Archives quotidiennes : 07/12/2015

7 décembre 1939: EULALIO FERRER raconte sa vie au CAMP de SAINT-CYPRIEN

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Eulalio Ferrer est un républicain espagnol, natif de Santander, réfugié en 1940 au Mexique où il fit carrière et devint un grand publiciste reconnu aux Etats-Unis. Il raconta son passage dans les camps français de la Retirada par l’écriture d’un journal qui fut publié en France sous le titre Derrière les Barbelés chez L’interdisciplinaire, une maison d’éditin de Limonest, en 1993. Suite…

7 décembre 1939.

Le jour tant attendu pour Eulalio et ses amis est arrivé: celui du départ du camp pour une Compagnie de Travail. Il va mieux bien qu’un peu affaibli.Il se lève dans la joie malgré la fatigue. Ses amis l’ont aidé à faire sa valise et à la porter.
L’ambiance est bizarre dans le camp. Ceux qui ne partent pas sont venus saluer les partants. Les adieux sont émouvants et les larmes ne sont pas loin. L’un d’eux adresse un encouragement à Eulalio pour qu’il continue à écrire.

Ce sont des camions militaires qui emmènent la Compagnie jusqu’à Elne pour rejoindre d’autres compagnies et c’est là qu’un train les attend. Il lit sur la pancarte de celui-ci le fameux: 40 hommes-8 chevaux. C’est bien à 40 qu’ils sont entassés dans des wagons à bestiaux. Ainsi serrés, le froid les atteint moins mais le confort n’existe pas. Le train part et passe à Perpignan, Rivesaltes. Premier arrêt à Narbonne, second arrêt à Carcassonne pour manger de la viande en conserve. Puis Baziège et enfin Toulouse où ils peuvent se dégourdir les jambes. Un groupe de réfugiées espagnoles les salue de loin.

Suite du voyage par Montauban, dernière gare reconnue puis la nuit tombe et chacun essaie de s’installer au mieux pour dormir. C’est une véritable lutte de pieds pour se faire une place comme dans un match de football.

La nuit passe puis une nouvelle journée commence par un café en gare de Châteauroux. Vient ensuite Vierzon puis Selbris pour prendre une correspondance jusqu’à La Ferté-Imbault.

Les hommes y découvrent un paysage militaire au coeur d’une forêt qui cache des bâtiments. A côté des militaires se trouvent des ingénieurs espagnols, réfugiés comme eux. L’un d’eux leur explique leur présence en ce lieu. Ils vont participer à un travail important pour que la France rattrape son retard technologique sur l’Allemagne. Ils n’en sauront pas plus.

On les conduit à leur logement, une grange dans laquelle on leur a réservé les écuries, remplies de paille. Pour eux, c’est comme s’ils se retrouvaient dans un hôtel de première catégorie tant le lieu est plus confortable que les baraques des  camps du Roussillon. Le petit déjeuner est abondant. Le froid est vif mais ils peuvent réchauffer de l’eau.

Le 9 décembre est leur premier jour de travail à La Ferté-Imbault: une pelle, une pioche et creusement de tranchées.

C’est cette nuit-là que finit le journal d’Eulalio. Il représente 2 grands cahiers et 5 petits carnets qu’il aimerait conserver malgré l’encombrement qu’ils représentent.

Il ne peut continuer à écrire tant le travail physique demandé à tous mais particulièrement à lui, l’intellectuel, est rude. Bien qu’aidé par les autres, sa main qui écrit est déchirée par le maniement de la pelle et n’est qu’une plaie.

Par dessus tout, il espère en un avenir radieux pour atteindre un monde meilleur.

 A suivre l’Epilogue…

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