Archives de Tag: biographie

115 POILUS de CADEROUSSE, 115 DESTINS… Henri Saturnin RAMEL.

115 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 115 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Quatre-vingt troisième nom de la liste: Henri Saturnin RAMEL.

 

La troisième face du Monument aux Morts.

C’est le 29 novembre 1897 qu’Henri Saturnin Ramel est né à Caderousse. Il n’avait pas encore dix-sept ans quand la guerre a éclaté et seules les circonstances du conflit l’ont amené au front pour le destin tragique qu’on devine. Si la guerre avait été courte comme tout la monde le prévoyait, si le premier mois de guerre n’avait pas été cette infâme boucherie, il n’aurait rejoint l’Armée qu’en 1918 et aurait eu bien plus de chance de passer à travers les balles allemandes. Oui mais, avec des si… !

Henri est le fils de Louis Joseph Ramel né en 1865. Ce dernier est un enfant du village qui a uni son destin à celui d’une fille de Barbentane, Marie Appollonie Aurouze venue au monde entre Rhône et Durance en 1868. Les noces sont célébrées le 29 avril 1891 à Caderousse et moins d’une année plus tard, nait une petite Marguerite Aimée le 29 mars 1892. C’est le père de Marie qui va aller en mairie déclarer cette naissance car à cette époque-là, le 58ème R.I. d’Avignon a rappelé Louis Joseph pour une période d’un mois d’exercices. Il est là quand vient au monde son second enfant, son fils Henri Saturnin, rue Vénasque.

Voici donc la famille au grand complet au recensement de 1906 avec deux intrus, des cousins qui vivent au foyer de Louis et Marie. Le père exerce le métier d’ouvrier baletier chez le patron Vivet. Henri suivra la trace de son père avant qu’il ne soit mobilisé, le 09 août 1986 à l’âge de 18 ans et 8 mois ! Très très jeune pour aller se faire tuer !

Il rejoint le 99ème Régiment d’Infanterie de Vienne, toujours au bord du Rhône, pour une formation militaire. Il est ensuite viré au 22ème RI en janvier 1917 avant de revenir au 99ème deux mois plus tard. C’est au 299ème R.I. qu’il va connaître son tragique destin. Nous sommes alors en août 1918. Le sort de la guerre vient de basculer et sur tous les fronts, les troupes allemandes reculent. Un retrait combatif et terriblement meurtrier. Preuve de ce retrait, cette illustration montrant l’avancée du 299ème de Ligne entre le 8 et le 11 août 1918, dans l’Oise, du côté de Mareuil-la-Motte.

Une avancée de plus de dix kilomètres en quatre jours alors que les offensives des années précédentes lors de la guerre des tranchées ne permettaient que de petits gains territoriaux sur des temps beaucoup plus longs. Et Henri Ramel dans tout cela ?
A travers les écrits de son registre matricule, on comprend qu’il disparaît corps et âme à un moment et qu’on ne retrouve sa dépouille que le 1er septembre 1918. Les troupes avancent, l’intendance doit suivre et on n’a guère de temps et de personnel pour s’occuper des morts tant on a du travail avec les vivants, qu’ils soient blessés ou indemnes. A partir de la position où le corps a été retrouvé, non loin de Mareuil-la-Motte, à quinze kilomètres au nord de Compiègne, on estime qu’il a été tué le 11 août 1918 et le tribunal d’Orange va confirmer cette date, longtemps après la fin de guerre, dans un jugement déclaratif du 15 octobre 1920.

Le 11 août 1918, Henri Saturnin Ramel était âgé de 20 ans et 8 mois. Court et triste destin ! En dédommagement de cette perte, l’Etat allait octroyer 150 francs à son père le 30 novembre 1918. Le prix d’un homme !

 

La fiche matricule de Henri Saturnin Ramel de Mémoire des Hommes.

Henri Saturnin Ramel, matricule 1 232 de la classe 1917, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Ramel est encore présent en Vaucluse comme dans le Gard, si quelqu’un reconnaît en Henri Saturnin son ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: Les frères Raymond.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE

115 POILUS de CADEROUSSE, 115 DESTINS… Louis Antonin POINT.

115 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 115 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Quatre-vingt deuxième nom de la liste: Louis Antonin POINT.

 

La troisième face du Monument aux Morts.

Louis Antonin Point n’est pas né à Caderousse mais à Orange le 28 février 1883. En effet, son père Louis Auguste est Orangeois de naissance, venu au monde dans la Cité des Princes le 28 mai 1846. Ce dernier va convoler en justes noces avec une fille de Roquemaure, Anne Pauline Richard, certainement vers le 02 janvier 1877. Faute d’Etat-civil du Gard numérisée, on peut lire les deux publications du mariage Point-Richard transcrites à Orange les 19 et 26 décembre 1876.

Très rapidement va naître une fille Marie Angélique arrivée neuf mois après le mariage, le 05 octobre 1877, quartier des Graves à Orange. C’est aujourd’hui la sortie ouest de la ville mais ce devait être à l’époque une grange à la campagne, proche de la route menant à Caderousse. Quatre ans plus tard, un garçon, Félix Joseph venait agrandir la famille le 31 mai 1881, toujours aux Graves. Enfin, c’était au tour du futur Poilu caderoussien Louis Antonin de voir le jour, le 28 février 1883. On constate en cette occasion que le fermier Louis Auguste Point a quitté les Graves pour le quartier Champauvin, une autre appellation du Coudoulet.

C’est là que, moins de quarante jours après la naissance de Louis, ce dernier va se retrouve orphelin avec le décès de sa mère Anne Pauline, le 09 juillet 1883. Suite de couches ? Accident ou maladie ? Les actes de décès en France ne le mentionnent pas contrairement à ceux du Royaume Uni. Voici donc le père devant s’occuper d’une famille de trois enfants tout seul, tout en menant des terres. Pas facile !

On retrouve la famille à Caderousse lors du recensement de 1896.

