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10 novembre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP de SAINT-CYPRIEN

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

10 novembre 1939.

Deux jours plus tard, toujours pas partis. Tout le monde a fait ses bagages et attend. Ceux d’Eulalio ont été un peu plus difficile à faire avec tout ce qu’il a à porter mais un ami l’a aidé.
Avec les départs qui ont eu lieu et ceux à venir, le « quartier chinois » est en plein démantèlement. On y lit des pancartes de soldes à mourir de rire. On s’aperçoit qu’il y a beaucoup de stock de nourriture à vendre et chacun en profite avec l’aide des gendarmes français.

Carmona qui se dit séducteur de coeurs ne manque pas une messe. Il reproche à l’auteur de ne pas s’occuper des filles plus que cela, vu son jeune âge.

Les rafles de communistes continuent et le camp d’accueil de ceux-ci est plein. Aujourd’hui, c’est Miguel Caballero, le secrétaire général de la section PC du camp qui est pris. Eulalio ne le connaissait pas pour être un militant actif mais une connaissance lui assure qu’il fut un marin très engagé.

Des nouvelles de la guerre: les Français abattent des avions allemands, les Russes vendent des céréales à l’Allemagne, les troupes allemandes se concentrent à la frontière hollandaise mais les Français croient toujours à une attaque sur la ligne Maginot, Hitler a échappé à un attentat et galvanise son peuple en lui parlant d’espace vital, l’aide américaine commence à arriver chez les Britanniques…
Une nouvelle maladie est apparue au camp, l’anémie, qui s’ajoute ainsi aux maladies chroniques, la colite et le paludisme. Cela fait beaucoup. Sans oublier les poux, toujours aussi présents et agressifs.

 A suivre le 15 novembre…

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8 novembre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP de SAINT-CYPRIEN

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

8 novembre 1939.

Ouverture d’un service contre le paludisme dans le camp car de nombreux détenus sont atteints de ce mal.

Le journal satirique du camp Fulano vient de cesser de paraître. Manque de moyens ou manque d’humour. Si tout le monde faisait comme le colonel Serrano surnommé l’Empereur de l’Optimisme, on n’en serait pas là. Un jour, il alla se promener dans l’avenue de la Liberté en robe de chambre coiffé de sa casque militaire. Ce matin, il pronostique que l’influence de Vénus entraînera bientôt le retour triomphal des exilés en Espagne. Pour les habitués de Radio Chabola, ce n’est pas si gros que cela !

Vague d’arrestations dans la baraque dans le cadre de la chasse aux communistes. 40 détenus sont embarqués. Eulalio déteste cette chasse aux sorcières et avec un ex-communiste qui a déchiré sa carte du PCE le jour de la signature du Pacte Germano-Soviétique, il vient en aider aux militants en essayant de les protéger.

Eulalio note tous les communiqués officiels militaires de l’Autorité Française diffusés par les hauts-parleurs du camp. Tous plus fantaisistes les uns que les autres. Comme cette nouvelle de la fuite du boxeur allemand Max Schmeling aux Etats-Unis via Barcelone… qui ne se produisit jamais.

2000 gars partis dans les Compagnies de Travail sont de retour au camp, en route pour l’Espagne. Cela sappe le moral des détenus qui résistent encore. De son côté, la personne bien informée auprès de l’Autorité Française, annonce un départ imminent de la Compagnie d’Eulalio, pour le lendemain.
Aussi, quand Carmona revient tardivement d’une virée pour voir une de ses belles et qu’il fait un peu trop de bruit (il sent beaucoup le cognac), les autres présents dans la baraque lui demande du silence car ils veulent vite s’endormir en prévision d’un lever de bonne heure.

 A suivre le 10 novembre…

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2 novembre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP de SAINT-CYPRIEN

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

2 novembre 1939.

Cérémonie émouvante en fin d’après-midi en souvenir des morts. Eulalio se souvient des amis disparus. Cérémonies dans les cimetières improvisés qui deviendront des ossuaires… Des poésies récitées et diffusées par les hauts-parleurs. Un moment d’intense émotion qui rendra l’endormissement difficile plus tard.

Malgré le temps redevenu plus clément, beaucoup restent enfermés dans les baraques et ne sortent que pour l’essentiel. C’est le cas d’un voisin d’Eulalio, Carmona, qui l’observe et le compare à Sénèque. Lui, sa spécialité, ce sont les femmes, dit-il. A Madrid, il préférait les jeunettes, à Barcelone, c’étaient les veuves. Ici, 3 femmes sont amoureuses de lui: la fille d’un capitaine des gendarmes, une Andalouse et une Catalane. Ces rares sorties leur sont destinées.

