Archives de Tag: guerre civile

Le (petit) KIOSQUE DE PRESSE de l’été 36: le 18 juillet 1936

Deux revues ce 18 juillet, deux hebdos, l’un sportif:

DSCN4694

Le Miroir des Sports, tri-hebdomadaire pendant la Grande Boucle, et…

l’autre généraliste…

DSCN4700

la célébrissime L’Illustration, qui en 1936 est déjà une vieille dame de 94 ans, un tantinet ringarde !

Le Miroir des Sports conte à ses lecteurs les étapes Grenoble-Briançon et Briançon-Digne dont on a déjà parlé.

En couverture (ci-dessus) Antonin Magne signe des autographes à ses supporters, lui qui est devenu « le rempart du cyclisme français » dans ce Tour 36 et  qui « ne désespère pas de gagner pour la troisième fois la grandiose épreuve ».

On nous le montre en champion au sommet d’Allos…

DSCN4697

où il mit en difficulté le leader belge Sylvère Maes.
Un Maes abandonné à son sort par son coéquipier et homonyme Romain Maes, le vainqueur du Tour 1935 qui abandonna la course du côté de Plan-Lachat au pied du Galibier et alla se rafraîchir les muscles dans un torrent voisin aux eaux glacées.

DSCN4698

Tout le contraire des frères luxembourgeois Clemens…

DSCN4696

qui s’épaulent dans la difficulté. A noter que Romain et Sylvère Maes n’étaient pas frères ni cousins.

Bien entendu, la défaillance de Maurice Archambaud sur la route de Briançon est détaillée…

DSCN4695

et le coursier français trouva en Cogan un soutien appréciable.

DSCN4699

Pas de Tour de France dans L’Illustration, peu de 14 juillet non plus, si ce n’est la manifestation des forces de gauche soutenant le gouvernement de Front Populaire de Léon Blum.

DSCN4708

Une foule impressionnante à Nation et à la tribune, les leaders…

DSCN4707

De gauche à droite: Léon Blum, Maurice Thorez, Roger Salengro, Maurice Viollette et Pierre Cot. Un Roger Salengro, au centre, bien sérieux et peu souriant. Il faut dire qu’il était victime de calomnies de la part d’une partie de la droite et de l’extrême-droite le traitant de déserteur en 1915 alors qu’il avait été tout simplement fait prisonnier. La campagne sera d’une telle violence que Roger Salengro finira par se suicider le 17 novembre 1936.

Autre sujet mais plus conséquent dans cette Illustration, Verdun et les célébrations du vingtième anniversaire de la bataille.

DSCN4701

Le 14 juillet en 1936, le 28 mai en 2016… pourquoi ces dates et non pas le 21 février, premier jour de l’attaque allemande. Peut-être parce qu’en février, le climat est bien trop froid ! Pas de jeunesse courant vers l’ossuaire qui aurait fait s’étrangler les plus ringards comme en 2016, mais les encore jeunes anciens combattants…

DSCN4703

retrouvant leurs 20 ans dans ce camp monté sur l’hippodrome,

DSCN4705

ou allant chercher le jus à la cantine mobile, comme en 16.

DSCN4702

Et bien sûr le recueillement devant l’ossuaire, au milieu des tombes….

DSCN4704

pour prêter le Serment de la Paix qui sera, lui, méchamment piétiné, 3 ans plus tard !

Mais ce qui se trouve être le plus intéressant, c’est la narration illustrée de ce voyage en Espagne, en Andalousie, à la rencontre d’un pays marqué depuis plusieurs semaines par la multiplication des actes violents qui suivirent l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de Front Populaire, comme en France.

Il y a bien sûr des clichés touristiques comme ce panorama depuis l’Alhambra de Granada

DSCN4711

la foule animant les rues pour la Foire

DSCN4713

et les champs d’olivier appartenant à de grands propriétaires terriens.

