Archives de Tag: réfugiés

10 septembre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP du BARCARÈS

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

10 septembre 1939.

Des informations contradictoires circulent dans les médias. Chute de Varsovie pour les Espagnols, pas encore pour les Français… Avancées des troupes françaises, jamais de recul… Eulalio déplore que les communiqués militaires ne soient jamais fiables.

Les progrès de l’auteur en français sont réels. Il prend des cours et se débrouille bien en grammaire. C’est plus laborieux en prononciation mais il progresse.
Les gendarmes français viennent arrêter 2 communistes dans l’îlot F. Bousculade et solidarité avec ces 2 hommes même si les avis divergent profondément en politique. Des renforts militaires arrivent et c’est finalement 6 personnes qui sont arrêtées: les 2 communistes et 4 contestataires. C’est le choeur des cantabriques qui va être affecté avec le départ de plusieurs choristes.
A son retour dans sa baraque, Eulalio voit ses affaires chamboulées et une convocation au Commandement français. Il s’y rend. On lui demande s’il est communiste et s’il connaît des communistes. Il répond par la négative à la première question et refuse la délation que lui demande la seconde. Il vire les talons et rentre au camp.
En revenant avec des amis, ceux-ci lui demandent de lire des extraits de son journal. Il accepte et leur lit des passages racontant le séjour au camp d’Argelès.

Il termine sa journée en écoutant ses rêves: s’évader… partir au Mexique… apprendre la philosophie et devenir journaliste.

A suivre le 15 septembre…

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8 septembre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP du BARCARÈS

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

8 septembre 1939.

Réveil matin avec un exercice d’alerte de la sirène anti-aérienne. Ils auraient pu faire cela à un autre moment.

Dans la baraque, une radio a fait son apparition. Les hommes y écoutent les nouvelles du front. Ils ont une grande confiance en la ligne Maginot.

Bien que ce soit interdit, ils continuent de parler politique dans les îlots. Ils commentent les départs de nombreux militants communistes du Parti depuis la signature du Pacte. Ils constatent qu’il en est de même pour les communistes français, mis à l’écart.

Cette nuit, un fou s’est noyé en voulant partir du camp par la mer. On l’a retrouvé au bord de l’eau, toujours avec sa pipe éteinte entre les lèvres.

Pour la bande de copains qui envisageait l’évasion, c’est le drame avec la mort de l’un d’eux, Iniesta, celui qui souffrait de typhoïde depuis quelque temps. Manque de soins, faiblesse générale, il s’en est allé ce matin. Les amis sont désespérés et ils l’accompagnent à sa dernière demeure sur cette plage du Barcarès. Qu’est-ce que ces restes vont devenir quand un jour un camion militaire viendra ramasser tous ces morts ?

Le clairon du couvre-feu retentit sur des détenus accablés de tristesse.

A suivre le 10 septembre…

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4 septembre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP du BARCARÈS

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

4 septembre 1939.

Tout à changé depuis le dernier écrit d’Eulalio: Hitler a attaqué la Pologne, la France et le Royaume Uni ont déclaré la guerre à l’Allemagne. La réalité tragique s’impose: nous sommes en guerre ! C’est par ces mots que commence l’écrit du jour.

Une conséquence inattendue de cet état de fait: les soldats français, les gendarmes français et même le vaguemestre qui apporte le courrier tous les matins sont d’un seul coup beaucoup plus aimables avec les détenus. Les ennemis de mes ennemis sont mes amis ! Par contre, personne n’a envie de dénoncer les communistes comme on le demande.

Lors d’une promenade dans le camp avec 2 amis, l’un d’eux en arrive à dire qu’ils sont foutus. Eulalio n’est pas aussi défaitiste et sachant qu’il a déjà résisté dans le passé, il est sûr qu’il sera capable de continuer à le faire.
Rencontre avec un peintre valencian, Fabregat. Pour se changer les idées, Eulalio s’intéresse à son art, à son style… Celui-ci lui apprend qu’il a beaucoup de mal à vivre de son art… qu’il gagne à peine de quoi acheter des cigarettes et sa peinture. Pour aider les siens, il a donné 6 de ses oeuvres pour des tombolas dans le camp.