C’est Marguerite, la mère de Louis Auguste qui s’occupe, malgré ses soixante-douze ans de la ferme au quartier de la Grand Grange. La fratrie est au complet et les garçons donnent la main au père dans les champs. C’est entre 1891 et 1895 que les Point sont venus s’installer à Caderousse.

Sa mère devenant âgée et ne pouvant plus le seconder suffisamment, Louis Auguste va se remarier le 1er mai 1901 à Camaret avec Marie Adélaïde Bourret, huit ans plus jeune que lui. En 1906, le couple vit maintenant aux Cabannes…

Le recensement de 1906.

… Marguerite est décédée en 1905, les aînés ont pris leur envol, seul Louis Antonin est revenu auprès de son père après son service militaire.

Ses classes, il les a faites en Arles, au 58ème Régiment d’Infanterie du 14 novembre 1904 au 23 septembre 1905. Seulement une petite année du fait que son frère Félix Joseph soit sous les drapeaux et que lui doive aider son père aux champs. Cela lui permit  de gagner deux années de service.

Il est toujours là en 1911…

Le recensement du 1911.

… et il ne semble pas s’être marié dans les trois années suivantes qui précèdent la grande déflagration.

Rappelé sous les drapeaux le 04 août 1914 en Avignon, il passe rapidement au 4ème Régiment d’Infanterie Coloniale de Toulon, après la terrible journée du 27 août qui a vu ce régiment perdre 1 475 hommes et 22 officiers en quelques heures, du côté de Luzy-Martincourt, suite à une violente attaque allemande repoussée… mais à quel prix !

C’est dans le secteur de la main de Massiges en Champagne qu’il va subir une grave blessure, une fracture du crâne qui va l’envoyer en service auxiliaire par la commission de réforme. Cela se passa quelques jours avant le 14 avril 1915. Est-ce des complications suite à ce traumatisme ? Ou est-ce après avoir retrouvé son unité après sa convalescence ? Toujours est-il que Louis Antonin Point décède à l’hôpital mixte de Limoges dans la Haute-Vienne le 25 décembre 1915 suite à des blessures de guerre. Triste Noël !

Il était âgé de 32 ans et 10 mois.

La fiche matricule de Louis Antonin Point de Mémoire des Hommes.

Louis Antonin Point, matricule 139 de la classe 1903, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Point est assez répandu sur la rive gauche du Rhône. Si quelqu’un reconnaît en Louis Antoine son ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: Henri Saturnin Ramel.

Quelques mots sur le parcours militaire de Félix Joseph Point, le cadet de la famille mais aîné de Louis (matricule 286 classe 1901- Avignon)

Joseph rejoignit les Hussards à Tarascon en 1902, le 16 novembre, et d’engagement en rengagements resta à l’armée jusqu’au 05 août 1921. C’est donc pour une militaire de carrière qu’il a quitté Caderousse pour servir dans cette unité à cheval.

Il subit une blessure… avant la guerre, en 1907 quand, au manège, son cheval refusant l’obstacle et le blessa au genou et à la cuisse. Ce traumatisme l’accompagnera tout au long de sa carrière militaire et il obtint finalement une petite pension à sa libération.

En 1917, il quitta l’armée d’active pour servir à l’intérieur. Il avait terminé sa Grande Guerre sans nouvelle blessure.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE

115 POILUS de CADEROUSSE, 115 DESTINS… Louis Antoine POINT.

115 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 115 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

On lit sur le monument aux morts les noms de deux concitoyens Point aux noms et prénoms quasi identiques…

…Point Louis (Antonin) et Point Louis Antoine ! Le premier né en 1883 et le second en 1880. Voici la plus grande différence entre les deux. Ils ne sont pas parents mais ont connu la même vie chaotique. Finalement la plus grande ressemblance entre eux, c’est la même difficulté à suivre leur vie avant la guerre, la partie généalogique de leur biographie, à travers état-civils et listes nominatives de Caderousse, d’Orange, de Camaret et de… Laudun et Roquemaure, mais sans archives numérisées, c’est plus rapide !

Commençons par le second inscrit sur le monument, le plus âgé des deux.

Quatre-vingt unième nom de la liste: Louis Antoine POINT.

 

La troisième face du Monument aux Morts.

Louis Antoine est né à Caderousse le 18 février 1880. Son père est né à Caderousse le 21 août 1839 et s’est marié avec Marguerite Pauline Dardun d’Orange le 12 janvier 1878. Les époux sont alors âgés respectivement de 38 et 27 ans.

Au recensement de 1876, Louis Point père vit chez ses parents, quartier Miémart.

Marié le 12 janvier 1878, Louis père se retrouve veuf en août de la même année après le décès de Marguerite. Premier drame ! Il se remarie huit mois plus tard avec une fille de Laudun, Marie Pélagie Mollon, née en 1846 et fille d’un aubergiste puis tonnelier du hameau de L’Ardoise au bord du Rhône. Ces secondes noces seront célébrées dans le Gard le 27 avril 1879. Dix mois plus tard, le 18 février 1880, nait Louis Antoine.

Voici donc toute la famille rassemblée sur la liste du recensement 1886, toujours du côté de Miémart: Louis père et Marie vivent avec Louis fils âgé de 6 ans, la grand-mère paternelle Marguerite Lassiat dont le mari est décédé en 1877  (décès qui a peut-être entrainé le mariage de son fils) et un employé Auguste Lurie.

Cette belle ordonnance sera rapidement bouleversée avec le décès du chef de famille, comme on disait et notait à l’époque. Louis père décède le 04 juin 1889 à la grange de Miémart. Second drame ! Il avait tout juste 50 ans. Marguerite la grand-mère va rejoindre sa fille Caroline mariée avec François Aubert et Marie Pélagie déménage à Orange avec son fils Louis Antoine. Il est plus facile de trouver des ménages à faire ou du linge à repasser en ville qu’à la campagne, dans une ferme isolée au bord de l’eau.

Retour de Marie et Louis Antoine à Caderousse en 1895 ! Marie Pélagie se remarie le 12 janvier 1895 avec François André Bas, veuf lui aussi et vient s’installer dans sa ferme quartier Camblancard, non loin de Miémart. C’est ce que nous indique le recensement de 1896.

