Archives quotidiennes : 19/06/2017

108 POILUS de CADEROUSSE, 108 DESTINS… CAMBE Eugène.

108 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 108 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Vingt-cinquième nom de la liste: Cambe Eugène Pierre Martin.

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Première face du Monument.

Voilà une Poilu caderoussier dont on pourrait en savoir beaucoup plus que ces quelques lignes car il est certain qu’il a eu une descendance. Né le 18 janvier 1882, c’est un encore jeune homme de 32 ans au début de la guerre. Mais il était marié et avait eu deux enfants dont un petit Albert venu au monde en 1911. Ce nom « Albert Cambe » m’était connue car souvent  entendu dans la bouche de mes grands-parents, dans les années 60. On le verra dans la post-scriptum. Mais prenons les choses depuis le début.

Aussi loin que nous avons cherché dans les listes nominatives de la commune, les Cambe vivent dans une ferme quartier Miémart. C’est le coin le plus méridional de la commune, excepté le sud de l’île de la Piboulette, non loin du pont de Roquemaure. Il existe aussi deux îles portant ce nom, de l’autre côté du Rhône dans cette commune gardoise: cet îlot qui précédait l’ancien pont suspendu et une grande île artificielle créée par un canal du Rhône. On le voit sur cette carte de 1880.

En 1881, Eugène n’est pas encore là.

Le père également prénommé Eugène qu’on différenciera de son fils par son second prénom Urbain, est un jeune homme, un cultivateur, marié à Marie-Louise Pujade originaire de Saint-Laurent-(les-Arbres). Le couple a eu une fille Albertine Josephine venue au monde le 7 août 1877.

Né en 1882, le jeune Eugène a 9 ans en 1891. Louis Cambe et Marie Lafond doivent être l’oncle et la tante d’Eugène Urbain père. Les parents d’Urbain, Joseph Cambe et Magdelaine-Caroline Fabre, sont tous deux disparus à cette date.

Pas de modification en 1896 ni en 1901. Tout le monde a pris 5 ans puis 10 ans de plus ! Logique !

En 1906, la situation  bien changé. Les parents restent seuls pour mener la ferme du quartier Miémart. Ils ont engagé un domestique, Pierre Brunet, venu de Sérignan. De son côté, Albertine a convolé en justes noces et Eugène junior est sous les drapeaux où il finit sa période de préparation militaire. Il a été appelé le 16 novembre 1903 à la caserne Pépin de Pont-Saint-Esprit. Incorporé au 55ème Régiment d’Infanterie, il est devenu première classe le 11 septembre 1905 et a été rendu à la vie civile le 18 septembre 1906. On peut en déduire que ce recensement a été effectué au premier semestre 1906.

1911 maintenant. 5 années sont passées et des nuages noirs s’accumulent dans le lointain. Bien des choses sont arrivées dans la vie d’Eugène Combe âgé de 29 ans. Sa mère est décédée, il s’est marié, il a repris la ferme de son père âgé de presque 70 ans et il a eu deux garçons. Rien que cela ! En reprenant dans l’ordre, il a épousé le 09 janvier 1909 une fille d’une ferme voisine du quartier Miémart, Laurence Marie Alex Avy (ou Avi), de 3 ans sa cadette. Deux enfants sont nés de cette union: Gaston en 1909 et Albert en 1911.

C’est donc trois ans plus tard qu’Eugène va être rappelé lors de la mobilisation générale du 2 août 1914. Il rejoint la caserne Chabran d’Avignon comme prévu dans ses papiers militaires et non la caserne de Pépin de Pont et le 258ème Régiment d’Infanterie et non au 55ème. Regroupé sur l’Isle-sur-la-Sorgue, Chateauneuf-de-Gadagne, Monfavet, ce régiment mettra un certain temps à partir pour le front, laissant les troupes d’actives passer les premières sur les voies de chemin de fer. On a déjà parlé de cela dans la biographie de Marius Bruguier.

Premiers combats très meurtriers le 24 août 1914 vers Fresnes-en-Woèvre, au sud de Verdun. Quelques semaines après c’est toujours là que se trouve le régiment, devant résister au mieux à une violente poussée allemande dans ce secteur au nord de Saint-Mihiel. En reportant sur une carte actuelle l’avancée allemande du 19 au 26 septembre, on s’aperçoit que la tache a été rude pour les hommes du 258ème lors de cette autre semaine sanglante et que les pertes humaines ont été considérables.

Il n’est qu’à lire un passage du Journal de Marche du Régiment en date du 25 septembre 1914, pour s’apercevoir de l’étendue des dégâts.

Car malgré la pression allemande, les généraux supérieurs restent sur leur philosophie mortifère d’attaque à outrance au lieu de la prudence qui aurait dû prévaloir. Ainsi va se créer le fameux « saillant de Saint-Mihiel » qui ne sera gommé qu’à la fin de l’été 1918.

C’est lors de cette semaine qu’Eugène Cambe laissera sa vie. L’Armée n’a pu donner d’explication sur les raisons de sa mort puisqu’il sera considéré comme disparu. On sait que cela se passa entre le 20 et le 27 septembre 1914. La date du décès sera fixée arbitrairement au 25 septembre 1914 par un jugement du Tribunal d’Orange du 15 octobre 1921. Dans un premier temps il semble qu’elle ait été enregistrée le 20 septembre, premier jour de l’attaque allemande comme cela est dit sur le registre matricule de « Mémoire des Hommes », date reprise par la famille sur la tombe du cimetière de Caderousse.

Une tombe sur laquelle on aperçoit l’épitaphe suivante: A LA MÉMOIRE DE EUGÈNE CAMBE DISPARU LE 20 SEPTEMBRE 1914 À VIGNEULLES (MEUSE) À L’AGE DE 32 ANS.

Eugène Cambe laissait deux enfants de 6 et 3 ans et une ferme sans bras pour la mener ! Terrible épreuve pour sa veuve Laurence !

La fiche d’Eugène Pierre Martin Cambe de Mémoire des Hommes

Eugène Pierre Martin Cambe matricule 622 classe 1902, bureau de recrutement d’Avignon pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Si un descendant souhaite se manifester pour donner d’autres précisions et fournir une photo de son ancêtre, ce sera avec plaisir que parle lui sera donnée. 

A suivre: Marius Cambe.

Post-scriptum:

Albert Cambe, donc, fil d’Eugène Cambe au même titre que Gaston Cambe. Plus jeune de 10 ans que mon grand-père Gabriel, il fut colistier de celui-ci lors des élections municipales de 1947 désignant le premier conseil municipal élu après Libération. Sous la bannière du Parti Radical et Radical-Socialiste d’Edouard Saladier, ils furent élus et siégèrent 6 ans lors du premier mandat de Jean Farjon, colonel à la retraite.

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