La nourriture s’est un peu améliorée mais les rations ont diminué, conséquence de la déclaration de guerre…. Pendant ce temps, Franco a proclamé sa neutralité dans le conflit.

Autre conséquence de la guerre, le couvre-feu est décrété dans le camp à partir de 20 heures. Tout le monde doit être dans les baraques. Des mitrailleuses sont installées tout autour du camp. Il devient très pénible de vivre entre cela et les délires de ceux qui ont perdu la tête….

Le projet d’évasion est enterré pour l’instant. Peut-être plus tard quand ils seront à la Compagnie de Travail…

A suivre le 8 septembre…

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28 août 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP du BARCARÈS

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

28 août 1939.

Le camp continue de vivre les soubresauts qui suivirent la signature du Pacte germano-soviétique. Ce dimanche, des gifles sont échangées entre socialistes et communistes sous l’oeil impassible des gendarmes français. L’unité créée par la misère a volé en éclat. Eulalio a titré son article du jour: Ils reviennent au sectarisme et à l’intransigeance.

Le projet d’évasion est suspendu. L’état de santé de 2 volontaires et la situation internationale ne le permettent plus et partir deviendrait trop dangereux.

Autre conséquence de cette crise, la tambouille qui s’était améliorée, est à nouveau devenue immangeable. Pourtant il faut se forcer pour garder de l’énergie. D’autres s’abandonnent et reprennent leurs délires.
L’épidémie de diarrhées frappe à nouveau la collectivité. Il faut faire la queue pour aller aux toilettes en nombre notoirement insuffisants. Et l’air de la plage redevient pestilentiel.

A l’îlot F, les chants cantabriques sont perturbés par les discussions enflammées. A l’îlot Y, la réunion des jeunes socialistes n’aboutit à rien, sinon la condamnation évidente du pacte. Quant aux départ pour l’Amérique, la lutte intestine entre SERE et JARE bloque tout.

L’heure est grave.

A suivre le 4 septembre…

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26 août 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP du BARCARÈS

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

26 août 1939.

Le Pacte germano-soviétique est toujours dans toutes les têtes et toutes les conversations. Voir le drapeau rouge flotter à côté le drapeau à croix gammée est un déchirement pour tous. Que les défenseurs de la liberté s’allient aux Nazis et entraînent les ouvriers du monde entier dans leur choix inique est inadmissible. Eulalio pense que maintenant, on comprend la vraie différence entre les socialistes et les communistes.

Les hommes comprennent très bien la situation et ce qui va se passer.

Dans le camp, la lutte entre le SERE et la JARE bat son plein et n’arrange rien à l’angoisse des détenus. Ils sentent que l’avenir de leur Compagnie de Travail sera militaire, qu’ils seront à nouveau de la chair à canon.

Il reçoit des nouvelles d’un ami exilé à Vera Cruz au Mexique. Le pays est magnifique et l’accueil des autochtones cordial. Mais il ne peut travailler. Les syndicats mexicains s’opposent à l’embauche d’étrangers et les commerçants espagnols qui pourraient le faire ne souhaitent pas accueillir chez eux des « Rouges ». Néanmoins, cela n’empêche pas Eulalio de rêver à cette destination.

Les cours de français qu’Eulalio donnent à ses amis se passent bien, ils progressent. Pour ces amis qui envisagent l’évasion, la situation internationale gravissime et l’état de santé de celui qui souffre de la typhoïde ont mis de côté leur projet.

Le 26 août, c’est aussi le second anniversaire de la chute de Santander dont on a parlé il y a 2 jours. Un ami qui a vécu l’arrivée des Italiens se souvient . Ceux-ci se croyaient en terrain conquis  et avançaient comme s’il s’agissait d’une promenade. A portée des mitrailleuses républicaines, ils furent criblés de balles. Mais c’est l’aviation nazie qui les secourut et provoqua des dommages. C’était il y a 2 ans !

A suivre le 28 août…

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24 août 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP du BARCARÈS

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

24 août 1939.

L’Histoire a retenu la date du 23 août 1939 comme celle de la signature du pacte germano-soviétique entre Ribbentrop et Molotov, un pacte de non-agression entre l’URSS et l’Allemagne nazie. Cela fait l’effet d’une bombe dans le camp même si depuis la veille tout le monde s’y attendaient. De nombreux militants communistes brûlent leurs cartes. D’autres, essaient de comprendre… l’incompréhensible. Tous voient ce qu’il va se passer… et avec le recul, c’est ce qui se passera. Après l’écrasement de la Pologne, l’Allemagne aura les coudées franches sur le front occidental.