DSCN4712

Mais il y a aussi ces terribles statistiques montrant les actes violents commis ici et là du 16 février au 15 juin et le leader de droite Gil Roblès dénonça aux Cortès.

DSCN4709

A Grenade, les traces de l’émeute du 10 mars causés par la révolte des paysans misérables  sont visibles partout.

DSCN4715

Façade de la Chocolaterie Saint-Antoine incendiée.

DSCN4716

Eglise Saint-Sauveur et immeuble du journal conservateur Idéal.

DSCN4717

Le logement du sacristain.

DSCN4718

Le siège de la Phalange.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le journaliste Paul-Emile Cadilhac est loin d’être critique pour les émeutiers. Les conditions de vie de l’immense sous-prolétariat agricole sont telles que l’auteur comprend ces coups de colère collectifs. Nombre de paysans ne savent pas ce qu’ils vont pouvoir manger et donner à leurs enfants quand ils se lèvent le matin. Et la réforme agraire commencée par le gouvernement de Madrid semble logique pour l’auteur de l’article tant l’injustice est flagrante. D’où ces slogans communistes:

DSCN4721

Voter pour un candidat communiste, c’est voter pour un gouvernement ouvrier et paysan.

Le voyage se continue dans les Asturies qui connurent un excès de fièvre en 1934. La révolte des mineurs entraîna ici les mêmes destructions et la République envoya alors Franco pour rétablir le calme.

Dans le nord de l’Espagne, comme dans le sud, ce sont les églises qui ont fait les frais de la colère populaire.

DSCN4719

A Ferreros près d’Oviedo.

DSCN4720

A Tellego, l’église Saint-Nicolas où un chef-d’oeuvre de Titien fut détruit dans l’incendie.

DSCN4722

Le palais épiscopal d’Oviedo vu de la cathédrale après l’émeute de 1934.

Et cette violence n’allait pas s’arrêter, car, alors que la presse ne sait encore rien, la veille, le 17 juillet 1936, les militaires ont tenté de renverser la République et que, sans que personne ne s’en doute, la guerre civile vient de commencer. On verra cela demain !

Poster un commentaire

Classé dans Revues

A BARCELONE, en 1936, il fallait une AUTORISATION pour DÉMÉNAGER !

Il s’agit de ce vieux papiers datant de la première quinzaine d’Octobre 1936. Nous sommes en Espagne, à Barcelona, en peine guerre civile mais cette région de la péninsule ne connaît plus de combats depuis la réédition des unités félonnes au mois de juillet précédent.

DSCN3544

A l’entête de l’Ayuntamiento de Barcelona (la Mairie de Barcelone)…

DSCN3547

cette autorisation a pour cadre le quartier de Bon Pastor (du Bon Pasteur) situé à la limite est de Barcelone, le long de la Ronda Litoral quand elle longe le Riu, dans l’arrondissement de Sant Andreu. C’était alors un quartier populaire, composée d’une population d’ouvriers travaillant dans des usines métallurgiques voisines, logés dans des « cases barattes », maisons à bas coût, certaines venant du démontage des installations de l’Exposition Universelle de Barcelone qui s’était tenue à Montjuic en 1929.

Que nous dit ce document dans sa partie importante ?

DSCN3545

Il s’agit d’une autorisation de déménager pour un ressortissant allemand, José  (Jean ou Jeans) Steinberg, à Paris. Il était présent en Catalogne depuis plus d’un an et ce papier officiel lui donne l’autorisation de déplacer ses meubles en France. Le papier est signé du délégué du quartier Jose Tallarda, le 7 octobre 1936.

