Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…
4 octobre 1939.
Petite dissertation de l’auteur sur les communiqués de guerre qui ne peuvent être cru car ils mentent tous.
Le pilote dont on a parlé hier rend visite à Eulalio et veut savoir ce qu’il a écrit sur lui. Il est fier d’être considéré comme un héros et raconte la fin de son histoire. Prisonnier des Nationalistes, il a été échangé contre un capitaine allemand de la Légion Condor. Avec d’autres, il fut reçu à l’Ambassade d’Espagne à Moscou mais ils réclamèrent des filles plutôt que le caviar qu’on leur offrait.
Un autre homme effondré vient le voir pour qu’il écrive une lettre à sa fiancée. Celle-ci est enceinte de 4 mois et demande à ne plus le voir car elle n’est pas digne de lui. Ce dernier n’en a cure et est prêt à tout pardonner et à accepter l’enfant. C’est la lettre la plus délicate qu’Eulalio eut à rédiger.
Rencontre et balade avec un ami de son père. Celui-ci lui propose de rendre visite à un grand infirme, héros de la défense de Madrid. L’hôpital qui se trouve à l’extérieur du camp, est beaucoup plus correct que ceux d’Argelès et du Barcarés mais aussi triste. En arrivant, ils apprennent que l’ami a été enterré la veille après s’être suicidé. La journée est décidément bien dure.
Pour oublier tout cela, Eulalio se plonge dans la lecture de quelques pages de Don Quichotte. Il revient à la réalité quand il entend les paroles de L’Émigrant, l’hymne catalan, chanté dans sa baraque.
A suivre le 10 octobre…