A noter au passage la troisième orthographe du patronyme Mollon… Moulon… Moullon, l’exact semblant être la première. A la ferme vivent François et sa fille Joséphine et Marie et son fils, le futur Poilu.

C’est à ce moment que Louis aurait du faire son service militaire. En 1901, il est ajourné. En 1902, il est réformé pour faiblesse. En 1903, il est exempté. Louis souffre d’infantilisme, une maladie thyroïdienne empêchant son développement physique (il ne mesure qu’un mètre 62), psychique et sexuel.

Le recensement de 1906.

11 avril 1907, André François Bas décède à son tour. Troisième drame. Marie Pélagie et son fils disparaissent de la liste du recensement de 1911. Retour à Orange ? à Laudun ? Nous les perdons de vue… mais pas l’armée ! Le 02 décembre 1914, plus d’infantilisme pour Louis Antoine ! Certes, on peut penser qu’il n’a pas bénéficier d’un traitement médical pour régler son problème. Mais la France a besoin de soldats et comme quasiment tous les exemptés d’avant-guerre, Louis Antoine se retrouve « bon pour le service ». Il est affecté au 140 ème Régiment d’Infanterie  de Grenoble le 22 février 1915 Il dut certainement souffrir de l’attitude des autres face à son infirmité. Il passe au 157 ème R.I. en août 1915 puis au 340ème R.I. le 02 janvier 1916.

1916, 21 février… Verdun, les Allemands attaquent et déversent un déluge de feu dans cette bataille qui durera jusqu’en décembre. Le 340ème d’Infanterie se retrouve en première ligne à Thiaumont fin juin-début juillet 1916. Thiaumont, c’est un ouvrage défensif complètement rasé par les combats, situé sur le territoire de la commune de Douaumont, aujourd’hui à quelques hectomètres de l’ossuaire et de la tranchée des baïonnettes.

Du 24 juin au 04 juillet, de très violents combats vont s’y dérouler. Il n’est qu’à voir le bilan  humain au 340ème R.I. de cet affrontement, consigné dans le Journal de Marche de l’unité (d’où est extraite également la carte ci-dessus) pour comprendre que peu d’hommes en rechapèrent intact.

50 officiers et 1 502 hommes de troupe sont mis hors de combat en dix jours. Une hécatombe ! L’officier ayant rédigé le Journal de Marche a consciencieusement noté le statut de ces soldats. Il a noirci de nombreuses pages et parmi cette longue liste, on retrouve Louis Point…

…avec un petit « 1 » dans la colonne des disparus. Il sera considéré comme décédé après le jugement du tribunal d’Orange en date du 26 juillet 1921 qui fixera la date de sa disparition au 28 juillet 1916, cinq ans plus tôt !

Que s’est-il passé ce jour-là ? Quelques bribes de réponse avec cette narration d’une attaque allemande à la grenade puis d’une contrattaque française.

La routine pour des gains territoriaux minimes, bien souvent rapidement perdus.

Le 28 juillet 1916, Louis Antoine Point avait 36 ans et 5 mois.

 

La fiche matricule de Louis Antoine Point de Mémoire des Hommes.

Louis Antoine Point, matricule 241 de la classe 1900, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Point est assez répandu sur la rive gauche du Rhône. Si quelqu’un reconnaît en Louis Antoine son ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: Louis Antonin Point.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE

115 POILUS de CADEROUSSE, 115 DESTINS… Ange Marie Florent PERRIN.

115 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 115 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Quatre-vingtième nom de la liste: Ange Marie Florent PERRIN.

 

La troisième face du Monument aux Morts.

Ange Perrin est né à Caderousse le 17 novembre 1894 ce qui signifie qu’il n’avait pas vingt ans quand la guerre éclata. Pourtant il était déjà à l’armée à la date du 3 août 1914 depuis presque trois mois car il avait devancé l’appel en s’engageant pour quatre ans à la Mairie d’Avignon le 11 mai 1914. L’Armée l’avait envoyé en Algérie au 2ème régiment du Génie. Cette campagne d’Algérie est inscrite sur son registre matricule avant celle qui suivit contre l’Allemagne.

Avant de voyager, les premières années de sa vie se passèrent donc à Caderousse, à l’intérieur des digues, rue de l’Hardy, à l’ouest du village. Ses parents étaient deux Caderoussiens de souche. Antoine Perrin né en 1865 avait épousé Elisabeth Léonie Fusat également née le 20 janvier 1871. Ils se marièrent le 29 octobre 1892 à Caderousse. Ils avaient alors respectivement 27 et 21 ans.

Ange ne fut pas le premier enfant du couple car une Rosalie Jeanne naquit le 12 août 1893. Elle allait décéder neuf mois plus tard. Six mois après, allait naître Ange. On retrouve la petite famille lors du recensement du 1896.

C’est la seule fois qu’on verra les parents d’Ange ensemble sous le même toit, on y reviendra. Deux autres garçons viendront au monde, Joseph Léon en 1896 et Charles Marius en 1897. Ce dernier connaîtra le même sort que sa soeur aînée en décédant à l’âge de neuf mois. Par contre Joseph semble avoir vécu jusqu’à l’âge adulte bien qu’on va le perdre de vue des registres militaires du Vaucluse et des départements voisins.

Après la naissance de Charles Marius, les parents Perrin semblent s’être séparés. En 1901…

 

…Ange vit avec son père rue de la Masse tandis que…

  …Joseph vit avec sa mère chez son grand-père maternel, lui aussi seul, depuis le décès de son épouse.

En 1906, la situation n’a pas changé pour Antoine et Ange qui habitent non loin de l’Hospice…

…mais Elisabeth et Joseph ont disparu des listes nominatives de Caderousse. Pour avoir bien cherché dans l’état-civil de la commune, aucun divorce n’a été prononcé. Peut-être sont-ce des raisons économiques qui ont entraîné cette séparation, la mère allant travailler avec son fils chez un propriétaire ?

Enfin, en 1911, le dernier recensement avant la Grande Guerre laisse dubitatif.

