Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…
23 octobre 1939.
Après la mort de Fraguas, son voisin dans la baraque (voir 14 octobre), un nouvel arrivant est venu s’installer. Socialiste et franc-maçon, il était adjoint au maire de Cartagène. Avec Don José, Ginès et Garcia Blanco, Eulalio retrouve un groupe d’amis qui lui apportent beaucoup intellectuellement.
Il a reçu une lettre de sa mère et ses soeurs qui le remplit de joie. Elles vont bien et cohabitent avec des familles françaises qui leur viennent en aide. Par contre, son père est dans le besoin, dans le refuge où il se trouve. Il manque de cigarettes, de timbres, d’argent. Eulalio est fier d’aider son père en lui envoyant 50 francs, issus de la vente de ses timbres.
Retour de son ami qui envisageait l’évasion puis était allé faire les vendanges. Il va mieux, a grossi même et trouvé plusieurs « fiancées » françaises. Avec l’argent qu’il a gagné, ils vont faire un bon repas à l’extérieur du camp pendant lequel le vin coule à flots. Les chants au retour sont vite stoppés par les gendarmes français.
Eulalio termine son article par une série de brèves en peu désordonnées: les appels des hauts-parleurs du camp, la nouvelle appellation espagnole des baraques, des phrases bizarres dans des lettres venues d’Espagne. Un de ses amis cités en haut du texte fait une prédiction qui s’avèrera exacte: les Allemands attaqueront au printemps car il ne se passera rien avant. Bien vu !
Quant à son nouveau voisin de Cartagène, son décompte de jours de captivité a atteint le chiffre 225 aujourd’hui.