Troisième vue de ce carnet: Sur la route du Boulou- Réfugiés se rendant à Argelès (En la carretera del Boulou-Refugiados dirigiendose à Argiles)
Une route étroite, plate, dans une plaine large. Au bord de la route, des vieux muriers tourmentés qui ont été taillés. Le besoin de feuilles pour l’élevage des vers à soie, au printemps, a poussé les hommes à cette taille. Les réfugiés, des civils principalement mais on voit une casquette militaire au premier plan, cheminent en colonne dense. Ils sont vêtus chaudement. Pas mal d’entre eux s’emmitouflent dans une couverture. On peut imaginer que la tramontane souffle violemment. Au bord de la route, des gardes mobiles français casqués surveillent, le fusil à l’épaule. Ils sont là pour empêcher que certains prennent la poudre d’escampette… ce qui surviendra immanquablement… comment établir un cordon sanitaire infranchissable autour d’une foule de plus de 500 000 personnes en pleine nature ?
Il est quasi certain que la scène n’a pas été fixée au bord de la route entre Le Perthus et Le Boulou. Encaissée dans la vallée descendant des Pyrénées, à aucun moment la plaine ne s’élargit autant. Par contre, il s’agit certainement de la route partant du Boulou vers l’est, en direction d’Argelès et de la mer. C’est aujourd’hui une route plus large à deux voies qui court au pied des Pyrénées. Par contre, une ancienne route nationale existe en parallèle qui passe par les villages de Saint-Génis-les-Fontaines et Saint-André alors que la voie moderne les contourne.