Joseph semble être revenu chez son père qui vit du côté de l’Eglise. Ange n’est plus là, ce qui n’est pas étonnant. Ayant choisi de travailler comme valet de chambre, il a trouvé un emploi en Avignon. Par contre l’épouse du père se prénomme maintenant Joséphine née en 1869. On est loin de son épouse officielle Elisabeth née en 1971. Mais comme en 1911, les recenseurs ont reçu comme consigne de ne pas donner aux femmes  leur réelle identité en les appelant du nom de leurs maris, il est difficile de savoir qui est qui.

Revenons au parcours d’Ange. De retour d’Algérie, il est versé le 20 août 1914 au 15ème Escadron du Train des Equipages comme ordonnance du capitaine. Son métier antérieur l’éloigne quelque peu du front. Peu de temps en fait puisque deux mois plus tard, le 06 octobre 1914, il retrouve une unité combattante avec le 1er Régiment de Zouaves. Puis il passe au 2ème Régiment de Zouaves avec lequel il va à nouveau visiter du pays. En effet, il part sur le front d’Orient dans ce corps expéditionnaire franco-britannique constitué pour aller combattre les Turcs chez eux. C’est la fameuse expédition des Dardanelles qui va se solder par un cuisant échec des Alliés. Le détroit par lequel notre flotte pourrait s’approcher d’Istanbul, le détroit des Dardanelles, est tenu des deux côtés par les Ottomans. Alors est imaginé un débarquement franco-britannique dans la presqu’île de Gallipoli sur la rive européenne du détroit pour ébranler ce dispositif. La partie s’avèrera délicate et la résistance insoupçonnée des Turcs fait s’enliser l’offensive prévue et transforme cette campagne en une terrible guerre de tranchées. Entre le 18 et le 24 juin 1915, le 2ème Zouaves va perdre 638 hommes, tués, blessés, disparus ou prisonniers. Le rédacteur du Journal de Marche de l’unité va transcrire nom après nom la liste de ces hommes. Il va noircir de nombreuses pages, consciencieusement. Par contre, il aura beaucoup moins de travail le 26 juin 1915.

Le 2ème Zouaves, retranché dans le camp de Saddoul-Balois est soumis à des bombardements turcs. Ce jour-là, ce pilonnage ne fera qu’une seule victime, Ange Perrin, tué à la Redoute Bouchet. Sa mort est consignée sur le Journal de Marche.


Il n’avait seulement que 20 ans et 7 mois. Sa dépouille fut ramenée à Caderousse même si plus rien ne l’indique dans le cimetière de la commune.

La fiche matricule d’Ange Marie Joseph Perrin de Mémoire des Hommes.

Ange Marie Joseph Perrin, matricule 416 (contrairement à ce que dit la fiche ci-dessus) de la classe 1914, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Perrin est assez répandu en France. Si quelqu’un reconnaît en Ange Marie Joseph son ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie (quelques zone obscures sont à éclaircir !).

A suivre: les Point Louis Antoine totalement homonymes !

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE

115 POILUS de CADEROUSSE, 115 DESTINS… Augustin Florent PERCY.

115 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 115 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Soixante-dix-neuvième nom de la liste: Augustin Florent Percy.

Autant il est difficile d’expliquer la présence du nom de Fernand Joseph Pellegrin sur le Monument aux Morts de Caderousse, autant il est incompréhensible qu’on ait oublié celui de Augustin Florent Percy en 1937. Pourtant, ce garçon était bien né à Caderousse le 04 août 1893 d’un père originaire de Vaison, Victor Augustin Percy, né en 1861 mais d’une mère bien caderoussienne, Rose Marguerite Divol, née au village le 18 avril 1861.

Le couple réside rue Saint-Michel où Victor exerce la profession de perruquier, est-il inscrit sur les papiers officiels. On aurait pu dire coiffeur tout simplement. On retrouve la famille au complet en 1896, année où Augustin atteint trois ans.

Année de naissance également de  sa petite soeur Marie Louise, venue au monde le 26 janvier  1896. La famille vit sous le toit de la grand-mère paternelle, Marie Elisabeth Marcel, la seule des quatre grands-parents d’Augustin en vie. Cette dernière a perdu son mari, Pierre Percy, le père du perruquier en 1870 à Roaix mais s’est remariée avec un certain Joseph Gasquet, menuisier qui semble lui aussi être décédé. D’où la présence dans le foyer d’un demi-frère de Victor, Jules Gasquet né le 27 mars 1877. Une fille était aussi née de cette union en 1880, Marie Clothilde, emportée par la maladie à l’âge de quatorze mois.

On retrouve la famille incomplète sur la liste nominative de 1901.

Si la grand-mère d’Augustin est toujours là, devenue bizarrement Augustine Marel en lieu et place de Marie Elisabeth Marcel (les petites approximations des recensements !), la mère est absente. Une fâcherie familiale sans divorce  (on en trouve quelques-uns à partir du XXème siècle dans l’Etat-Civil du village que l’on place en bas de la liste des mariages, la pratique n’étant pas courante)  plutôt qu’un décès puisque Rose Divol épouse Percy réapparaît en 1906 comme employée de l’hôtel tenu quartier du Cercle par un certain Gustave Roche.

Elle a d’ailleurs emmené sa fille Marie avec elle alors que le coiffeur et son fils Augustin ont quitté le village. Certainement pour Orange où le fils continue des études secondaires qui l’emmèneront au métier de comptable. Et puis, la clientèle d’un coiffeur est plus nombreuse à Orange qu’à Caderousse, et plus aisée pour nombre de clients.

Le 28 novembre 1913, le jeune Augustin est appelé sous les drapeaux dans la Drôme, au 75ème Régiment d’Infanterie de Romans, dans la Drôme. Il est donc sous les drapeaux quand éclate la Première Guerre Mondiale, à pied d’oeuvre pour aller se faire tuer dans le nord ou l’est de la France.
Augustin va survivre à la grande boucherie d’août-septembre 1914. Il va connaître les tranchées et peut-être même le casque Adrian. C’est en effet en septembre 1915 en Champagne qu’on commença à équiper les Poilus de ce fameux couvre-chef, lourd et encombrant mais qui permit tout de même de sauver pas mal de vies.

