108 POILUS de Caderousse, 108 DESTINS… BRUGUIER Marius.

108 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 108 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Vingt-deuxième nom de la liste: Bruguier Marius François.

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Première face du Monument.

Petit frère de Léon Bruguier, né le 16 août 1886, Marius fut appelé sous les drapeaux le 7 octobre 1907. La révolte des vignerons du Midi et la mutinerie des soldats du 17ème de Ligne étant passées par là, Marius dut prendre la direction de Besançon au lieu d’Avignon. Pas de caserne Chabran et de 58ème RI mais la caserne Charmont et le 60ème Régiment d’Infanterie pour le jeune Caderoussier ! Sa période militaire durera un peu plus de trois ans à cause d’un petit problème de discipline au début de l’an 1908 !

En effet, la lecture du registre matricule de Marius Bruguier nous apprend qu’il sera un temps considéré comme déserteur. Oui, il quitta en douce le régiment doubiste et la région de Besançon le 21 janvier 1908. L’autorité militaire s’en aperçut lors de l’appel du soir. Le semaine réglementaire d’attente passée, l’Armée le plaça comme déserteur le 28 janvier suivant. Ça ne sentait pas très bon pour Marius, rentré à Caderousse dans son foyer. C’est là que les gendarmes d’Avignon vinrent le cueillir le même jour et sa fugue prit fin. Il était ramené dans son unité entre deux gendarmes le 31 janvier 1908.

L’armée ne lui tint pas rigueur de cette petite incartade car Marius ne connut pas le trou, sa « désertion » ne fut pas inscrite dans son dossier militaire et il reçut tout de même à sa libération un certificat de bonne conduite. Mais comme le règlement est le règlement, il fit deux semaines de supplément à la fin de ses trois années et retrouva la vie civile avec 15 jours de retard, le 24 octobre 1909.

Six ans plus tard, c’était la guerre, la mobilisation générale du 2 août 1914 et un retour sous les drapeaux pour tous les réservistes nés à partir de 1867. Marius en faisait bien entendu partie mais on le convoqua à la caserne Chabran d’Avignon et non à Besançon. Il fut donc incorporé au 258ème Régiment d’Infanterie, la réserve du 58ème Régiment d’Infanterie. Ce petit détail, non mentionné sur les registres matricules de Marius Bruguier, ne posa problème un bon moment lors de cette recherche, avant de pouvoir renouer le fil de ce récit !

Ce sont les régiments des jeunes recrues qui furent envoyées en premier vers le front de l’est et du nord de la France. Le 58ème R.I. partit d’Avignon très rapidement pour la région de Nancy, on en a parlé lors de l’évocation de la courte guerre d’Augustin Aubert, tué le 11 août 1914, lors d’une initiative malheureuse d’un gradé inconscient du côté de Lagarde. A cette date, les « vieux » du 258ème campaient du côté de L’Isle-sur-la-Sorgue, de Chateauneuf-de-Gadagne, attendant en tirant quelques coups de feux d’entraînement que le PLM ait pu absorbé le flot des troupes prêtes au combat.

Le 258ème prit le train le 21 août et débarqua à Dugny-sur-Meuse ce fameux 22 août 1914, le « Bloody Day » de l’Armée française. On est là au sud de Verdun. Les premiers coups de feu sont échangés avec les Allemands deux jours plus tard, à Buzy-Darmont. Mais ce n’est rien d’un gentil prologue. Le Journal de Marche de l’unité parle d’une petite panique (cohue) chez les hommes devant la puissance de tir ennemie. Finies les manoeuvres à Gadagne, on dénombre 100 tués et 300 blessés dans les rang du 258ème, en 24 heures ! Terrible baptême du feu !

Mais le régiment connaîtra bien pire, un an et demi plus tard. Nous sommes toujours dans le même coin d’Argonne mais depuis le 21 février 1916, c’est l’enfer. Les réservistes avignonnais tiennent le secteur du bois de Malancourt, à 20 kilomètres au nord-ouest de Verdun. Les jours qui précèdent le 20 mars 1916 sont plutôt calmes: quelques tirs croisés. Trop calmes ! Les Allemands amènent en cachette des observateurs français qui ont tout de même entendu des bruits de véhicules,  de nombreuses troupes. Le matin du 20 mars 1916, c’est l’attaque et la narration qu’en fait le membre de l’Etat-Major de l’unité à l’arrière est édifiante:

Scénario classique: un déluge d’artillerie s’abat sur les tranchées du 258ème au bois de Malancourt laissant les hommes hébétés et annihilant toute réaction quand les vagues d’assaut des fantassins allemands déboulent. Bilan, de nombreux tués et blessés et quasiment tout le régiment détruit à l’exemption de la 22ème compagnie, l’Etat-Major s’en apercevra 2 jours après quand elle réapparaîtra ! Un désastre tel que le régiment sera dissout, faute de combattants, quelques jours après.

Beaucoup d’hommes furent fait prisonniers et ce fut le cas de Marius Bruguier. Sa guerre était terminée et il fut envoyé à l’arrière, au camp d’Heuberg. Ce camp était situé sur la commune de Stetten-am-Kalten-Markt, non loin de Sigmaringen où en 1945 se réfugièrent Pétain et Laval. Ce camp fut ouvert dès le 17 octobre 1914 par l’armée allemande. Les 29 premiers prisonniers français arrivèrent en 25 novembre de la même année. Cinq jours plus tard, ils étaient presque 200 et deux ans et demi après, Heuberg était devenu une ville cosmopolite de 15 000 hommes, principalement des Russes (7 500) et des Français (5 000) ! Le site de l’Amicale du 3ème Dragons évoque ce camp et publie d’intéressantes photos et textes. A visiter !

A cette date de la fin d’été 1917, Marius Bruguier n’était plus en Bade-Württemberg. Le 17 septembre 1917, gravement malade, les autorités allemandes autorisèrent la Croix-Rouge à l’évacuer en Suisse. Toujours retenu, il bénéficia des accords de Berne entre les belligérants français et allemands sur le sort des prisonniers de guerre blessés ou malades pour être définitivement transféré en France. Tous les 2 mois, deux trains de prisonniers faisaient la navette entre Constance et Lyon, emmenant et ramenant des centaines de malades et grands blessés.  A partir du 29 mars 1918, Marius Bruguier fut hospitalisé un temps à Saint-Genis-Laval, dans cette bourgeoise banlieue ouest lyonnaise puis évacué chez lui, à Caderousse.

Atteint d’une grave tuberculose pulmonaire, il s’éteignit auprès des siens le 08 août 1918, quelques jours avant de fêter son 32ème anniversaire. Il est considéré comme Mort Pour La France, ayant contracté cette maladie en camp de prisonniers de guerre.

La fiche de Marius François Bruguier de Mémoire des Hommes

…et une autre fiche concernant le même Marius Bruguier sur ce même site.

Marius François Bruguier matricule 311 classe 1906, bureau de recrutement d’Avignon pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. 

A suivre: Martial Bruguier.

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