On peut laisser vaguer son imagination et émettre quelques hypothèses quant à la présence d’une famille allemande dans ce quartier populaire catalan, connu pour être un lieu habité par de nombreux anarchistes. Etait-il réfugié en Espagne pour fuir le nazisme puisqu’il était là depuis plus d’un an (accession d’Hitler au pouvoir début 1933) ? Etait-il là en liaison avec une activité dans les usines voisines ? Se sentait-il menacé de par ses origines ou sentait-il venir ce qu’il advint quelques mois plus tard, l’avènement du fascisme et le risque pour lui d’être livré aux Nazis par Franco, la France devenant alors un refuge bien plus sûr que l’Espagne, pour l’instant ?

Revenons à des considérations plus visibles:

DSCN3546

Le tampon bien visible et lisible de l’administration communale.

DSCN3548

Les timbres fiscaux…

car une telle démarche avait un coût, que l’on peut détailler au dos:

DSCN3550

100 pesetas pour avoir l’autorisation de déménager en France avec ses effets personnels !

On peut aussi lire que ce papier fut visé par le Consul de France à Barcelone, Th. Untignac

DSCN3549

Un vieux papier qui pose plus de questions qu’il ne répond.

Poster un commentaire

Classé dans Vieux papiers

CAPA, L’ÉTOILE FILANTE, une BD de Florent Silloroy

DSCN1940

Une biographie en bandes dessinées sur Robert Capa, le célèbre photographe qui fit la non-moins célèbre photo de la mort  du milicien républicain sur le front de Cordoba en septembre 1936. D’ailleurs, on retrouve cette scène sur une des pages, au début de l’histoire…

DSCN1946

de la courte vie mais si dense existence de ce réfugié hongrois, Emdre Friedmann de son vrai nom. Une scène que certains remettent en cause aujourd’hui, pensant qu’à l’instar du « baiser de l’Hôtel de Ville » de Robert Doisneau, il s’agissait d’un montage !

C’est sa compagne Gerda Taro…

DSCN1943

une réfugiée allemande antifasciste qui lui trouvera ce nom d’artiste, mélange de Robert Taylor et Frank Capra, à la suite d’une soirée au cinéma.

DSCN1944

Elle pensait, à juste raison, qu’en se faisant passer pour un photographe américain, ses clichés se vendraient beaucoup mieux.

Les grèves de 1936 puis après le pronunciamiento de Franco et le début de la guerre civile, direction l’Espagne et cette arrivée à Barcelone par l’estacion de França pour couvrir les événements.

DSCN1945

Une Espagne qui lui prendra Gerda Taro, écrasée sous les chenilles d’un char républicain à Brunete et qu’il fera enterrer au Père Lachaise. Breda Taro qui se révéla être aussi une photographe de génie, peut-être supérieure à Capa, prenant tous les risques, le poussant à la perfection et vendant sous son nom ses clichés, pour qu’ils soient mieux payés par les agences.

DSCN1947

Sans Gerda, Capa continua de couvrir aux 4 coins de la planète les conflits les plus dangereux, en essayant de rester fidèle à ses principes, donner toujours des vues les plus vraies des événements…

DSCN1941

17 euros dans toutes les bonnes librairies, éditée chez Castermann.

RobertCapabyGerdaTaro-1

Poster un commentaire

Classé dans BD

Un DIPLÔME de BON SAMARITAIN de la RÉPUBLIQUE ESPAGNOLE

DSCN2377

Un diplôme d’honneur décerné à un citoyen de Mende en Lozère pour sa participation financière au ravitaillement de la population civile de la République espagnole agonisante au moment où ce diplôme a été remis. En effet, il semble suivant une date citée dans le texte que ce document ait été publié en 1939, au moment  de la chute de cette République. Peut-être ce Mendois avait-il été touché par le sort des réfugiés espagnols dans les camps français au moment de la Retirada, ou à ceux qui avaient pu s’égarer dans sa ville.

DSCN2378

L’illustration de cette quête est tout à fait dans la lignée de scènes que l’on retrouve dans l’allégorie soviétique, d’un côté la Guerre…

DSCN2379

les destructions, la misère des populations… la mort causée par le fascisme, face…

DSCN2380

à la Paix, au bonheur, à la prospérité donnée par le travail aux champs ou à l’usine.