Eulalio consacre ses matinées à l’écriture de courrier pour les autres. Correspondances de tout ordre: amoureuses, familiales, politiques. Aujourd’hui, c’est un certain Victor qui veut écrire à sa femme. Elle et son fils sont à Toulouse et elle veut rentrer en Espagne, avec le froid qui arrive. Eulalio doit l’en dissuader en transcrivant les propos du mari. Tâche pas simple.

Un costaud de la baraque est admiratif d’Eulalio et le protège en coupant court aux contradicteurs de l’auteur. Et comme ce Tino a mis souvent des gens KO…Eulalio le conseille dans son problème sentimental: il aime une autre femme mais ne peut le dire à la sienne.

Toujours des nouvelles de la guerre diffusées par l’Autorité Française, ce qui fait dire à Ginès: moins de nouvelles, plus de pain !

 A suivre le 8 novembre…

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27 octobre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP de SAINT-CYPRIEN

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

27 octobre 1939.

Il a fait un froid vif toute la nuit, encore plus au  petit matin. Le café est le bienvenu. Un ami lui apprend que l’Autorité Française envisage le départ de 21 Compagnies de Travail et que la 168ème, celle d’Eulalio, est la première de la liste. Par contre, il n’a pas idée où elle se rendra.

Peu de monde sur l’avenue de la Liberté, sinon deux abrutis qui insultent pour rire l’auteur. Une autre rencontre est plus intéressante. Celle d’une connaissance qui lui dit que les départs pour l’Espagne continuent mais que cela se passe maintenant tôt le matin, avant le lever du jour, pour éviter les problèmes.
De cet endroit, on voit le Canigou, contrefort des Pyrénées, sur lequel la neige est tombée. Cela explique ce froid glacial précoce.

C’est une journée à rester dans les baraques. Eulalio écrit à l’ami française de sa mère. C’est sa première lettre en français. Il en est fier. Il joint à ce courrier une petite nature morte d’un artiste du camp.

Un autre ami lui reproche de conserver tous ces papiers inutiles qui l’encombrent. Il pense qu’il devrait les jeter. Eulalio concède qu’il s’en débarrassera si cela arrive, ce qui n’est pas le cas pour l’heure. Il a conscience de leur valeur face à l’Histoire.

Journée dans la baraque… alors lecture de passages de Don Quichotte au hasard de l’ouverture des pages, sans besoin d’une quelconque suite chronologique. Cela l’amène à une réflexion intérieure sur la liberté. Quand il ferme son livre, toute le cantonnement dort.

 A suivre le 2 novembre…

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23 octobre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP de SAINT-CYPRIEN

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

23 octobre 1939.

Après la mort de Fraguas, son voisin dans la baraque (voir 14 octobre), un nouvel arrivant est venu s’installer. Socialiste et franc-maçon, il était adjoint au maire de Cartagène. Avec Don José, Ginès et Garcia Blanco, Eulalio retrouve un groupe d’amis qui lui apportent beaucoup intellectuellement.
Il a reçu une lettre de sa mère et ses soeurs qui le remplit de joie. Elles vont bien et cohabitent avec des familles françaises qui leur viennent en aide. Par contre, son père est dans le besoin, dans le refuge où il se trouve. Il manque de cigarettes, de timbres, d’argent. Eulalio est fier d’aider son père en lui envoyant 50 francs, issus de la vente de ses timbres.

  Retour de son ami qui envisageait l’évasion puis était allé faire les vendanges. Il va mieux, a grossi même et trouvé plusieurs « fiancées » françaises. Avec l’argent qu’il a gagné, ils vont faire un bon repas à l’extérieur du camp pendant lequel le vin coule à flots. Les chants au retour sont vite stoppés par les gendarmes français.

Eulalio termine son article par une série de brèves  en peu désordonnées: les appels des hauts-parleurs du camp, la nouvelle appellation espagnole des baraques, des phrases bizarres dans des lettres venues d’Espagne. Un de ses amis cités en haut du texte fait une prédiction qui s’avèrera exacte: les Allemands attaqueront au printemps car il ne se passera rien avant. Bien vu !

