C’est Le Miroir des Sports du 3 avril 1924 qui nous raconte le début de la saison cycliste, loin des Emirats comme cela se fait de nos jours.
Tout d’abord, ce début de saison se situe en avril et non en janvier et c’est dans le Vaucluse que quelques cyclistes professionnels vont se mélanger à un peloton de coureurs régionaux, tout contents de se mesurer à l’élite. Et c’est les échappées devant l’Arc-de-Triomphe romain d’Orange que le magazine sportif a choisi pour illustrer sa une.
Les échappées ne sont pas des coureurs qui ont laissé leur nom dans la mémoire collective du sport cycliste mondial, loin de là: Ducerisier, Ville et Hillarion. Il faut dire que bien des pros ont pris la tangente depuis le premier tiers de la course suite à un incident:
une erreur d’aiguillage de la part des occupants d’une voiture suiveuse qui rejeta les frères Pelissier, Suter, Alavoine, Jacquinot dans la nature avec un débours de 30 minutes sur les premiers quand ils retrouvèrent la route de la course, comme nous le raconte ce passage de l’article:
Des pros peut-être pas si mécontents que cela de rentrer à l’hôtel plus tôt que prévu, à une semaine du grand Paris-Roubaix qui est leur premier objectif de 1924 !
Surtout que le départ de la randonnée autour du Vaucluse s’était passé dans une ambiance du Nord de la France…
humidité, brouillard, froid… Mais cela allait rentrer dans l’ordre dès l’apparition des premiers rayons du soleil provençal.
La course est en effet un véritable Tour du Vaucluse, partie d’Avignon pour rentrer au même endroit en passant par le pied du Luberon, les monts du Vaucluse (on ne monte pas au Ventoux tout de même), le grand nord vauclusien en fin de parcours, vers Bollène, comme on le voit ici…
avant une descente le long du Rhône sur la Nationale 7 comme ici à Mondragon…
avec un paysage connu de la route de Bollène, Orange(on l’a vu), Courthézon…
pour une arrivée sur le vélodrome de Bagatelle en Avignon, un stade-vélodrome situé à proximité du pont suspendu d’alors (pont Saladier de nos jours), dans l’île de la Barthelasse, un stade qui existe toujours même s’il a perdu son vélodrome… que l’on perçoit tout de même encore un peu:
Une belle victoire de Maurice Ville devant Hillarion et Ducerisier comme on peut le lire sur ce classement final de la course:
Une belle balade en Vaucluse de 283 bornes (!) parcourues à presque 30 km/h de moyenne. Une preuve que les absents qui se sont esquissés le matin eurent tort: Maurice Ville fit second de la « Pascale », sur le vélodrome de Roubaix, le dimanche suivant !