Si les Allemands venaient à gagner la guerre, ces réfugiés courraient de nouveau un grand péril !
Pourtant, comme cela a été fait avec les Alsaciens-Lorrains lors de la Grande Guerre, la IIIèmeRépublique va rechercher ces hommes, femmes et enfants et les enfermer dans des camps pour les garder à l’œil. Totalement irrationnel mais tout de même bien symptomatique de la xénophobie régnante alors ! Pour le Sud-Est de la France, le maire d’Aix-en-Provence, au nom du préfet des Bouches-du-Rhône, ordonne la réquisition d’une ancienne briqueterie fermée l’année précédente, située près du hameau des Milles, à l’ouest du chef-lieu. Nous sommes le 31 août 1939. Le 09 septembre suivant, arrivent les cinquante premiers dangereux ennemis de la France. Le camp de rassemblement des étrangers des Milles entre en fonction ! 10 000 indésirables y passeront, 27 nationalités et il comptera jusqu’à 3 500 internés, en juin 1940.
Le camp des Milles et ses gardiens ardéchois
Tout d’abord, le camp des Milles, c’était comment ? Pour la presse d’extrême-droite, agréable, presque un lieu de villégiature aux frais des Français ! Pour les internés, c’est comme ailleurs, terrible. Les mêmes problèmes qu’ailleurs, la promiscuité, l’hygiène absente, le froid en hiver et la soif en été, avec pour les Milles, la touche locale : la poussière ! La poussière ocre qui colle à la peau et s’infiltre partout, trace de l’ancienne usine que fut le camp. On mange la poussière, on respire la poussière ! Un seul point positif dans un premier temps : une nourriture convenable bien que peu diversifiée.

Vue aérienne du hameau des Milles avec, au fond à droite, la cimenterie ayant accueilli le camp de concentration. Carte postale moderne datant des années 1950.
Par chance, dans un premier temps, jusqu’à l’automne 1940, la discipline restera humaine. Ce sont des gars venus d’Ardèche qui vont assurer la garde des Milles. 150 hommes du rang et 30 sous-officiers d’un bataillon d’un régiment de territoriaux arrivent de Privas où ils étaient en garnison. Pour ses nombreux paysans ou quelques artisans, soldats de circonstance, aucune haine envers les internés. Pas de préjugés racistes ou antisémites, une bienveillance relative est de mise. Leur chef de corps, le capitaine Charles Goruchon, est un vétéran de la Grande Guerre. Il a fait Verdun, a été blessé plusieurs fois et a été décoré de la Légion d’Honneur. Il a quitté le modeste magasin de mode de Clamart où il vendait les chapeaux que confectionner son épouse… pour réenfiler une tenue militaire à la Mobilisation Générale. Goruchon, lui, n’est pas Ardéchois.
La figure la plus marquante de la hiérarchie militaire du camp est le lieutenant Pierre Paul Georges Louis Coudène, né à Jaujac le 30 juin 1890. Propriétaire de plusieurs moulinages en Ardèche, à Mayres, Aubenas, entre autres et détenteur d’un brevet industriel, c’est aussi un militant radical-socialiste, deux fois candidat à la députation. Vétéran de la Grande Guerre, son registre matricule indique qu’il a reçu la Croix de Guerre pour des actes de courage et de dévouement à plusieurs reprises, dans le sauvetage de blessés dans le no man’s land. Il est apprécié de ses hommes comme des détenus pour sa diplomatie, sa tolérance. Il se lie d’amitié avec plusieurs détenus dont le peintre allemand Max Ernst qui lui offrira un dessin, L’œil.
Car on dessine beaucoup aux Milles. Dans le camp sont détenus de nombreux intellectuels qui s’étaient installés sur la Côte d’Azur après avoir fui l’enfer de leurs pays natals. André Fontaine dans son article cité plus bas, a recensé la présence de 52 écrivains, 50 journalistes de la presse écrite et de la radio, 20 scientifiques, 10 musiciens, 9 médecins et donc des peintres de renom, Max Ernst, Max Lingner, Robert Liebknecht, Hans Bellmer, Gustave Ehrlich, Franz Meyer… Une université populaire se met en place avec des cours, des activités artisanales et artistiques. Le soir, les hommes se réunissent aux catacombes, aux katacombes plutôt, des anciens fours, des petites alvéoles de liberté,pour donner des conférences, jouer des spectacles… De nos jours, la visite du camp des Milles fait découvrir les œuvres murales laissées par les artistes.