Dans une baraque, 2 communistes staliniens sont passés à tabac par les anarchistes de la FAI. Les communistes « récents », ceux qui l’étaient devenus pendant la guerre civile, retournent leurs vestes allègrement.

Le lecture de L’Indépendant de Perpignan leur donne des précisions sur la situation internationale, en France, au Royaume Uni, aux Etats-Unis… A l’est les Soviétiques s’apprêtent  à envahir la Pologne. Désolant !

Il retrouve son ami Mediavilla, communiste fidèle qui préfère se taire. Ils évoquent tous les deux un autre 24 août, celui de 1937 quand ils durent partir  de Cantabrie devant l’avancée des troupes franquistes. La ville de Santander tombera 2 jours plus tard. Eulalio et son père détruisirent tous les papiers compromettant et confièrent les clés de leur domicile à la grand-mère. Puis, avec d’autres dirigeants du Front Populaire, ce fut la fuite, par la côte pour rejoindre un bateau qui les emmena à Pauillac près de Bordeaux. La suite, ce fut le retour vers la Catalogne pour reprendre la lutte contre le fascisme. D’autres n’eurent pas cette chance, leur bateau croisant en mer le « Cervera » qui montait la garde le long des côtes de Cantabrie pour les Franquistes.

A suivre le 26 août…

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23 août 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP du BARCARÈS

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

23 août 1939.

Petit check-up rapide pour Eulalio: il s’est amélioré en ce qui concerne sa souplesse en gymnastique. Par contre, la chute de ses cheveux continue. Mais philosophe, il reste optimiste.

Il écrit une lettre enflammée à Silvia. Il lui promet même un rendez-vous sur les Champs-Elysées quand il revient sur terre et constate qu’ils sont tous deux internés dans un camp à quelques centaines de kilomètres l’un de l’autre!

Il va à nouveau à l’hôpital rendre visite à son ami malade. Ce dernier souffre de fièvre typhoïde et le personnel de santé espère qu’il sera remis sur pied dans 2 semaines. Pour l’heure, sa silhouette est métamorphosée.

Après le repas, le Commandement de l’îlot a convoqué les responsables de chaque baraque. La situation internationale est grave. Le monde est au bord de la guerre. Les troupes stationnées à proximité du camp ont rejoint l’est de la France. La surveillance du camp est réduite au minimum mais les hommes de garde ont pour ordre de tirer sur ceux qui pourraient être tentés de fuir ou d’attenter à la sécurité de la France. Les détenus comprennent qu’ils vivent la suite de la crise qui débuta en juillet 1936 en Espagne.
Dans les baraques, la visite de Ribbentrop à Moscou ne laisse personne indifférent. Personne ne comprend et tous y voient une manoeuvre des Nazis.

La section de la Compagnie de Travail que commande Eulalio reçoit un nouvel ami. Le petit groupe décide de se serrer les coudes face à la crise qui approche. L’auteur en profite pour écrire à son père pour le rassurer et… se rassurer.

A suivre le 24 août…

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20 août 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP du BARCARÈS

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

20 août 1939.

Nouvel appel de l’Autorité Française pour la chasse aux rats. On se souvient qu’en échange de 5 rats capturés, le chasseur recevait du supplément de cigarettes. Pourtant les rats pullulent autant. Pourquoi une baisse des prises ? Eulalio connaît la réponse: dans quelques baraques, certains s’adonnent à l’élevage des rats ce qui leur permettra d’avoir des revenus supplémentaires sans effort !

Des amis de retour du camp d’Agde lui apprennent que ce lieu compte moins de prisonniers qu’au Barcarès et que les installations et services sont supérieurs à ceux qu’il connaît ici. Tous pensent que les camps vont fermer car les militaires ont besoin de bras.

La nourriture s’est améliorée après les protestations des détenus. Toutefois, avec la vente de timbres postes de collection qu’il a en double au catalan qui en fait commerce, il a reçu 50 francs et a pu acheter des légumes frais. Il garde 10 francs de plus et envoie le reste à sa mère et ses soeurs pour qu’elles se soignent, souffrant de manque de vitamines.