L’oeuvre est signée S. Hautecoeur qui n’a pas laissé son nom à la postérité !

Ce diplôme a été signé par Juan Negrin, le très controversé président du Conseil des Ministres du gouvernement espagnol.

DSCN2381

On lui reprocha son inféodation à l’URSS avec le versement de l’Or de l’Espagne à Moscou en échange des armes… mais son attitude n’était-elle pas due principalement à la signature du pacte de « non-intervention » par les démocraties et de leurs reculades et leurs oeillères face aux mensonges d’Hitler et Mussolini, qui, eux, intervenaient  massivement.

A noter cette farandole de 13 blasons des provinces espagnoles dans la frise qui entoure le diplôme…

DSCN2382

DSCN2383

DSCN2384

DSCN2385

DSCN2386

DSCN2387

DSCN2388

DSCN2389

DSCN2390

DSCN2391

DSCN2392

DSCN2393

DSCN2394

Poster un commentaire

Classé dans Vieux papiers

La GUERRE CIVILE en GRÈCE en 1947: un ÉPISODE oublié de la GUERRE FROIDE

DSCN3631

 

C’est dans cette revue Images du Monde datée du DSCN3632 avec l’actrice Corrine Calvey en couverture, que quelques pages sont consacrées à cet épisode oublié de la Guerre Froide: une guerre civile en Grèce au sortir de la Seconde Guerre Mondiale.

La revue lui consacre 5 pages avec de nombreuses photos prises dans le camp de l’armée régulière. Malgré ce point de vue un peu obligé pour la presse (c’est difficile d’entrer dans un maquis pour y faire un reportage), le journaliste renvoie les 2 camps face à face en dénonçant les crimes des uns et des autres, sans prendre partie.

DSCN3634

Sous ce titre, le sous-titre nous fait entrer tout de suite au coeur du sujet: L’oncle Sam commandite le gouvernement d’Athènes pour permettre aux 120 000 réguliers de vaincre 12 000 partisans.

C’est bien une guerre civile entre partisans de l’Occident (le gouvernement d’Athènes et son Armée soutenu par les Etats-Unis) et des partisans communistes soutenus au début par Staline.

Comme en Espagne, cette guerre fratricide est terrible. Dans cette première page, on y voit un prêtre des partisans Litos Athanasios…

DSCN3635

qui, dit-on, attend son exécution dans les prisons gouvernementales pour avoir fait crucifier… un prêtre du camp adverse !

Même chose dans la légende de cette autre vue, celle d’une militante de l’armée communiste du KKE (le Parti Communiste Grec) Héléna Trygonis …

DSCN3637

attendant son exécution pour avoir commis des crimes sur un prêtre et quelques bourgeois réactionnaires. Une militante qui fait penser à Dolorès Ibàrruri, la pasionaria espagnole.

Des troupes régulières avec des cadres vêtus de l’uniforme britannique…

DSCN3638 (1)

qui recrutent par milliers des paysans pour compléter leurs effectifs…

DSCN3639

grâce à l’argent donné par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, gardiennes de l’Occident anti-communiste…

DSCN3640 (1)

qui utilisent le matériel laissé par les Allemands (ici du matériel ferroviaire) (à noter que les maquis communistes récupérèrent aussi de l’armement allemand)…

DSCN3641

Pour le journaliste d’Images du Monde il ne fait aucun doute que Communistes fanatiques et Réactionnaires corrompus commettent les mêmes excès. Une lucidité rare dans une presse anti-communiste en France au début de la Guerre Froide.

Des photos de maquisards prisonniers descendant des montagnes…

DSCN3636

pour se retrouver dans des camps…

DSCN3642

comme ici en train d’aplanir un terrain pour y installer un terrain de football.