Photo extraite du livre Des Indésirables (1999)
Avec la débâcle de l’armée française consécutive à l’attaque allemande du 10 mai 1940 puis la signature de l’armistice du 22 juin suivant, Charles Goruchon décide de transférer une partie des détenus des Milles vers le Sud-Ouest pour éviter qu’ils tombent aux mains des Allemands, arrivés jusqu’en moyenne vallée du Rhône. C’est l’épisode du train-fantôme. Les Milles, Marseille, Arles, Sète pour le premier jour, Toulouse, Tarbes, Lourdes, Pau, Bayonne. Une rumeur annonce l’arrivée imminente des Allemands dans cette ville. Demi-tour et retour vers le Sud-Est jusqu’à Nîmes où les détenus sont admis à Saint-Nicolas, commune de Sainte-Anastasie, après une longue marche. Pendant des arrêts, nombre de prisonniers feront la belle, sous l’œil pas toujours très attentif de leurs surveillants ardéchois. Cette histoire est narrée dans un film de fiction de Sébastien Grall : Les Milles- Le train de la Liberté, sorti dans les salles en 1995. Charles Garuchon y est appelé Perrochon et l’histoire romancée est toutefois relativement conforme à la réalité.
Quant aux femmes et aux enfants, elles n’ont pas connu le camp des Milles mais étaient retenus dans trois hôtels de Marseille, Bompard, Levant et Terminus des Ports.
Le camp des Milles, première étape de la Solution Finale
C’est à l’automne 1940 que le régime de Vichy va s’intéresser aux camps de concentration et par conséquent à celui des Milles. L’armée française étant dissoute, c’est le ministère de l’Intérieur qui reprend l’affaire. Les militaires ardéchois sont démobilisés en décembre et des civils recrutés spécialement pour cette tâche les remplacent. La discipline se durcit sous les ordres d’une hiérarchie adhérente à la collaboration.
Le camp des Milles travaille toujours en liaison avec d’autres structures plus petites dans toute la région. Les internés sont régulièrement trimballés d’un camp à un autre, en fonction des besoins en personnel, ici ou là. Parmi les satellites des Milles, on trouve le camp de Loriol dans la Drôme, un local industriel rasé maintenant, près de la zone artisanale des Blaches. Un Mémorial a vu le jour après la disparition du hangar.

Article antisémite particulièrement abject du journal collaborationniste L’Émancipation en date du 25 avril 1942 (origine: Retronews)
A cette époque, le régime de Vichy ferme les yeux sur les départs d’Indésirables vers les Amériques. Des associations caritatives œuvrent dans le camp comme à Marseille, des associations protestantes, des Quakers, juives. En 1941, un sous-marin anglais passe chaque semaine dans une calanque et emporte quinze heureux candidats à l’exil. A Marseille, une association américaine, l’Emergency Rescue Committee, s’occupe clandestinement d’exfiltrer les Juifs… Elle travaille en relation avec le camp des Milles mais est étroite surveillée par les services de police commandés par un ancien officier de marine, Maurice de Rodellec du Porzic. Cette lutte sans merci est racontée dans une série fictionnelle de Netflix Transatlantique, diffusée en 2023. Le collaborateur parvient à faire expulser le journaliste américain Varian Fry puis à faire cesser les activités de l’ERC. Maurice de Rodellec du Porzic, en plus de sa direction de la Police à Marseille, supervisait aussi le camp des Milles.
Au camp des Milles, on doit noter l’œuvre du pasteur Manen qui va se démener pour adoucir les conditions de vie des détenus et permettre le départ de ceux qui le pouvaient.
En janvier 1942, les Nazis énoncent les principes de la Solution Finale, l’extermination des Juifs, lors de la Conférence de Wannsee présidée par Reinhard Heydrich. Le Régime de Vichy va accepter de collaborer en fournissant des contingents de Juifs pour être envoyés vers les camps de concentrations en Allemagne. C’est ainsi qu’à la fin de l’été 1942, pas moins de cinq trains partiront des Milles en emmenant des hommes, femmes et enfants pour Auschwitz via Drancy.
Les convois :
Pas moins de 2 000 personnes auront quitté les Milles pour l’Allemagne.

La désinformation, la bêtise et la violence de cet article du quotidien collaborationniste Le Cri du Peuple en date du 28 janvier 1942 (origine Retronews)
Le 11 novembre 1942, la zone sud est occupée par les Allemands (pour les territoires à l’ouest du Rhône et la Côte d’Azur donc les Milles) et les Italiens (pour les régions à l’est du Rhône). Le camp est vidé de ses derniers occupants et le 04 décembre, la Wehrmacht réquisitionne les lieux pour ses troupes puis, plus tard, en fait un dépôt de munitions.
En 2013, le Mémorial du camp des Milles est inauguré sur les lieux-mêmes où les murs peuvent témoigner de ce monstrueux passé. C’est le seul camp de concentration français conservé intact et ouvert aux visites.
Librement inspiré de l’article d’André Fontaine Le camp des Milles (septembre 1939-mars 1943)- Historique provisoire publiédans la revue Cahier d’Études Germaniques n°5 en 1981, pages 287 à 322 ; du chapitre sur les militaires ardéchois du camp des Milles dans le livre Des indésirables. Les camps d’internement et de travail dans l’Ardèche et la Drôme durant la Seconde Guerre Mondiale écrit conjointement par Vincent Giraudier, Jean Sauvageon, Hervé Mauran et Robert Serre ; pages 113 à 117 ; édité en octobre 1999 aux Éditions Peuple Libre & Notre Temps.


Le Mémorial du camp des Milles peu après son inauguration en 2013. Ci-dessous, les murs de l’ancienne briqueterie racontent l’histoire du camp de concentration: fresque murale à la cantine, oeuvre de Karl Bodek, assassiné à Auschwitz en 1942 après être passé par les Milles.

Un reportage en trois épisodes dans le quotidien collaborationniste Le Cri du Peuple, en date des 26- 27 et 28 janvier 1942



Un autre journal Aujourd’hui en date du 19 janvier 1942… toujours la même haine !