C’est aussi en Champagne, à Perthes-les-Hurlus, le 26 septembre 1915, au second jour de la fameuse offensive sans lendemain qu’Augustin disparut corps et âme sur le champ de bataille, dans les lignes ennemies remarquablement protégées par un réseau de barbelés et de nids de mitrailleuses que les préparations de l’artillerie française ne purent détruire. En quatre jours de combats violents et une dizaine moins intenses, l’Armée française perdit en Champagne, 27 851 tués, 98 305 blessés et 53 655 prisonniers et disparus. Pour des gains territoriaux plus que minimes !

Caderousse perdait là son cinquième Poilu dans cette bataille, Augustin étant le premier, le 26 septembre, suivi de Joseph Berbiguer le 29, Paul Doux le 06 octobre, Paul Menu le 10 et Auguste Martin le 14. Dans des unités différentes mais sur le même secteur du front.

Le 26 septembre 1915, Augustin Percy était âgé de 22 ans et 2 mois. Un gamin !

Augustin était le cousin germain d’un autre MPLF de Caderousse Joseph Gabriel Berbiguier, décédé en Roumaine en 1918, par sa mère qui était la soeur de celle de Gabriel, Anne Louise Divol.

 

 

La fiche matricule d’Augustin Florent Percy de Mémoire des Hommes.

Augustin Florent Percy, matricule 1177 de la classe 1913, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Percy est rare en Vaucluse. Par contre celui de Vaton est présent à Caderousse, Marie Louise, la petite soeur d’Augustin ayant pris pour époux le 10 juillet 1918, Emile Vaton.  Si quelqu’un reconnaît en Fernand Joseph son ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: Ange Marie Joseph Perrin.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE, Recherche

114 POILUS de CADEROUSSE, 114 DESTINS… Joseph Augustin PELIN.

114 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 114 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Soixante-dix-septième nom de la liste: Joseph Augustin PELIN.

 

La troisième face du Monument aux Morts.

Encore un Caderoussien dont le destin s’écrit dans l’Histoire de France… la bataille de la Somme. Le secteur de la Somme à la mer du Nord était tenu par les Britanniques, les Anglais pour faire court mais aussi les Canadiens, les Australiens, les Néo-Zélandais, les fameux ANZAC qui s’affranchirent de la tutelle britannique et bâtirent leurs Nations dans les tranchées de Gallipoli et du Nord de la France.

Une attaque alliée sur la Somme avait germé dans l’esprit de Joffre fin 1915 mais le commencement de l’offensive allemande à Verdun le 21 février 1916 l’avait envoyée aux oubliettes. Dès qu’il le put, le Généralissime la ressortit de ses cartons avec comme excuse de créer une diversion pour soulager Verdun. Avec un espoir secret, celui d’ouvrir la brèche de la percée décisive et d’en être l’inventeur. Comme les Français étaient épuisés par la résistance fournie dans la Meuse, cette attaque fut confiée aux Britanniques. Le 1er juillet 1916 au matin était lancée l’attaque générale sur les positions allemandes que les préparations d’artillerie n’avaient pas trop ébranlées. Ce fut un terrible carnage dans les rangs des Britanniques qui connurent la pire journée de leur histoire militaire. On évalue à 30 000 le nombre de Tommies qui tombèrent sur le sol de la Somme dans les six premières minutes de l’attaque, morts, blessés ou disparus. A la fin de cette journée, 58 000 Britanniques étaient hors de combat dont 19 240 tués.

Et Augustin Pelin dans tout cela ? Le secteur au sud du fleuve Somme avait été confié à des troupes françaises et entr’autre au 8ème Régiment d’Infanterie Coloniale dans lequel servait le Caderoussien. Les Français connurent d’ailleurs dans cette bataille de la Somme qui dura jusqu’au mois de novembre 1916, des succès supérieurs à ceux des Britanniques en avançant d’une douzaine de kilomètres contre quelques dizaines d’hectomètres pour nos alliés. Mais pas de percée décisives et pas de triomphe pour Joffre. Joseph Augustin Pelin fut tué au second jour de l’attaque, le 2 juillet 1916 dans la commune de Herbécourt, un village situé à quelques kilomètres du fleuve.

Le Journal de Marche de l’unité n’ayant pas résisté à des campagnes de plus en plus violentes, on ne saura pas comment Augustin a perdu la vie mais on peut imaginer qu’une balle allemande l’abattit dans le no-man’s-land entre les tranchées ennemies.

Dans le village voisin d’Herbécourt, Frise, sur les berges de la Somme, on retrouve depuis les vues aériennes de Google Maps, les restes des tranchées et des boyaux de la Grande Guerre…

 

Le 2 juillet 1916, Joseph Augustin Pelin était âgé de 28 ans et 4 mois. Il était né le 1er mars 1888 à Caderousse de parents et grands-parents caderoussiens. Son père Marie Claude Véran Pelin avait uni son destin à celui d’Elisabeth Claudine Berbiguier, le 11 septembre 1878. Le couple s’était installé cours de l’Est, cours Aristide Briand de nos jours, dans une maison appartenant aux parents du novi. Ils y vivront pendant toute leur existence commune nous apprend les recensements successifs d’avant-Grande Guerre.

Par contre, Véran (son prénom usuel semble-t-il) va changer de travail assez souvent suivant ces mêmes listes nominatives. Dans sa jeunesse, il semble avoir appris auprès de son père Claude Pelin le métier de scieur de long. Peut-être était-il le renardier, l’ouvrier en dessous du tronc d’arbre, de son père, le chevrier, celui qui était sur l’échafaudage au-dessus du même tronc. Cette méthode millénaire de scier le bois est de nos jours objet de démonstrations dans des fêtes patrimoniales. Dans la suite logique de cette profession, en prenant de l’âge, Véran devient marchand de bois. Il y a de la place sur le cours pour stocker les madriers et les poutres, ou le bois de chauffage ! Quelques années après, nouveau changement d’orientation professionnelle, toujours dans le négoce, mais celui des vins. Enfin, en 1911, il est indiqué propriétaire cultivateur chez qui travaillent ces deux fils, Victor (Claude Victor) né en 1885 et Augustin.

