Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…
08 juin 1939.
Les autorités françaises ont vacciné tous les Espagnols contre le tétanos après la mort de nombreux prisonniers à cause de ce mal. Eulalio souffre de ce vaccin et est amoindri. De bonne heure, toutefois, il part à la recherche de bois pour la cuisine de la baraque. D’ailleurs, il va s’essayer à la confection du plat de pois chiche et recevra les félicitations de ses compagnons.
Après le repas, les hommes jouent aux dominos, aux cartes avec des parties de mariage ou de brisque.
Le père d’Eulalio a reçu un peu d’argent d’amis cantabriques réfugiés à Paris. Il semblerait d’après l’autorité espagnole, que de transferts se feraient bientôt vers le camp du Barcarès mais pas encore pour des Compagnies de Travail. Comme cela vient d’un officier grand lanceur de rumeurs, cela est à prendre avec des pincettes !
Tout comme les supputations faites ici et là quant à l’avenir proche: la guerre possible, la défaite française prévisible, la puissance allemande… Eulalio n’est pas du même avis que les officiers espagnols.
Il rencontre des visages connus qu’il n’avait pas vus depuis longtemps. Un homme dont la dernière rencontre remontait à un bombardement aérien du côté de l’Escudo. Un autre devenu totalement amnésique. Il tente de lui rappeler ses exploits à la tête de sa compagnie dans les batailles d’Espinosa de los Monteros. A la fin du dialogue, il semble aller mieux même s’il se met à ânonner un monologue que personne ne comprend.
Dans la baraque, un homme raconte un épisode de son exil en France. Lors de la retraite, il a croisé un camion militaire arrêté près de Port-Bou au bord de la route. Pris d’assaut par les fuyards, le véhicule contenait une quantité énorme de billets, de bijoux et de lingots d’or. Il put prendre un peu de ce butin mais il se lamente du fait qu’on lui a volé la valise le contenant lors d’un appel. Rêve ou réalité?
A suivre le 12 juin…