DSCN3643

D’autres images de procès, celui tenu par un tribunal militaire toujours enclin à prononcer des peines capitales pour les ennemis du régime qu’il défend…

DSCN3643

sauf dans ce cas puisqu’il s’agit de celui de paysans incorporés de force dans la guérilla communiste.

D’autres prisonniers en attente d’exécution derrière une grille…

DSCN3644

comme ici le leader Papaflessas alias Vassilia Takos dans une cage.

Et de partout dans les campagne, des tombes semblables à celles-ci où réguliers et partisans sont quasiment enterrés ensemble:

DSCN3645

Cette guerre civile grecque qui dura de 1946 à 1949, s’acheva par la traîtrise de Staline qui abandonna ses partisans au moment de l’exclusion de Tito du Kominform, la guérilla communiste se retrouvant d’un seul coup sans aucune aide militaire. Mais il ne faut pas oublier que les vainqueurs de 1945 eurent une grande responsabilité dans celle-ci en décidant d’autorité quel serait le régime politique de la Grèce sans écouter les voeux des populations locales et en replaçant au pouvoir des politiques corrompus et impopulaires. Sans cela et en écoutant les peuples, il n’y aurait certainement pas ce bain de sang fratricide.
Autre parallèle avec la guerre d’Espagne, plus de 150 000 morts et 80 000 à 100 000 réfugiés d’une Retirada grecque vers la Bulgarie et la Yougoslavie.

Et en 1947, pendant ce temps-là, en France,…

DSCN3633

on préparait le premier Tour de France de l’après-guerre…. ! Mais en 1944, ce fut un gouvernement d’unité nationale qui gouverna la République, en s’appuyant sur un programme écrit dans la clandestinité.

Poster un commentaire

Classé dans Revues

GUERRE CIVILE ESPAGNOLE: une lettre CENSURÉE de 1936

Deux mois exactement après le début de la sédition factieuse initié par les éléments les plus conservateurs de la société espagnole des années 30, cette lettre partait de Casablanca pour Barcelone et le rédacteur en chef d’un journal « Ibérica » qui n’y était plus.

DSCN2371

Cette lettre envoyée par le

DSCN2373

contenait des imprimés comme on peut le lire sur un tampon, en bas à droite. Comme tout le courrier circulant en Espagne pendant la Guerre civile, elle subit les foudres de la censure, républicaine celle-ci. Elle fut donc ouverte, lu puis refermée (bande collante à gauche) et au recto comme au verso, le tampon de la censure:

DSCN2374 DSCN2375

La censure sévissait dans les 2 camps, autant dans celui Républicain que celui Nationaliste. On avait présenté il y a quelque temps, une lettre ayant été lue par la censure franquiste puis par la censure française. Voir:

https://unmondedepapiers.com/2014/06/17/une-lettre-despagne-qui-a-ete-beaucoup-lue

Poster un commentaire

Classé dans Vieux papiers

Un autre 11 SEPTEMBRE, l’EXPÉRIENCE CHILIENNE prenait fin prématurément. Le CANARD ENCHAÎNÉ en parle…

Le Canard Enchaîné du 19 septembre 1973 dans lequel l’hebdo humoristique fait un jeu de mot, le Chili devenant Chienlit, terme que De Gaulle avait remis à la mode pour parler des événements de Mai 68.

DSCN1373

D’ailleurs, dans l’article d’André Ribaud est prononcé un autre mot que De Gaulle a immortalisé en 1961, lors du putsch des Généraux d’Alger: « pronunciamiento » et sur ce petit encart avec une photo des généraux félons…

DSCN1378

on peut lire un troisième mot du grand homme prononcé en la même occasion: quarteron. En septembre 1973, il n’y a pas encore 4 ans que de Gaulle a disparu. Et la droite de Pompidou aurait bien eu besoin de la vision un peu plus avisée de De Gaulle face à cette crise chilienne. D’où cette caricature du Président Pompidou appelant Pinochet…