Le couple a en effet eu trois enfants, une fille Julienne Antoinette née en 1879, décédée jeune en 1882 puis les deux garçons. Le 20 novembre 1912, Victor se mariait à Caderousse avec Marie Vaton. A cette date, Augustin faisait ses classes au 58ème R.I. d’Avignon ayant été réformé antérieurement pour des problèmes pulmonaires. Il semblerait qu’Augustin ait eu un accident dans sa jeunesse car l’armée a constaté la présence d’une cicatrice de brûlure au bas de son cou.

Après la guerre, Augustin a été inhumé à la Nécropole Nationale de Dompierre-Becquincourt, à quelques encablures de son lieu de décès.

Toutefois, les siens ont apposé un plaque en sa mémoire sur la tombe familiale au cimetière de Caderousse.

 

La fiche matricule de Joseph Augustin Pelin de Mémoire des Hommes.

Joseph Augustin Pelin, matricule 288 de la classe 1908, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Pelin est rare en Vaucluse. Si tout de même quelqu’un reconnaît en Joseph Augustin son ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: Fernand Joseph Pellegrin.

1 commentaire

Classé dans CADEROUSSE

114 POILUS de CADEROUSSE, 114 DESTINS… Léon PÉCOUL.

114 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 114 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Soixante-seizième nom de la liste: Léon Antoine Roger PÉCOUL.

 

La troisième face du Monument aux Morts.

Léon ne semble pas avoir d’ancêtre commun avec les frères Pécoul dont on vient d’évoquer les vies, en tout cas en remontant jusqu’à leurs bisaïeuls. Ses parents se sont unis à Caderousse le 10 septembre 1873: Joseph Pécoul né en 1841 à Caderousse a pris pour épouse Marie Marguerite Millet, Caderoussienne de treize ans plus jeune que lui. Bizarrement, aucun enfant ne va naître de cette union pendant sept ans, jusqu’en 1880.

A partir de cette date, la grange de la Masclarde va retentir de cris d’enfants de façon continue pendant presque un quart de siècle. De pleurs d’adultes également car, sur les neuf naissances qu’on va évoquer, trois nouveaux-nés vont mourir jeunes: l’aîné Julien François Joseph né en 1880 ne va vivre qu’un peu plus de trois mois, la première fille Rose Marguerite Antoinette née en 1889 va décéder à 14 mois et la seconde Julie Augustine Hélène ne va guère plus avoir de chance que sa soeur en décédant seize mois après sa naissance en 1893.

C’est pour cela que sur la page du recensement de 1896, au quartier « chemin d’Orange », on ne retrouve qu’une fratrie exclusivement masculine:

Dans l’ordre, Jules ( Jules Pierre pour être précis) né en 1882, Marius (Casimir Louis en fait) en 1885, Louis (Marius Joseph ici, l’agent recenseur s’est un peu pris les pieds dans le tapis !) en 1886, Léon (Léon Antoine Roger) le Poilu qui nous intéresse, né en 1890 et enfin Ferdinand (Joseph Ferdinand Ludovic) en 1895.

Pas de fille donc ? Si, une petite Marguerite Louise Augustine viendra au monde le 18 novembre 1897 mais après ce recensement de 1896. Les Pécoul bénéficieront d’ailleurs une longévité de vie assez importante, Casimir Louis vivant jusqu’en 1980, Marius Joseph « Louis » jusqu’en 1971 et Marguerite jusqu’en 1974.

Tous les frères vont travailler la terre, dans la famille ou en mettant leurs bras au service des autres. A l’exception de l’aîné Jules réformé pour son service comme pour la guerre pour rhumatisme articulaire chronique, l’Armée va venir perturber le petit ordonnancement familial. Certes la famille ne va pas connaître la catastrophe connue par les autres Pécoul caderoussiens qu’on a narrée mais les blessures des frères et la mort de Léon vont marquer les années 10 du XXème siècle.

Jules va donc être réformé en 1902 pour rhumatisme et Casimir va connaître le même sort en 1905 pour tuberculose pulmonaire. Marius va servir deux ans au 163ème R.I. de 1907 à 1909 à Corte, Léon deux ans du 09 octobre 1911 au 08 novembre 1913 au 6ème Bataillon de Chasseurs à Pied à Nice. Des destinations touristiques pour les deux frères.

Quand la guerre éclate, Léon et Marius vont être rappelés sous les drapeaux, Léon chez les Chasseurs à Nice et Marius au 58ème R.I. d’Avignon. Le 6ème B.C.P. de Léon va guerroyer en Lorraine allemande, du côté de Lagarde et de Dieuze en août, puis de Luneville en septembre pour se retrouver en Argonne en octobre 1914. Le bataillon tient le front à l’est de Vauquois en alternance avec le 24ème B.C.P., en prenant des repos à Récicourt.

C’est en effet juste avant la relève du 26 octobre 1914 qu’un bombardement frappe l’unité un jour de calme relatif, le 25 octobre… comme on peut le lire dans le Journal de Marche ci-dessous.

Le 25 octobre 1914, les hommes renforcent leurs tranchées ou construisent des sapes, des galeries pour déposer des mines sous les tranchées allemandes. Vauquois n’est pas très loin de là et on est en pleine période de la guerre des mines.  La routine en quelque sorte. Puis, vers onze heures, des obus allemands tombent sur la tranchée tenue par la 4ème Compagnie. Un lieutenant et cinq hommes du rang vont être tués par ce tir inattendu. Parmi eux, Léon Pécoul tué quelques jours avant son vingt-troisième anniversaire.

Mais la guerre n’est pas finie pour autant pour les trois autres frères Pécoul valides, oui, les trois car Casimir Louis, le « tuberculeux » de 1905 est reconnu bon pour le service et envoyé au 24ème B.C.P. début 1915. Entre temps, en décembre 1914, c’est Ferdinand le benjamin qui est appelé lui aussi au 24ème B.C.P. Décidément Pécoul rime avec Chasseur !

