Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…
3 octobre 1939.
Le camp de Saint-Cyprien a connu des pluies torrentielles qui se sont calmées mais qui inondèrent les baraques. Tout est rentré dans l’ordre mais les gens restent dedans. Dehors la mer est déchaînée et les vagues ont emporté les WC. Voilà les détenus revenus à la pire période du camp d’Argelès, chacun faisant ses besoins où il peut. L’atmosphère est pestilentielle.
Dans les baraques, il faut se méfier des mouchards. Ceux-ci dénoncent les communistes à l’Autorité Française. Les gendarmes interviennent en embarquant tout le monde puis ne gardent que les communistes.
A l’intérieur de sa baraque, chacun raconte le jour où il connut le plus grand danger. Pour l’un c’est en traversant le détroit de Gibraltar. Pour un autre, c’est quand son chef de section, pris de folie tira sur ses hommes dans une tranchée. Il en tua 5 et son fusil s’enraya pour le 6ème qui était lui !
Un autre raconta qu’il était pilote d’un avion de chasse soviétique au-dessus de Saragosse quand il fut tiré par la DCA. Il entendit à la radio des insultes pour le pilote Russe que les défenseurs croyaient avoir affaire et il leur répondit qu’il était espagnol. Fragas, gradé sur un croiseur, avait choisi les factieux lors du soulèvement militaire. Il allait être passé par les armes par les marins et put se sauver grâce à sa dialectique du séminariste qu’il avait été.
De son côté, Eulalio essaie lui aussi de trouver le jour le plus dangereux de sa vie. Il choisit un événement d’avant-guerre avec un accident qui faillit le laisser infirme. Le long du quai de la gare avec des copains qui avaient tous bien bu, il fut poussé et s’assit en bordure au moment où le train arrivait. Les marche-pieds des wagons passèrent sur ses jambes mais les os et les nerfs principaux ne furent pas touchés. Il garde des cicatrices sur le dessus de ses cuisses rappelant cet accident.
A suivre le 4 octobre…




















