Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’édition de Limonest, en 1993. Suite…
14 octobre 1939.
Il n’y a pas eu d’amnistie de la part de Fanco. Ceux qui y croyaient sont déçus. D’autant plus que les gens sont fatigués: physiquement et mentalement. La nourriture est mauvaise et en faible quantité. Les organismes s’épuisent.
La guerre aussi prend son temps sur le front occidental. Les Français s’en remettent au système défensif de la ligne Maginot. On attend, tout le monde attend et le temps passe. 3 ans déjà depuis le début de la guerre civile… les détenus en arrivent à perdre la notion du temps.
Il fait beau et il y a foule sur l’avenue de la Liberté, bien mal nommée, qui longe le terrain de football. Peu de départs ont été enregistrés, mais beaucoup d’arrivées: ceux du Barcarès, ceux qui rentrent des vendanges en Roussillon. On les reconnaît car ils sont mieux vêtus, ayant gagné 5 francs par jour au travail.
Melavilla lui est parti pour le Château de Collioure où il est emprisonné en tant que communiste espagnol. Eulalio va lui écrire.
Après cette balade, Eulolio se rend au « quartier chinois » qui ressemble à celui d’Argelès. On y vend de tout. Il va se faire couper ses cheveux qui tombent toujours autant, chez un barbier, Don Luis. Il a coupé les cheveux de Lister à Madrid. Pour contrer la chute des cheveux, il conseille une friction à l’urine matinale. Eulalio préfèrera la pommade d’un ami.
Nouvelle visite à l’hôpital où son ami déjà visité le 10 octobre, agonise. Il ne le reconnaît pas. Les médecins sont dépassés. Les malades attendent que les mourants décèdent pour avoir une place. Triste journée.
A suivre le 18 octobre…