DSCN1376

pour lui proposer d’entrer dans le Marché Commun (on dirait l’Europe en 2016) sans aucune empathie pour ce qui s’est passé, le coup d’état, la mort du président démocratiquement élu Salvador Allende suicidé par les militaires et la terrible répression que l’on pouvait imaginer et qui ira plus loin que ce que l’on imaginait… quand on saura:

DSCN1375

Un coup d’état manigancé par les Etats-Unis de Nixon qui, lui fête ouvertement cela…

DSCN1374

puisque ce sont les agents de la CIA qui aideront Pinochet avec plus tard l’aide d’anciens nazis convertis, utilisés pour leur savoir-faire ! Les Etats-Unis voulaient préserver les intérêts exclusifs de leurs multinationales américaines alors que le gouvernement Allende voulaient les faire participer au partage des richesses pour aider les plus pauvres. ITT et d’autres seront montrées du doigt par la suite avec appel au boycott de leurs produits en Europe.

Le texte principal est signé par André Ribaud. Le voici.

DSCN1377

« Le gouvernement des militaires est, de tous, le plus coûteux, le plus tyrannique et le plus rétrograde. Fondé sur la peur, il ruine le commerce, avilit les sujets, méprise les principes et néglige le savoir », écrivait l’illustre Churchill, alors dans son jeune âge, en 1899. Superbe définition, mais tellement incomplète, tellement dépassée. Disons que le gouvernement des militaires bafoue la loi, sabre les libertés, emprisonne, torture, exécute les opposants et on aura une idée plus précise de la fière équipe qui vient de faire main basse sur le Chili et de bousiller à coups de roquettes, de mitrailleuses, dans le sang, l’expérience socialiste du noble président Allende.

Pourtant, qu’est-ce qu’on ne nous avait pas raconté sur le loyalisme à toute épreuve de cette armée chilienne, démocratique, légaliste, respectueuse de l’ordre constitutionnel et tout ! Et Pinochet, avec son nom d’opérette, n’est-ce pas un démocrate estampillé et même un démocrate-chrétien ? Les autres généraux putschistes, qui allaient trahir et faire mourir l’homme dont, la veille encore, ils acceptaient commandements et portefeuilles ? Au-dessus de tout soupçon, on disait. Et puis, ce fut, le 11 septembre, le putsch, le pronunciamiento, la répression conduite avec une dureté implacable par cette armée si loyaliste, si démocratique…

En vérité, il n’est si bonne armée dont il ne faille, toujours et partout se méfier. Le trop confiant président Allende a cru devoir et pouvoir faire cautionner, étayer, protéger son expérience par ses généraux. En leur conseillant des ministères, des responsabilités civiles, il a introduit les loups dans la bergerie et les loups l’ont dévoré. Au fond, on en revient toujours là : les civils surtout quand ils sont socialistes, ne doivent jamais donner l’occasion aux militaires de se mêler des affaires des civils. C’est ouvrir la porte à toutes les tentations. Demandez plutôt à Guy Mollet et à Lacoste, après leur expérience de la guerre d’Algérie. Et on murmure de Moscou que Brejnev commence à se mordre les doigts d’avoir fait entrer le maréchal Gretchko dans le Politburo.

La seule armée à peu près sûre c’est celle qu’on renvoie dans ses foyers ou, à tout le moins, qu’on laisse dans ses cantonnements. Et dans l’armée la plus loyale, il y a toujours un Massu modèle 58 ou 68 qui sommeille ou un Pinochet qui ne dort que d’un œil. Le Chili, bien sûr, n’est pas la France. Mais si un jour Mitterrand vient au pouvoir, qu’il se garde bien de donner un portefeuille à un quelconque Pinochet français. Il sait comment cela finit.

