21 juin 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP du BARCARÈS

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…

21 juin 1939.

Première nuit au camp du Barcarès où Eulalio a rêvé à sa grand-mère paternelle, du refuge anti-aérien de Santander, des sirènes, de sa mère et ses soeurs chantant le Notre-Père et l’Internationale… Malgré les conditions difficiles, il a bien dormi et s’empresse de découvrir le paysage du camp du Barcarès au petit matin.

Le camp est plus petit et occupé par moins de résidents. Mais ce sont les mêmes barbelés, les mêmes WC appelés ici « Frederico », les mêmes tags sur les murs, moins nombreux mais qu’Eulalio se languit de découvrir, les gendarmes qui surveillent les lieux.

Première journée maussade et pluvieuse, sous ce détestable vent des Pyrénées. Eulalio part à la recherche d’amis séparés et d’amis perdus de vue depuis plus longtemps. Les retrouvailles sont gaies, quelquefois plus tristes comme quand il apprend que le frère de l’un d’eux a été fusillé. Mais tous semblent avoir vieilli de plusieurs années, affaiblis par la dure vie de 4 mois de captivité.

Ici au Barcarès, la tambouille est collective et on peut voir la longue file des détenus avec leur gamelle d’aluminium à la main. Les 60 francs récoltés par la vente de la machine à écrire permettent au père et son fils d’améliorer l’ordinaire. Il existe des magasins français à l’extérieur du camp et le Quartier Chinois continue de fonctionner dans l’enceinte. Sans la prostitution qui semble s’exercer de l’autre côté des barbelés, avec les gendarmes français pour premiers clients.

Le soir, discussion politique avec un socialiste andalou, un pur dans la lignée de Pablo Iglesias, le fondateur du PSOE et de l’UGT, qui refuse en tant que socialiste d’assister aux corridas.

Bilan de la journée: beaucoup de moins par rapport à Argelès avec la nourriture vraiment mauvaise, l’hygiène aussi déplorable, les poux et rats innombrables. Le seul plus: une liberté de circulation dans les barbelés et des facilités accrues pour sortir du camp. Avant de s’endormir, Eulalio se rappelle des moments passés auprès de Garcia Lorca alors que ce dernier dirigeait la « barraca » et se demande si son journal ne pourrait pas dans le futur être la source d’une grande oeuvre scénique…

A suivre le 23 juin…

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