Un tract clandestin de 1942 titré ainsi:
Une lettre ouverte aux militants syndicaux de tous bords. La C.G.T. étant très proche du P.C.F. on peut penser que ce tract s’adresse en priorité aux militants chrétiens de la C.G.T.C., première appellation de la C.F.T.C.
C’est aussi un appel aux militants communistes particulièrement désorientés depuis 2 ans par l’attitude mouvante de leur parti: collaborationniste en soutenant le pacte germano-soviétique puis résistant après Barbarossa. Certains dirigeants communistes rejoignirent d’ailleurs la collaboration et Doriot qui fut l’un des leurs. C’est le cas d’Albert Clément, assassiné en juillet 1942 alors qu’après avoir été rédacteur en chef de La Vie Ouvrière, il tint le même rôle au Cri du Peuple organe du P.P.F. C’est ce détail qui me permit de dater ce document.
L’adversaire est tout d’abord clairement identifier, c’est Laval, le chef du gouvernement de Vichy qui applique les ordres d’Hitler.
On y dit qu’il n’hésite pas à faire fermer les petites et moyennes entreprises récalcitrantes à la collaboration. On y dit aussi qu’il affirme vouloir la victoire des Nazis ce que l’Histoire lui a toujours prêté.
Face à cette attitude isolée, le tract met en garde les ouvriers de ne pas devenir les alliés des desseins funestes de l’homme de Vichy.
La suite liste des hommes des anciens syndicats démocratiques que Vichy a interdit qui rejoignirent le camp de Laval:
On y cite Déat, Doriot, de Dumoulin, Desphilippon, Lafaye…
En contrepartie, la suite du tract énumère les noms de syndicalistes éliminés pour ne pas avoir suivi les ordres de Laval…
C’est à Timbault, Semard, Michels, Granet, Pillet, Poulrage, Vercruysse, Perrouault que les militants syndicaux doivent essayer de ressembler… tous assassinés par la Gestapo ou les hommes de Vichy.
Car la fin du tract est aussi une menace claire à l’encontre de ceux qui seraient trop conciliants avec Vichy.
La défaite des Nazis approchent (au second semestre 1942, ce n’était pas acquis) et ceux qui se comporteraient en larbins de Vichy seront poursuivis pour trahison, après la guerre.
La conclusion du tract est claire:
Clément (dont on a parlé plus haut) a simplement subi trop tardivement le sort qui attend tous les individus de son espèce. Clair !
Le tract-lettre ouverte dans son intégralité.
à suivre numéro spécial de l’Humanité d’août-septembre 1942