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Le XXème siècle aura inventé la notion de camp… camps de prisonniers, camps d’internement, camps de rétention, camps d’hébergement, camps de séjour surveillé, Groupements de Travailleurs Étrangers, camps de concentration, terme inventé par les Britanniques lors de la seconde guerre des Boers en Afrique du Sud…. et bien sûr, au stade suprême, camps d’extermination. En France, de 1939 à 1946, on estime à 600 000 le nombre de personnes qui connaîtront à un moment un camp français. Pour tous les détenus, c’est l’arbitraire, l’enfermement, la promiscuité, le froid, la faim, l’insalubrité, les épidémies, les maladies et quelquefois, trop souvent, la mort. Même si cela n’est pas notre sujet, on n’oublie pas les stalags et oflags allemands où des centaines de milliers de jeunes militaires vont perdre cinq ans de leur jeunesse et les sinistres camps d’extermination nazis dont la finalité était la mort programmée mais ce sont des sujets différents.
Le camp de concentration de Chabanet va être ouvert pendant onze mois, de février 1940 à janvier 1941. Il reprendra du service, un temps, à la Libération pour accueillir les vaincus de la guerre, Allemands et Collabos.
Ouverture du camp en février 1940 ! Cela interpelle ! Chabanet n’est pas l’œuvre de Vichy ou du IIIème Reich mais bien de la IIIème République et du gouvernement d’Edouard Daladier ! Avant d’aller plus loin, situons les lieux.
Privas, préfecture de l’Ardèche, est situé dans une cuvette, la plaine du Lac, protégé à l’adret par des hauteurs environnantes ; à l’ubac, le Coiron et aux deux-tiers de cette montagne, le hameau de Chabanet, quasi abandonné. Des cartes postales du début du XXème siècle montrent un joli petit complexe hôtelier à Chabanet. Manifestement, en 1940, il n’était plus en service et ce ne sont pas des chambres proprettes qui allaient accueillir les détenus, loin de là ! En revanche, ubac signifie froid en hiver, vent du nord glacial et peu d’abri, absence de soleil, chemin d’accès difficilement praticable pendant de longs mois donc ravitaillement incertain. Le responsable du camp en octobre 1940, André T., écrira d’ailleurs très officiellement à sa hiérarchie dans un rapport : l’expérience démontrera certainement l’impossibilité de continuer l’exploitation et l’administration d’un établissement (le camp de Chabanet) créé surtout pour des séjours d’été ! Si le responsable du camp, lui-même, l’avoue !