Quant à son nouveau voisin de Cartagène, son décompte de jours de captivité a atteint le chiffre 225 aujourd’hui.

 A suivre le 27 octobre…

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18 octobre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP de SAINT-CYPRIEN

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

18 octobre 1939.

Un ami d’Eulalio le prévient qu’il est suspect aux yeux de l’Autorité Française. Elle le croit communiste car il reçoit beaucoup de courrier et certaines lettres lues par la censure ont paru compromettantes. Eulalio s’empresse de classer ses papiers, d’enlever quelques journaux communistes et les documents datant des Jeunesses Socialistes Unifiées dont il était le président en 1937. Il donne le tout à une connaissance sûre.

Le haut-parleur officiel appelle des paysans et laboureurs pour travailler pour le camp. Les volontaires sont légions, pas seulement des paysans mais tous ceux qui souffrent de l’oisiveté ou ceux dont les familles sont dans le besoin.

Il semblerait que Franco s’apprètent à demander le rapatriement des exilés pour les répartir par 10 dans les communes qui lui sont favorables. Celles qui lui ont offert une épée en or de 1 mètre 10 tel le Cid. Rumeur ?

Toujours de la propagande et de la désinformation. Les français ont détruit un réseau allemand qui envoyaient de fausses lettres de décès de soldats français depuis des postes françaises, pour saper le moral de la population.

Le cuirassé britannique Royal Force vient d’être coulé par un U-boat. C’est l’occasion pour un ancien gradé de la marine de faire une véritable conférence sur une bataille navale de la guerre civile qui vit le « Baléares » de la flotte nationaliste être coulé suite à une ruse de l’escouade républicaine. Tout cela grâce à des communications en ondes courtes alors que les franquistes écoutaient les ondes longues.

 A suivre le 23 octobre…

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14 octobre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP de SAINT-CYPRIEN

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

14 octobre 1939.

Il n’y a pas eu d’amnistie de la part de Fanco. Ceux qui y croyaient sont déçus. D’autant plus que les gens sont fatigués: physiquement et mentalement. La nourriture est mauvaise et en faible quantité. Les organismes s’épuisent.

La guerre aussi prend son temps sur le front occidental. Les Français s’en remettent au système défensif de la ligne Maginot. On attend, tout le monde attend et le temps passe. 3 ans déjà depuis le début de la guerre civile… les détenus en arrivent à perdre la notion du temps.
Il fait beau et il y a foule sur l’avenue de la Liberté, bien mal nommée, qui longe le terrain de football. Peu de départs ont été enregistrés, mais beaucoup d’arrivées: ceux du Barcarès, ceux qui rentrent des vendanges en Roussillon. On les reconnaît car ils sont mieux vêtus, ayant gagné 5 francs par jour au travail.

Melavilla lui est parti pour le Château de Collioure où il est emprisonné en tant que communiste espagnol. Eulalio va lui écrire.

Après cette balade, Eulolio se rend au « quartier chinois » qui ressemble à celui d’Argelès. On y vend de tout. Il va se faire couper ses cheveux qui tombent toujours autant, chez un barbier, Don Luis. Il a coupé les cheveux de Lister à Madrid. Pour contrer la chute des cheveux, il conseille une friction à l’urine matinale. Eulalio préfèrera la pommade d’un ami.

Nouvelle visite à l’hôpital où son ami déjà visité le 10 octobre, agonise. Il ne le reconnaît pas. Les médecins sont dépassés. Les malades attendent que les mourants décèdent pour avoir une place. Triste journée.

 A suivre le 18 octobre…

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10 octobre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP de SAINT-CYPRIEN

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

10 octobre 1939.

De nouvelles arrivées dans le camp de Saint-Cyprien, beaucoup viennent du Barcarès. Comme les départs pour les Compagnies de Travail et pour l’Espagne ne compensent pas ces arrivées, il faut augmenter les capacité d’accueil des baraques qui passe de 72 à 78 personnes. Des problèmes en découlent, surtout l’air qui, malgré le froid devient irrespirable par moment.
C’est aussi la pénurie pour Eulalio. De timbres si bien qu’il faut qu’il réduise sa correspondance. D’argent si bien qu’il est heureux de recevoir 30 francs ce qui lui permettra de noter tout ce qui arrive. Il a noté d’ailleurs les rations des soldats français gardant le camp. Le vin leur est indispensable et leurs nez sont souvent rouges.

