Un petit mois après la prise de pouvoir d’Hitler, l’incendie du Reichstag, le parlement allemand, donna prétexte aux Nazis au pouvoir de faire disparaître les libertés individuelles et par la même occasion de faire de même avec tous leurs opposants de gauche: communistes, socialistes, démocrates, libéraux.
C’est quelques jours après l’incendie que le Miroir du Monde paraît.

La couverture de la revue est faite du départ du Japon de la S.D.N. mais la une de l’intérieur ne se trompe pas d’actualité:

avec 3 photos de la coupole brisée, les ruines fumantes et les pompiers éteignant les derniers foyers.
Dans la seconde page relatant cette catastrophe, la presse reprend la version officielle que s’empressa de diffuser le gouvernement nazi:

l’acte isolé d’un pyromane néerlandais, proche du Parti Communiste qui sera rapidement condamné à mort et décapité.
Le magazine commence à détailler la répression officielle lancée par le ministre de l’Intérieur de Prusse, Goering, à l’égard de tous les opposants. En effet des élections législatives devaient se tenir le 5 mars 1933 et les sondages n’étaient pas bons pour les Nazis. En faisant disparaître légalement, toute forme d’opposition, cela allait leur faciliter considérablement la tache.
On y voit des ruines fumantes…

et des policiers essayer de sauver ce qui pouvait encore l’être.

Si ces 2 pages semblent avoir été imposées par l’actualité, les 2 autres pages écrites avant l’incendie par Andréas Patzenhofer…

sont bien loin de l’angélisme du journaliste relatant la prise de pouvoir par Hitler dans ce même Miroir du Monde il y a quelques semaines qui présentait le dictateur comme un homme hésitant et indécis. Pas un mot sur l’incendie mais la narration de la situation politique depuis l’avènement des Nazis et les violences commises par ceux-ci en toute impunité contre leurs opposants, les assassinats impunis puisque commis par des nazis devenus des (tout ce qu’il y a de plus officiels) policiers, on le voit sur cette photo.

Seule cette caricature d’Hitler…

montré en enfant terrible du Reich fait un peu désordre. Car les autres photos vont dans le sens d’une machine infernale en marche:

les discours enflammés,

les saluts imposés,

la propagande efficace.
On est 6 ans 1/2 avant le déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale, mais le rattachement de Dantzig à l’Allemagne est, déjà, un motif de propagande tel le prouve cet avion parti de la ville portuaire pour rejoindre Magdeburg lors d’un meeting nazi:

Le journaliste, là, devient presque prophète puisqu’il annonce qu’après le 5 mars les libertés individuelles et politiques seraient supprimées par un coup d’Etat qui porterait Hitler au pouvoir. L’incendie du Reichstag dont il aurait pu parler si on lui avait permis de retoucher son article lui donnait raison.
Un incendie du Reichstag qui de nos jours est attribué à un groupe de S.A. sous les ordres de Röhm par tous les historiens sérieux. Le malheureux communiste néerlandais Marinus Van der Lugge n’aurait jamais pu rentrer tout seul le matériel nécessaire à l’incendie, équivalent à la cargaison d’un camion ni avoir pu allumer simultanément plus de 20 foyers disséminés dans l’immense bâtiment, tout cela sans que personne ne s’en aperçoive ! Il a d’ailleurs été réhabilité le 10 janvier 2008 par la justice allemande qui annula le verdict prononcé 75 ans plus tôt !