Les trois frères vont connaître des sorts parallèles. Ils survivront à la guerre mais seront tous les trois meurtris dans leurs chairs. C’est tout d’abord Ferdinand qui sera blessé deux fois en l’espace de huit mois en 1915, à l’Hartmannswillerkopf, la « Montagne mangeuse d’hommes » en Alsace, le 21 avril par un éclat d’obus à la tête puis le 24 décembre par un éclat dans le dos non loin du cou. Après cela, il sera retiré des Armées pour terminer la guerre en service auxiliaire.

L’année 1916 sera l’année noire pour Casimir Marius, une balle allemande le blessant gravement à la main gauche le 12 septembre. Des problèmes de préhension l’emmèneront loin du front dans des services auxiliaires.

Restait Marius Joseph dans les Armées, appellation officielle pour dire qu’on est trop front. Début 1917, il est blessé à Douaumont le 22 janvier par un éclat de grenade à la tête. Soigné, guéri et renvoyé à la guerre, il subit une autre blessure plus grave à Champeroux le 22 décembre de la même année 1917. Lors d’une attaque, il se pique sur un fil de fer barbelé et sa blessure s’infectera au point de lui faire perdre la flexion des doigts et du poignet gauche. Retour en caserne pour Marius en service auxiliaire, à son tour.

Si bien qu’en 1918, plus aucun membre de la fratrie des Pécoul de la Masclarde ne sera exposé à la mort sur un front de la Grande Guerre. Mais tous estropiés pour le reste de leurs existences.

La fiche matricule de Léon Antoine Roger Pécoul de Mémoire des Hommes.

Léon Antoine Roger Pécoul, matricule 984 de la classe 1910, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Pécoul est encore bien présent sur Caderousse et Orange. Si quelqu’un reconnaît en Léon Antoine Roger un ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: Joseph Augustin Pelin.

Matricules militaires des autres Pécoul, tous appelés à Avignon: Casimir Louis: 412 (classe 1905); Marius Joseph: 323 (classe 1906) et Joseph Ferdinand Ludovic: 873 (classe 1915).

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE

114 POILUS de CADEROUSSE, 114 DESTINS… Gabriel Marius PÉCOUL.

114 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 114 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Soixante-quinzième nom de la liste: Gabriel Marius PÉCOUL.

 

La troisième face du Monument aux Morts.

Le petit dernier des Pécoul est aussi un grand gaillard d’un mètre soixante-quinze (c’était très grand à l’époque), quoique encore à cinq centimètres de son frère Fernand Gonzague avec son mètre quatre-vingt. Né le 09 juin 1895, il n’a pas vingt ans lors de la déclaration de guerre et toujours pas ce bel âge quand il est appelé sous les drapeaux par anticipation, comme toute la classe 1915, en décembre 1914.

Il se rend à Saint-Etienne le 17 décembre pour rejoindre le 38ème Régiment d’Infanterie. Quelques mois de formation aux armes puis direction Marseille pour s’embarquer pour le front d’Orient. Il y passera trois années, du 14 mai 1915 au 14 mai 1918. Il appartient alors au 176ème Régiment d’Infanterie.

Retour en France au printemps 1918 pour participer aux violents combats qui voient depuis le mois de mars, les troupes allemandes avancer dans le secteur britannique, dans la Somme et le Nord de la France. Elles avancent certes mais elles s’épuisent avec aucune réserve contrairement aux Alliés qui bénéficient de la montée en puissance des troupes américaines et de l’arrivée de nouvelles armes comme les chars.

A partir de juillet 1918, le mouvement s’inverse et les Alliés commencent à repousser les Allemands qui reculent certes mais qui s’accrochent et vont donner beaucoup de fil à retordre à leurs ennemis. Le front de la Somme se déplace vers l’est à la vitesse de quelques kilomètres et de quelques dizaines de morts par jour. La guerre de mouvement est beaucoup plus gourmande en vies humaines que la guerre des tranchées et les assaillants qui avancent ne connaissent aucun répit avec des mitrailleuses ennemis camouflées aux endroits les plus inattendus qui sèment la mort à tout moment.

La prise de Languevoisin par exemple par le 112ème Régiment d’Infanterie auquel appartient Gabriel depuis un peu plus d’un mois. Pour arracher ce village situé à trente kilomètres à l’ouest de Saint-Quentin, on s’attendait à une bataille sanglante mais qui n’eut pas lieu. Après cette avancée, c’est l’artillerie allemande qui lâche des bombes sur la cité en tuant quelques fantassins à découvert. Parmi eux, Gabriel Marius qui va connaître le même sort que ses frères Fernand et Louis. On est alors le 28 août 1918 et Gabriel est seulement âgé de 23 ans et 3 mois.

Le bilan du 28 août 1918 pour 112ème Régiment d’Infanterie… pas de grande bataille mais une guerre de d’accrochages qui fera tout de même 85 hommes tués, blessés, intoxiqués ou malades… nous sommes au tout début de l’épidémie de grippe espagnole. 

 

La fiche matricule de Gabriel Marius Pécoul de Mémoire des Hommes.

Gabriel Marius Pécoul, matricule 871 de la classe 1915, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Pécoul est encore bien présent sur Caderousse et Orange. Si quelqu’un reconnaît en Gabriel Marius un ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: Léon Pecoul.

Quelques mots sur le parcours de Joseph Pierre, le quatrième frère qui lui vivra jusqu’en 1973. Né en 1884, il sera appelé en octobre 1905 au 58ème RI à Arles où il ne restera qu’un an. Rappelé à la déclaration de guerre, il sera blessé à deux reprises: tout d’abord soldat au 58ème RI à Souilly, au sud-ouest de Verdun, le 09 septembre 1914 puis avec le 297ème RI lors de l’attaque du Chemin des Dames, le 25 juin 1917, à l’épine de Chevrigny, lors de cet épisode qu’on a appelé « la bataille des observatoires ». Mais ses blessures ne furent pas mortelles.