Photo des lieux avec un groupe d’internés. Source: Peuple de la nuit (Alberte et André CAYRON, éditions La Fontaine de Siloé, 1998) page 203.
Pourquoi la IIIème République s’est imposé l’obligation de mettre des personnes dans des camps ? Une croyance, celle de la Vème colonne, la légende de la Vème colonne inventée par les Nationalistes lors de la guerre d’Espagne, pour parler d’agents ennemis infiltrés dans les rangs ennemis pour gripper les rouages des armées, de la défense. Du coup, tout étranger devient suspect ; Allemands, Autrichiens, Italiens, réfugiés en France, Espagnols (mais eux étaient déjà détenus), sont arrêtés et regroupés dans des camps de concentration, comme celui des Milles près d’Aix-en-Provence, pour le sud de la France. Le même phénomène s’était produit, en petite ampleur, lors de la Grande Guerre à l’encontre des Alsaciens-Lorrains devenant d’un coup, de potentiels dangers. La IIIème République va donc rechercher et enfermer des antifascistes, des antinazis, des démocrates sincères mais étrangers de peur que d’un seul coup, un instinct nationaliste se réveille chez eux et amène ces apatrides à donner un coup de main à ceux qu’ils avaient combattus et fuis ; à ceux qui, s’ils gagnent la guerre (ce qui se produira), se dépêcheront de les liquider après les avoir retrouvés… facilement… dans des camps… (ce qui se produira aussi) ! Raisonnement lunaire !
A côté de cela, le 20 août 1939 est signé le pacte germano-soviétique Ribbentrop et Molotov, aux noms d’Hitler et Staline, une alliance de circonstance de non-agression entre l’Allemagne et l’URSS. Le Parti Communiste Français inféodé à Moscou est dissout et ses militants encartés ou de simples sympathisants, des syndicalistes de la CGT, des journalistes jugés trop engagés, deviennent suspects, dangereux pour la sécurité de l’État. Comme pour les Étrangers, la République va arrêter et regrouper ces hommes dans des camps de concentration alors que la plupart d’entre eux sont abasourdis par cette union contre-nature du Bien avec le Mal absolu, du « Petit Père des Peuples » avec le Diable et ne souhaitent la victoire du Reich. Chabanet va accueillir alors des communistes venus du Gard, du Vaucluse, des Alpes-Maritimes, des Bouches-du-Rhône, du Var et des Alpes-de-Haute-Provence, des militants mais aussi des élus, des responsables de sections. Les communistes ardéchois, eux, sont dirigés en principe vers des camps hors de leur département, au moins au début puisqu’après la rafle des 27, 28 et 29 mai 1940, une quarantaine d’autochtones rejoindront Chabanet. Parmi eux, Joseph Thibon qui deviendra après la guerre, maire du Teil. Le nombre de deux cents détenus sera alors atteint dans le camp privadois.
Les conditions de vie à Chabanet ? Un seul mot peut les qualifier : inhumaines ! Dans une ferme à demi-abandonnée sont installés deux dortoirs d’une cinquantaine de paillasses : l’un dans les écuries, l’autre dans le grenier. On y met des poêles rudimentaires et mal installés. Pour le bois de chauffage ? Tout est prévu… ce sont les détenus qui iront couper le bois dans un ravin proche du camp, difficile d’accès. L’alimentation ? Ce sera un réfectoire installé dans un hangar sans plafond donc ouvert aux quatre vents et à la pluie. La cuisine ? Comme pour le chauffage, système D… comme Détenu. Quant à la conservation des aliments, très difficile. Pas de cave pour les entreposer si bien que les légumes gèlent en hiver et deviennent immangeables. Les sanitaires ? Catastrophiques ! L’eau d’une source est amenée par une conduite vers une douche et quelques lavabos posés à la va-vite. Pas de chauffage et… pas d’eau par temps de gel. Il faut alors aller chercher l’eau avec des seaux. Quant aux W-C, sans « water » bien entendu, c’étaient de simples planches posées à l’extrémité du camp. Ils servaient d’ailleurs autant aux détenus qu’aux gardiens, quelques braves et pépères territoriaux suivant Élie Reynier, professeur en retraite, résidant à Lyas, farouche antistalinien mais tout de même arrêté comme sympathisant communiste ! Seul privilégié dans ce décor : le chef du camp qui possédait une chambre chauffée et avec l’électricité. Un grand luxe !
Après la défaite, le régime de Vichy hérite donc de ce camp à l’été 1940 et s’en occupe à l’automne. Administrativement, Chabanet devient un camp de séjour surveillé... par des gendarmes. En octobre 1940, le camp compte 113 détenus dont 15 déjà hospitalisés à Privas alors que les premiers froids sont à peine arrivés. Les hommes ont espéré être libérés puisque ceux qui les ont emprisonnés ne sont plus au pouvoir mais il n’en sera rien. Et l’hiver 1940-41 sera terrible ! En revanche, c’est de cette époque vichyssoise que l’on connaît le mieux le camp car tout va être consigné, listes des détenus, rapports, consignes, réclamations… de véritables archives en quelque sorte.
Le moral de hommes ? La majorité est révoltée par son sort et ils pointent les responsables de leur présence en camp, Daladier, Blum, les socialistes, tous responsables de la défaite et de leurs malheurs. Certains veulent même témoigner à charge au procès de Riom. Ils ne pourront pas le faire, bien entendu. D’autres, une minorité, se mettent en retrait, refusent de parler politique, font même du zèle jusqu’à présenter leurs vœux au responsable du camp pour le Nouvel An, dans l’espoir d’une libération pour bonne conduite. En vain ! Quand le camp de Chabanet sera fermé le 31 janvier 1941, non par humanité mais consécutivement à une réorganisation du monde concentrationnaire vichyste, tous les détenus partiront vers le camp de Nexon, en Haute-Vienne.

Source: Musée de Résistance et de la Déportation de l’Ardèche au Teil.
Pourtant, pour beaucoup, ce sont des hommes d’un certain âge, tous vétérans de la Grande Guerre, médaillés militaire et pour certains, mutilés… des patriotes, en quelque sorte !
Une anecdote montrant la violence des préjugés. Janvier 1940, neige, verglas, aucun véhicule ne peut accéder à Chabanet. Ainsi, un groupe de détenus accompagnés de gendarmes se rend à Privas à pied, par un froid glacial, chercher le ravitaillement. Avant le voyage-retour encore plus pénible qu’à l’aller car la pente sera rude, tout ce petit monde va se réchauffer au café du coin, gendarmes et détenus mêlés. Il n’en faudra pas plus aux Pétainistes locaux pour qu’ils se déchaînent, hurlant au loup pour dénoncer le laxisme du système judiciaire ! Quand la bêtise s’ajoute à l’inhumanité !
Antoine Monteil, tailleur d’habits et présumé communiste ardéchois, originaire de Vallon, fut interné à Chabanet en mai 1940. Par la suite, il fut transféré au camp de Chibron à Signes, dans l’arrière-pays toulonnais. Il y décède le 15 septembre 1940 à l’âge de 64 ans.
Un autre indésirable a connu une fin brutale pendant la guerre. Il s’agit de Joël Auguste Mouraret de Vals. Cet ouvrier électricien, un temps détenu à Chabanet, a été fusillé par le Maquis à Aubenas, le 22 septembre 1944, pour trahison. Il avait 42 ans.
Enfin, l’instituteur retraité Élie Edouard Charles Edmond Reynier du Petit-Tournon, pourtant âgé de 75 ans, détenu à Chabanet puis à Nexon a subi des violences et n’a été sauvé d’une relégation en Algérie que par l’intervention du recteur de l’Académie de Montpellier en sa faveur.
Le camp de Chabanet accueillit dans ses murs, le pédagogue Célestin Freinet, originaire des Alpes-Maritimes, fondateur, après-guerre, de la méthode d’enseignement portant son nom.
Il n’y eut aucune détenuE au camp de Chabanet.
Librement inspiré du chapitre sur le camp de Chabanet dans le livre Des indésirables. Les camps d’internement et de travail dans l’Ardèche et la Drôme durant la Seconde Guerre Mondiale écrit conjointement par Vincent Giraudier, Jean Sauvageon, Hervé Mauran et Robert Serre ; pages 223 à 233 ; édité en octobre 1999 aux Éditions Peuple Libre & Notre Temps.

