Dans ce même Recueil des Actes Administratifs édité par la Préfecture de la Drôme en 1821 dont on a parlé au sujet du recensement de 1920, apparaît une décision royale qui mérite d’être mentionnée et commentée. Il s’agit de cet acte
daté du 13 janvier 1821. Nous sommes en pleine Restauration et il faut tourner à tout prix les pages de la Révolution et de l’Empire et faire payer au peuple son insolence d’avoir osé voulu se séparer de son roi de droit divin. Ainsi il est décidé:
Pourquoi donc le 21 janvier sera-t-il un jour de Deuil ? Les articles de l’acte répondent à cette question…
Un jour de deuil est imposé le 20 janvier (car le 21 est un dimanche et on ne peut être en deuil le jour du Seigneur) pour expier le PARRICIDE commis le 21 janvier 1793, jour où fut exécuté Louis XVI. Ainsi l’exécution de Louis Capet sous la Révolution (que l’on peut toujours contester en tant qu’exécution) est comparé à un parricide, le meurtre du PÈRE ! Rien que cela !
Donc ce jour sera férié mais un jour férié de deuil: pas de réjouissances, pas de marchés, pas de foires, pas de fêtes, pas de vogues…
magasins, cafés, cabarets fermés…
des messes célébrés où les fonctionnaires d’autorité devront être présents en habit de grand deuil et où ne devra être lu que le sublime Testament de l’éphémère citoyen Capet !
Bien entendu un rapport devra être fait par le Préfet pour expliquer comment cette journée fériée s’est passée…
si le recueillement n’a pas été troublé par quelques nostalgiques de la République ou de l’Empire.
A noter que cette journée de deuil a toutefois été décidée dans la précipitation puisque l’arrêté est signé à Valence le 13 pour le 20 janvier ! Quelques communes reculées ne durent peut-être pas être mises au courant de la chose.
De tels procédés se produisirent ailleurs à d’autres époques. Les massacreurs de milliers de Communeux au Mur des Fédérés ne construisirent-ils pas le Sacré-Coeur de Montmartre pour expier les crimes de la Commune ? Les Franquistes firent construire par leurs vaincus cet immense mausolée à la gloire de Franco et de sa Croisade du Bien contre le Mal dans la Valle de los Caidos ! Avec toujours cet aspect ultra-religieux en toile de fond, pour mettre Dieu de son côté et ainsi sacraliser la répression.
Mais ce n’est pas tout. Quelques mois plus tard, voilà un nouvel arrêté
pour un autre jour expiatoire fixé le 16 octobre 1821.
Inutile de vous précipiter sur Wikipédia, après le meurtre du Père, celui de son épouse…
commis le 16 octobre 1793 devra être expié dans toutes les églises avec la lecture de la dernière lettre de Marie-Antoinette mais ce ne sera pas un jour férié… ce n’est pas la mère après tout, puisque la mère est la Sainte-Vierge ! mais l’épouse du père, autrichienne de surcroit.
9 ans plus tard, la Révolution de Juillet mettra fin à la Restauration et celle de 1948 à la Royauté en France… ce qui n’est pas plus mal !
A suivre le 26 janvier, un autre article inspiré par la lecture de ce Recueil d’Actes de 1821.