Il est vrai que des Pinochet français, le directeur du Figaro, Robinet, en prédit et en promet à Mitterrand. Dans son éditorial époustouflant, le cher confrère explique froidement que si Mitterrand vient au pouvoir avec un gouvernement de gauche élu par le suffrage universel, et bien l’armée sera amenée fatalement à le renverser. Et ce sera la faute à qui ? A Mitterrand, coupable de s’être fait légalement élire par le peuple.

De Robinet en Pinochet… Gloire, gloire aux portes-flambeaux de la belle bourgeoisie française !

Et gloire aussi au gouvernement français pour sa noble courageuse et brillante attitude de Ponce Pilate. Pompidou a attendu trois jours pour envoyer un télégramme conventionnel à la veuve du président Allende. Messmer a bafouillé trois phrases vaseuses pour annoncer que la France n’avait qu’un devoir : se taire. Pardi, la France, comme dit Pompidou, entend « être bien avec le monde » et donc bien avec Pinochet.

Mais voici ce qu’on dit dans les milieux bien renseignés : la France veut éviter à tout prix d’indisposer la junte parce qu’elle espère obtenir une commande d’une vingtaine de « Mirage » et de chars « AMX ». Le général Prats, chef d’état-major sous le président Allende, était venu, en juin, négocier le marché, mais la France, sentant que la situation intérieure au Chili n’était pas sûre, avait suspendu les pourparlers. Maintenant, elle veut enlever le morceau. Tel serait le prix de son noble silence.

La France, naguère, était connue, respectée, aimée, spécialement en Amérique du Sud, comme la championne des libertés et des droits de l’homme. À cette image, la Ve République préfère aujourd’hui celle, sordide, du marchand de canons. Les principes de Monsieur Dassault ont remplacé ceux de 89.

Pauvre Allende !

Un excellent résumé de la situation ! En 1973, les Chiliens en prenaient pour 17 ans de cette dictature militaire de Pinochet qui allait être renvoyée à ses chères études suite au référendum perdu du 5 octobre 1988 dont le déroulement a été raconté récemment dans le film « No » de Pablo Larrain. La mort en 2006 de l’ancien dictateur l’empêcha qu’il réponde de des crimes de son régime devant la justice, d’expliquer le pourquoi et le comment des milliers de morts et disparus.

Quant à la réaction des syndicats en France en 1973, elle se matérialisa par des grèves et des débrayages. Le 12 septembre 1973, c’était mon premier mouvement de grève de jeune enseignant au collège du Moulin d’Albi à Bourg-les-Valence, un débrayage de 30 minutes à 11 heures 30. Ce ne devait pas être le dernier !

Poster un commentaire

Classé dans Journaux

L’Association FFREEE édite un timbre à l’effigie de la SECONDE RÉPUBLIQUE ESPAGNOLE

DSCN1368

La Poste permet depuis quelques années au particulier comme aux Collectivités et entreprises d’éditer des timbres postes ayant valeur faciale d’affranchissement à l’occasion d’événements ou pour se faire connaître.

Ainsi, en l’occasion des 17ème Camins (chemins) de la Retirada -l’exode massif (500 000 personnes) des Républicain(e)s Espagnol(e)s après la chute de la Catalogne et l’imminente victoire de Franco en février 1939- célébrant cette tragédie tous les ans en février, l’association FFREEE d’Argelès-sur-Mer édita cette année le timbre que l’on voit ci-dessus, à l’effigie de la Seconde République Espagnole.

DSCN1369

FFREEE: Fils et Filles de Républicains Espagnols et Enfants de l’Exil.

Cette année, comme vous pouvez le voir et lire en « Humeurs » ou en « Archives » suivant le moment où vous parcourrez ces lignes, les Chemins allèrent visiter le nouveau mémorial du camp de Rivesaltes, récemment inauguré.

DSCN1367

Une heureuse initiative.

Poster un commentaire

Classé dans ORIGINAL!, TIMBRES

GUERRE CIVILE en ESPAGNE: un TRACT NATIONALISTE

Ii s’agit d’un feuillet en papier très fin destiné à la population civile et certainement aussi aux combattants de la Zone Rouge (la région tenue par les Répubicains).