Élie Edmond Charles Édouard REYNIER de Lyas, enseignant retraité, anti-stalinien de notoriété publique et pourtant interné à Chabanet. Source: Archives Départementales 07, carte de combattant de la Grande Guerre.
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Cela concerne la première liste, pour les six derniers, ils l’ont été à d’autres dates.
A noter : ° signifie naissance ; + signifie décès ; en gras le prénom d’usage
Liste établie en 1946 par Adolphe Demontès (L’Ardèche martyre) ; complétée par Alberte et André Cayron en avril 1998 (Peuple de la nuit- Une famille ardéchoise dans la Résistance) et livrée en l’état dans Des indésirables- les camps d’internement et de travail dans l’Ardèche et la Drôme durant la seconde Guerre Mondiale (Giraudier, Sauvageon, Mauran, Serre) en 1999.
| IDENTITÉ | NAISSANCE | LIEU DE VIE | MÉTIER | DÉCÈS |
| ARGOUT Firmin Théophile Marius | °06/04/1882 à Nîmes (30) | LABÉGUDE | Cultivateur – Maire de Labégude 1919-1929 et 1944-1945- Rue à son nom | +23/10/1962 à Labégude |
| ARGOUT Edgar Octave | °16/12/1904 à Labégude | LABÉGUDE | Cultivateur- Musicien – Adjoint au maire de Labégude | +19/06/1985 à Labégude |
| BACCONNIER Louis Calixte | °28/07/1885 à Antraigues | ANTRAIGUES | Facteur | +26/02/1972 à Aubenas |
| BACCONNIER Frédéric | ANTRAIGUES | Cultivateur | ||
| BERTRAND Irénée Paul | °14/05/1901 à La Souche | LA SOUCHE | Cultivateur | +11/12/1994 à Eyragues (13) |
| CHAMBON Léon Jean | °03/10/1903 à Gravières | GRAVIÈRES | Cultivateur | +14/09/1974 à Gravières |
| CHAMBONNET Georges Henri Joseph | °27/03/1893 à Vals-les-Bains | AUBENAS | Agent d’assurances et vendeur d’huiles de moteur – Invalide de guerre | +01/02/1958 à Aubenas |
| CHANCEL | SAINT-PIERREVILLE | Surveillant aux Forges | ||
| CHANGEAT Charles | °02/08/1878 à Saint-Donat (26) | TOURNON | +20/01/1947 à Tournon | |
| CLÉMENT Camille Gabriel | °07/04/1893 à Chasse (38) | SAINT-SAUVEUR-DE-MONTAGUT | Employé à la Bonneterie Cévenole Tinland (à Saint-Sauveur) | |
| DEJOUX Edmond Marius Albert | °10/03/1905 à Prades (La Piolade) | LABÉGUDE | Invalide civil- Négociant en alcool | |
| DELUOL Jules André dit Lucien | °14/03/1888 à Saint-Privat | TOURNON | Instituteur | +14/03/1960 à Aubenas |
| DEMASSIOL Henri Joseph | °08/09/1892 à Vals-les-Bains | VALS-LES-BAINS | Ouvrier électricien | |
| DUGAS Adolphe Pierre Eugène | °08/01/1870 à Tauriers | TAURIERS | Cultivateur et Maire de Tauriers | +21/07/1950 à Tauriers |
| DUPLAN Marcel Paul | °10/11/1901 à Antraigues | ANTRAIGUES | Chapelier | |
| ESCOFFIER Paul Nurma | °27/04/1874 à Vallon-Pont-d’Arc | VALLON | Horloger | +27/04/1951 à Vallon-Pont-d’Arc |
| FARGIER Georges | °12/07/1905 à Gluiras | SAINT-SAUVEUR-DE-MONTAGUT | Chef cantonnier | +06/02/1975 à Lamastre |
| FAURE Jean | VALS- LABÉGUDE | |||
| FROMENTIN Camille | °04/12/1892 à Chassagnes | CHASSAGNES | Cultivateur | |
| GRAND Louis | °08/03/1884 à Lirac (30)ou°1884 à Roquemaure (30) | LE TEIL | Employé au PLM | +12/07/1953 à Saint-Marcel-d’Ardècheou + ??? |
| ISAAC Marcellin | °25/11/1886 à Viviers | VIVIERS | Coiffeur | +15/11/1957 à Le Teil |
| JOUVE Adrien Ernest | °11/09/1883 à Saint-Germain | LE TEIL | Employé au PLM | +14/02/1961 à Vallon-Pont-d’Arc |
| LAGARDE Pierre | °25/12/1894 à Vals-les-Bains | AUBENAS | Menuisier | +12/04/1974 à Rocher |
| MANDRANT René Marie Antoine | °09/02/1897 à Roanne (42) | LE TEIL | Employé au PLM | +28/12/1976 au Teil |
| MICHEL | SAINT-SAUVEUR-DE-MONTAGUT | Employé à la succursale d’une banque | ||
| MONTEIL Antoine | °23/07/1876 à Vallon-Pont-d’Arc | VALLON | Tailleur d’habits | +15/09/1940 à Signes (83)Mort alors qu’il est détenu au camp de Chibron |
| MOURARET Joël Auguste | °17/02/1902 à Vals-les-Bains | VALS-LES-BAINS | Ouvrier mécanicien | +22/09/1944 à AubenasAccusé de trahison ; fusillé par le Maquis |
| PRANEUF Léon Auguste | °26/11/1883 à Flaviac | SAINT-SYMPHORIEN SOUS-CHOMÉRAC | Cultivateur | +28/11/1953 à Saint-Symphorien-sous-Chomérac |
| REYNIER Élie Édouard Charles Edmond | °01/12/1875 à Gilhac (07) | LYAS (PETIT-TOURNON) | Professeur retraité – Brutalisé et menacé de déportation en Algérie – Sauvé par intervention du recteur de Montpellier | °01/09/1953 à Lyas |
| SAUNIER Claude Louis | °16/11/1877 à Aps (Alba-la-Romaine) | FLAVIAC | Retraité | |
| SAUREL Firmin | °1900 à Saint-Julien-Saint-Alban | FLAVIAC | Coiffeur | |
| TESTARD Charles | LE TEIL | Tourneur à la Métallurgie Bourgeas | ||
| THIBON Joseph | °31/10/1888 à Chandolas (07) | LE TEIL | Employé au PLM- Maire du Teil 1945-1954 | + 03/05/1972 au Teil |
| TRACELLIER François | °30/09/1891 à Le Cheylard | LE CHEYLARD | Cordonnier | +17/12/1950 au Cheylard |
| TRACOL François | LE CHEYLARD | Cordonnier | ||
| VERNET Charles | VIVIERS | Facteur | ||
| CHAMBOULEIRON Tonin | LE TEIL | Arrêté le 04 juin 1940 | ||
| MANDRANT René Marie Antoine | °09/02/1897 à Roanne (42) | LE TEIL | Employé au PLM- Arrêté le 30 août 1940 | +28/12/1976 au Teil |
| MATHEVET Hippolyte | °18/03/1895 à Meyras | PRADES | Employé au PLM- Arrêté le 06 juin 1940 | +22/01/1982 à Prades |
| MOULIN Aimé | °25/09/1894 à Chomérac | LABÉGUDE | Arrêté le 05 mars 1940 | |
| PLANCHE Élie Eugène | °28/10/1903 à Joyeuse | JOYEUSE | Arrêté le 22 mai 1940 | +01/12/1964 à Bollène (84) |
| PIALAT Roger alias Pierlot | °18/01/1921 à LORDONNOIS ou LIGNY-LE-CHATEL (89) | UZER | Agent Technique des PTT- Arrêté le 22 mai 1940 | +11/05/1989 à Rosières (inhumé à Uzer) |
Quelques portraits de ces internés ardéchois, pour beaucoup vétérans de la Grande Guerre.
CLÉMENT Camille Gabriel

