S’il est une commune rhodanienne typique à montrer à un visiteur venu de Mars ou de Paris, c’est bien à Saint-Etienne-des-Sorts qu’on se doit d’aller faire un tour. A son niveau, le Rhône est majestueux pour cause de retenue du barrage de Caderousse. Une digue avec des anneaux d’amarrage, des maisons avec des pieds dans l’eau, les échelles de crue et les vannes pour fermer des bastardeu(s) en cas de montée des eaux complètent le décor.
Et puis les dernière traces du bac à traille.
Entre Saint-Etienne-des-Sorts et Mornas (et quelques îles avant les aménagements de la CNR) existèrent à certains moments de l’Histoire jusqu’à deux bacs à traille. Suivant Henri Cogoluènhe dans sa thèse sur les bacs du Rhône, la première traille fut pendulaire, ce qui est assez rare. A partir de 1869 fut installée une traille traversière au nord de la commune, passage qui fonctionna jusqu’en 1904.
Un second bac fut installé dans le village en 1887. On accédait à la barque en descendant au fleuve par cette pente encore visible et utilisée de nos jours par des pêcheurs ou randonneurs, au sud du village, en face de la cave coopérative.
Au bord de cette pente, cachée dans des herbes folles, on retrouve l’ancienne pile de traille en pin, renforcée, articulée sur un poteau ancré au sol.
Une traille de rechange attend encore au-dessus que les pouvoirs publics remettent en route ce moyen écologique de traversée du fleuve !
Cette traille connut des problèmes quand elle fut détruite par les Allemands en déroute en 1944 puis quand un automoteur la rompit en 1951. Remise en service en 1953, elle officia jusque vers 1975, date à laquelle elle fut abandonnée de par son coût de fonctionnement trop important pour les finances de la commune et par la concurrence de la mise en service des passages routiers sur le Rhône sur le barrage et l’usine hydroélectrique de la chute de Caderousse.
Une carte postale moderne en couleur de la traille de Saint-Etienne-des-Sorts, photo prise depuis cette ville.
Sur la carte de marinier datant de 1930 environ, le bac de Saint-Etienne-des-Sorts est bien mentionné à l’emplacement où des vestiges subsistent.
Aucun vestige sur la rive gauche totalement réaménagée par les aménagements de la CNR et le tracé de la Ligne à Grande Vitesse.
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Merci d’avoir reblogué cet article sur le dernier bac à traille du Rhône, seulement fermé vers 1975. Cordialement, Michel Guérin
J’ai utilisé ce bac en 1970 avec un copain de Piolenc au mois de Mai, juste avant de passer notre baccalauréat. Nous avons traversé, bu un verre au bar de St Etienne des Sorts, puis repris le bac en sens inverse. Nous avions donc « passé le bac » ce jour là et nous l’avons obtenu quelques semaines plus tard et poyursuivi nos études…
Bonjour Monsieur Mathieu. Merci pour cette anecdote. Quand il existait un bac en 2 parties, les anciens de Caderousse disaient qu’ils les avaient eu en ayant franchi le bac de Roquemaure et celui de Saint-Etienne. Cordialement, Michel Guérin