DSCN1813

Il annonce l’effondrement du front d’Aragon et l’avance rapide des forces nationalistes vers le mer Méditerranée. Sont citées une série de villes « libérées » par les franquistes, qui sont retournées vers la vraie Espagne:

DSCN1814

Puis est lancé un appel pour rejoindre les troupes de Franco et se libérer des « tyrans »

DSCN1816

Le tout se terminant par un vibrant « Arriba Espana » formule de ralliement des Fascistes devenue un des slogans du régime franquiste,même après la fin de la guerre civile. 

Un appel à la désertion, une lutte d’influence classique en temps de conflit.

DSCN1812

le tract dans sa totalité.

Peut-être peut-on dater ce tract de la bataille de Belchite, soit du milieu de l’année 1937.

Poster un commentaire

Classé dans Vieux papiers

INQUIETUD: une feuille de propagande des Etudiants des Beaux-Arts de Barcelone en 1937

DSCN2293

Un bulletin, le n°25 du 15 novembre 1937 édité par la F.N.E.C. qui doit être la Fédération Nationale des Etudiants Catalans (Federació Nacional d’Estudiants Catalans), étudiants de Beaux-Arts.

Nous sommes en pleine guerre civile espagnole et le combat des étudiants est à la fois contre les fascistes, pour la République mais aussi pour l’Indépendance de la Catalogne.

Le bulletin est rédigé en catalan et non en castillan. Le titre semble signifier plutôt AGITATION que le mot français auquel il fait immédiatement penser.

Revue de 8 pages non coupée donc lisible en la dépliant, comme déjà vu pour une revue royaliste française de la même époque.

 DSCN2296La double page centrale est dédiée au peintre barcelonais Xavier Nogues. On apprend qu’il vécut de 1873 à 1940 ou 1941.

Biographie et techniques de travail dans la revue, illustré d’une oeuvre:

El mercat d’Olot

Le marché d’Olot

DSCN2297

Olot, une commune du nord de la Catalogne, au pied des Pyrénées, ville minière qui ressemble plus à Aurillac ou Givors qu’à Cadaquès !

En dernière page, un petit conte sous le titre L’émigrant. dans une rubrique Partenaires de guerre. 

DSCN2294

illustré d’un dessin de Domenech…

DSCN2295

Episode de guerre dans la région de Zueca, près de Saragossa.

Le reste des écrits des pages centrales est beaucoup plus dense donc un peu plus difficile à comprendre. Deux pages reviennent sur la création par la Generalitat de Catalunya d’un cursus universitaire incluant les Arts Plastiques dans une ESCOLA DE BELLES ARTS DE CATALUNYA.

DSCN2299DSCN2298

Une page politique avec une dissertation sur ce que doit être la Victoire sur le Fascisme et sur ce à quoi elle doit aboutir.

DSCN2301

Enfin une dernière page intitulé NOTES DE SECRETARIAT (communiqués de presse)…

DSCN2300

avec un communiqué du Secrétaire Général du C.E.N.U., un autre du Commissariat de Guerre de l’Association des Etudiants, un du Commissariat d’Organisation et un dernier sur la Compagnie des Etudiants des Beaux-Arts sur le front.

Ainsi, on apprend qu’une surtaxe mensuelle de 0,20 pesetas sera perçue sur chaque carte étudiante, que les membres sont conviés à passer tous les jours de 18 à 21 heures pour régler celle-ci et cela avant le 30 décembre 1937 sous peine d’être rayé des cadres, que toute nouvelle adhésion sera faite à titre provisoire à partir du 15 octobre, qu’un atelier de confection de vêtement chauds à destination de ceux qui sont au front est organisé en espérant que les filles viennent s’y inscrire pour alléger les souffrances des combattants…

Poster un commentaire

Classé dans Revues