DELUOL Jules André dit Lucien

DEMASSIOL Henri Joseph

FROMENTIN Camille

MANTRANT René Marie Antoine

MATHEVET Hippolyte

MONTEIL A ntoine

MOULIN Aimé

REYNIER Élie Édouard Charles Edmond

Sources des neuf photos ci-dessus: Archives Départementales de l’Ardèche, cartes de combattant de la Grande Guerre.
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INTRODUCTION
Les ponts du Rhône pendant la Seconde Guerre Mondiale
Du 20 juin 1940 au 02 septembre 1944, tous les ponts du Rhône et de la Saône, de la Camargue à la ville de Lyon comprise, vont subir des destructions. Rares sont les ouvrages qui en sortiront indemnes. Les destructions se feront en deux temps et trois mouvements
Du 20 au 24 juin 1940, les troupes allemandes s’approchent de la vallée du Rhône par le nord. L’Armée française ne pouvant les bloquer sur le terrain, décide de détruire les ponts du Rhône et de l’Isère. Le Génie va dynamiter les ponts de Vernaison à Viviers. Fin du premier épisode le 24 juin. La majorité des ponts va pouvoir être réparée avant le début du second épisode.
En préambule au débarquement de Provence du 15 août 1944 et durant la seconde quinzaine d’août, l’aviation anglo-américaine avec l’aide quelquefois de la Résistance locale, va détruire les ponts d’Arles à Saint-Vallier. La population civile va beaucoup souffrir des effets collatéraux de ces attaques aériennes peu précises !
Après la Bataille de Montélimar, le gros des troupes allemandes se trouve dans le nord de la vallée du Rhône. De Saint-Vallier et jusqu’au nord de Lyon, les choses s’inversent. Ce sont les Allemands qui souhaitent voir l’avance des Alliés retardée. Ce sont eux qui dynamitent avec plus ou moins de succès et les ponts du Rhône et de la Saône à Lyon.
Pour les amateurs de statistiques…
Dans le Delta, Arles compris : sept ponts et deux bacs. Six ponts et un bac détruits. A noter toutefois que les ponts suspendus de Fourques, Saint-Gilles et Sylvéréal et le bac du Sauvage l’ont été par les Allemands et non les Alliés.
Dans la vallée, du nord d’Arles à Vernaison : vingt-neuf ponts, vingt-huit détruits, la charge explosive posée par les Allemands sur le viaduc ferroviaire de Payraud n’ayant pas eu l’effet escompté.
A Lyon, sur Saône et Rhône confondus, trente ponts, seulement deux intacts par le courage d’un Résistant.