Il va assister au match de football entre son îlot et l’îlot M. Dans cette équipe joue le gardien Lerin, professionnel à Saragosse et qui aurait pu remplacer Zamora en équipe nationale sans la guerre. Dans leur équipe joue un ami qui va marquer un but à ce fameux Lerin, objet de leur fierté, malgré la défaite.

Lecture de L’Indépendant et de La Dépêche pour connaître la situation internationale et les dernières nouvelles de la guerre. Dans le camp circule une nouvelle rumeur. Demain, pour la Journée de la Race, Franco va décréter l’amnistie générale et tous pourront rentrer au pays. C’est la joie dans le camp… même si ce n’est qu’une rumeur comme il y en a tant !

 A suivre le 14 octobre…

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4 octobre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP de SAINT-CYPRIEN

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4 octobre 1939.

Petite dissertation de l’auteur sur les communiqués de guerre qui ne peuvent être cru car ils mentent tous.

Le pilote dont on a parlé hier rend visite à Eulalio et veut savoir ce qu’il a écrit sur lui. Il est fier d’être considéré comme un héros et raconte la fin de son histoire. Prisonnier des Nationalistes, il a été échangé contre un capitaine allemand de la Légion Condor. Avec d’autres, il fut reçu à l’Ambassade d’Espagne à Moscou mais ils réclamèrent des filles plutôt que le caviar qu’on leur offrait.

Un autre homme effondré vient le voir pour qu’il écrive une lettre à sa fiancée. Celle-ci est enceinte de 4 mois et demande à ne plus le voir car elle n’est pas digne de lui. Ce dernier n’en a cure et est prêt à tout pardonner et à accepter l’enfant. C’est la lettre la plus délicate qu’Eulalio eut à rédiger.

Rencontre et balade avec un ami de son père. Celui-ci lui propose de rendre visite à un grand infirme, héros de la défense de Madrid. L’hôpital qui se trouve à l’extérieur du camp, est beaucoup plus correct que ceux d’Argelès et du Barcarés mais aussi triste. En arrivant, ils apprennent que l’ami a été enterré la veille après s’être suicidé. La journée est décidément bien dure.
Pour oublier tout cela, Eulalio se plonge dans la lecture de quelques pages de Don Quichotte. Il revient à la réalité quand il entend les paroles de L’Émigrant, l’hymne catalan, chanté dans sa baraque.

 A suivre le 10 octobre…

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3 octobre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP de SAINT-CYPRIEN

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

3 octobre 1939.

Le camp de Saint-Cyprien a connu des pluies torrentielles qui se sont calmées mais qui inondèrent  les baraques. Tout est rentré dans l’ordre mais les gens restent dedans. Dehors la mer est déchaînée et les vagues ont emporté les WC. Voilà les détenus revenus à la pire période du camp d’Argelès, chacun faisant ses besoins où il peut. L’atmosphère est pestilentielle.

Dans les baraques, il faut se méfier des mouchards. Ceux-ci dénoncent les communistes à l’Autorité Française. Les gendarmes interviennent en embarquant tout le monde puis ne gardent que les communistes.

A l’intérieur de sa baraque, chacun raconte le jour où il connut le plus grand danger. Pour l’un c’est en traversant le détroit de Gibraltar. Pour un autre, c’est quand son chef de section, pris de folie tira sur ses hommes dans une tranchée. Il en tua 5 et son fusil s’enraya pour le 6ème qui était lui !

Un autre raconta qu’il était pilote d’un avion de chasse soviétique au-dessus de Saragosse quand il fut tiré par la DCA. Il entendit à la radio des insultes pour le pilote Russe que les défenseurs croyaient avoir affaire et il leur répondit qu’il était espagnol. Fragas, gradé sur un croiseur, avait choisi les factieux lors du soulèvement militaire. Il allait être passé par les armes par les marins et put se sauver grâce à sa dialectique du séminariste qu’il avait été.

De son côté, Eulalio essaie lui aussi de trouver le jour le plus dangereux de sa vie. Il choisit un événement d’avant-guerre avec un accident qui faillit le laisser infirme. Le long du quai de la gare avec des copains qui avaient tous bien bu, il fut poussé et s’assit en bordure au moment où le train arrivait. Les marche-pieds des wagons passèrent sur ses jambes mais les os et les nerfs principaux ne furent pas touchés. Il garde des cicatrices sur le dessus de ses cuisses rappelant cet accident.

 A suivre le 4 octobre…

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