Deux magazines sportifs pour ce kiosque du mardi 4 août 1936.
Le Miroir des Sports où, sur la couverture, le vainqueur final du Tour de France n’est pas celui que l’on croit, pas celui au centre avec un bouquet mais celui, à gauche qui le salue respectueusement. Oui, le vainqueur du Tour est Sylvère Maes, à gauche et son second, à presque une demi-heure, Antonin Magne, l’ancien, déjà vainqueur 2 fois. Mais il faut bien caresser dans le bon sens le chauvinisme du lectorat français.
Match L’Intrant et ses 2 unes, celle du recto avec… le modeste vainqueur de l’étape dans une côte de la vallée de Chevreuse, pour éviter de montrer un vainqueur… belge et…
celle du verso, avec l’ouverture des Jeux Olympiques de Berlin dont la cérémonie d’ouverture est survolée par le zeppelin « Hindenburg » et où la statue grecque qui exécute le salut olympique semble se rallier au nazisme avec ce salut qui ressemble tant à celui qu’a inventé Hitler.
La fin du Tour, à cette époque où les transferts n’existaient pas, était une longue, bien longue remontée vers Paris après les Vosges dans un Tour SIAM ou les Pyrénées dans un Tour SAM comme en 1936. Alors on avait inventé les demi-étapes, les tiers d’étapes. Match L’intran en vrai hebdo raconte cette remontée vers Paris avec une page par étape.
19 ème étape.
Bordeaux-Saintes en ligne… victoire de Meulenberg qui prend une petite revanche sur Le Grévès.
Saintes-La Rochelle en contre-la-montre par équipes… victoire de la Belgique emmenée par Sylvère Maes car l’équipier qui franchit en premier la ligne est considéré comme premier.
20 ème étape.
Trois tiers d’étape…
La Rochelle-La Roche-sur-Yon en ligne… victoire de Kint.
La Roche-sur-Yon-Cholet en contre-la-montre par équipes… victoire de la Belgique qui laisse Vervaecke finir premier pour coiffer Magne au général à la seconde place.
Cholet-Angers en ligne… victoire de Paul Maye, de Mérignac comme on l’a vu sur le dernier Miroir des Sports.
Comme pour les coureurs, il fallait bien faire quelque chose entre 2 demis (ou tiers) d’étapes, sur le vélodrome de Cholet, le futur vainqueur à Angers, Paul Maye, s’amusait dans le bandeau…
que les organisateurs avaient offert au maillot jaune Sylvère Maes.
21 ème étape.
Angers-Viré en ligne… sixième victoire de Le Grévès au sprint alors que la pluie a fait son retour sur la route du Tour:
En haut à Château-Gontier, en bas à Vitré.
Viré-Angers en contre-la-montre par équipes… victoire de la France qui se sort les tripes pour permettre à Antonin Magne qui arrive en premier sur la ligne de récupérer sa seconde place au général.
22 ème étape.
L’apothéose comme le disait hier L’Intransigeant. pour un Caen-Paris sans interruption. Avec la pluie au départ…
mouillant les leaders Maes et Magne.
C’est la foule dans les côtes précédents Paris dans la vallée de Chevreuse, devenant des Tourmalet ou Galibier pour le public parisien qui ne peut aller voir les vrais grands cols.
Le Grévès qui comptait bien gagner un septième bouquet au Parc n’avait pas prévu le rallye solitaire du Luxembourgeois Arsène Mersch, celui de la couverture du présent Miroir des Sports…
pour l’apothéose au Parc…
qui salue les vainqueurs, ici l’équipe nationale belge.
Un Parc des Princes…
qui n’a rien à envier au stade olympique de Berlin tout dédié à une idéologie nauséabonde…
qui a fait de l’arrivée de la flamme olympique à Berlin…
un Nuremberg-bis sans que beaucoup de contemporains s’en offusque !
Une ouverture des Jeux où la vague des saluts nazis…
des spectateurs…
comme des acteurs submerge l’univers sain de ce que devrait être le sport,
sous le regard de celui à qui ce crime profite.
Heureusement, un jeune sprinter noir américain veillait à rétablir un certain équilibre des choses…
un certain Jesse Owens.
Pour terminer, cette lecture rapide de ses 2 magazines assez opposés par leur philosophie, Le Miroir des Sports étant de plus en plus attiré par les idées nazies… les dessins humoristiques de la semaine. Celui de Red dans Le Miroir…
ou ceux de Pellos dans Match L’Intran…
le second ayant peut-être une seconde lecture, plus engagée !