NARRATION DE LA DESTRUCTION DU PONT SUSPENDU DE VIVIERS SUR LE RHÔNE PAR UN COMMANDO AMÉRICAIN AVEC L’APPUI DU MAQUIS
Dans la nuit du 24 au 25 juillet 1944 et sous le commandement de Pierre Fournier, un groupe de l’O.G. américain avec le Capitaine Rick et douze hommes, le Groupe Franc Crespy se rendent au pont de Viviers. Le plus effaré dans l’affaire est le cantonnier habitant près du pont à qui son ingénieur dit qu’il faut déménager dans les 20 minutes… car on va « faire sauter » l’ouvrage. Que de questions ont pu défiler dans la tête du brave homme qui n’a reçu jusque-là que des consignes rigoureuses de surveillance et d’entretien ?
A 0h30 les câbles sont coupés à l’explosif après que les artificiers US aient fait leur travail. Encore mieux, le platelage touchant l’eau empêche tour passage.
Ainsi les vedettes rapides allemandes de Méditerranée seront vouées à la reddition ou la destruction, en les empêchant de repartir par la voie utilisée pour arriver : Rhône- Saône- Canal du Rhône au Rhin.
Comme il reste de l’explosif disponible, la même équipe détruit, dans la même nuit, le pont ferré sur la Route Nationale 86 à 4 kilomètres au sud de Viviers. Une partie des poutrelles du pont est tombée sur la route. C’est une autre coupure sur cette voie tant malmenée.
Bravo, dit Alger, pour cette opération.
Texte extrait de Montagnes ardéchoises dans la guerre
de Louis-Frédéric Ducros, tome III, page 212.
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Quarante-quatre personnes ont péri sous les bombardements, en août 1944, au Pouzin. Ce bourg du Centre-Ardèche, situé en vallée du Rhône, était un point stratégique. Avant et après le débarquement en Provence, les Alliés avaient repéré, depuis longtemps, des cibles. Mais, larguées à très haute altitude, les bombes ont aussi détruit ou endommagé de nombreux bâtiments civils.
Il est 10 heures 47, le 6 août 1944. Une première vague de vingt-sept bombardiers B17 surgit dans le ciel. Des tonnes de bombes explosives sont larguées pour détruire le pont ferroviaire et le dépôt de carburant. C’est le deuxième bombardement sur Le Pouzin depuis quelques jours. Le plus important et meurtrier. À cette heure-ci, des fidèles catholiques et protestants prient à l’église et au temple.
Le témoignage qui suit a été recueilli par l’association pour la recherche du patrimoine du Pouzin, présidée par le docteur François Auzas.
Déjà, beaucoup d’enfants sont rassemblés dans l’église pour ce premier dimanche du mois. Soudain, un grondement sourd, prolongé… Des explosions et, tout de suite, on apprend que le quartier de la gare et le pont à La Voulte viennent d’être bombardés. Panique ! Le père-curé Serre fait sortir ses paroissiens, raconte André Blachier. Et d’ajouter : Tel un vol de cormorans, de gros avions, entourés par d’autres plus petits, brillants au soleil, passent au-dessus de nos têtes. Aussitôt après, d’autres vagues passaient et détruisaient l’église et le sud de l’agglomération.
Dans l’ordinateur du médecin se trouvent de très nombreuses photos du bombardement, dont celles prises par les pilotes des avions alliés. Il les montre à la Pouzinoise Claude Poupier, 85 ans : Ce jour-là, les pilotes ont manqué leurs cibles. Mais ils étaient tellement hauts, remarque l’octogénaire. Dans un trou, avec son père, elle est tétanisée. La peur m’avait totalement bloquée et paralysée, souffle-t-elle. Sa seule hâte était de retrouver sa maman : Elle était partie à la montagne, pendant que nous étions allés chercher des ramières pour notre chèvre et de l’herbe pour les lapins.
En moins d’une heure, l’église, le temple ainsi que les écoles sont entièrement détruits, et 250 maisons sont endommagées. Alice Arnaud, disparue depuis, se confiait il y a quelques années : Comment oublier le bruit des avions, le sifflement infernal des bombes, les cris des blessés, le désespoir des familles ayant perdu l’un des leurs, le désespoir de tout un village devant les ruines des maisons ? » Et de préciser : Comme moi, beaucoup d’anciens ne peuvent tirer un trait sur un tel désastre.
Après le bombardement du 6 août, de nombreux habitants ont décidé de partir. Claude Poupier et ses parents ont, eux, abandonné leur maison après le 16 août. Ils se sont réfugiés sur les hauteurs, à Rompon. Un jour, on a observé une bataille aérienne. C’était impressionnant ! s’exclame-t-elle.
Le bilan s’est alourdi par la suite, avec la découverte d’autres cadavres. Le grand clocher de l’église catholique était tombé exactement sur un des paroissiens qu’on ne retrouvera que trois mois plus tard, en déblayant le tas de pierres énormes, écrit le pasteur Brémond.
Le 11 juin 1949, la commune reçoit la Croix de Guerre. Le président de la République, Vincent Auriol, s’adresse alors aux habitants : Vous avez supporté, stoïques et patients, car vous saviez que c’était la condition de votre libération, les bombardements des alliés qui détruisirent les réservoirs et le pont du Rhône. La proximité de votre village lui valut d’être rasé presque en sa totalité, offert ainsi en holocauste au salut de la Patrie.
Le traumatisme est resté ancré longtemps chez les Pouzinois, à l’instar de Claude Poupier : « Pendant des années, j’ai eu peur du bruit des avions, même des bruits d’artifice. »
Article du Dauphiné Libéré du 06 août 2014. Robin Charbonnier.

