110 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 110 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.
Quarante-neuvième nom de la liste: Louis Victor GROMELLE.
Voici donc avec Joseph Victor Gromelle le Poilu de Caderousse pour l’instant le plus âgé des 49 biographies que nous vous avons présentées depuis mars 2017. En effet Joseph Victor est né le 22 mars 1872 à Caderousse, c’est-à-dire qu’il avait 42 ans et 5 mois à la déclaration de guerre et presque 45 ans le jour de son décès.
Joseph était donc le troisième enfant et seul garçon du couple Antoine Patrice Gromelle né en 1828 à Caderousse et Françoise Marie Echevin d’Orange née le 10 février 1832. Ils s’étaient mariés à Orange 09 février 1856, quelques mois avant la Grande Crue du Rhône dont les hommes ont conservé la trace tout au long de la vallée. De cette union étaient donc nées deux filles, Marie Julie en 1857 et Rose en 1860. Douze années plus tard donc, Joseph était venu les rejoindre.
Extrait du recensement de 1872.
Voici donc la famille au grand complet avec Joseph âgé seulement d’un mois quand l’agent recenseur est passé à la grange de ses parents, quartier Saint-Martin. Les deux grands-mères des enfants sont à la charge du couple d’Antoine et Françoise après la disparition de leurs époux. A cette époque également, les hommes avaient une espérance de vie inférieure à celle des femmes.
On retrouvera une situation quasi identique presque 40 ans plus tard, en 1911.
Extrait du recensement de 1911.
Joseph s’est installée dans la même grange du Pont d’Adam avec Baptistine Rose Martin de 10 ans sa cadette, qu’il a épousé le 24 février 1906. Deux enfants sont nés de cette union, Lucienne en 1907 et Marius en 1908. Un second garçon prénommé Gaston viendra les rejoindre en 1911, après le recensement. Le couple Joseph-Baptistine accueille la mère et la soeur cadette de Joseph. Le travail ne doit manquer au foyer puisque on y trouve également un domestique, Auguste Ponsson et ses trois jeunes enfants. On peut imaginer qu’une belle tablée se retrouvait tous les soirs autour de la table.
C’est dire les difficultés que rencontreront les femmes quand les hommes seront appelés à la guerre !
Joseph avait fait sa période de formation militaire au 24ème Bataillon de Chasseurs à Pied de Villefranche-sur-Mer du 14 janvier 1894 au 28 décembre 1896. Une incorporation à laquelle il avait failli ne pas pouvoir répondre, en janvier 1894 car il aurait pu être sous les verrous à cette date si le tribunal d’Orange lui avait infligé une peine plus longue que les deux mois de prison dont il avait écopé pour coups et blessures, outrage et rébellion, le 07 octobre 1893. Car ce devait être un impulsif, ce Joseph Victor ! Quelques années après, il récidivait et prenait 20 jours de prison et 300 francs d’amende pour coups et blessures volontaires, peine prononcée à Orange le 26 septembre 1903.
Après la déclaration de guerre, Joseph allait se retrouver dans des régiments de l’ouest de la France. Cohabitation certainement pas facile pour ce Provençal qui parlait difficilement français immergé dans un régiment de Bretons pour qui le Français était encore plus une langue étrangère ! Joseph servit donc au 46ème R.I.T. de Guingamp puis passa au 50ème Régiment d’Artillerie de Campagne de Rennes. Malade, il essaya par deux fois d’être réformé mais la commission de réforme de Saint-Brieuc ne l’entendit pas de cette oreille. Il souffrait de surdité, de bourdonnement… L’Armée n’équipait pas encore ses hommes de filtres acoustiques !
C’est une pleuro-pneumonie qui emporta Joseph Victor Gromelle le 15 janvier 1917, à l’hôpital complémentaire de Rennes. Les petits Marius et Gaston étaient un peu jeune alors pour reprendre la ferme familiale.
La fiche matricule de Joseph Victor Gromelle de Mémoire des Hommes.
Joseph Victor Gromelle, matricule 917 classe 1992, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Gromelle est toujours vivant à Caderousse et près d’Orange. Si une personne reconnaît en ce Poilu, un ascendant direct ou indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter ou corriger cette petite biographie.
A suivre: Jean Gueilen.
Il semble qu’un tombeau ait gardé le souvenir de Joseph Victor Gromelle dans le premier cimetière communal.