A la réunion des jeunes socialistes dans une baraque, il apprend que les départs par la République Dominicaine et le Mexique vont reprendre avec l’aide de la JARE. Beaucoup ont quitté les Jeunesses Socialistes Unifiées depuis le départ de Carrillo pour Moscou.

A mi-après-midi s’abat un gros orage et une tempête d’eau. Tout le monde se réfugie dans les baraques pour jouer.  Eulalio va s’expliquer avec une connaissance qui a pour habitude de lancer des fausses informations à la cantonade. Les journaux sont commentés et personne ne comprend que Staline hésite dans ses alliances entre les démocraties et Hitler.

La fin de l’orage est une libération pour tous et les hommes conviennent que si la France est attaquée par les Nazis, il faudra la défendre pour espérer retourner en Espagne.

Un ami cher vient de tomber gravement malade et Eulalio est attristé face à la détérioration rapide de son état se santé.

A suivre le 23 août…

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17 août 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP du BARCARÈS

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

17 août 1939.

Courte page d’écriture pour Eulalio ce 17 août. Il l’a titrée Cauchemars contradictoires.

Sensation de malaise à la lecture de ces lignes.
Il se lève très tôt ce matin -là, bien avant le clairon réglementaire du camp, après une nuit pendant laquelle il a mal dormi.

Pas d’humeur à écrire, le bain matinal dans la confusion… la journée commence mal. Un désagréable vent des Pyrénées souffle, amenant une chaleur poisseuse…

Dans un demi-sommeil allongé à l’ombre de la baraque, il rêve et voit des visages. Celui d’un ami qui échange son chapeau haut-de-forme pour la casquette de légionnaire. Celui de Machado et de sa mère endormis sous sa cape. Don Quichote flottant dans les airs ….

Eulalio va mal… Demain sera un autre jour, un jour d’espoir….

A suivre le 20 août…

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15 août 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP du BARCARÈS

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

15 août 1939.

Pour la section de la Compagnie de Travail dont Eulalio s’occupe, on lui demande de remplir de nouvelles rubriques: les armes dans lesquelles les hommes excellent… Pourquoi cela alors que leur travail consistera à manier la pelle et la pioche ? En ce qui le concerne, Eulalio laisse vide cette colonne car sa meilleure arme est le stylo !

Des personnes viennent lui demander d’adhérer aux Jeunesses Socialistes, ce qui signifie pour lui rompre définitivement avec les Jeunesses Socialistes Unifiées, devenues Jeunesses Communistes. Cela lui fait mal et est pour lui l’occasion d’écrire une longue dissertation sur son amour de la liberté et de la justice sociale, loin du dogmatisme marxiste. On ne connaît pas la réponse qu’il donna à ses amis.

La nouvelle alarme du camp pour annoncer les repas ressemble tant à celle qui, pendant la guerre, annonçait les bombardements que, dans un réflexe pavlovien, Eulalio comme d’autres se mettent à courir en l’entendant. Cette peur est augmentée par les bruits qui se répandent dans le camp selon lesquels la Wehrmacht se déploierait à la frontière de la Pologne.

Pour en revenir à la nourriture, elle s’est améliorée après les nombreuses protestations des détenus.

L’après-midi, Eulalio rend visite à un ami à l’hôpital pour lui porter les médicaments que sa famille lui a envoyés. On entend les lamentations des hommes qui courent d’un lit à l’autre. Ce sont les mutilés les plus sereins qui n’hésitent pas à se partager les objets que laissent ceux qui viennent à mourir. Celui qui crie le plus est un homme qui a chuté en voulant prendre une photo nocturne du camp depuis le crématoire et qui s’est fracturé membres et côtes. On pense qu’il n’en a plus pour très longtemps.

En retournant au camp, Eulalio s’aperçoit qu’il y a de plus en plus de militaires autour de celui-ci, au « Lido ». Ce qui lui fait penser qu’il sera difficile de s’évader et de rejoindre Perpignan. Pourtant le projet n’est pas abandonné. Surtout que les départs pour les Amériques sont suspendus du fait du conflit entre les associations s’occupant des réfugiés, la SERE et la JARE.

A suivre le 17 août…

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