Vue du pont du Pouzin en juillet 1940 (détruit par le Génie français)
Autre témoignage sur le bombardement du 06 août 1944 au Pouzin.
Ce jour-là, je gardais mon troupeau sur les crêtes des bois de Bressac qui dominent la vallée du Rhône. J’ai vu arriver 50 ou 60 bombardiers avec des chasseurs venant des Coirons. Ils ont tourné vers La Garde-Rompon, ils ont lâché des rubans métalliques su Saint-Cierge-le-Serre puis les bombes sur Le Pouzin d’où je vis délever un nuage de poussière.
Julien Boissier de Saint-Vincent-de-Barrès, rapporté dans le tome III de « Montagnes ardéchoises dans la guerre » de Louis-Frédéric Ducros, page 260.
Le 15 août est une tragique journée : la région du Pouzin est écrasée sous les bombes alliées. Un peu avant 11 heures, Le Pouzin subit un troisième bombardement : 27 bombardiers B17 lancent 80 tonnes de bombes, de 7 000 mètres, visant un dépôt d’essence qui est touché mais poursuivent la destruction de la cité.
Même source, page 308.
Bilan des trois bombardements alliés du Pouzin d’août 1944 : 44 morts, des centaines de blessés dont 8 grièvement, 250 immeubles endommagés dont 161 totalement détruits.

Le Mémorial du Pouzin, sur la route de Privas, installé seulement en 2014 ! Les Américains étaient nos alliés en 1944 !
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On a dénombré dans les nombreuses attaques alliées dans la vallée du Rhône…
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LES COLONS D’AMÉRIQUE À LA CONQUÊTE DE L’OUEST (jeu non distribué en France)
LOS COLONOS DE AMÉRICA EN LA CONQUISTA DEL OESTE (distribué par Devir en Espagne)
Sur le principe des Colons de Catane, les joueurs de ce jeu vont collecter des ressources pour développer leur réseau ferré et livrer des marchandises à leurs partenaires de jeu… le gagnant sera le premier à livrer ses marchandises.
Pour moi, jeu beaucoup plus varié et immersif que le jeu de base. Mais beaucoup moins d’extensions… donc moins rentable sur la durée !… quoiqu’il serait possible d’inventer des extensions aux Colons de l’Amérique !!!!
Si quelqu’un souhaite la version livret pdf, envoyez un mot pour l’obtenir (44 Mo)












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A l’été 1942, le Maquis Bir-Hakeim est créé à Toulouse par un petit groupe d’hommes réunis autour d’un patriote local Jean Capel, déjà engagé en Résistance dans le groupe Combat. En mars 1943, après l’arrivée des frères de Roquemaurel, un groupe d’hommes déterminés composé d’étudiants, d’ouvriers et de Républicains espagnols, s’installe dans un hameau, en Aveyron, près de Villefranche-de-Rouergue, avec pour objectif de lutter contre les Allemands, arrivés dans la région en novembre 1942.

On définit le Maquis Bir-Hakeim comme étant indépendant, extrêmement mobile et audacieux.
Indépendant car il refuse d’être rattaché à un mouvement de résistance et va combattre l’occupant comme il le sent sur le terrain, sans suivre aucune consigne venue d’ailleurs.
Très mobile car ce Maquis, contrairement aux autres, est motorisé. Voitures, camionnettes, motos et même camions permettent de prendre la fuite après un coup de main et de parcourir de grandes distances pour se mettre à l’abri. Il n’est qu’à voir les deux cartes ci-dessous qui montrent le nomadisme du Bir-Hakeim…
…de mars à fin 1943…

…de l’épisode de Labastide-de-Virac à sa destruction, le 28 mai 1944, à La Parade, au cœur du Causse Méjean.
Audacieux car le Maquis Bir-Hakeim n’hésitait à affronter les Allemands ou les Miliciens chaque fois qu’il en avait l’occasion. Des actions surprises, des replis rapides et des troupes allemandes déconcertées et obligées de mobiliser de gros moyens pour essayer de neutraliser ces ennemis invisibles. C’étaient aussi des coups de main pour récupérer de l’essence, du ravitaillement, des armes et munitions, des vêtements, un matériel dont d’autres Maquis bénéficiaient aussi, actions qui présentaient quelques risques pour les populations locales comme on va le voir à Labastide-de-Virac !
à suivre…
Sources: Le Maquis Bir-Hakeim de R. MARUÉJOL & Aimé VIELZEUF paru en 1947 ; …et la Cévenne s’embrasa…de Aimé VIELZEUF paru chez Louis Salle (Nîmes) en 1965.

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