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE

114 POILUS de CADEROUSSE, 114 DESTINS… Louis Edouard PÉCOUL.

114 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 114 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Soixante-quatorzième nom de la liste: Louis Edouard PÉCOUL.

 

La troisième face du Monument aux Morts.

L’aîné des Pécoul, Louis Edouard, fils de Louis Gonzague va aussi connaître lui aussi un destin expéditif pendant la Grande Guerre. Né le 09 décembre 1882, il est déjà âgé de 31 ans et 8 mois quand débute la guerre. Comme on peut le lire sur cet extrait du recensement, il vit encore au foyer de son père et sa belle-mère en 1911.

On peut penser qu’il sera de même trois ans plus tard.

Louis avait fait son armée au 58ème R.I. d’Avignon au début du XXème siècle, c’est forcément le 258ème R.I. qu’il doit rejoindre au moment de la mobilisation générale. C’est ce qu’il fera comme quasiment tous les hommes dans son cas.

Pour ceux qui lisent ces biographies régulièrement, sa présence au 258ème R.I. n’est pas bon signe pour Louis car cela signifie qu’il va se retrouver dans le secteur de Saint-Mihiel dans la seconde moitié du mois de septembre. Oui, Louis  est le sixième Poilu caderoussier tué dans ce secteur entre le 20 septembre et début octobre, dans ce régiment de vétérans vauclusiens. Des soldats du Midi que les gouvernants et l’Etat-Major militaire mettaient en avant en les présentant comme les responsables des revers militaires. Les soldats du Sud étaient considérés comme plus froussards que ceux du Nord et responsables des revers. De la pure invention bien entendu mais il fallait trouver des boucs émissaires pour se dédouaner de stratégies complètement dépassées.

Face à l’attaque allemande, tous les Français, les Sudistes comme les Nordistes, reculaient et essaimaient morts, blessés et disparus tout au long de cette sanglante retraite qui permit aux Allemands de créer ce qu’on a désigné par la suite comme étant le saillant de Saint-Mihiel.

Après Eugène Cambe disparu entre le 20 et 27 septembre près de Saint-Mihiel, après Paul Julien tué le 20 septembre près de Saint-Mihiel, après Henri Lazard mort dans un hôpital bavarois le 04 octobre après avoir été ramassé blessé sur le champ de bataille vers Saint-Mihiel et soigné en vain par les Allemands, après Justin Miaille disparu le 26 septembre près de Saint-Mihiel, après Maurice Millet mort dans un hôpital orangeois le 28 septembre après avoir été ramassé blessé sur le champ de bataille près de Saint-Mihiel mais par des Français lui, Louis Pécoul disparaissait fin septembre 1914 sans laisser de traces.

Les restes de son corps allaient être retrouvés le 21 novembre 1918 à Chauvoncourt pour être rapatriés dans son village natal. Le tribunal d’Orange allait fixer la date de son décès au 26 septembre 1914. Il avait alors 31 ans et 10 mois.

La fiche matricule de Louis Edouard Pécoul de Mémoire des Hommes.

Louis Edouard Pécoul, matricule 602 de la classe 1902, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Pécoul est encore bien présent sur Caderousse et Orange. Si quelqu’un reconnaît en Louis Edouard un ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: Gabriel Marius Pecoul (partie militaire).

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE

114 POILUS de CADEROUSSE, 114 DESTINS… Fernand Gonzague PÉCOUL.

114 noms de Poilus de Caderousse tombés lors de la Grande Guerre. 114 parcours qu’on va essayer de raconter au fil des semaines et des mois jusqu’au 11 novembre 2018.

Soixante-treizième nom de la liste: Fernand Gonzague PÉCOUL.

 

La troisième face du Monument aux Morts.

Né le 17 novembre 1893, Fernand Gonzague avait donc 20 ans et 8 mois quand la guerre éclata. Son régiment, le 19ème d’artillerie de Nîmes, fut directement envoyé vers l’est de la France en soutien des troupes d’infanterie. En 24 heures par le train, les hommes sont à pied d’oeuvre en quelques jours face aux Allemands.

C’est là que le destin de Fernand se rapproche de celui d’Augustin Aubert, un autre Caderoussier dont on a conté l’histoire au début de l’écriture des biographies, ordre alphabétique oblige ! Augustin était fantassin au 58ème R.I. d’Avignon. Il était sous le commandement de ce Général Lescot qui désobéit aux ordres qu’il reçut en attaquant le village de Lagarde en Lorraine allemande, le 10 août 1914, alors qu’on lui demandait de se positionner défensivement  en attendant l’arrivée de renfort. La prise en trompe l’oeil de Lagarde obligea les artilleurs nîmois à suivre le mouvement et à pénétrer imprudemment en territoire ennemie.

On se rappelle la violence de la contrattaque des Bavarois le lendemain, le 11 août 1914 qui entraîna la perte d’un bataillon complet du 58ème de Ligne. Les quelques batteries du 19ème R.A.C. de Nîmes furent elles aussi balayées par la vague allemande et Fernand Pécoul disparut corps et âme sous ce rush.

Comme pour Augustin Aubert, sa guerre avait duré sept jours. Il était âgé de 20 ans et 9 mois.

Son corps fut retrouvé ultérieurement et il fut inhumé à la Nécropole Nationale de Lagarde, en Moselle depuis que cette région est redevenue française.

 

La fiche matricule de Fernand Gonzague Pécoul de Mémoire des Hommes.

Fernand Gonzague Pécoul, matricule 1176 de la classe 1913, bureau de recrutement d’Avignon, pour ceux qui souhaitent aller consulter sa fiche matricule sur le site des Archives du Vaucluse. Le patronyme Pécoul est encore bien présent sur Caderousse et Orange. Si quelqu’un reconnaît en Fernand Gonzague un ascendant indirect, qu’il n’hésite pas à se manifester pour compléter cette petite biographie.

A suivre: Louis Edouard Pecoul (partie militaire).

Poster un commentaire

Classé dans CADEROUSSE