Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…
12 juin 1939.
Long et intéressant article que celui de ce jour, sur un nouveau cahier pour son Journal qu’il vient d’inaugurer.
Il vient d’apprendre qu’en tant qu’officier, il a droit à une somme de 500 francs de la part de la SERe et rêve à ce qu’il va pouvoir s’acheter. Il retient du pain long rempli de fromage et de chocolat et une valise pour ranger ses archives qui sont importantes.
Au réveil ce jour-là, c’est le tonnerre qui met tout le mode debout. Certains croient qu’il s’agit d’une attaque de l’armée française contre les Franquistes. Doux rêve ! L’orage menace et une odeur pestilentielle venant des WC envahit le camp. Finalement, l’orage éclatera en fin de journée.
C’est en consultant sa montre qu’Eulalio va écrire un texte sur les rapports méconnus entre les Sénégalais et les prisonniers. Il possédait une montre de qualité et au début du séjour, il la cachait le plus possible pour éviter d’attirer la convoitise des soldats sénégalais fiants de ces objets. Si certains les achetaient pour quelques sous, bien en dessous de la valeur, d’autres n’hésitaient pas de tirer comme des fous sur les poignets des malheureux prisonniers pour leur arracher, ne se gênant pas de donner des coups de baïonnette quelquefois très graves pour obtenir ce qu’ils convoitaient. En représailles, la nuit, certains gardiens étaient attirés dans des pièges et leurs corps disparaissaient sous le sable de la plage ou dans la mer.
On apprend que le camp civil est envahit par des milliers de mouches et un compagnon d’Eulalio est inquiet pour les siens, lui qui doit partir travailler bientôt dans une ferme à la frontière belge. Il raconte l’anecdote d’un chauffeur madrilène et de sa petite amie embauchés au service du Colonel du Camp. Cela se termina par une fuite avec la femme du colonel tandis que sa petite amie devenait la maîtresse du gradé.
Notes de lecture d’Eulalio qui a lu « Madrid » de César Falcon. Il est en total désaccord avec l’auteur qui dit que ce sont les Communistes qui ont sauvé Madrid en novembre 1936 alors que lui, pense que c’est le peuple madrilène unit qui sauva la capitale.
Une bonne nouvelle pour l’ami, le meilleur chaudronnier du monde dont il a parlé le 2 juin, a obtenu le visa d’émigration au Chili. Moments de joie et de larmes pour la communauté.
A suivre le 19 juin…













